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« Big Fred Style » à l’Euro : « La défense des Bleus m’inquiète »

Médaillé d’argent aux Jeux Olympiques 2000 à Sydney, de bronze aux Championnats d’Europe en 2005, Fred Weis fut un cadre de l’équipe de France de basket durant huit ans, entre 1999 et 2007. L’ancien joueur du Limoges CSP et de Malaga cumule 100 sélections à son compteur. Aujourd’hui retraité, il res

Médaillé d’argent aux Jeux Olympiques 2000 à Sydney, de bronze aux Championnats d’Europe en 2005, Fred Weis fut un cadre de l’équipe de France de basket durant huit ans, entre 1999 et 2007. L’ancien joueur du Limoges CSP et de Malaga cumule 100 sélections à son compteur. Aujourd’hui retraité, il reste un observateur très avisé du basket français et européen. Comme lors de chaque compétition internationale depuis deux ans, il s’installe avec nous pour suivre l’EuroBasket et l’équipe de France.

Souvent, la France a des difficultés lors des matchs d’ouverture. En dehors du résultat, que retiens-tu de cette défaite ?

C’est vrai que l’on est habitué à souffrir lors des premiers matchs mais rappelle-toi en 2013 : on perd le premier match et on finit champion d’Europe. Finalement, un premier match n’a pas toujours une grande signification comptable et au contraire, cela peut être un bon électrochoc d’entrée de jeu pour avoir le couteau entre les dents sur la suite. Plus concrètement, c’est vrai qu’on n’y était pas défensivement, hier. On se fait balader d’entrée, ensuite on court après le score. Comme on a des scoreurs d’une dimension importante, on parvient à se maintenir dans le match malgré un De Colo en-deçà sur la première mi-temps. Voilà, on a un potentiel offensif et on le savait depuis le début. Ce qui m’inquiète plus, c’est vraiment cette défense où il y a de sacrés trous d’air.

« 10 balles perdues en premier quart-temps, tu ne joues pas au basket comme ça »

La Finlande a toujours su créer des décalages que l’équipe de France n’a jamais su rattraper.

Le problème, c’est que l’on se fait passer en un-contre-un trop facilement. À partir de là, il y a un décalage qui se crée et si tu n’as pas un garçon comme Rudy Gobert, susceptible de faire peur à tout le monde, cela devient plus compliqué de couvrir. Bien que nos intérieurs ont donné ce qu’ils pouvaient, avec une mention particulière à Louis Labeyrie, très bon hier, je pense qu’il va falloir défendre un peu plus durement ce un-contre-un : on sait qu’on a nos lacunes à l’intérieur donc si on ne tient pas nos un-contre-un, on est mort.

En attaque, comment expliquer ces pertes de balle à répétition ?

Dix balles perdues en premier quart-temps, c’est… Tu ne peux pas jouer. Tu ne joues pas au basket comme ça. Surtout contre 12 000 Finlandais. Pour en revenir à notre jeu, en dehors des balles perdues, j’ai trouvé l’équipe de France très statique : elle était très fluide dans les matchs de préparation et hier, la Finlande nous a poussé à jouer des un-contre-un et dans ce type de jeu, on n’a pas su marquer des paniers, on a un peu forcé et le ballon a bien moins circulé.

En fait, à l’issue de cette rencontre, le constat final est que la Finlande a complètement réussi à casser notre identité de jeu ?

Complètement. D’ailleurs, les Finlandais ont fait leur match défensivement mais ils n’ont pas non plus été transcendants. Sans doute parce qu’ils ont très bien réussi à bloquer Nando en première mi-temps, notre jeu offensif a clairement manqué de fluidité alors qu’avec cette équipe, c’est censé être notre force.

« Henrik Dettmann était forcément revanchard »

Après une belle préparation de l’équipe de France, ce premier match démontre encore une fois qu’il y a un monde d’écart entre la préparation et la compétition.

