Montés avec leur club, de retour de prêt ou tentant le « grand saut », ils sont 27, Français et non-JFL, à avoir grimpé la marche entre ProB et ProA cette saison. Pour quel résultat ? Cette marche n’est-elle pas trop haute, au moins pour certains ?
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La ProB est souvent considérée comme une « terre d’épanouissement » pour les jeunes joueurs ainsi qu’un « vivier » potentiel de joueurs non-JFL, notamment depuis que Zack Peacock (Bourg-en-Bresse) marche chaque semaine ou presque sur les raquettes adverses. Mais qu’en est-il vraiment ? Le passage de la Pro B à la Pro A se fait-il toujours sans heurts ? Tous les joueurs peuvent-ils franchir ce cap sans encombre ?
Cette saison, ils ont été vingt-sept à tenter l’expérience de la ProA après au moins une saison passée en ProB, dont neuf non-JFL (en comptant Luka Asceric et Terry Tarpey mais pas Youssoupha Fall, désormais JFL). Tous ont eu l’occasion de s’exprimer lors des quinze premières journées de Pro A, à l’exception malheureuse de Jean-Baptiste Maille (Limoges), blessé avant même le début de la saison.
Force est de constater que le bilan est contrasté : si certains joueurs sont passés de Pro B en Pro A sans que leur rendement faiblisse, d’autres se heurtent à un « mur » alors que certains s’adaptent au fur et à mesure des matchs au niveau supérieur (en termes de technique, de vitesse de jeu, de physique et, surtout, de la globalité de ces critères : les lacunes techniques d’un joueur physiquement dominant en Pro B vont ressortir, de même que le manque de vitesse d’un joueur doté de bons fondamentaux qui lui permettront d’exister en Pro B).
Ils réussissent
Trois joueurs présentent en Pro A une évaluation supérieure à celle qu’ils affichaient l’an dernier en Pro B : Garrett Sim et Zack Peacock (Bourg) ainsi que, de manière plus surprenante, Jérôme Sanchez (Boulazac). Non pas que le joueur formé à l’Asvel et à Bourg n’ait pas le potentiel de s’imposer en Pro A, mais il s’agit d’un joueur confirmé (27 ans) qui a déjà une saison pleine de Pro A au compteur ainsi que, Pro A et Pro B confondues, 260 matchs de saison régulière à son actif. Et si l’on sait qu’il remplissait très bien son rôle en Pro B sur les six saisons qu’il y a passées, sa première expérience en Pro A (déjà avec Bourg) avait laissé un souvenir mitigé. Mais cette saison, Sanchez affiche des moyennes de points et d’évaluation un peu supérieures à celle de l’an dernier (7,0 contre 6,8 points, 8,5 contre 7,8 d’évaluation) pour un temps de jeu identique. La maturité ?
Quant à Sim et Peacock, leurs excellentes prestations en Pro A ne sont pas une surprise : le premier s’est montré dominant en Pro B (d’abord à Boulogne-sur-Mer puis à Bourg) après avoir joué en 1e division allemande alors que le second n’avait quitté la Pro A qu’à la suite d’un « mouvement d’humeur » (il avait boxé un de ses coéquipiers à Cholet, Nick Minnerath). Autant dire que leur réussite en Pro A n’a rien d’une surprise.
De même, leur coéquipier Youssou Ndoye continue à effectuer son travail de sape dans les raquettes françaises avec le même bonheur. Son temps de jeu et ses statistiques sont certes un peu en baisse par rapport à l’an dernier, mais le Lituanien Gilvydas Biruta était un excellent remplaçant jusqu’à sa récente grave blessure. Et Ndoye a montré depuis l’absence de l’intérieur balte qu’il pouvait compenser sans trop de problèmes, s’offrant un joli 31 d’évaluation contre Strasbourg. Pour lui aussi, donc, la marche entre Pro B et Pro A n’a pas été un problème.
Il en va de même, à des degrés variables, pour les deux Islandais qui ont fait les beaux jours de Charleville-Mézières et de Rouen la saison dernière, Martin Hermannsson (Châlons-Reims) et Haukur Palsson (Cholet). Le premier tient très correctement la mène d’une équipe qui figure dans la deuxième partie du tableau alors que le second a vu son rôle de « première gâchette » en Pro B évoluer – s’il joue moins (24 mn contre 31 l’an dernier), son rendement à la minute est à peu près resté le même. Et il semblerait que, au fil de la saison, les deux « hommes du Nord » gagnent en constance. À confirmer lors des prochains matchs…
Deux autres joueurs au parcours assez différent font également plus que confirmer en Pro A, Valentin Bigote et Youssoupha Fall. Le premier, après avoir ciré le banc plus que de raison à Gravelines-Dunkerque jusqu’à ses 20 ans, est parti trouver du temps de jeu en Pro B avant de rater son retour à l’étage supérieur en 2014-15 avec Nancy, devant retourner en Pro B à Nantes, où il a acquis une nouvelle dimension, devenant une gâchette redoutée (15,4 pts à 44,3 % l’an dernier). Et, cette année, il s’insère parfaitement dans le jeu dijonnais, trouvant sa place dans un effectif qui fait pourtant la part belle aux arrières-ailiers non-JFL (Suleimon, Brown, Frazier…). S’il a perdu la mire à trois points (21,1 % contre 36 % la saison dernière), il produit dans tous les secteurs de jeu.
