C’est un exemple de résilience comme il existe peu dans le basket professionnel. Après trois ruptures des ligaments croisés du genou, deux à droite et une à gauche, lors de ses trois premières années pro, Serena Kessler revit enfin. C’est la première fois que l’arrière de 21 ans enchaîne les matches en Ligue Féminine depuis qu’elle est arrivée en 2020, comme elle le raconte à La Semaine des Pyrénées.
“Je me sens très bien. Je n’ai plus aucune douleur ni appréhension par rapport à mes genoux. Je continue toujours de travailler avec les kinés et en muscu pour les renforcer. Ces trois dernières années ont été… très longues. La première fois que je me blesse, je me dis : ‘’Bon, c’est pas grave, ça peut arriver comme dans toute carrière de basketteur’’. Mais après, quand je fais deux puis trois fois les ligaments croisés, je me suis dit qu’il y avait peut-être un souci… Il y a eu beaucoup de remise en question : surtout mentale. A ma dernière rechute, il y a eu un temps d’hésitation. Qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je continue le basket ? En discutant avec ma famille et François (Gomez, le coach), j’ai décidé de persévérer, car à chaque fois que je suis revenue de blessure, je n’étais pas à la ramasse par rapport aux autres filles, je n’avais pas perdu mon niveau.”
Depuis son retour sur les parquets début janvier, la Lyonnaise apporte 6 points, 4,1 rebonds, 2,3 passes décisives et 1,1 interception pour 6,4 d’évaluation en 24 minutes sur 7 matches de LFB, plus une jolie pointe à 13 points dans la victoire en Coupe de France à Lattes-Montpellier. Son shoot reste à perfectionner (29,8 % aux tirs dont 20,0 % à 3-points), à l’image de son 0-4 à derrière l’arc contre Landerneau, mais elle retrouve petit-à-petit le rythme, elle qui est au passage en fin de contrat à la fin de saison et “en discussion” pour une prolongation.
“Tout ça (les blessures) est derrière moi. Je suis très persévérante. Mentalement, si parfois ça va mal sur le terrain, je peux me raccrocher à ça, me dire que j’ai déjà connu plus dur et qu’être sur le terrain, c’est facile comparé à tout ça. (...) Je pense être revenue au maximum de mes capacités car, quand j’ai fait les tests physiques avant de reprendre la compétition, j’étais très bien et même meilleure qu’avant mes blessures. Après, il faut reprendre le rythme, que j’arrive à exploiter mes capacités sur le terrain, car je n’ai pas joué pendant un an…”
L'équipe de France dans le viseur
La concurrence est rude mais l'ancien fer de lance de la génération 2002 vise l’équipe de France. Présent à Tarbes cette semaine, le sélectionneur des Bleues Jean-Aimé Toupane avoue d’ailleurs la suivre à moyen terme.
“C’est un objectif d’être en équipe de France. Actuellement, toutes les filles sélectionnées sont en meilleure forme et font de meilleures prestations que moi. Mais, c’est un objectif que je garde en tête. Je travaille beaucoup à côté pour pouvoir, moi aussi, porter un jour ce maillot et jouer de grandes compétitions.”
En attendant, Serena Kessler se concentre sur sa fin de saison en club. Sixième ex-aequo avec deux victoires d’avance sur le neuvième, Angers, à cinq journées de la fin, le TGB est tout proche de retrouver les playoffs pour la première fois depuis 2021 (où l’équipe avait fait forfait sanitaire contre Bourges). L’équipe de François Gomez est jeune mais “capable de créer la surprise”, y compris en demi-finale de la Coupe de France contre Basket Landes.