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Rétro Limoges : Michael Young, le bras de Dieu

C’est le joueur offensif le plus phénoménal qu’on ait vu en France ces dernières années. Un gaucher foudroyant, une gâchette qui fait mouche, et une confiance inébranlable. Michael Young est bien la perle américaine que Limoges attendait depuis longtemps. Dévastateur et omniprésent sur le terrain, l

C’est le joueur offensif le plus phénoménal qu’on ait vu en France ces dernières années. Un gaucher foudroyant, une gâchette qui fait mouche, et une confiance inébranlable. Michael Young est bien la perle américaine que Limoges attendait depuis longtemps. Dévastateur et omniprésent sur le terrain, l’ex-dunkeur fou de Houston est le plus doux et le plus discret des hommes en dehors. La vie de Michael Young est un long fleuve tranquille où il mène sagement sa barque, fidèle à sa famille, à sa religion, à son Dieu…

Cette semaine, place à quatre joueurs américains, qui ont fait la gloire du Limoges CSP dans les années 80-90 et dont Liliane Trévisan avait brossé le portrait à l’époque pour le mensuel Maxi-Basket. Clarence Kea (lundi), Michael Brooks (mardi), Don Collins (mercredi) et Michael Young (jeudi).

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Sa main gauche est au moins aussi célèbre et redoutée aujourd’hui sur les terrains de France que l’était celle de William Harrington Boney dit «Billy The Kid» dans la légende du grand Ouest américain. Mais, pour être une terreur des raquettes, Michael Young n’en est pas pour autant un hors-la-loi. C’est plutôt un personnage hors du commun, à mille lieues du stéréotype de l’Américain flambeur, rouleur de mécaniques et amateur de whisky et de petites pépées.

Il n’est pas caractériel, ne considère pas la France comme le Tiers-Monde du basket, ne crie pas «Fuck» à chaque décision d’arbitre, bosse comme les autres à l’entraînement, n’utilise pas le mot «dollar» ou «money» toutes les 5 minutes, et ne considère pas la vie comme une histoire de «business»… On en connaît peu comme ça, on vous le dit… Et pourtant si, si, il est Américain et joueur de basket, ça existe. À Beaublanc, ce petit matin du vendredi 5 février flotte encore dans l’air un léger parfum d’amertume. Le tableau d’affichage est éteint mais personne n’a encore oublié. qu’il s’est arrêté la veille alors que clignotaient en rouge les 8 points d’avance qui officialisaient la victoire de Badalone sur le parquet limougeaud (65-73).

Pas d’entraînement au programme de la matinée, mais Forté, Bilba et Vérove se sont donné rendez-vous pour une petite séance. Interrogation de Jimmy Vérove: « Vous venez faire un papier sur Michael Young ? » Avant d’ajouter: « Il était temps…» Respect d’un coéquipier.. « Indépendamment du fait que c’est un très grand joueur, c’est aussi un homme très bien » nous a dit d’entrée John Dearman, le General Manager du Limoges CSP. « C’est un garçon sympathique, très calme, très gentil, toujours disponible. Quelqu’un de vraiment bien…»

Un scoreur qui sait tout faire

Voilà donc un charmant garçon dont on semble apprécier la personnalité. C’est pourtant le même qui donne bien des cauchemars à la majorité de ses adversaires. Qui ont beau étudier le jeu limougeaud et échafauder des réjouissances défensives diverses, mais n’en finissent pas moins, au bout de 40 minutes, par constater les dégâts. Non seulement il est gaucher, mais en plus c’est un vrai scoreur. Il combine un super jump-shoot, un tir rapide et fiable, des aptitudes à manier la balle tranquillou, et une confiance sans faille. A 6,25m ou n’importe où ailleurs sur le terrain quels que soient l’angle, la distance et le nombre de défenseurs accrochés à ses basques.

