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Ibrahima Cherif Haidara (La Rochelle) ou les aventures d'un Malien en Chine

Avant d’arriver à La Rochelle, le Malien Ibrahima Cherif Haidara (2,05 m, 30 ans) a passé presque une décennie en Chine. C’est ce qu’il raconte dans un article complet dans Sud-Ouest. Extraits.

Au McDo sans argent

« J’ai passé très peu de temps à Pékin. C’était direction Wuhan. On m’avait dit, quand tu entends « Wuhan Station », tu descends. Et bien sûr, je ne me suis pas arrêté au bon endroit. J’avais faim, j’étais fatigué. On était en plein hiver. Aucune possibilité pour se connecter à Internet. Au McDo, je prends à manger mais je n’avais que des dollars. Le gars en face ne veut rien savoir. Il veut des yuans (la monnaie chinoise). Une dame vient me voir et m’offre à manger. Au début, j’ai refusé car ce n’est pas dans mes habitudes. Mais dans leur culture, c’est très important d’accepter quand on offre quelque chose. J’ai accepté cette générosité. »

Une petite star

« Wuhan, ce sont mes meilleures années. Une ville étudiante avec beaucoup d’étrangers. Il y avait plus d’une dizaine de buildings de 12 étages qui accueillaient les étudiants. C’est là où j’ai passé mon Master « administration business », là où j’ai rencontré ma future femme, qui est sénégalaise. Les étrangers n’avaient pas le droit de jouer dans la ligue universitaire de basket. J’ai participé à des tournois qui englobaient du basket, des activités culturelles artistiques (de la danse traditionnelle en tenue de guerriers, de la peinture), j’ai appris à lire les caractères chinois, à parler chinois, et aussi effectué une sorte de parcours du combattant. Je faisais tout, ça m’a ouvert beaucoup de portes. C’était fabuleux. Je suis devenu une petite star. »

Le chinois

« Chaque étranger a une année obligatoire de chinois en arrivant. Je parle chinois comme le français. Cela a été un vrai plus. Un noir qui parle leur langue et qui se mélange à leur culture… J’étais royal là-bas, on ne me refusait rien du tout. Ils se vantaient d’avoir un ami black et aimaient être avec moi. Je connaissais les petites injures chinoises. J’avais le ton et les tonalités. J’étais un des leurs. Quand vous êtes amis avec eux, ils sont extraordinaires. Ils peuvent prendre une balle pour vous. »

Ses expériences

« Je n’avais pas vraiment de clichés en arrivant là-bas. J’ai tout découvert. C’est un pays enclavé. Il n’y a pas d’accès à Youtube, Facebook. Il faut acheter des VPN. C’est un état très contrôlé. J’ai toujours fait très attention aux règles. J’ai vu, grâce au basket, toutes les merveilles de la Chine : la Grande Muraille, la Cité interdite, la cité de Xi’an où se trouvent le mausolée de l’empereur Qin Shi Huangdi et son armée de guerriers et de chevaux en terre cuite. C’est très impressionnant. J’ai aussi vu la Chine que l’on ne voit pas à la télé. À l’occasion du Nouvel An chinois, les propriétaires des clubs qui avaient fait fortune revenaient dans leurs villages d’origine. Ils avaient fait construire des stades et organisaient des tournois où chaque match était incroyablement bien payé. Ça pouvait être 1 500 euros. On pouvait en jouer 5 ou 6 en une semaine. Mais là, c’est la Chine du Moyen-Âge. Des bœufs qui labourent les champs, des gens très âgés qui travaillent. Un contraste total avec les grandes villes. »

Photo : FIBA

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