Avec les retraites internationales programmées de Nicolas Batum et Nando De Colo, la non-sélection d’Andrew Albicy, 35 ans, atteint par la limite d’âge - mais peut-être encore utile pour les fenêtres internationales -, les blessures de Victor Wembanyama, Mathias Lessort et Evan Fournier et les « problèmes personnels » de Rudy Gobert, l’équipe de France pour cet Euro a subi en un an une vaste transformation vis-à-vis de celle des Jeux Olympiques de Paris, qui fut médaillée d’argent.
Au final, quatre des 4 des 6 meilleures évaluations des Jeux ne sont plus là et comme le fait remarquer le directeur des équipes de France, Jacky Commères, « le cumul des sélections des 18 joueurs ne fait pas la moitié de celle des joueurs présents aux Jeux Olympiques ». Moussa Diabate, Ousmane Dieng et Alexandre Sarr n’ont aucune sélection au compteur, Zaccharie Risacher une seule, Nadir Hifi 2, Jaylen Hoard 6 et Yoan Makoundou 13 et sans aucune compétition majeure.
Alors que la France passe pour un fournisseur exceptionnel pour la NBA - après les Etats-Unis et le Canada -, sur les 18 joueurs de la pré-sélection, seulement 6 sont affiliés à la ligue américaine contre 11 à l’Euroleague plus Yoan Makoundou, appelé de la dernière heure, qui va la rejoindre à la rentrée avec Monaco.
Et le coach ? Freddy Fauthoux, ex-international, coach d’Eurocup, est aussi un novice et prend le relais de Vincent Collet qui est sorti de la scène sur le tapis rouge et chargé de médailles.

Le scrimmage de lundi avec le Sénégal :
« Après trois jours d’entraînement, c’était important de voir comment les joueurs allaient se comporter dans le sérieux, l’engagement sur un match sachant très bien que tout n’allait pas être parfait. Ces trois jours ont été très chargés car on s’est beaucoup entraînés avec aussi tous les tests médicaux et les entretiens individuels qui se sont très bien passés. C’était un match intéressant contre une équipe du Sénégal qui était plus ou moins en forme puisqu’eux ont une compétition quinze jours avant nous (NDLR : l’AfroBasket du 12 au 24 août). On a senti une belle cohésion et on a hâte maintenant de partir à La Roche-sur-Yon pour commencer à intégrer les six joueurs NBA. »
Le processus de sélection :
« Sincèrement, aujourd’hui rien n’est défini sur le fait de savoir quand on va sortir les joueurs. On ne sait pas comment va se passer le stage de La Roche-sur-Yon et les deux matches (NDLR : contre le Monténégro et la Grande-Bretagne). On ne sait pas s’il y aura des blessés ou pas. Peut-être que l’on va sortir un ou deux joueurs à la fin de chaque bloc puisque l’on va à La Roche, à Pau, en Espagne... Cette équipe est en pleine reconstruction. Des joueurs sont partis à la retraite, on a fait le choix de ne pas prendre Andrew (Albicy) cette année qui a de l’expérience, dans un secteur de jeu en totale reconstruction. On va voir comment vont se comporter les uns et les autres. S’il y a des choix faciles, on les fera, s’il y a des choix difficiles, on prendra notre temps. Le but aujourd’hui est de construire la meilleure équipe possible pour aller chercher le meilleur résultat possible. On a une vague idée mais on n’est pas arrêté sur comment ça va se dérouler au fur et à mesure. »
L’objectif à l’Euro :
« L’ambition est très claire : c’est bien sûr d’avoir la meilleure équipe possible parce qu’on a beaucoup de choses à construire, un groupe, une équipe, une alchimie. Je pense que dans deux ou trois semaines, on pourra se fixer des objectifs plus précis. Si on pose la question à mon staff, à moi, à chaque joueur, la fédération, c’est sûr que l’on a envie d’aller chercher la plus haute marche, comme tout compétiteur. Pour avoir aujourd’hui un objectif plus précis, ce n’est pas simple car il y a beaucoup de secteurs qui repartent de zéro du fait des retraites et des absents majeurs. On a moins de marge que s’ils étaient là. Mais ça ne veut pas dire que l’on n’aura pas une équipe très compétitrice. »
Les attentes vis-à-vis de Guerschon Yabusele :
« Comme pour chaque joueur vétéran - il n’y a pas que lui -, j’attends qu’il accompagne le groupe. Vincent (Poirier), Mam Jaiteh, Isaïa Cordinier, il y a beaucoup de joueurs qui ont fait des compétitions. Il faut aussi encadrer les joueurs en dehors. C’est être aussi un peu les grands frères des autres. »
