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Strasbourg au bord du ravin, Le Mans pour une 4e finale en douze ans

Cinq fois finaliste d’affilée depuis 2013, la SIG Strasbourg est au bord du ravin. Menée 1-2 par Le Mans dans cette demi-finale passionnante, elle a surtout reçu hier une véritable fessée (60-80) et personne n’a reconnu sa défense agressive et son jeu fluide qui sont sa marque de fabrique Il va lui

Cinq fois finaliste d’affilée depuis 2013, la SIG Strasbourg est au bord du ravin. Menée 1-2 par Le Mans dans cette demi-finale passionnante, elle a surtout reçu hier une véritable fessée (60-80) et personne n’a reconnu sa défense agressive et son jeu fluide qui sont sa marque de fabrique Il va lui falloir trouver la clé de la défense bétonnée du Mans menée par un Romeo Travis en mode conquistador.

Avec DJ Stephens, Youssoupha Fall et encore Justin Cobbs, on savait que Le Mans possède l’équipe la plus excitante qu’elle n’a jamais eu en ce siècle et le MSB prouve aussi qu’il n’a pas son pareil pour démantibuler les attaques adverses.

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Romeo Travis n’est pas pour rien le pote d’enfance de LeBron James. C’est un guerrier extraordinaire. Sonné par sa suspension après des dérapages verbaux à Cholet envers le corps arbitral, il a retrouvé tous ses sens, son leadership que lui confère son tempérament et son immense expérience -il a trente-trois ans- et il vient de sortir face à son ancien club de la SIG deux matchs colossaux qui lui ont valu en cumulé 43 points (18/28 aux tirs), 16 rebonds et 55 d’évaluation. Et il y a plein de choses qui ne sont pas inscrites dans les chiffres que l’ancien étudiant à Akron University a réalisé à la perfection notamment dans le domaine défensif.

Son coach Eric Bartecheky était admiratif :

« Il est exceptionnel, il a un investissement, il est partout, il est dans les aides, il se bat au rebond. En attaque, il marque encore vingt points. Il est sur un niveau de jeu (il souffle d’admiration). C’est vraiment hyper important pour l’équipe, c’est impressionnant. »

Les grands joueurs se révèlent en playoffs et Romeo Travis en fait partie.

« Nous avons fait des erreurs. Nous avons commis beaucoup de balles perdues durant la première mi-temps, de rebonds offensifs concédés. Le basket-ball n’est jamais parfait. Mais l’équipe a continué de l’avant », a analysé l’Américain. « Durant la première mi-temps, le public a été vraiment enthousiaste. Nous avons besoin de son énergie et nous l’avons senti, nous apprécions cela. Nous avons une équipe solidaire, nous avons un très bon roster. Nous avons des gars qui peuvent jouer à différentes positions et ce soir nous avons montré notre polyvalence défensive. Nous avons fait une super défense sur des gars comme (David) Logan et Dee Bost. »

C’est là qu’il faut reparler de l’absence de Louis Labeyrie, victime d’un virus et qui ne sera pas opérationnel pour cette série, sachant que l’international est considéré comme le meilleur numéro 4 de la Jeep Elite et qu’il avait empoisonné la vie des Manceaux lors du match retour de saison régulière à Antarès, notamment avec ses flèches à trois-points (4/5 pour 17 points), mais il faut tout autant rappeler que Terry Tarpey (genou), le « ciment » du MSB est sur la touche alors que Pape-Philippe Amagou, même s’il est en tenue, n’est pas opérationnel. D’ailleurs le coach Vincent Collet ne cherche pas à en faire une véritable excuse :

« C’est normal qu’il nous manque mais malgré tout on a gagné le premier match jeudi sans qu’il soit là et le match retour à Nanterre sans lui non plus. Bien sûr ça serait mieux s’il était là mais il ne le sera pas davantage jeudi donc il faut que l’on soit capable de faire mieux sans lui. »

https://twitter.com/benduj/status/1004142685630926853

35,8% de réussite pour Strasbourg

Sur sa lancée du Match 2, Romeo Travis a donc mis le MSB sur la voie royale. Il en était à 7 points et 14 d’évaluation en 6 minutes. Tant de fois les Manceaux s’étaient laissés surprendre à l’allumage. Juste de mauvais souvenirs. Ils menaient 25 à 10 au bout de 9 minutes alors qu’après l’avoir regardé les yeux dans les yeux, Justin Cobbs venait de shooter sur la tête de Florent Pietrus. Trop vite pour l’ex-Ministre de la Défense des Bleus. Et encore Will Yeguete avait raté un dunk d’apparence tout cuit.

