Vraiment, l’équipe de France ne pouvait rêver mieux que de jouer l’Espagne -même sans Pau Gasol- devant 9 214 fans à Paris-Bercy, tant cette équipe est un savant mélange de technicité, de collectif éprouvé, d’individualités de premier ordre, y compris Sergio Rodriguez (35 ans) et Marc Gasol (36 ans), et surtout Ricky Rubio (23 points), le MVP de la dernière Coupe du monde, et de comportements crispants vis-à-vis desquels il ne faut pas perdre son self control. Les Bleus ont perdu une deuxième fois le challenge qui leur était offert, mais ils ont beaucoup appris de la soirée. Notamment qu’il faut être 40 minutes au taquet pour se défaire d’une telle équipe, qui pourrait bien poser de gros soucis aux Américains à Tokyo. Arrivés sur le tard, Nicolas Batum et Rudy Gobert n’étaient pas dans le starting five, mais ils sont rentrés en jeu, ensemble, dès la 6eminute. Le premier a joué 30 minutes et le deuxième 23. Thomas Heurtel, revenu d’un contrôle médical à Madrid, était assis en civil et masqué à côté du banc de l’équipe. « Les nouvelles sont plutôt rassurantes. C’est positif au niveau des examens. Il va partir avec nous. Il reste maintenant la vérité du terrain. Ce n’est plus rouge et on espère que ça va devenir vert », a commenté le coach Vincent Collet. Les Bleus sont parfaitement entrés dans ce match de préparation ET de prestige. Les 6 premiers points français étaient l’œuvre de Moustapha Fall sur la truffe de Marc Gasol. Nando De Colo était un parfait stratège et sur une interception de Andrew Albicy qui expédiait Guerschon Yabusele au dunk, la France menait 13-6 à la 6e minute. Pas de quoi affoler nos chers rivaux de l’autre côté des Pyrénées, qui revenaient au score et passaient en tête après un quart-temps (20-23). Alors que le musculeux Willy Hernangomez -qui porte le nom sur le dos de son maillot de sa mère, Margarita Geuer, joueuse historique du basket féminin espagnol – faisait un chantier à l’intérieur (5/5 aux tirs), Dario Brizuela faisait admirer son toucher de balle, Evan Founier était fâché avec son shoot. Surtout les Espagnols défendaient sacrément bien et faisaient tomber le pourcentage d’adresse des Bleus à 44%. Il y avait 10 points d’écart à la 18eminute (29-39).
Ricky Rubio, le go to guy Les Espagnols durcissaient leur défense avec des gestes douteux, bref espagnols. Mais cela ne leur réussissait pas vraiment car les Bleus faisaient le chemin perdu (47-48, 25e), et on retrouvait le Frank Ntilikina du Mondial 2019, à demander ce qu’il fait dans cette franchise pourrie des New York Knicks. C’était brûlant et le public de Bercy braillaient, heureux, lui qui était sevré depuis trop longtemps de ce type de match au plus haut niveau. Les Bleus repassaient un temps en tête (56-54) avant que les hommes de Sergio Scariolo inversent la marque à la fin du 3e quart-temps (57-59). Rudy Gobert et aussi Guerschon Yabusele prenaient de plus en plus de place dans la peinture, mais de l’autre côté, Ricky Rubio démontrait qu’il possédait un brevet de technicien supérieur. Il mettait les 2 lancers-francs que Nicolas Batum venait de rater, répondait à un trois-points de Frank Ntilikina, concluait une contre-attaque, et l’Espagne menait 73-79 à 2 minutes de la fin. C’est encore Ricky Rubio qui plantait un trois-points dévastateur, à 48 secondes du buzzer (79-84), qui provoquait une faute offensive de Rudy Gobert. Sergio Llull se chargeait de terminer le travail. Le public de Paris est connaisseur car Rubio a eu droit à des applaudissements à sa sortie de terrain. C’était aussi ce soir la « der » de l’un des arbitres français les plus prestigieux, Eddie Viator, et des hommages ont été rendus aux Bleus argentés de 2000, à Ian Mahinmi qui a pris sa retraite des parquets, et à l’Historien Gérard Bosc, décédé hier à 84 ans, qui avait assisté, dans sa ville de Toulouse, au premier France-Espagne de l’Histoire, en 1943. La boxscore est ICI. A Paris,
Photo d’ouverture: Willy Hernangomez et Rudy Gobert