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Ousmane Dieng, champion NBA mais rookie en bleu

L’ailier d’Oklahoma City sait qu’il va avoir beaucoup de choses à prouver pour dérocher une place chez les Bleus.

Ousmane Dieng © FFBB

L’histoire, pourtant encore si récente le concernant, raconte, dans la presse locale, qu’Ousmane Dieng avait hérité très tôt du surnom de « Shaquille O’ Neal », décerné par sa famille. C’était… à sa naissance, car le bébé Ousmane était imposant (4,6 kg pour 59 cm).

Vingt-deux ans plus tard, le Shaq, le vrai, a raccroché ses basket depuis un moment, et Ousmane Dieng est devenu champion NBA avec Oklahoma, lors d’une finale en sept matches face à Indiana, où il n’a que peu joué (3 matches, 2 minutes de moyenne, 1 point). Mais le gamin de Villeneuve sur Lot, qui portera le numéro 47, en hommage à son département, bouclait une vraie saison NBA 2024-2025 (3,8 points à 43,2 % aux tirs dont 32,4 % à 3-points, 2,2 rebonds, 0,8 passe décisive en 11 minutes sur 37 matches).

Et le voilà donc une deuxième fois, convié au grand rassemblement des Bleus, lui qui avait été écarté de la liste olympique sur la fin, en juin dernier. Une situation qui avait engendré une frustration légitime chez le joueur, mais qui devient aussi, chez lui une autre motivation.

« Il pourrait être très utile à l’équipe de France, tout comme l’équipe de France pourrait lui être très utile »

Car les défis, Ousmane Dieng ne craint pas de les relever, lui qui, à sa sortie de l’INSEP, en 2021, s’est exilé « down under », dans le championnat australien, premier Européen à rejoindre le programme NBL Next Stars, sous le maillot des New Zealand Breakers. À dix-huit ans, l’ailier français (2,06 m, 98 kg) tournait le dos à des appels du pied de belles facs américaines et d’équipes pros européennes. Ce qui en dit long sur une certaine force de caractère. Et, ce mardi, en compagnie des Bleus, il était à l’aise en retrouvant les allées et bâtiments de l’INSEP, point de départ d’une nouvelle aventure, sans aucune amertume, quant à sa non-sélection avant les JO.

« Oui, consent-il, j’avais été très frustré, l’année dernière de n’avoir pas pu montrer ce que j’aurais pu apporter à l’équipe de France, mais c’est toujours un honneur de revenir, de mettre ce maillot et de représenter la France. J’ai une certaine ambition pour l’équipe, on espère gagner ce championnat d’Europe et gagner d’autres médailles à l’avenir. Retrouver le basket français, c’est un plaisir. Ce sont tous des très bons joueurs, il y en a contre qui on a joué, et avec qui j’ai joué avant que je ne parte ».

Si le staff des Bleus, qui n’a pas pu encore le voir en action, hormis sur des tests individuels, ne sait pas encore quelle est l’étendue des services qu’il peut rendre au jeu français, il a toujours suivi l’évolution du joueur. « Je pense que c’est quelqu’un qui a vécu beaucoup de choses, avec une trajectoire particulière, qu’on suit depuis un moment », confirmait Boris Diaw, le manager de ce groupe France. « Il a eu une saison particulière, dans une des meilleures équipes du monde, où on n’a pas eu beaucoup d’occasions de le voir, où il lui était difficile de trouver sa place, mais c’est un joueur qui a énormément de talent, de potentiel, et qui pourrait être très utile à l’équipe de France, tout comme l’équipe de France pourrait lui être très utile aussi ».

Une expérience à part

La suite de la préparation, et l’entrée dans le dur aux entraînements seront un premier révélateur de ce qui a changé chez Ousmane Dieng, en l’espace d’une saison. Lui sait bien, même s’il a encore des étoiles dans les yeux d’avoir vécu le rêve unique d’un titre NBA, qu’il n’arrive pas chez les Bleus dans la peau d’un champion NBA mais comme un rookie qui va devoir prouver. Même si le prestige est là.

« Champion NBA à 22 ans, ça participe déjà au rayonnement du basket français. C’est quelque chose d’unique, très peu de gens ont la chance de vivre ça, c’est un prestige énorme », souligne un des vétérans des Bleus, l’intérieur Mam Jaiteh. Qui pousse l’observation un peu plus loin et y voit une nouvelle source de motivation pour un jeune joueur ambitieux. « Et je pense que, quelque part, ça va lui donner encore plus faim, ça va le pousser à vouloir revivre la conquête d’un autre trophée. Oui, il n’a pas beaucoup joué, mais il a vu, vécu et assisté à l’excellence. Et on apprend énormément aussi en regardant, ça inspire beaucoup. Il va en tirer des choses très positives. Pour lui, et on l’espère, pour l’équipe de France ».