Mais attention aux étiquettes ! Ce n’est pas parce qu’il est incontestablement le meilleur marqueur de Limoges et le 3ème marqueur du championnat (20,7 points) que Michael Young ne doit être considéré que comme un scoreur expérimenté. C’est sa tasse de thé, d’accord, mais depuis le college, en passant par la CBA, l’Espagne, l’Italie, Mike a prouvé qu’il savait aussi mouiller son maillot dans d’autres secteurs du jeu. Par exemple, il n’est jamais le dernier à aller au charbon en-dessous; comme il le faisait déjà à Houston où il était le 2eme rebondeur de l’équipe derrière… Hakeem Olajuwon himself!

Rien d’étonnant alors à ce qu’il soit aujourd’hui, devant Jim Bilba, le meilleur rebondeur limougeaud (5,9 rebonds). Et attention, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il abat bien plus de besogne au rebond défensif (4.7 rebonds). Toujours opportuniste, il a également un sacré feeling de l’interception (1,8), ce qui en fait un des meilleurs spécialistes de la chose sur nos terrains. Etonnez-vous après celà qu’avec 44% d’adresse à 3-points il figure en bonne place au classement du joueur le plus complet (5ème).

Bref, si Michael Young n’est pas manchot, ce n’est pas non plus un ingrat. Ce qu’avait probablement bien flairé Bozidar Maljkovic dans son désir de donner une dimension défensive au basket de Limoges. Et qui savait bien que cet oiseau là, pour bien des raisons, ferait son affaire. « Le travail de Maljkovic, ce qu’il m’a apporté au plan défensif, c’est surtout le mental » analyse Michael. « Tout se passe d’abord mentalement : Malikovic prépare vraiment son équipe à être «mentalement » défensive. Et quand tu as acquis ça, quand tu rentres sur le terrain l’esprit concentré sur l’importance de la mission défensive, le reste de ton jeu suit. Et ça, qu’il s’agisse de défense au plan individuel ou collectif. Bon, et on travaille très dur à l’entraînement, et ça aussi ça m’aide beaucoup. Côté défense et côté attaque. Quand je rentre sur un terrain, je sais ce qui m’attends, j’y suis bien préparé, et je sais que j’ai les arguments pour affronter la situation. C’est énorme et ça m’aide beaucoup à avoir confiance… »

Sa confiance : Romains, chapitre 8, verset 31…

Ah, la confiance de Michael Young… La confiance, l’amie la plus infidèle du shooteur, celle qui peut faire toute la différence. Celle qui fait que jamais le bras ne tremble, même sur les dernières secondes du «money-time»….. La confiance, c’est sans doute une des plus belles qualités de Michael Young. Michael Young ne doute jamais, même s’il sait qu’il n’est pas infaillible.

« C’est le genre à rentrer sur le terrain, à l’aligner trois tirs à 3-points dans les premières minutes, et s’il ne les met pas -ça ne se voit pas trop souvent malheureusement- il remet ça dès qu’il peut. Rien ne l’arrête » constate, amusé, Jean-Luc Monschau, ci-devant coach du Mans, avec le recul de l’adversaire qui a expérimenté la chose. C’est sûr, dans sa tête, rien ne peut arrêter Michael Young. Championnat de France ou championnat d’Europe, il ne laisse aucune pression le perturber. Son secret ? Allez dis, Michael.

« Je ne me mets jamais dans une situation de pression. Je ne m’inquiète jamais de savoir si on me met telle ou telle pression sur mes épaules. » Une pause, un regard lucide et bienveillant, il enchaîne: « Tu vois, je suis profondément religieux. Je crois en Dieu. Et j’ai toujours en tête une phrase de la Bible (NDLR: Romains, Chapitre &, verset 31) qui dit: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?» Et j’y crois. Et c’est le plus important pour moi. Alors, la pression n’existe pas. Parce que je sais que je donne simplement tout ce que je peux, au mieux de mes capacités. C’est tout ce qu’un joueur peut faire. Après, quoi qu’il arrive, que les gens autour de toi soient satisfaits ou mécontents, toi tu sais que tu as donné tout ce que tu pouvais. Donc être prêt mentalement, rentrer vraiment dans son match, chaque match… Ma confiance vient de là… »