De son côté, l’interminable Youssoupha Fall (2,21m) semble pouvoir poursuivre ses progrès (sauf aux lancers francs, 36,7 % cette année contre 57,4 % la saison passée…) quel que soit le niveau. À temps de jeu pratiquement équivalent, il affiche la même moyenne de points et de rebonds que l’an dernier tout en perdant moins de balles. Dans son cas, on peut considérer qu’il s’agit de la progression logique d’un joueur encore très jeune (il va bientôt fêter ses 23 ans), auquel le prêt par son club formateur à Poitiers, en Pro B, aura fait le plus grand bien.
Ils s’adaptent
Pour d’autres joueurs, et pour des raisons parfois différentes, le passage à la Pro A s’effectue plus lentement tout en laissant penser que ces joueurs ont tout à fait leur place dans la première division française.
C’est le cas notamment de plusieurs jeunes joueurs qui, s’ils ne présentent pas forcément de statistiques mirobolantes, arrivent à faire leur trou en Pro A. C’est ainsi le cas de Vafessa Fofana et Luka Asceric (Hyères-Toulon), de Stephan Gauthier (Boulazac – qui a dû s’arrêter pour blessure), d’Arthur Rozenfeld (Chalon-sur-Saône) et de Terry Tarpey (Le Mans). De ces cinq jeunes, ceux qui semblent le mieux passer le cap sont les deux derniers. Pour Rozenfeld, les statistiques, assez moyennes (3,4 pts, 4,6 d’éval), ne doivent pas faire oublier que le meneur formé à l’Asvel se retrouve assez régulièrement à gérer le jeu d’une équipe qui a du mal à se trouver tout en n’ayant pas à rougir de la comparaison avec des joueurs bien plus confirmés, Darrin Dorsey notamment. Pour sa part, Tarpey s’est parfaitement fondu dans le moule manceau, apportant toute son intensité et en ayant droit à 22 mn de jeu par match, comme en Pro B. Lui reste juste à retrouver son adresse (38,7 % au shoot contre 48,8 % l’an dernier) pour présenter des stats similaires d’un étage à l’autre.
D’autres joueurs réussissent petit à petit à faire leur trou en Pro A après avoir longtemps bataillé en Pro B, comme Mérédis Houmounou et Maxime Courby (Bourg tous les deux). Si le premier a vu son rôle se réduire (il passe désormais derrière Chase Simon), le second joue autant qu’en Pro B, mais pour un rendement réduit : 8 d’éval contre 11,8 l’an dernier. Mais l’un comme l’autre tiennent leur place en Pro A.
Ce qui est également le cas de Dinma Odiakosa, le Nigérian affichant des stats certes divisées par deux par rapport à sa saison au Havre en Pro B, mais avec un temps de jeu réduit : de pivot titulaire, il est passé remplaçant de Frank Hassell. Cela étant, dès qu’il a eu 20 mn de jeu au moins pour s’exprimer, il a pu montrer qu’il avait tout à fait sa place en Pro A.
Ils souffrent
Pour certains, la barre semble en revanche trop haute. S’il n’a jamais été un joueur de stats, Arnaud Kerckhof (Boulazac) a du mal, cette année, affichant notamment un horrible 3/18 (16,7 %) au shoot. Et son temps de jeu a considérablement décru. Son coéquipier Aurélien Salmon suit peu ou prou le même parcours : après deux bonnes saisons à Boulazac en Pro B, il paraît avoir du mal à revenir dans une division qu’il avait déjà fréquentée avec Nancy dans ses jeunes années puis Limoges.