La SIG était terriblement gênée par la défense compacte du MSB. Elle a profité de l’entrée positive de Jeremy Leloup (7 points en 5 minutes grâce à un 5/5 sur la ligne) et d’un courant favorable venu de l’arbitrage pour réduire l’écart mais sur l’un de ses tirs intermédiaires dont il a le secret, l’inévitable Justin Cobbs redonnait de l’air au Mans à la mi-temps (40-28).

La SIG était donc à 28 points avec un épouvantable 9/32 aux shoots dont un 2/10 pour la paire Dee Bost/Zack Wright censée être la meilleure de France sinon celle de Monaco, DJ Cooper-Aaron Craft.

Labellisé fidèle mais passif, le public manceau s’est métamorphosé depuis la belle face à l’ASVEL et outre qu’une distribution de maillots oranges -les exégètes diront tango- a rendu Antarès photogénique, ses murs ont tremblé toute la soirée. Dans la chaleur et le bruit, les Manceaux se sont vu pousser des ailes.

« Ce qui est à noter c’est effectivement une très bonne entame avec une salle qui était fantastique, pleine, tout en orange, qui poussait, etc », se réjouissait Eric Bartecheky. « Il y a eu un très bon début et ce qui est à noter sur l’ensemble du match, c’est l’engagement de l’équipe défensivement. De chaque joueur, que ce soit le temps de jeu que chacun a pu avoir. Il y a eu un investissement important dans ce domaine-là qui se traduit par 60 points d’encaissés. La stratégie que l’on essaye de mettre en place par rapport à Strasbourg est pour l’instant bien respectée. (…) L’équipe a bien réagi après la première défaite contre l’ASVEL. Elle a été capable ensuite de confirmer. En réagissant aussi à Strasbourg, ça enclenche des choses, il y a des déclics qui s’opèrent. Les joueurs ne sont pas fous non plus. Ils voient qu’il y a des possibilités, qu’il y a du monde qui vient à la salle. Tout ça créé une situation et ça nous permet de nous surpasser. Il y avait un engagement total. C’est ce qui nous permet de faire une partie comme ce soir. »

Plus que par sa capacité offensive (80 points tout de même sur les deux derniers matchs avec 61% de réussite à Strasbourg et près de 10% de mieux que la SIG au Mans hier soir), les performances actuelles du MSB s’expliquent grandement par sa rudesse offensive. On comprend mieux pourquoi c’est l’équipe a qui le moins encaissé de points (74,7) cette saison de toute la Jeep Elite. Et il faut observer que s’il y a dans cette équipe de sacrés lascars dans ce domaine, à commencer par Yousoupha Fall, Mykal Riley et Antoine Eito, d’autres sont loin d’être des spécialistes comme le peu athlétique Chris Lofton et encore Justin Cobbs qui doit gérer son énergie étant donné ses contributions en attaque.

« Ça vient du groupe qui a compris qu’il fallait aller vers du sacrifice, que tout le monde mette de la dureté défensive… L’équipe a eu deux visages que ce soit en cours de saison et durant les playoffs et ils ont vu la différence. Le premier match à Strasbourg, à un moment donné on est trop permissif et on s’est incliné. Sur le deuxième, l’équipe a montré un autre visage. Il y a eu un investissement et ils ont vu que ça s’est soldé par une victoire. Là à domicile, la salle a poussé, c’est une vrai aide pour l’équipe. Il y a eu un engagement de tout le monde et c’est ce que l’on doit garder. »

Hier, Strasbourg a été tenu à 60 points avec un piteux 35,8 aux tirs.

« Ils ont bien défendu et on n’a pas été assez patients sur nos systèmes. On a cherché les tirs rapidement. Ils ont fait un bon match. Je n’ai pas senti de crispation, ce sont des tirs qu’ils (ses équipiers) mettent en général. C’est juste pas rentré ce soir », constatait Damien Inglis.

Deux chiffres complémentaires sautent aux yeux. Alors qu’ils ont récupéré un joli total de 15 rebonds offensifs, la SIG n’a inscrit que 10 points en deuxième chance. Quel gâchis !

« Parfois, on remonte alors qu’il y a (Youssoupha) Fall qui est dessous. C’est totalement incroyable. Il y a une situation en première mi-temps où on a 14 secondes après le rebond offensif et on se précipite pour rejeter la balle et finalement on rate deux fois, trois fois et ils la reprenne, alors que l’on peut la ressortir, retravailler. C’est l’une des raisons. Il y en a plein d’autres mais c’est l’une des choses que l’on fait très mal », répond Vincent Collet.