Il suffit de lui refiler la balle

On en reste assez abasourdi. Comme les adversaires du dit Michael. Ou ses coéquipiers parfois. Qui, devant les fabuleuses prouesses réalisées par leur ailier, en oublient parfois un peu leurs propres responsabilités offensives. Il est capable d’être fort, si fort Michael. A Badalone, à Pesaro, contre Tel-Aviv, il suffit de lui refiler la balle et il est capable de faire basculer le match tout seul, de prendre toutes les responsabilités, et d’emmener toute l’équipe au septième ciel. Seulement voilà, le jour où il est à côté, c’est tout le jeu offensif de Limoges qui cafouille. On se décharge tellement sur lui à longueur de match qu’on en oublie, quand ça va mal, de réciter son propre basket. C’est le revers de la médaille et de systèmes offensifs construits, pour la plupart, autour de lui.

« Quel que soit le type de systèmes que mon coach applique, je peux y adhérer. Mais, c’est vrai que dans nos systèmes actuels je prends la plus grande partie des tirs. Mais il y a toujours des arrangements, des options prévues pour que d’autres que moi puissent également prendre leur chance suivant les circonstances. Et on a des joueurs de qualité, capables de faire ça. Des garçons comme Fred (Forte), Jurij (Zdovc) ou Richard (Dacoury). Bilba aussi sait le faire. On a quand même une équipe assez polyvalente » précise Michael.

Avant de reconnaître que parfois, il arrive quand même à cette équipe de manquer de lucidité dans l’équilibre du jeu intérieur/extérieur. Comme cette défaite à domicile face à Badalone par exemple : « Maintenant que le match est terminé, que tu peux t’asseoir et y réfléchir, tu vois des choses qui te sont passées à côté dans le feu de l’action. Sur ce match, Willy Redden a effectivement fait du bon boulot en première mi-temps, et on aurait dû le servir plus souvent en deuxième mi-temps ; ce qui n’a pas été fait. »

Sa religion, c’est sa force

Il fut un temps où, à Limoges, un Américain de cette trempe, aussi omniprésent sur le terrain, véritable star du championnat, n’aurait pas tardé à provoquer certains ressentiments. Et on aurait très vite entendu cris et grincements de dents monter du banc limougeaud. Aujourd’hui, on n’en est pas là. D’abord parce que Young fait bien son boulot, sur le terrain et à l’entraînement. Ensuite parce que la personnalité d’un Michael Young incite plutôt à l’union et au respect qu’aux règlements de compte. Il n’y a pas une once de prétention, de provocation, d’arrogance ou de vantardise chez cet homme-là.

Et ça, même s’ il est estampillé comme un membre de la fameuse «Phi-Slama-jama», la confrérie des dunkers fous de l’Université de Houston dont les simples échauffements d’avant-match provoquaient l’hystérie dans les gradins. Il y avait du beau linge à cette époque chez les Cougars: Hakeem « The Dream » Olajuwon, Clyde « The Glide » Drexler, Larry « Mr Clean » Micheaux, Greg « Cadillac » Anderson, Alvin « Feeling » Franklin et .. Michael « the Clutch » Young.

Aujourd’hui encore, chaque été, Michael retrouve certains d’entre eux sur les playgrounds du Fonde Recreation Center à Houston. Mais Michael était-il vraiment un dunker fou ? Moue gentiment amusée: « C’était notre surnom, et à cette époque, c’était vraiment marrant. On se souvenait de l’équipe pour ça, ça faisait notre notoriété. Porter ce nom, ça voulait dire aussi que parfois tu te sentais obligé de dunker sur certaines actions alors qu’en fait, normalement, tu ne l’aurais pas fait. Mais on se devait d’honorer ce nom, même si on courait le risque d’être stéréotypé à cause de ça. »

Souvenirs, souvenirs… Mais, déjà à cette époque dorée des années de college, Michael n’était pas tout à fait comme les autres. Pas un marginal, ça non, mais il avait déjà une certaine idée de la morale, et de  la religion surtout. Alors comme il dit, s’il a été un étudiant normal, il a tout fait « pour se tenir à l’écart des ennuis, de tout ce qui pouvait poser problème » Sa force de caractère Michael Young l’a puisée dans l’éducation religieuse que lui ont dispensé très tôt ses parents, de confession baptiste (religion protestante des Etats-Unis).