D’autres bons joueurs de Pro B venant tenter leur chance en ProA ont également du mal, pour le moment : Bastien Pinault (Chalon-sur-Saône), Sadio Doucouré (Châlons-Reims) et Pierre-Etienne Drouault (Cholet). Si, pour les deux derniers, la marche semble être trop haute, Pinault souffre surtout du marasme chalonnais : malgré sa superbe adresse (14/19 au tir dont 12/17 à 3 pts), il ne passe que 5 minutes sur le parquet et n’est entré en jeu qu’à dix reprises sur les quinze premières journées. Difficile dans ces conditions de s’adapter à la vitesse et à la dureté du jeu de la Pro A…
Deux autres joueurs ont également bien du mal. Le premier, Warren Racine (Nanterre), n’avait déjà pas produit de statistiques très attrayantes à Denain, ses rares entrées en jeu avec son club formateur montrent qu’il y a encore du chemin avant qu’il puisse réellement évoluer à ce niveau. Quant au second, Jean-Victor Traoré, après avoir « explosé » lors de ses trois saisons à Lille, la Pro A semble être un étage trop compliqué. Comme son coéquipier Odiakosa, il passe du statut de joueur majeur de son équipe à celui de remplaçant (derrière Jakim Donaldson, qui plus est) mais s’accommode moins bien que le Nigérian de la situation. Statistiques et adresse sont en chute libre. Il lui reste une demi-saison pour redresser la barre et montrer qu’il peut suivre le même parcours de la N1 à la ProA qu’un Jacques Alingue.
Il s’est planté
Alors qu’il sortait de deux excellentes saisons avec Vichy-Clermont, Dustin Ware a été coupé au bout de six matchs par Boulazac, payant les mauvais résultats de l’équipe mais aussi son incapacité à faire tourner l’équipe, au contraire de son remplaçant, Trenton Meacham.
Reste à aborder le cas de Maxime Roos (Levallois), qui n’a joué qu’un match l’an dernier avec Blois avant de montrer des choses très intéressantes, notamment en Eurocup, sous la houlette de Frédéric Fauthoux. S’il n’affiche pas encore de stats fracassantes, le jeune (22 ans) joueur fait de très corrects premiers pas en ProA – ne lui reste plus qu’à mieux sélectionner ses tirs (16/47 au shoot)…
En conclusion
À bien regarder, le passage de la ProB à la ProA se montre pour le moment positif pour environ les deux-tiers de ceux qui l’ont tenté à l’inter-saison. Avec des profils différents : jeunes en phase de progression (Y. Fall), Américains confirmés (Sim, Peacock, Odiakosa…), joueurs confirmés de ProB (Sanchez, Bigote…). Mais d’autres au profil similaire (Racine pour les jeunes, Ware pour les non-JFL confirmés, Kerckhof, Salmon, Drouault entre autres pour les bons joueurs de ProB) n’ont pas réussi à franchir le cap. Parfois une question d’âge (Kerckhof a 33 ans), de manque de maturité (Racine), de contexte (Pinault)…
Cela n’enlève rien à leurs qualités intrinsèques mais ne fait que confirmer que si la Pro B est une excellente deuxième division professionnelle, tous les joueurs qui y brillent ne peuvent pas espérer le faire à l’étage supérieur. Mais, à l’inverse, la Pro B devrait plus intéresser les recruteurs de Pro A, qui pourraient y trouver à un prix souvent très « compétitif » des joueurs, JFL ou non, capables de s’exprimer en Pro A.
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La ProB est souvent considérée comme une « terre d’épanouissement » pour les jeunes joueurs ainsi qu’un « vivier » potentiel de joueurs non-JFL, notamment depuis que Zack Peacock (Bourg-en-Bresse) marche chaque semaine ou presque sur les raquettes adverses. Mais qu’en est-il vraiment ? Le passage de la Pro B à la Pro A se fait-il toujours sans heurts ? Tous les joueurs peuvent-ils franchir ce cap sans encombre ?
Cette saison, ils ont été vingt-sept à tenter l’expérience de la ProA après au moins une saison passée en ProB, dont neuf non-JFL (en comptant Luka Asceric et Terry Tarpey mais pas Youssoupha Fall, désormais JFL). Tous ont eu l’occasion de s’exprimer lors des quinze premières journées de Pro A, à l’exception malheureuse de Jean-Baptiste Maille (Limoges), blessé avant même le début de la saison.
Force est de constater que le bilan est contrasté : si certains joueurs sont passés de Pro B en Pro A sans que leur rendement faiblisse, d’autres se heurtent à un « mur » alors que certains s’adaptent au fur et à mesure des matchs au niveau supérieur (en termes de technique, de vitesse de jeu, de physique et, surtout, de la globalité de ces critères : les lacunes techniques d’un joueur physiquement dominant en Pro B vont ressortir, de même que le manque de vitesse d’un joueur doté de bons fondamentaux qui lui permettront d’exister en Pro B).
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Photos: LNB, FIBA Europe, JL Bourg, JDA Dijon