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La BCL, le pari gagnant de Malaga

Ancien bastion de l'Euroleague, Unicaja Malaga s'est replié sur la Basketball Champions League avec succès. Voici pourquoi.

©FIBA

Il y a trois ans, le grand club espagnol de Malaga prenait la décision d’abandonner la volonté de jouer l’Euroleague pour se tourner vers la BCL. Unicaja a été pendant des décennies un grand d’Europe, destination privilégiée des meilleurs Français au cours des années 2000 – Moustapha Sonko, Frédéric Weis, encore Stéphane Risacher (Zaccharie est né en Andalousie) et bien entendu Florent Piétrus y ont joué de nombreuses saisons. Champion d’Espagne 2005. Premier de la saison régulière en ACB en 2005-06. 15 saisons consécutives en Euroleague entre 2002 et 2016. Une dernière apparition en C1 en 2017-18 après la victoire en EuroCup.

Puis à l’été 2021, le divorce avec ECA l’entité qui gère l’Euroleague et l’EuroCup. Malaga jette l’éponge. Le club tourne le dos à un système auquel il a appartenu plus de 20 ans. Pourquoi ?

« L’Euroleague est un projet non viable pour ce club en raison des scénarios économiques et parce qu’elle ne nous semble pas appropriée », explique au moment de ce choix le président du club Antonio Jesús López Nieto. « C’est une société gérée par onze clubs et les autres sont invités à une fête aux règlements variables. »

Sur le moment, la décision surprend. Ce renoncement à la C1 marque-t-elle le recul définitif des ambitions du club ? Bien au contraire, mais trois ans plus tard, il est plus facile de comprendre le raisonnement du club et de constater le bien-fondé de sa stratégie.

Malaga vient de remporter la Basketball Champions League et trône en tête de la Liga ACB. Devant les deux monstres du basket espagnol, le Real Madrid et le FC Barcelona. Il ne s’agit pas simplement d’un coup, mais d’une tendance. En 2022-23 déjà, le club avait remporté la Copa Del Rey en signant une très belle troisième place en saison régulière dans la ligue espagnole. A l’été 2023, le club a conservé 11 de ses 12 joueurs.

Kendrick Perry. ©FIBA

Alors, comment expliquer cette réussite ?

Tout d’abord, il a fallu initier un nouveau projet sportif sur le terrain, autour du coach Ibon Navarro et d’une nouvelle génération de joueurs espagnols, autour de l’enfant du pays Alberto Diaz et un recrutement réussi de renforts étrangers. Et puis comme toutes les équipes de champions, il a fallu créer une alchimie. « Un esprit de sacrifice », résumait Kendrick Perry, MVP du Final 4 en conférence pour faire écho au discours de son coach trempé par ses joueurs.

Ensuite, la clé de la réussite de Malaga, notamment en championnat, c’est que l’équipe n’a plus à subir le calendrier démentiel qu’impose le calendrier d’Euroleague. Et même si le Real et Barca creusent chaque saison des déficits de plusieurs dizaines de millions d’euros pour bâtir des effectifs à rallonge, force est de constater que les cadences sont insoutenables. Ce sont d’ailleurs les mêmes raisons qui ont poussé Gran Canaria, vainqueur de l’EuroCup 2023 à renoncer à un ticket potentiel en Euroleague pour la saison actuelle.

La BCL offre une alternative différente, avec des principes clairs basés sur le mérite sportif dans les ligues domestiques et un calendrier raisonnable.

« Cette saison, le contrat que nous avons avec la Basketball Champions League expire », expliquait le président de Malaga il y a deux mois. « L’avenir du club passe par la compétition la plus adaptée à notre développement sportif. Je ne ferme les portes à aucune compétition mais, par exemple, aujourd'hui pour être clair, tel qu'est le format de l'Euroleague, tant sur le plan économique que sportif, il ne nous concerne pas. Je pense que cela serait négatif pour la performance sportive du club, en plus de la stratégie et de la structure du club. Aujourd’hui, par exemple, la situation économique est vertigineusement mauvaise. Leurs dépenses sont vertigineuses et leurs efforts physiques et sportifs sont élevés. Actuellement, avec une structure de club très solide, nous manquerions de potentiel. Nous avons peut-être un meilleur budget que certaines équipes d'Euroleague comme l'Asvel, celles du bas de l'échelle, mais rien que pour les déplacements, nous devrions dépenser plus. Est-ce que ça vaut le coup d’être 13ème ou 14ème ? Ils ne perçoivent aucun revenu provenant des droits de télévision. »

Avec la victoire en BCL, Malaga empoche un chèque d’un million d’euros. Après la Copa del Rey 2023, la première place en ACB, les victoires s’accumulent et le club surfe actuellement à nouveau sur une dynamique particulièrement positive. Et devient à nouveau un symbole de fierté pour la région.

« Notre coopération avec Malaga a été solide », expliquait Patrick Comninos, le patron de la BCL la veille de la finale. « Je crois que chacun a profité de ce chemin parcouru en commun. On s’attend à ce que Malaga continue avec nous à l’avenir et on ne sera pas surpris qu’ils continuent à être très compétitifs. »
En 2023, Malaga avait organisé le Final Four de la BCL à domicile et se préparait sans doute à une grande fête. Sauf que le groupe n’avait pas réussi à supporter la pression en demi-finale et s’était incliné face à Bonn le futur champion. « On n’était pas prêt à jouer avec cette pression à l’époque », a expliqué coach Navarro en conférence de presse. « On a beaucoup travaillé mentalement. » Cette déception a été dépassée à Belgrade de la meilleure des manières.

Dans le sport, rien ne remplace au final le sentiment incomparable de soulever des trophées. Pour Malaga qui a fait de l’ACB la priorité pour donner la meilleure visibilité possible à ses partenaires, est-il désormais envisageable de viser un nouveau titre de champion d’Espagne ?

Le simple fait de poser la question ressemble déjà à une victoire.

Nihad Dedovic. ©FIBA

 

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