Les boîtes ? L’alcool ? Les jolies femmes ? Il évite…

« C’est le début de mon histoire. J’ai cru en Dieu dès mon enfance, Puis les années ont passé. Quand j’ai rencontré ma femme, Tina, notre foi, nos croyances se sont unies. Ca a été comme une renaissance chrétienne, pour elle et moi. Elle et moi, on est comme ça (il serre ses deux mains très fort l’une contre l’autre, solidement). On est très forts ensemble. On ne fait pas que lire la Bible, on y croit, et on la met en pratique. »

Aie. Là on se dit, pauvre garçon, dans ce milieu la, où faire la bringue -et le reste- est considéré comme une saine vertu, il doit être confronté à bien des obstacles. Lutter contre des tentations permanentes. Livré aux foules, adulé, recherché souvent sur les routes… ce ne sont pas les meilleures conditions pour exercer la foi. Et pourtant, Michael y tient à sa foi. Et il tient ferme.

« Ce n’est pas difficile. Si tu y crois vraiment, tu y arrives. Ma femme et moi, on est très proche, et c’est déjà une façon d’éviter la tentation, comme celle de commettre l’adultère par exemple, de faire des choses contraires aux principes de la Bible. Mais ce n’est pas si dur. C’est mener une vie normale. Bon je ne sors pas en boîte. Jamais. Et alors ? Qu’est-ce que je vais trouver en boîte ? Je ne bois pas, je ne fume pas, toutes ces choses qu’on y fait. Et il y a aussi beaucoup de jolies femmes en boîte. Mais qu’est-ce que j’irais faire là ? Je suis marié… Alors j’évite… »

On vous l’a déjà dit, ce garçon n’est pas comme les autres. Mais n’allez pas croire que c’est un triste sire et un rabat-joie austère. Ou un illuminé extatique. Et il ne vit pas en ermite non plus. Michael Young est simplement bien dans sa vie, équilibré en toutes choses. Il y a ce rayonnement tranquille des gens sereins. Et ses coéquipiers ? Ça doit quand même beaucoup les changer du profil type de l’Américain tel qu’il en court beaucoup sur les terrains… non ?”

« Je ne sais pas. Je ne suis pas arrivé en disant «salut les mecs, je suis religieux…» Je ne leur en parle pas. Je me conduis de façon tout à fait normale. Ils savent que je ne bois pas, que je ne fume pas et que je ne vais pas en boite. Mais ça ne nous empêche pas de plaisanter, de rire ensemble. Comme tout le monde..»

Et ça ne les empêche pas non plus de continuer à lui filer la balle même si ça les oblige parfois à se mettre un peu en retrait, chacun dans leur registre. Si ce n’est pas par pure charité chrétienne (n’est-il pas dit dans la Bible qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ?), c’est en tout cas avec une belle abnégation et au nom d’une formidable réussite collective. Et ça, Michael Young tient à le leur rendre: « On est vraiment un groupe très solidaire, très soudé. Sans doute le plus solide que j’ai pu connaître depuis que je joue en Europe. Je n’y sens aucune jalousie, aucun ressentiment. Et personnellement, je suis très heureux de jouer avec des gens de cette qualité. Et j’espère sincèrement que c’est réciproque…»

Michael Young et le Final Four : pas de chance

Le moins qu’on puisse dire c’est que les finales ne réussissent pas aux Cougars de Houston. Les coéquipiers de Michael Young ont pourtant connu une période faste dans les années 80 puisque trois saisons de suite (82-83-84), ils ont fait partie du fameux carré d’As du Final Four.

