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[REDIFF] Fabrice Pacquelet (DG de la JL Bourg): « Dans la ville et l’agglomération ce n’était jamais arrivé qu’un club dispute une coupe d’Europe »

S’il y avait un trophée du club qui a le plus progressé sur les dernières saisons, la JL Bourg serait un sérieux candidat. Les Bressans sont passés de la Pro B à l’Eurocup et ce n’est pas le fruit du hasard car derrière les performances sportives, il existe un club solide sur ses fondations. Le… Con

S’il y avait un trophée du club qui a le plus progressé sur les dernières saisons, la JL Bourg serait un sérieux candidat. Les Bressans sont passés de la Pro B à l’Eurocup et ce n’est pas le fruit du hasard car derrière les performances sportives, il existe un club solide sur ses fondations. Le Directeur Général Fabrice Pacquelet nous en décortique le fonctionnement.

L’interview est en deux parties.

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Vous avez surpris le milieu du basket en présentant un budget et une masse salariale en hausse respectivement de 16 et 17% alors que 15 clubs sur 18 de Jeep Elite ont un budget en baisse. Vous avez dû avoir beaucoup de retours de l’extérieur sur le sujet ?

On a eu quelques retours mais la réalité c’est que la saison dernière a été amputée puisqu’un certain nombre de matches n’ont pas pu se jouer, en l’occurrence pour nous quatre à domicile. Dès le début de la crise, on a communiqué auprès de nos partenaires et nos abonnés grand public en leur disant qu’ils seraient dédommagés. On ne pouvait pas envisager autre chose que de prendre ces engagements vis-à-vis d’eux comme eux les tiennent depuis des années vis-à-vis du club. On a donc décidé de reporter sur cette année les matches qui n’ont pas été disputés. Un match qui n’est pas disputé ce sont des recettes et des dépenses. Et forcément cela a un impact sur le budget de cette année. Je ne sais pas comment les autres clubs ont traité ce sujet mais ce qui est sûr c’est que lorsque l’on a 17 matches à domicile et qu’il y en a quatre que l’on ne joue pas, ça représente une part non négligeable des recettes annuelles. Nos partenaires et nos abonnés ont réglé la totalité de la saison mais comptablement il y a eu des produits constatés d’avance qui ont été reportés sur cette nouvelle saison.

Dans une interview sur votre site, à la fin mai, votre président Julien Desbottes annonçait que la masse salariale allait baisser de 10% vis-à-vis de la saison précédente. Qu’est-ce qui s’est passé durant l’été, il y a eu de bonnes nouvelles qui ont changé la donne ?

Oui car au fil du temps, il y a des choses qui ont évolué, que ce soit du côté partenariat mais aussi du côté accompagnement des clubs sur les mesures nationales qui ont pu être prises. Forcément, ça impacte directement les finances et entre le moment où Julien a donné cette interview et les confirmations qui ont pu arriver par la suite, il y a eu effectivement quelques bonnes nouvelles qui ont permis d’avoir un budget différent et plus optimiste sachant qu’en règle générale on a un budget qui est très proche de notre réalité, même si cette année, il y a plus d’aléas puisqu’on est parti sur une capacité de salle et un taux de remplissage différents des autres années, mais est-ce qu’on arrivera à le tenir, comment vont évoluer les jauges ? Il y a beaucoup de points d’interrogation et peu de réponses claires.

Vous avez actuellement une jauge assez importante de 3 000 places ?

Pour l’instant, oui, sachant que la salle a 3 500 places mais il y a beaucoup d’escaliers et de portes. On avait l’habitude de jouer à guichets fermés et ça nous posait un problème mais dans le contexte sanitaire actuelle, c’est plutôt un avantage puisqu’il y a de la distanciation naturelle. Ça explique que l’on a aujourd’hui cette jauge-là. En accord avec la Préfecture, on a sacrifié la partie buvette-restauration dans la salle, on a mis ce service dehors, et une fois que l’on est dans Ekinox, le port du masque est obligatoire en permanence et on ne peut pas l’enlever pour boire un coup ou manger un sandwich car il est estimé que le risque est d’autant plus fort à ce moment-là et à la mi-temps.

Et en VIP aussi ?

Pareil. Nous avons des salons VIP qui ne fonctionnent pas pendant le match. En VIP, on assoit l’ensemble de nos partenaires.