Sinon le Match 2 face à Villeurbanne, le géant franco-sénégalais avait été complètement mis sous l’éteignoir durant ces playoffs (2, 3 et -3 d’évaluation !). Hier soir, par séquences, il a retrouvé son impact que seules les statistiques (7 points, 5 rebonds, 10 d’évaluation) ne reproduisent pas. Quand Zack Wright sur une pénétration est obligé d’imprimer à la balle une courbe exagérément haute, c’est qu’il a la frousse des 2,21m du pivot manceau.

« Oui parce qu’on l’ai aidé. On a joué comme lors du deuxième match de la saison lorsqu’on a reçu Le Mans au Rhénus. Mais au mois de septembre, on peut le comprendre. On a très bien négocié les matchs précédents quand il était sur le terrain. Il suffit de faire la même chose. Là, on a joué en direct, on ne l’a jamais sorti de l’axe médian. C’est du suicide », estime Vincent Collet.

La résurrection de Youssoupha Fall est allé de pair avec le peu d’entrain de son rival Miro Bilan (6 points, 4 rebonds), lui qui avait été si dominateur lors du Match 1 (19 points, 11 rebonds et 31 d’éval).

Sinon, le tranchant Damien Inglis (18 points, 10 rebonds) et le décathlonien Zack Wright (6 points, 8 rebonds et 6 passes), les individualités alsaciennes n’ont pas brillé quand elles n’étaient pas complètement éteintes. Que dire du shooteur Levi Randolph tombé à 4,0 points à 3/20 sur les quatre dernières matchs ? Dans un match intense où les bonnes positions se raréfient l’Américano Polonais David Logan a accusé le poids de ses 35 ans. Même Dee Bost, une référence, a totalement failli dans la précision (3/11). La SIG est revenu à 48-58 à la fin du troisième quart-temps mais a replongé ensuite dans le brouillard. S’il y a un domaine où ils n’ont pas pu prendre les Manceaux en défaut, c’est bien en les envoyant sur la ligne (25/28), même Fall en a rentré plus que d’habitude (3/5)

Vincent Collet a fustigé l’incapacité de ses joueurs à faire œuvre commune :

« Le niveau ne s’est pas élevé et je ne sais pas si on a la capacité à l’améliorer. On a pas mal de joueurs qui ne sont pas au niveau d’une demi-finale de playoffs et du coup notre équipe ne l’est pas globalement non plus. Et en plus ça fait deux matchs que l’on ne joue pas suffisamment ensemble. En début de match c’était très net. Après c’était un peu mieux, en particulier dans le troisième quart-temps. Mais c’était déjà trop tard. La machine était lancée et on n’avait plus beaucoup d’opportunités pour revenir. On n’a pas de maîtrise dans ce que l’on fait. On est toujours dans l’impatience comme si on avait le couteau sous la gorge. Ce n’est pas comme ça que l’on pourra y arriver. Il faut que l’on soit beaucoup plus maître de ce que l’on fait. Dans le troisième quart-temps, on a raté des tirs qui nous ont empêchés de revenir plus prêt alors que l’on avait un passage correct mais ça il faut le faire sur la durée. Mais par contre dans les deux premiers et le dernier, on joue complètement faux. On ne vit que d’expédients et donc ce n’est pas possible de battre comme ça une équipe comme Le Mans qui joue très bien en ce moment. Ça sera pareil jeudi si on ne change pas la façon de faire. Si on la change, ce n’est pas sûr qu’on y arrive car ils sont en confiance, ils ont la réussite. Mais malgré tout on pourrait les challenger davantage. Mais si on ne change pas la façon, c’est cuit. Ces actions individuelles, on va peut-être les réussir un peu plus mais il n’y aura pas suffisamment de gap pour changer le résultat. »

Vincent Collet attend une réaction de ses joueurs

La série est-elle jouée ? Evidemment non. L’histoire du basket pullule de renversements de situation totalement inattendus. Pourtant Vincent Collet mesure l’immensité de la tâche :

« Déjà ce qui est certain, c’est que ça leur appartient (NDLR aux joueurs), la volonté d’en découdre, de se battre. On est bien placé pour savoir qu’à 2-1, ce n’est pas fini même quand tu es à l’extérieur. On était aussi à 2-1 l’an passé à la fin du troisième match. On avait perdu les deux premiers chez nous. C’était en apparence Villeurbanne qui avait la capacité de finir la série. Le plus important, c’est l’état d’esprit, de ne pas être trop abattu et au contraire être prêt à en découdre jeudi. Venir avec un autre état d’esprit. Est-ce qu’on en sera capable, c’est jeudi que l’on saura. On n’a pas montré grand-chose qui nous permettent de le penser. Mais on sait que parfois ça va très vite. Je l’espère mais je ne peux pas en dire plus. Sur certaines séquences de ce soir, c’est quand même préoccupant. »