Le contenu des entretiens avec les joueurs :
« Ils ont été très intéressants. Ce qui ressort tout d’abord, c’est la volonté de faire partie de l’équipe, de mettre de côté son égo si nécessaire. C’est normal, ils sont ambitieux, ils veulent tous jouer beaucoup alors qu’en équipe nationale, on n’a pas forcément le rôle que l’on a en club. On a la chance d’avoir des joueurs qui ont performé en NBA et surtout en Euroleague. On a parlé de leur rôle sachant que l’on ne sait pas s’ils seront sélectionnés ou pas. Ça a permis d’avancer dans la sérénité. Tous ont entendu le discours que je voulais leur donner et aussi qu’eux puissent s’exprimer sur leur attente personnelle. Ce qui ressort beaucoup, c’est la volonté de garder toujours l’équipe de France en haut de l’affiche et de faire partie de l’aventure humaine. On peut montrer que l’on a une équipe avec des valeurs, une cohésion totale. C’est ça que l’on a beaucoup échangé avec les joueurs. »

« On a la chance en France d’avoir un vivier énorme. Vincent (Poirier) et Mam (Jaiteh) ont un cursus d’Euroleague qui fait envie à beaucoup de nations »
L’absence de Mathias Lessort à la dernière minute :
« On voit l’impact qu’il a eu sur les Jeux. On peut avoir le meilleur secteur intérieur au monde, mais il manque aussi Victor (Wembanyama) et Rudy (Gobert). On a la chance en France d’avoir un vivier qui est énorme. Vincent (Poirier) et Mam (Jaiteh) ont un cursus d’Euroleague qui fait envie à beaucoup de nations. Pour revenir à Mathias, ça d’abord été un crève-cœur pour lui. Il s’est accroché jusqu’au dernier moment, il a fait les efforts nécessaires car il voulait absolument faire partie de cette équipe-là, mais le staff médical a dit que ce n’était pas possible malheureusement. Il va nous manquer, c’est une évidence. Mais je crois à la force de l’équipe et du collectif. Les joueurs qui sont là sont d’un excellent niveau. »
Le rôle de Théo Maledon après son excellente saison avec l’ASVEL :
« On connaît tous le parcours de Théo. La décision qu’il a prise en début de saison de revenir en Europe, à l’ASVEL, a été très importante pour lui car il a pu montrer tout son talent en Euroleague alors qu’en NBA il n’avait pas trop joué. Ça a été aussi très important pour nous. Je l’ai expliqué à tous : on a beaucoup de joueurs qui ont performé à ce poste de meneur de jeu. Il y a Théo, Matthew (Strazel), Sylvain (Francisco), Frank (Ntilikina). Peut-être que l’on aura les quatre, peut-être pas. Aujourd’hui, il n’y a pas de hiérarchie définie. Elle va se construire au fur et à mesure. Ils sont tous concurrents et on peut presque mettre Nadir (Hifi) et Elie (Okobo) qui sont des postes 1-2 qui peuvent basculer de temps en temps. C’est pour cela que les quinze prochains jours vont être intéressants pour la suite. »
Sa première compétition comme coach :
« À la veille de cette première compétition, c’est de la joie, de l’excitation. Comme je l’ai déjà expliqué, c’est un honneur d’être à la tête de l’équipe de France qui ne représente que par que les douze joueurs mais aussi les clubs pros, les clubs amateurs, les bénévoles, les gens qui aiment le basket et il y a de plus en plus de licenciés. C’est une responsabilité très forte mais qui donne envie d’y aller. »
Ce qui va se poursuivre et ce qui va changer avec cette équipe vis-à-vis de celle des JO :
« L’identité de toutes les équipes de France, c’est d’être fortes défensivement. On ne peut pas passer à côté de ça. Il y a une chose sur laquelle il est très dur de travailler en si peu de temps, c’est l’expérience. Elle ne s’achète pas, elle se construit. Il va falloir du temps pour que les joueurs comprennent ce qu’exige une compétition internationale. Les enjeux bien sûr, et aussi les efforts qu’il faut faire pour performer. On va essayer de gagner très vite du temps durant les matches de préparation. On va aussi montrer des images de ce qui s’est passé par le passé. Ce que l’on a vu lors de la deuxième phase des Jeux Olympiques en attaque a aussi été très intéressant. Etre très fort en défense et… en attaque ! »
Propos recueillis à Paris.