Oui et il y a aussi un monde d’écart quand tu joues à domicile et à l’extérieur. On savait que les Finlandais avaient des supporters énergiques, ce fut le cas… tout en étant très fair-play, d’ailleurs. C’est sans doute l’un des clans de supporters les plus fair-play que j’ai vu. Dès que l’on a la pression de tout un pays face à soi, c’est plus compliqué pour nous. Sur cet Euro, les Français sont presque devenus favoris et eux n’avaient rien à perdre, ça rend la situation plus difficile et la Finlande a joué son va-tout jusqu’au bout.

Parlons du coaching : Henrik Dettmann a dominé tactiquement Vincent Collet sur la rencontre. D’après toi, nourrissait-il une envie de revanche particulière suite à son épisode strasbourgeois ?

Forcément. Le mec s’est fait virer de Strasbourg avant d’être remplacé par Vincent Collet, il était évidemment un peu revanchard. Ce serait humain et… je pense qu’il doit « kiffer » grave, aujourd’hui ! En plus, ils sont au repos donc il doit être vraiment bien. Après, cela peut être problématique pour eux car, quelque part, il a déjà réussi son Euro donc j’espère qu’il ne va pas se relâcher car ils ont une belle petite équipe et ce serait dommage qu’ils n’aillent pas plus loin. Mais oui, vu ce qu’il a vécu à Strasbourg : accident de voiture, licenciement rapide et Vincent Collet qui redresse tout, je pense qu’il avait besoin de se prouver à lui-même et aux autres qu’il restait un bon coach et je crois qu’il l’a fait d’une belle manière.

« Je suis amoureux de Lauri Markkanen »

En tant qu’ancien pivot, quel est ton sentiment vis-à-vis de Lauri Markkanen ?

Je suis amoureux de ce joueur. Je pensais que seul Saric pouvait me combler mais finalement, non, Lauri Markkanen m’a impressionné. Il sait tout faire ! Dunk, panier main gauche, contre-attaque, shoot à trois-points, shoot à mi-distance… Qu’est-ce qu’il ne sait pas faire ? Un panel offensif incroyable.

Qu’as-tu pensé de nos intérieurs ? Tu as déjà mentionné la bonne entrée de Louis Labeyrie, Vincent Poirier a été plus en difficulté…

Je ne suis pas sûr que ce soit un match pour lui, il n’y avait pas vraiment de gros intérieurs physiques. Oui, Louis Labeyrie a tiré son épingle du jeu, dans l’ensemble ‘Babac’ a été bon aussi. Ce sont plutôt nos petits intérieurs qui ont réussi puisque les vis-à-vis adverses étaient dans une configuration similaire, avec des joueurs fuyants. Ce n’est pas illogique que Vincent Poirier n’ait pas été à son avantage.

Chez nos extérieurs, que penses-tu d’Evan Fournier ? Est-ce qu’il n’est pas tout simplement en train de s’imposer pour de bon comme l’autre homme fort de cette équipe avec Nando De Colo ?

On sent qu’il est en mission, très clairement. Comme je l’ai dis auparavant, Nando était un peu en-deçà, Thomas Heurtel aussi donc Evan a tiré l’équipe sur ses épaules, il a été très présent en attaque, notamment avec un panier marqué avec une grosse paire de « cojones ». Celui-ci, il fallait l’inscrire et c’est ce qui nous a permis de revenir dans le match. Globalement, je suis très satisfait de lui aussi.

Finissons avec la Grèce : sur le papier, c’est une autre équipe que la Finlande, même sans Giannis Antetokounmpo. Es-tu inquiet ?

C’est clairement plus solide, du moins sur le papier comme tu le dis car la Finlande a aussi été très propre mais il faudra perdre moins de ballons. En même temps, ce n’est pas une habitude de la France de vendanger autant donc c’est à eux de retrouver les bases de leur jeu, sans se précipiter. Mon gros point d’inquiétude reste la défense : le match d’hier a mis en exergue tous les points négatifs de notre défense. Malheureusement, les vidéos circulent, on est en 2017 et les Grecs ont forcément préparé le match avec rigueur pour prendre en défaut les Français. Il ne va pas falloir monter d’un cran mais de deux, trois crans de ce côté du terrain.

Propos recueillis par Jérémy Le Bescont

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