Photo: Zack Wright (Eurocup)
Photo: Fabrice Pacquelet et Miss Rhone-Alpes (Christelle Gouttefarde/JL Bourg)
« Pour notre premier match contre Badalone, on a eu 2 800 spectateurs, en temps normal, on aurait manqué de places pour satisfaire toutes les demandes »

Participer à l’Eurocup est-ce un booster vis-à-vis de vos abonnés mais aussi de vos partenaires ?

En temps normal, cela aurait été beaucoup plus fort mais, oui, c’est un booster. Ça nous fait des matches en plus c’est ce qui nous a permis de pouvoir offrir l’Europe aux partenaires qui étaient en mesure de maintenir leur budget de l’année dernière. Avec le même budget, ils ont les 17 matches de championnat et comme on leur devait quatre matches de l’année dernière, on a décidé de leur offrir l’Europe qui représente cinq matches. Ça permet d’avoir les mêmes budgets car si on avait dû déménager avec le même nombre de matches, le partenaire aurait eu un investissement en baisse cette saison. Oui, c’est un booster, qui nous permet de franchir une marche, de fidéliser davantage encore nos partenaires et de décider ceux qui avaient encore quelques doutes de continuer l’aventure avec nous. Même chose pour les abonnés. Ils ne sont certes pas les plus nombreux mais les partenaires qui ont bien traversé la crise ont décidé d’accompagner le club en augmentant leur budget du fait de l’Eurocup. Si on était dans un contexte normal, on aurait fait beaucoup mieux. Pour notre premier match contre Badalone, on a eu 2 800 spectateurs, en temps normal, on aurait manqué de places pour satisfaire toutes les demandes. Là, on sent bien qu’il y a des réticences, des craintes, de la part des gens à venir assister à un spectacle quelqu’il soit. Le climat, la communication globale sont tellement anxiogènes qu’une partie de la population sort très peu.

Il y a deux ans, vous aviez 900 abonnés, 1 100 places partenaires et 1 500 places à vendre à chaque match au grand public. Ce sont toujours les mêmes chiffres ?

Cette année, on a 1 900 places vendues à l’année. Il nous reste donc 1 600 places à vendre au match.

Vous avez un nombre restreint d’entreprises qui appartiennent au cercle 01 team, qui ont droit à des services Premium ?

C’est le cercle de partenaires majeurs. On a plusieurs poumons économiques et l’un d’entre eux c’est effectivement le cercle intime et ces partenaires majeurs bénéficient de prestations qui sont plus classiques en terme d’hospitalité et visibilité et surtout ils se sont inscrits dans ce partenariat pour que ce soit un véritable moteur dans l’entreprise et qu’il soit partagé dans toutes ses strates. Ils ont des prestations qui concernent les managers, d’autres pour les salariés et d’autres encore pour les enfants des salariés. Ils parrainent l’un de nos joueurs et celui-ci est en relation direct avec toutes les strates de l’entreprise sur certains évènements dans l’année. Dans cercle 01 team,  y a le jeu de mots avec le département de l’Ain mais aussi avec l’intimité. Ce que l’on veut c’est qu’il y ait une vraie proximité entre toute l’entreprise, le club et le joueur parrainé. Si l’entreprise organise un évènement dans l’année, on fait en sorte que le joueur et le club soient présents.

Le fait de disputer une coupe d’Europe, c’est une grande fierté pour le club, la ville, le département ? C’est très rare pour un club de l’Ain ?

Dans la ville et l’agglomération ce n’était jamais arrivé qu’un club dispute une coupe d’Europe. Par contre, cela a déjà été le cas dans le département puisqu’une saison Oyonnax a disputé une coupe d’Europe de rugby. Il me semble que cette année-là tous les clubs du Top 14 disputaient une coupe d’Europe.

Lorsque l’on regarde la population et la notoriété des villes qui sont dans votre poule d’Eurocup, la JL Bourg fait vraiment figure de petit poucet ?

Istanbul, Badalone c’est Barcelone, Venise, Belgrade et Kazan, c’est vrai qu’on n’ait pas dans la même taille de ville, d’agglomération. L’avantage c’est que nous on savait où étaient situées ces villes, je ne suis pas sûr qu’eux savaient où se situait Bourg-en-Bresse. Ceci dit, on est tout prêt de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, à trois-quarts d’heure, et à une heure de Genève. Il y a deux possibilités simples pour venir à Bourg. Il y a aussi une gare TGV et par exemple Badalone est venu ici en train. Habituellement, Lyon-Barcelone c’est facile, il y a des rotations, mais là il n’y a pas tous les vols. Il n’y avait plus de vols directs pour Venise, il faut passer par une escale, ce qui est très surprenant.