Damien Inglis se projetait aussi immédiatement sur ce Match 4 :

« C’est une défaite. C’est dur mais il n’y a pas le temps de pleurer. Il faut relever la tête, il y a un match dans deux jours (jeudi) et faire les ajustement nécessaires pour ne pas terminer notre saison. On a déjà eu ce genre de match durant la saison en Champions League. Il va falloir montrer les tripes et du caractère car on n’a vraiment pas envie d’aller en vacances. On peut faire le plus beau jeu que l’on veut, si on ne montre pas de caractère, ça ne sert rien. »

Le toujours très prudent Eric Bartecheky ne cachait pas à la fois sa joie de mener cette série 2 à 1 mais mesurait le travail qu’il reste à faire pour participer à la finale. La SIG, c’est tout de même la deuxième équipe de la saison régulière et le vainqueur de la Coupe de France. C’est aussi l’équipe qui a torpillé le MSB à Antarès lors de la saison régulière et qui l’a bien maîtrisé au Rhénus lors du Match 1.

« Sans parler du résultat, sera-t-on capable de répéter ce type d’investissement dans deux jours ? J’espère qu’on aura la même salle et que l’on aura la capacité de se battre autant. Il y a des ajustements à faire sur des situations que l’on a rencontré où on a eu des problèmes. Ca sera un autre match. Demain on se voit à 17h, c’est juste la récupération. Deux ou trois ajustements, de la vidéo. On a aussi la séance de jeudi matin, du shooting, du réveil musculaire où là on peut parler d’une ou deux choses mais sans jouer. Pas d’entraînement. C’est la récupération, les soins et repartir pour tenter de refaire la même chose dans l’engagement mais on ne peut pas savoir si on y arrivera. Ils marquent 60 points, ils vont essayer de mettre des solutions pour nous embêter, c’est pareil de notre côté. »

Romeo Travis faisait le même type d’analyse :

« Ce ne sera pas facile. Ils ont une très bonne équipe avec un grand coach et de très bon joueurs et je ne suis pas confortable vis-à-vis du prochain match. Je vais probablement dormir cette nuit en pensant au prochain match. »

[armelse]

Romeo Travis n’est pas pour rien le pote d’enfance de LeBron James. C’est un guerrier extraordinaire. Sonné par sa suspension après des dérapages verbaux à Cholet envers le corps arbitral, il a retrouvé tous ses sens, son leadership que lui confère son tempérament et son immense expérience -il a trente-trois ans- et il vient de sortir face à son ancien club de la SIG deux matchs colossaux qui lui ont valu en cumulé 43 points (18/28 aux tirs), 16 rebonds et 55 d’évaluation. Et il y a plein de choses qui ne sont pas inscrites dans les chiffres que l’ancien étudiant à Akron University a réalisé à la perfection notamment dans le domaine défensif.

Son coach Eric Bartecheky était admiratif :

« Il est exceptionnel, il a un investissement, il est partout, il est dans les aides, il se bat au rebond. En attaque, il marque encore vingt points. Il est sur un niveau de jeu (il souffle d’admiration). C’est vraiment hyper important pour l’équipe, c’est impressionnant. »

Les grands joueurs se révèlent en playoffs et Romeo Travis en fait partie.

« Nous avons fait des erreurs. Nous avons commis beaucoup de balles perdues durant la première mi-temps, de rebonds offensifs concédés. Le basket-ball n’est jamais parfait. Mais l’équipe a continué de l’avant », a analysé l’Américain. « Durant la première mi-temps, le public a été vraiment enthousiaste. Nous avons besoin de son énergie et nous l’avons senti, nous apprécions cela. Nous avons une équipe solidaire, nous avons un très bon roster. Nous avons des gars qui peuvent jouer à différentes positions et ce soir nous avons montré notre polyvalence défensive. Nous avons fait une super défense sur des gars comme (David) Logan et Dee Bost. »

C’est là qu’il faut reparler de l’absence de Louis Labeyrie, victime d’un virus et qui ne sera pas opérationnel pour cette série, sachant que l’international est considéré comme le meilleur numéro 4 de la Jeep Elite et qu’il avait empoisonné la vie des Manceaux lors du match retour de saison régulière à Antarès, notamment avec ses flèches à trois-points (4/5 pour 17 points)

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Photo: Zack Wright (FIBA)

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