Germain Castano (2e partie) : « Les autres ne sont pas loin derrière » (la première partie est ici).
Suite de l’entretien avec Germain Castano, coach de l’Orléans Loiret Basket. Place à des sujets plus « légers » après avoir évoqué la fin de son aventure à Boulogne-sur-Mer hier, il sera aujourd’hui question de sa philosophie de jeu, de ses inspirations et du début de saison réussi de l’OLB dans une Pro B toujours plus homogène et concurrentielle.
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D’où vous vient cette philosophie de jeu, de basket très offensif ?
(Il hésite)… J’essaie d’aborder le basket de la même façon que je conçois un peu la vie. Je ne dénigre pas les coachs défensifs en disant ça, mais je suis plutôt un garçon qui aime les gens, partager, vivre de grands moments. Quelqu’un qui aime voir les gens sourire, qui se livre et qui fait confiance tout de suite. J’essaie de retranscrire ces valeurs dans mon basket. Quand je vois des mecs qui se partagent la balle, qui jouent en première intention, qui osent des choses, qui sont généreux… ça me fait plaisir. La défense est un aspect du jeu auquel j’apporte aussi de l’importance et on y passe beaucoup de temps à l’entraînement. Mais c’est vrai que je suis plutôt dans un basket qu’on appelle le « basket champagne », basé sur la première intention, l’instinct. Je donne quand même aux joueurs les 7 premières secondes. Pas les 24, les 7 premières, pour que les joueurs puissent s’exprimer, montrer leur caractère. J’aime ce basket. Maintenant j’ai aussi gagné parfois grâce à la défense. L’année où on monte en Pro A avec Boulogne-sur-Mer, on va gagner à Evreux 50-52. Et j’ai adoré cette victoire, même si on n’avait mis que 52 points.
Quels coachs ou équipes vous ont inspiré ?
J’ai eu beaucoup de coachs qui m’ont inspiré de façons différentes. Parmi les coachs que j’ai eu, précisément dans ce basket là, je ne peux pas vraiment en citer un. Après il y a de nombreux styles de jeu d’équipe que j’ai beaucoup aimé regarder, qui m’ont inspiré. Il y a eu les grandes années de Badalone en Espagne. En France aussi, il y a eu les années Nanterre avec un basket que j’ai beaucoup apprécié mais aussi de grandes équipes offensives comme la Chorale de Roanne il fut un temps… j’aimais bien ce style de basket. Et je dois avouer que les deux montées que j’ai pu vivre avec Besançon et Boulogne-sur-Mer, les deux fois on a terminé meilleure attaque. La défense, c’est important c’est vrai, mais c’est vrai aussi que quand tu peux avoir une bonne attaque tu peux aussi gagner un match.
Pour l’instant l’OLB fait la course seul en tête. De quel accomplissement vous êtes le plus satisfait sur ces six derniers mois ?
On a été plutôt consistant. Il nous reste un match avant la fin de la phase aller (contre Le Havre à la maison) et j’espère qu’on pourra le remporter. Mais pour l’instant on est quand même à 14 victoires sur 16 matchs. Je pense que la statistique qui me satisfait le plus dans cette équipe, c’est qu’on soit la première équipe du championnat aux passes décisives (23 en moyenne). On a vraiment la volonté de se partager le ballon. Quand il y a un mec ouvert, quel qu’il soit, il faut lui filer la balle. J’aime bien cette stat’ parce que c’est le basket que j’ai envie de coacher. Voilà ce qui me plaît le plus.
Derrière Orléans, on a un peu de mal à définir une hiérarchie. Quelle équipe craignez vous le plus dans cette Pro B ?
Je n’ai pas envie de dire « derrière » Orléans. Parce qu’il y a de grosses équipes qui n’ont rien à nous envier. Je ne considère pas qu’on va archi-dominer le championnat. Pour l’instant c’est le cas, on fait la course en tête, mais les autres ne sont pas loin derrière. J’ai adoré Lille, qui propose un vrai basket avec deux créateurs (Maurice Acker et Marcos Suka-Umu) et des gros défenseurs. J’ai adoré Roanne, pareil, qui joue avec beaucoup de fluidité, très porté vers l’attaque mais qui défend beaucoup mieux que l’année dernière. Et hier j’ai quand même été assez impressionné par la dimension physique de Fos-sur-Mer. Ils étaient davantage prêts que nous à jouer ce match, surtout sur la première mi-temps. Après je n’ai pas envie de faire injure à Saint-Chamond, qui n’est pas là par hasard et qui déploie un beau basket. Blois, c’est pareil, je ne vais pas tous les citer. Mais je pense que les Orléans, Roanne, Lille, Fos-sur-Mer, Saint-Chamond, Blois, même Denain, seront là à la fin. Dans quel ordre ? Je préférerais bien sûr qu’Orléans reste devant mais pour ça il faudra se battre jusqu’au bout.
L’arrivée de Jordan Aboudou a-t-elle changé le regard que les autres clubs portaient sur Fos-sur-Mer ?
Forcément ! On aime ou on n’aime pas, tu peux dire ce que tu veux, mais Jordan Aboudou, c’est un joueur de Pro A, pas un joueur de Pro B. Et j’ai presque qu’envie de dire qu’en tant que Français à son poste, physiquement, il n’y a pas d’équivalent en Pro A. Alors imaginez en Pro B ! Ils avaient déjà une belle dimension physique, avec lui ils sont passés un cran au dessus. Quand tu mets Aboudou au poste 3 et Abouo au poste 2 qui est physique à mourir et que derrière il y a Tariq Kirksay et compagnie… Il y a une telle dimension physique… ça joue beaucoup sur le post-up au poste 3 parce que c’est difficile de l’arrêter, que défensivement il gêne, il prend des rebonds. Il a apporté un plus à l’équipe.