Photo: Thibault Daval-Braquet (Christelle Gouttefarde/JL Bourg)
Photo: Savo Vucevic (Christelle Gouttefarde/JL Bourg)
« On voit bien la dimension de l’entertainment dans le sport US. On s’est inspiré de ça pour répondre à un besoin assez simple qui est de réduire l’indépendance aux résultats »

Qui a eu l’idée de cette américanisation de l’ambiance dans la salle avec jeux de lumière, hymne des Bulls, kiss cam sur l’écran géant quatre faces, etc ?

Le club réclamait une salle depuis quelques années et quand les dirigeants ont eu la confirmation qu’Ekinox allait être construite, ils ont décidé de réorganiser le club et de séparer le sportif du non sportif. J’ai été recruté à ce moment-là, à l’été 2011, pour prendre en charge la direction du club et tout ce qui tourne autour du parquet. Et à l’époque Jean-Luc Tissot a été recruté pour prendre la direction sportive. Les dirigeants ont investi encore plus dans la structuration du club pour se préparer à entrer dans Ekinox et faire en sorte que la salle soit bien un outil de développement du club et un tremplin et que l’on arrive avec un maximum d’élan pour aller le plus loin possible. Si on n’a pas d’élan, on peut se casser la gueule au pied du tremplin. On a construit autour d’Ekinox un vrai projet de club et on a structuré dès le départ trois axes stratégiques. Le premier concerne le sportif avec la spécialisation de notre centre de formation et la création de l’école de meneurs. Le deuxième c’est l’axe spectacle et le troisième l’axe économique. Ces trois axes répondent à la même volonté d’être identitaire dans le monde du basket et donc de s’appuyer sur l’innovation. On s’est spécialisé sur certaines choses. Sur le sportif, comme je le disais c’est l’école des meneurs et la volonté de recruter différemment car on n’a pas la prétention de croire que l’on peut faire concurrence directe à l’ASVEL ou à Strasbourg. Il faut être capable de recruter tous les profils dès l’instant où l’on sent qu’il y a une flamme. Il ne faut pas recruter comme un certain nombre de centres de formation tous sports confondus sur des critères physiques, le plus grand, la plus grande amplitude de bras, etc. On considère que dans le sport, il faut travailler, mouiller le maillot, et on ne peut pas dire à des jeunes, « non tu es trop petit et tu ne peux pas rentrer dans un centre de formation ».

C’est pour ça que vous avez choisi de vous spécialiser dans les meneurs ?

Exactement et aussi parce que l’on estimait que l’on avait dans nos entraîneurs un savoir-faire qui devait nous permettre de pouvoir développer des joueurs sur ce poste-là en créant des entraînements spécifiques, basket, mental. C’est un sujet qui avance, qui fonctionne, on a été capable d’attirer des joueurs. Le premier ça a été Thibaut Desseignet, qui a signé son premier contrat chez nous et qui maintenant est professionnel à Nantes. Aujourd’hui, on a dans notre équipe Hugo Benitez et Théo Rey, qui sont venus également pour ça. On a eu aussi Thomas Prost qui était local puisque du département et qui a suivi aussi tout le cursus. Il a pu découvrir le monde professionnel et maintenant il est en Pro B (NDLR : Poitiers). Sur le domaine spectacle, on n’a pas inventé des choses, on s’est inspiré de ce qui se faisait de mieux, et ce qui se fait de mieux en terme de sport spectacle c’est quand même le modèle américain, que ce soit au basket ou dans d’autres disciplines comme au hockey. On voit bien la dimension de l’entertainment dans le sport US. On s’est inspiré de ça pour répondre à un besoin assez simple qui est de réduire la dépendance aux résultats.

Ce sont des attractions qui sont possibles grâce à la technologie d’Ekinox ?

C’est l’inverse qui s’est passé ! La chance que l’on a eu c’est que l’on a été consulté dans le projet de la salle. Déjà c’est une salle qui n’est pas que pour le basket puisque c’est également une salle de spectacle. Nous club, occupant principal, on a pu émettre un certain nombre de besoins. Lors des premières réunions auxquelles j’ai participées, il n’était pas prévu de faire le noir total dans la salle. On a apporté un certain nombre d’éléments pour montrer aux élus que si on construisait cette nouvelle salle et qu’il n’y avait pas cette option, on se tirait une balle dans le pied direct. C’est encore plus vrai aujourd’hui qu’il y a six ans mais construire un nouvel équipement et ne pas pouvoir faire le noir total, c’était une lacune énorme. On a listé un certain nombre de besoins, expliqué pourquoi c’était important et les choses ont été entendues et réalisées. On a travaillé main dans la main avec le gestionnaire de la salle et le financeur qui est l’agglomération. D’ailleurs pour le premier match à Ekinox, il n’y avait pas le cube (NDLR : l’écran central quatre faces), il est arrivé deux ou trois mois après. C’était bien dans la stratégie du club de vouloir quelque chose de moderne pour pouvoir proposer quelque chose de différent. On a beau tout faire pour gagner, on n’est jamais sûr de pouvoir le faire. Par contre, dès lors que l’on fait le même maximum pour gagner, les gens peuvent être contents s’ils ont passé une belle soirée.