Ousmane Dieng estime effectivement que cette saison, ce titre, ajoutés à son vécu précédent, son titre en G-League avec le Blue d’Oklahoma en 2024 (il a terminé MVP d’une finale avec 25 points) ont contribué à son évolution. « La G-League, disons qu’au final ça m’a beaucoup apporté, notamment ces playoffs. Et moi, je prends toutes les opportunités que j’ai pour montrer ce que je peux faire, ce que je vaux. Maintenant, ce que j’ai de plus ? Je dirai trois ans en NBA derrière moi, pendant lesquels j’ai travaillé à m’améliorer. Après, j’ai toujours à progresser sur tous les aspects de mon jeu. Continuer à jouer dur, à progresser sur le tir, la lecture de jeu, un peu partout quoi » analyse-t-il.

Il a même réalisé qu’il pouvait basculer sur un autre registre de jeu, un autre poste. « Moi, je me vois comme un 2-3, mais on a vu cette année que je peux aider aux postes 4 ou 5 quand on a eu des blessés », tient-il à préciser.

Si on écoute Sam Presti, l’homme qui, pendant des années, a construit et amené la franchise d’OKC là où elle est, Dieng est en pleine progression. « Pour moi, le changement le plus important chez lui a été physique, ce corps qu’il a développé, et qui a réellement changé. Et il a fait ça grâce à des heures de dur travail, et c’est ce qui je pense, lui a donné un autre niveau de confiance, qui l’a aidé à mieux jouer », a-t-il confié à la presse américaine.

Dieng confirme que cette évolution physique lui a été bénéfique, que c’est un domaine qui lui tient à cœur et qu’il travaille avec acharnement, toujours en liaison avec ses préparateurs. « Le physique, oui, ça été quelque chose d’important pour ma progression. On a beaucoup travaillé avec les préparateurs physiques, sur mon régime diététique, sur la prise de poids, ça a été très important pour moi. Et on continue aujourd’hui sur ce chemin là ; de toute façon, je suis toujours en contact avec mes préparateurs physiques qui m’envoient des exercices, des programmes pour les séances de muscu ».

Il a battu l'équipe de Freddy Fauthoux... en benjamins

Il sait aussi qu’on n’exige pas un rôle en équipe de France, mais qu’on doit mettre son ego de côté, prouver, et accepter d’être au service du groupe. Il ne se projette pas encore trop loin, sans doute encore un peu échaudé par sa sortie du groupe bleu, à quelques semaines des JO. « Mon rôle ? On verra. Déjà, l’essentiel c’est d’essayer de gagner ma place, d’être dans les 12, et après d’essayer d’aider cette équipe du mieux que je peux pour que ça marche ».

Avec Sarr, Diabate, il fait partie de cette génération qui n’a pas encore décroché une sélection chez les A, et qui compte bien ouvrir son compteur à l’occasion de cet Euro (du 27 août au 14 septembre). Il fait partie de cette jeunesse chez qui, comme le souligne Mam Jaiteh, « on sent déjà de la fougue et du talent cumulés, alors qu’on ne s’est même pas encore entraînés collectivement. Et ça fait du bien de sentir de la fraîcheur comme ça ! »

Le coach Frédéric Fauthoux, qui a eu une série d’entretiens avec cette nouvelle classe, a pu en avoir un aperçu avec Ousmane Dieng. « On a bien parlé, c’était intéressant », raconte le Lot-et-Garonnais de la génération 2003. « Et je lui ai rappelé que j’avais joué contre lui quand j’étais petit, en benjamins. On avait joué contre son équipe en finale Aquitaine, à Pomarès, il entraînait Pau. Ça avait été chaud. C’est la première chose que je lui ai rappelée, il n’a pas été très content de ce souvenir », conclut-il dans un sourire.

De la fraîcheur, du culot, mais aussi beaucoup de respect, Ousmane Dieng doit sa personnalité, son éducation et son amour du basket à ses parents, Marie-Pierre et Ababacar, le paternel, ancien joueur pro sénégalais. Surnommé « Magic », le père a suivi les premiers pas du fiston, lancé au baby-basket à trois ans. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, des honneurs se sont empilés, le gamin a poursuivi son ascension vers la quête du graal NBA, et leur vie a basculé le jour de la draft 2022, quand Ousmane Dieng a été appelé au 11e choix. « Mon père, il a toujours été là pour moi. Il me suit partout. Il vient souvent à OKC, un mois sur deux, il vient squatter à la maison. Il a été très important pour moi, il a fait du basket, il m’a mis dans cette passion, et ça nous lie énormément ».

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