En 82, la belle aventure s’arrête en ½ finale.

En 83, Houston s’ouvre les portes de la finale, face à North Carolina State. Et là, surprise, les dunkers fous des Cougars se cassent les dents : North Carolina bat Houston 54-52. Aux côtés de Michael Young, il y avait alors Drexler, Olajuwon, Franklin. Young quitte le terrain avec 6 points, 3/10 aux tirs (0/4 aux lancers-francs), 8 rebonds. C’est Olajuwon qui sera le meilleur marqueur de la finale avec 20 points.

En 84, on remet ça. Face à Georgetown et Pat Ewing. Houston n’est pas dans le coup, et c’est Georgetown qui sera sacré champion NCAA. Les hommes de John Thompson s’imposent 84-75. Pat Ewing a marqué 10 points et pris 9 rebonds. Quant à Michael Young il a été plus prolifique que l’an passé : 18 points (8/21 aux tirs, 2/3 aux lancers-francs), 5 rebonds. C’est encore un joueur de Houston, Franklin (21 points) qui sera le meilleur marqueur de la finale. Michael Young aura tout de même la consolation d’être sélectionné dans la All-Tournament Team en compagnie de Pat Ewing, Michael Graham, Hakeem Olajuwon et Alvin Franklin.

Aujourd’hui, l’ailier limougeaud ne fait pas une maladie de ces deux échecs successifs en finale. « Je préfère voir les choses d’un oeil positif: on a été présents trois fois, et ça compte aussi. Ceci dit, se dire qu’on ne l’a jamais eu ce Final Four, ça reste toujours gravé quelque part dans un coin de mon esprit… Mais il n’y a pas à en avoir honte. Au contraire, ça a été une bonne raison de continuer à travailler encore plus… »

Michael Young et la NBA : allers-retours express

Michael Young avait pourtant le talent nécessaire pour se faire une place en NBA. Comme « big guard » ou « small forward » ? C’est le dilemme qui se pose souvent aux joueurs de son type et de sa taille en NBA. Joueurs au profil incertain qu’on promène souvent d’une position à l’autre, et qui, la plupart du temps, ne sont pas assez bons manieurs de ballons pour jouer arrière et pas assez costauds pour jouer plus en dessous. « Ce n’était pas mon problème » commente l’intéressé. « Je suis assez polyvalent et complet pour jouer les deux. »

Comment alors expliquer qu’après sa draft par les Celtics, Michael se soit trouvé écarté des projecteurs de la NBA ? « J’ai été drafté par Boston alors qu’ils n’avaient pas vraiment besoin de moi. Ils ont simplement pris ce qui restait de plus avantageux et de disponible sur le marché  à ce moment précis de la draft. Par conséquent, quand ils ont compris qu’ils n’avaient pas besoin de moi, ils m’ont coupé. On s’est dit « tiens, celui-là, Boston n’en a pas voulu, on ne sait pas trop quoi en penser… » Mon nom n’a pas été retenu et personne ne voulait risquer sa chance sur moi. »

En fait, comme beaucoup d’autres l’ont expérimenté, Michael Young a surtout souffert de ne pas être « the right man in the right place ». L’homme qui tombe à pic. Celui qui correspond juste aux besoins précis d’une équipe particulière. Il a sans aucun doute le talent pour jouer en NBA. Le problème c’est qu’il a été drafté par les Cellics. « S’il avait été drafté par une équipe comme Cleveland cette année-là, il jouerait sûrement » commente Walter Jordan, adversaire de Young avec les Albany Patroons (CBA). « Il peut scorer de n’importe quel endroit du terrain, face à n’importe quel joueur de deux mètres et lutter au rebond avec la plupart. Je pense qu’il lui faut juste une chance de jouer et la bonne situation » précise Bob Weinhauer, qui a coaché Michael en CBA sous le maillot des Detroit Spirits. Or de la chance et du temps, Michael n’en a pas vraiment eu. Comme en témoignent ces allers-retours express effectués entre NBA et CBA pour des «dépannages» provisoires.