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Vous avez surpris le milieu du basket en présentant un budget et une masse salariale en hausse respectivement de 16 et 17% alors que 15 clubs sur 18 de Jeep Elite ont un budget en baisse. Vous avez dû avoir beaucoup de retours de l’extérieur sur le sujet ?

On a eu quelques retours mais la réalité c’est que la saison dernière a été amputée puisqu’un certain nombre de matches n’ont pas pu se jouer, en l’occurrence pour nous quatre à domicile. Dès le début de la crise, on a communiqué auprès de nos partenaires et nos abonnés grand public en leur disant qu’ils seraient dédommagés. On ne pouvait pas envisager autre chose que de prendre ces engagements vis-à-vis d’eux comme eux les tiennent depuis des années vis-à-vis du club. On a donc décidé de reporter sur cette année les matches qui n’ont pas été disputés. Un match qui n’est pas disputé ce sont des recettes et des dépenses. Et forcément cela a un impact sur le budget de cette année. Je ne sais pas comment les autres clubs ont traité ce sujet mais ce qui est sûr c’est que lorsque l’on a 17 matches à domicile et qu’il y en a quatre que l’on ne joue pas, ça représente une part non négligeable des recettes annuelles. Nos partenaires et nos abonnés ont réglé la totalité de la saison mais comptablement il y a eu des produits constatés d’avance qui ont été reportés sur cette nouvelle saison.

Dans une interview sur votre site, à la fin mai, votre président Julien Desbottes annonçait que la masse salariale allait baisser de 10% vis-à-vis de la saison précédente. Qu’est-ce qui s’est passé durant l’été, il y a eu de bonnes nouvelles qui ont changé la donne ?

Oui car au fil du temps, il y a des choses qui ont évolué, que ce soit du côté partenariat mais aussi du côté accompagnement des clubs sur les mesures nationales qui ont pu être prises. Forcément, ça impacte directement les finances et entre le moment où Julien a donné cette interview et les confirmations qui ont pu arriver par la suite, il y a eu effectivement quelques bonnes nouvelles qui ont permis d’avoir un budget différent et plus optimiste sachant qu’en règle générale on a un budget qui est très proche de notre réalité, même si cette année, il y a plus d’aléas puisqu’on est parti sur une capacité de salle et un taux de remplissage différents des autres années, mais est-ce qu’on arrivera à le tenir, comment vont évoluer les jauges ? Il y a beaucoup de points d’interrogation et peu de réponses claires.

Vous avez actuellement une jauge assez importante de 3 000 places ?

Pour l’instant, oui, sachant que la salle a 3 500 places mais il y a beaucoup d’escaliers et de portes. On avait l’habitude de jouer à guichets fermés et ça nous posait un problème mais dans le contexte sanitaire actuelle, c’est plutôt un avantage puisqu’il y a de la distanciation naturelle. Ça explique que l’on a aujourd’hui cette jauge-là. En accord avec la Préfecture, on a sacrifié la partie buvette-restauration dans la salle, on a mis ce service dehors, et une fois que l’on est dans Ekinox, le port du masque est obligatoire en permanence et on ne peut pas l’enlever pour boire un coup ou manger un sandwich car il est estimé que le risque est d’autant plus fort à ce moment-là et à la mi-temps.

Et en VIP aussi ?

Pareil. Nous avons des salons VIP qui ne fonctionnent pas pendant le match. En VIP, on assoit l’ensemble de nos partenaires.

Photo: Zack Wright (Eurocup)
Photo: Fabrice Pacquelet (Christelle Gouttefarde/JL Bourg)
« Pour notre premier match contre Badalone, on a eu 2 800 spectateurs, en temps normal, on aurait manqué de places pour satisfaire toutes les demandes »

Participer à l’Eurocup est-ce un booster vis-à-vis de vos abonnés mais aussi de vos partenaires ?

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A suivre demain

Photo d’ouverture: Christelle Gouttefarde/JL Bourg

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