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Un documentaire sur la vie des basketteurs américains en France

Vous êtes-vous déjà demandé comment les Américains s'acclimataient en France ? Le réalisateur Alan Durand est parti à la rencontre de basketteurs natifs des Etats-Unis depuis Le Mans. Le documentaire « Une province américaine » sera diffusé ce lundi 1er juillet sur Sport en France. Entretien.

Terry Tarpey © FIBA

Alan, comment avez-vous eu l’idée de ce projet de documentaire sur le natifs américains en France ? 
"J’habite au Mans, c’est une terre de basket en France. À la base, je ne suis pas passionné de basket mais je m’y suis intéressé petit-à-petit. Et une des questions que je me posais sans trop connaître ce sport était : « Qu’est-ce que tous ces Américains font en France dans des petites villes ? » car je voyais beaucoup de noms américains dans les effectifs. Je suis allé voir le MSB en leur présentant mon projet, qui n’était pas tout à fait sportif mais plutôt culturel. Je trouvais ça intéressant de parler des joueurs américains non-draftés qui venaient en France, et qui croisaient la route des jeunes Français qui allaient être draftés en NBA. Ce contraste était intéressant. J’ai croisé la route de Terry Tarpey qui a la double nationalité franco-américaine. Il faisait le trait d’union entre les deux cultures et c’est devenu le personnage principal du documentaire, sans oublier d’ajouter les portraits d’autres joueurs. 

Quelles ont été les étapes de création de ce documentaire ?
J’ai eu cette idée-là en 2019 et le MSB m’avait donné son accord, mais après il y a eu le Covid, donc ça a retardé le tournage. Ensuite, le film est entré en production en 2021 grâce à des producteurs que j’ai trouvés au Mans. J’ai ensuite fait les interviews de Scott Bamforth, Dante Cunningham qui venait de NBA, et Terry Tarpey (NDLR : saison 2021-2022). Il me parlait déjà de l’équipe de France alors qu’il n’avait fait que quelques matches avec la sélection pour les fenêtres internationales. C’était son rêve et ça a commencé à me mettre la puce à l’oreille. Je suis allé le suivre (Tarpey) en équipe de France et j’ai été bien accueilli. Lorsqu’il a explosé à l’Euro, j’ai compris que je pourrais me concentrer davantage sur son portrait. Il veut jouer pour la France depuis tout petit alors qu’il vivait à New York et qu’il ne parlait pas un mot de français. 

Terry Tarpey, c’est un personnage, il aurait pu faire le film à lui tout seul, c’est ce que beaucoup de gens m’ont dit. Naturellement c’est ce qui aurait dû se faire si je n’avais pas été tête de mule, mais j’ai voulu garder les portraits d’autres joueurs américains. Par exemple, il y a eu Brynton Lemar, qui n’est passé que brièvement au MSB et pourtant c’est un personnage clé du documentaire car il a eu des discours intrigants sur l’ouverture culturelle.

"Mon film joue sur cette indécision : parfois on ne sait plus si on est aux États-Unis ou dans une petite ville française"

Quelle est l’idée qui ressort principalement de vos échanges avec les joueurs américains ? 
Je pensais au début que les Américains avaient du mal à s’adapter lors de leur arrivée en France, et c’est en partie faux. C’était comme ça plutôt dans les années 80 où le championnat français n’était pas structuré. Les organisations aujourd’hui sont certes plus petites qu’aux États-Unis mais elles se sont développées et les joueurs d’outre-Atlantique ressentent moins cette différence. Ils ont aussi plus de moyens de communication avec leurs familles aux USA. En revanche, les jeunes joueurs universitaires qui arrivent en Europe se sentent plutôt seuls, et ils doivent quand même performer sportivement.

Ce sont des gens qui j’admire car ils sacrifient beaucoup pour leurs objectifs et leur futur est souvent incertain. Le film insiste sur le fait que ces joueurs changent régulièrement de club et donc parfois de pays, ils doivent sans cesse s’adapter mais d’un autre côté, ils découvrent de nombreuses cultures et voyagent beaucoup.

Un soir de match au Mans, nous sommes allés regarder la March Madness (Tournoi universitaire américain NCAA) chez Terry Tarpey. Le décor de sa maison était américain alors que nous étions en banlieue du Mans. Mon film joue sur cette indécision : parfois on ne sait plus si on est aux États-Unis ou dans une petite ville française. 

"La difficulté pour le basket, c’est que si vous ne reliez pas votre sujet à la NBA, les diffuseurs ne sont pas forcément intéressés"

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? 
Le principal problème que j’ai eu, c’est que le film n’a été financé par aucune télé. La difficulté pour le basket, c’est que si vous ne reliez pas votre sujet (documentaire) à la NBA, les diffuseurs ne sont pas forcément intéressés. Finalement, les basketteurs américains en France dont je parle dans mon documentaire, ce sont en quelque sorte des antihéros ! Je ne suis pas sûr que beaucoup de jeunes connaissent Terry Tarpey en France. 

J’ai dû me débrouiller seul avec les moyens du bord et aujourd’hui le résultat est de bonne qualité parce que j’ai été suivi par des productions au Mans et que j’ai eu accès à du matériel. Je n’ai pas été financé par de grandes chaînes, est-ce que c’était à moi de trouver un sujet plus sexy ? Est-ce que les chaines sont frileuses et manquent de curiosité ? Ou peut-être que le basket n’est pas assez démocratisé ? Le basket français souhaite plus de contenu pour mettre en avant son sport mais en même temps, ce n’est pas facile de trouver des diffuseurs qui financent. 

Maintenant, j’aimerais que ce film soit vu car je pense qu’il peut intéresser de nombreux passionnés de basket. Au-delà des valeurs sportives, ce sont des valeurs humaines comme l’amour ou la passion qu’on retrouve dans les images, de quoi toucher un public plus large."


Diffusion du documentaire : ce lundi 1er juillet à 21 heures sur la chaîne Sport en France (canal 109 de la TNT ou sur le site sportenfrance.com).

Projection : ce jeudi 4 juillet au cinéma Les Cinéastes, à 19h, au Mans. Billetterie ici

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