A Phoenix, Il joue deux matches à 5 minutes de moyenne. A Philadelphie, 5 matches, mais reste en moyenne 1 minute sur le terrain. Difficile d’exploser la baraque dans ces conditions. Quand il revient en NBA, pour une saison aux Clippers (89-90), il ne garde pas longtemps ses illusions: « Quand je suis arrivé il y avait des blessés dont Danny Manning. Quand ces joueurs sont revenus, automatiquement, j’ai perdu beaucoup de mon temps de jeu. C’est la loi de la NBA. La NBA, bien sûr tu en rêves quand tu es au collège. Mais quand tu découvres la réalité des choses, tu te rends compte qu’il y a peu de joueurs qui en profitent un maximum. Jouer en NBA ? Super. Mais si tu ne peux pas y faire une grande et bonne carrière, c’est tout de suite beaucoup moins engageant. »

Les années 80 ne se termineront pas que sur la frustration de deux finales envolées.

Boudé par la NBA, Michael Young part cartonner en CBA. Sous le maillot des Detroit Spirits, il tourne cette saison-là à 26,8 points de moyenne, 8,5 rebonds et 53,6% de réussite aux tirs. Il sera récompensé de sa constance et de son efficacité par le titre de MVP 86. Et par une sélection pour le All-Star Game de CBA qui se tient le 11 février à Tampa. Sous les regards des scouts de 19 clubs de NBA venus renifler le bon coup. Mais Michael Young n’aura pas vraiment l’occasion de se mettre en valeur. Il a droit à 17 minutes de jeu qui se soldent par 8 points (3/6 aux tirs 2/2 aux LF) et 1 passe.

Commentaire de l’intéressé: « Le All-Star Game était une grande expérience. Mais parfois, juste parce que c’est un All-Star Game, tu dois partager ton temps de jeu, et tu laisses passer ta chance…»

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Sa main gauche est au moins aussi célèbre et redoutée aujourd’hui sur les terrains de France que l’était celle de William Harrington Boney dit «Billy The Kid» dans la légende du grand Ouest américain. Mais, pour être une terreur des raquettes, Michael Young n’en est pas pour autant un hors-la-loi. C’est plutôt un personnage hors du commun, à mille lieues du stéréotype de l’Américain flambeur, rouleur de mécaniques et amateur de whisky et de petites pépées.

Il n’est pas caractériel, ne considère pas la France comme le Tiers-Monde du basket, ne crie pas «Fuck» à chaque décision d’arbitre, bosse comme les autres à l’entraînement, n’utilise pas le mot «dollar» ou «money» toutes les 5 minutes, et ne considère pas la vie comme une histoire de «business»… On en connaît peu comme ça, on vous le dit… Et pourtant si, si, il est Américain et joueur de basket, ça existe. À Beaublanc, ce petit matin du vendredi 5 février flotte encore dans l’air un léger parfum d’amertume. Le tableau d’affichage est éteint mais personne n’a encore oublié. qu’il s’est arrêté la veille alors que clignotaient en rouge les 8 points d’avance qui officialisaient la victoire de Badalone sur le parquet limougeaud (65-73).

Pas d’entraînement au programme de la matinée, mais Forté, Bilba et Vérove se sont donné rendez-vous pour une petite séance. Interrogation de Jimmy Vérove: « Vous venez faire un papier sur Michael Young ? » Avant d’ajouter: « Il était temps…» Respect d’un coéquipier.. « Indépendamment du fait que c’est un très grand joueur, c’est aussi un homme très bien » nous a dit d’entrée John Dearman, le General Manager du Limoges CSP. « C’est un garçon sympathique, très calme, très gentil, toujours disponible. Quelqu’un de

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Photos : Maxi-Basket

Articles parus dans Maxi-Basket en mars 1993

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