L’OLB évoquait « un pari » lorsque le club a recruté le meneur porto-ricain Alex Abreu qui enchaîne les belles prestations. Quel bilan tirez-vous de ses six premiers mois ?
On était content de le faire venir chez nous. On y croyait parce qu’à chaque fois il s’est retrouvé dans des équipes qui gagnaient, qui finissaient championnes, même s’ils n’avaient pas de stats mirobolantes. Il ne connaissait pas autre chose que l’Amérique du Sud, et quand il est arrivé j’ai eu un peu peur. Disons, les trois premières semaines. Il m’expliquait qu’il jouait quatre fois par semaine et qu’il n’avait pas l’habitude de beaucoup s’entraîner et donc il s’entraînait mal. Il n’avait pas une grande discipline de travail et ça m’a un peu fait peur. J’ai eu plusieurs discussions avec lui et il y a quelque chose qu’on ne peut pas lui enlever, c’est que c’est un garçon très intelligent. Il a compris qu’il fallait faire les efforts, qu’il avait une équipe plutôt sympa autour de lui. Et ses coéquipiers lui ont fait comprendre qu’il avait tellement de talent que ce serait bien qu’il se mette au diapason pour les aider. Ça il l’a bien compris et il les aide énormément. Il a gagné le respect de tous ses coéquipiers parce qu’il a fait les efforts. Il s’entraîne beaucoup mieux et j’avoue que ça faisait longtemps que j’avais pas vu un mec avec une telle qualité de passe. Maintenant il faut qu’il se fasse un peu plus mal parfois. Il sait qu’Orléans a une équipe correcte mais que des fois il faut aller au charbon. Il a tellement de talent qu’il peut parfois l’oublier. En tout cas j’aime beaucoup le joueur, parce qu’il est culotté, il n’a pas peur de prendre ses responsabilités et c’est un vrai compétiteur. Dans une équipe qui joue le haut de tableau, c’est bien d’avoir un meneur comme ça.
Le Fosséen Noé-Charles Abouo entouré par Kyle McAlarney et Alex Abreu
Il y a bien sûr sa qualité de passe qui ressort mais aussi une dimension défensive non négligeable. Il fait notamment partie des trois meilleurs intercepteurs de Pro B….
Parce qu’il est malin ! Ça ne va pas être le John Linehan de la grande époque, pas du tout. Il est quand même tanqué, même s’il fait petit gros, ce n’est pas du tout le cas. Et il fait toujours preuve d’anticipation, il a toujours une main qui traîne… Il a un bon instinct. Il est aussi intéressant pour ça, ce n’est pas qu’un attaquant. Il peut avoir un vrai impact défensif même s’il y a des matchs où ça marche moins bien que d’autres. Il reste un élément très important dans notre équipe.
Quelle va être la clé pour vous dans cette deuxième partie de saison ?
Il y a un truc contre lequel je me bats tous les jours, c’est le relâchement. Je ne veux pas que les garçons lèvent le pied. Quand tu es leader, tu peux entrer, sans faire exprès, dans une zone de confort. On doit absolument l’éviter et être toujours dans l’intensité. Quand on est dans l’intensité, on devient d’autant plus difficile à jouer et on doit en mettre beaucoup plus que ce qu’on a pu donner ces dernières semaines. On n’est peut-être pas aussi costaud que Fos, mais on a quand même des garçons comme Marc Judith, le meneur Abreu, Kadri Moendadze, Marcellus Sommerville etc etc, on peut, nous aussi, mettre de l’intensité. Quand on arrive à faire des stops, et qu’on met de l’intensité défensive, on arrive mieux à déployer notre jeu rapide. Si on veut vraiment faire une belle partie de saison, il faudra bien sûr continuer à se faire des passes évidemment, mais pour y arriver, il faudra mettre beaucoup d’intensité défensive.
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D’où vous vient cette philosophie de jeu, de basket très offensif ?
(Il hésite)… J’essaie d’aborder le basket de la même façon que je conçois un peu la vie. Je ne dénigre pas les coachs défensifs en disant ça, mais je suis plutôt un garçon qui aime les gens, partager, vivre de grands moments. Quelqu’un qui aime voir les gens sourire, qui se livre et qui fait confiance tout de suite. J’essaie de retranscrire ces valeurs dans mon basket. Quand je vois des mecs qui se partagent la balle, qui jouent en première intention, qui osent des choses, qui sont généreux… ça me fait plaisir. La défense est un aspect du jeu auquel j’apporte aussi de l’importance et on y passe beaucoup de temps à l’entraînement. Mais c’est vrai que je suis plutôt dans un basket qu’on appelle le « basket champagne », basé sur la première intention, l’instinct. Je donne quand même aux joueurs les 7 premières secondes. Pas les 24, les 7 premières, pour que les joueurs puissent s’exprimer, montrer leur caractère. J’aime ce basket. Maintenant j’ai aussi gagné parfois grâce à la défense. L’année où on monte en Pro A avec Boulogne-sur-Mer, on va gagner à Evreux 50-52. Et j’ai adoré cette victoire, même si on n’avait mis que 52 points.
Quels coachs ou équipes vous ont inspiré ?
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Photos OLB et Migue Mariotti