C’est un adage bien connu des coaches du monde entier, qu’ils ressortent fréquemment à leurs joueurs, car dans les moments plus délicats, c’est l’intensité défensive qui décide en général de l’issue d’une rencontre. Or les résultats de l’Allemagne, de la Lituanie et de la Grèce – trois équipes déjà qualifiées pour la prochaine Coupe du Monde alors qu’il reste deux fenêtres à disputer – dans les Éliminatoires Zone Europe font un peu mentir cet adage.
L’Allemagne, la Lituanie et la Grèce sont les trois seuls pays parmi les 32 qui ont lancé leur campagne qualificative en novembre 2017 à être toujours invaincus. Ils sont aussi les trois les plus prolifiques en attaque et les plus adroits à trois points. Ce sont aussi eux les meilleurs aux évaluations (celles-ci tiennent toutefois compte des ballons récupérés et des contres). Une chose est sûre : l’attaque peut faire gagner des matches.
Après quatre fenêtres dans la Zone Europe, les statistiques montrent que c’est l’Allemagne qui détient la meilleure attaque. La sélection dirigée par Henrik Rödl tourne à 88,3 points de moyenne par match. Elle a même réussi le plus haut total de la compétition en scorant 112 points lors du succès après prolongation contre Israël le 16 septembre.
L’Allemand Dennis Schröder est le second meilleur marqueur des Éliminatoires Zone Europe avec 23,5 points de moyenne par match, qu’il complète avec 7,5 assists et 4,5 rebonds. Il n’a pris part qu’à quatre matches. Il n’est pas le seul leader de cette Allemagne post-Nowitzki.
Le capitaine Robin Benzing affiche une moyenne de 17,0 points par match et il fait partie du club très exclusif des “50-40-90” (pourcentages aux tirs d’au moins 50% à deux points, 40% à trois points et 90% aux lancers francs). En effet, l’unique autre joueur à faire partie de ce club est le Finlandais Sasu Salin.
Ce qui a certainement contribué à l’efficacité des extérieurs allemands est la qualité du secteur intérieur avec des joueurs comme Maik Zirbes et Danilo Barthel, qui attirent beaucoup d’attention dans la raquette. Ainsi, ils créent de grands espaces pour les fines gâchettes de l’équipe telles Benzing, Maxi Kleber, Niels Giffey et Ismet Akpinar.
L’attaque de l’Allemagne est 4ème aux tirs à deux points (55,7%) et 3ème à trois points (40,1%). Les équipes qui ont commis des fautes sur les protégés de Rödl sont passées à la caisse, puisque l’Allemagne est 1ère aux lancers francs (81,1%) et 5ème au nombre de lancers-francs tentés avec 201.
Avec une belle profondeur de banc et quelques excellents joueurs, l’Allemagne semble armée pour revivre des moments aussi intenses que ceux vécus lors de l’obtention de la 3ème place de la Coupe du Monde FIBA 2002.
Comme l’Allemagne, la Lituanie n’a pas encore goûté à l’amertume de la défaite, grâce à une attaque très bien huilée tout au long des Éliminatoires. Les Baltes sont seconds au scoring (86,3 points par match), seconds aux assists (20,6), premiers au pourcentage à trois points (40,9%), premiers aux rebonds (42,3), seconds aux rebonds offensifs (13,0) et premiers aux évaluations (105,4).
L’équipe du coach Darius Adomaitis a été impressionnante au cours du premier tour, gagnant de 38 points son premier match au Kosovo, de 20 à domicile contre la Pologne, de 56 chez elle contre le Kosovo et enfin de 23 en Hongrie. Ces résultats ont été acquis en dépit des nombreux changements dans l’effectif et sans vraiment de ‘go-to-guy’, puisque seuls trois joueurs – Adas Juskevicius, Eimantas Bendzius, Rokas Giedraitis – ont pris part à tous les huit matches des Éliminatoires.
La Lituanie a été excellente, même si elle n’a pu compter sur ses intérieurs Jonas Valanciunas (Toronto Raptors) et Domas Sabonis (Indiana Pacers) que pour deux rencontres. Elle a confirmé son statut de nation dominante en se défaisant d’une Croatie au complet lors de la dernière fenêtre, sous l’impulsion de Mantas Kalnietis. Le distributeur prend une dimension supplémentaire quand il porte le maillot national. Il a cumulé 15 points – dont 5 dans les 35 dernières secondes du match – et 5 assists dans la victoire à Osijek, puis scoré 21 points, avec un cinq tirs primés, dans le succès après une double-prolongation contre les Pays-Bas qui leur a ouvert les portes de la compétition mondiale en Chine en 2019.
Comparée à l’Allemagne et à la Lituanie, la Grèce a connu un parcours un peu différent, mais elle a été tout aussi efficace.
Le fait que la Grèce soit la troisième meilleure attaque (83,5 points par match), seconde aux tirs à trois points (40,7%) et cinquième aux assists (19,5) n’est que la confirmation de son niveau d’excellence. Elle a réussi à obtenir ces statistiques tout en étant une des équipes qui tentent le moins de tirs (seules la Belgique, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie en ont pris moins), mais elle a été redoutable d’adresse.
Les problèmes rencontrés lors du tout premier match remporté en Grande-Bretagne avaient suscité l’inquiétude des fans de la Grèce. Il avait en effet fallu le travail titanesque d’Ioannis Bourousis (27 points et 8 rebonds), une performance surprise de Giannoulis Larentzakis (22 points) et un incroyable tir à trois points d’Ioannis Athinaiou à la fin de la prolongation pour s’imposer 95-92 au terme d’une prolongation à Leicester. La suite a été un crescendo à la Rossini.
Et l’arrivée de Nick Calathes lors de la dernière fenêtre a conduit à l’une des plus belles performances individuelles des Éliminatoires Zone Europe. Dans le succès arraché à la dernière seconde en Géorgie, qui a qualifié la Grèce, Calathes a réussi un fantastique 7-sur-11 à trois points, pour un total de 31 points. Parmi ses 8 assists, il y a eu celui en contre-attaque qui a permis à Kostas Papanikolaou d’inscrire le panier de la victoire (86-85).
Si Giannis Antetokounmpo est également du voyage en Chine, on comprend bien que les Grecs pourraient même se mêler à la lutte pour une place sur le podium l’été prochain…
Photo: Allemagne, FIBA