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Interview (2) Céline Dumerc (Basket Landes): « Pourquoi ne pas continuer encore un peu? »

C’est comme une discussion au coin du feu avec Céline Dumerc, ancienne meneuse de jeu de l’équipe de France, idole des Jeux Olympiques de Londres -elle compte 153 000 followers sur twitter et 17 900 abonnés sur Instagram, reconvertie en deuxième arrière cette saison à Basket Landes et qui à 36 ans e

C’est comme une discussion au coin du feu avec Céline Dumerc, ancienne meneuse de jeu de l’équipe de France, idole des Jeux Olympiques de Londres -elle compte 153 000 followers sur twitter et 17 900 abonnés sur Instagram, reconvertie en deuxième arrière cette saison à Basket Landes et qui à 36 ans est encore la joueuse la plus complète de la Ligue Féminine.

Voici la deuxième partie de l’entretien

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Que pensez-vous de l’évolution du niveau de la Ligue Féminine ces dernières années ?

Structurellement, c’est de mieux en mieux car je pense que chaque club a beaucoup évolué, avec une certaine stabilité qui permet aux joueuses d’accomplir leurs missions le mieux possible. Le débat c’est toujours « c’était mieux avant ? » Non, ce n’était pas mieux avant. Le niveau a beaucoup évolué car il y a de meilleures joueuses, il y en a plus. A une époque, il y avait en gros deux matches dans l’année, Bourges-Valenciennes. Ces deux équipes gagnaient de 20 points contre les autres. C’était moins homogène, moins kiffant. Je préfère jouer des matches comme Mondeville cette année. Chaque match c’est la croix et la bannière. Ses propres résultats sont importants bien sûr mais il faut aussi regarder les résultats des autres matches car tout le monde peut battre tout le monde. C’est génial. Ça tire les gens vers le haut. Peut-être qu’il y a un regroupement au milieu…

Bourges est quand même deuxième de son groupe d’Euroleague ?

Tout à fait. Il y a des signes qui montrent que l’on est loin d’être des quiches. Ça fait des années que l’équipe de France a des résultats au niveau européen, des médailles. Ça veut dire que le championnat est super relevé. Il y a une vraie évolution dans le bon sens.

Qu’en pensent les joueuses étrangères qui ont fait plusieurs ligues auparavant ?

Elles disent souvent que le championnat français est très relevé. Quand j’étais en Russie, il y avait Ekaterinbourg, le Spartak Moscou et Orenbourg. Contre le reste on gagnait de 30 points en jouant 10 minutes chacune. Ce que j’aime dans notre ligue c’est que c’est d’un très bon niveau avec beaucoup de Françaises même s’il y a quatre étrangères. C’est important pour le futur de l’équipe de France. Pourquoi l’équipe nationale russe s’est cassée la gueule ? Ils ont appelé toutes les étrangères et il n’y avait plus qu’elles qui jouaient. Et quand elles arrivaient dans les compétition internationales avec l’équipe nationale, les Russes n’avaient pas joué de l’année et leur niveau a baissé. En Turquie, pareil, il y a de bonnes équipes mais ils sont en train de tuer l’équipe nationale car les Turques ne jouent plus. C’est compliqué d’avoir le niveau si tu ne joues que 5’ lorsqu’il y a +20. Nous, en France, c’est important de continuer à avoir cet état d’esprit, cette identité, en se disant qu’il y a un fief de joueuses françaises qui doivent jouer. C’est génial d’avoir eu le retour de Endy (Miyem), Helena (Ciak), ça prouve que le niveau de la Ligue Féminine est important.

Dans le championnat russe, n’y avait-il pas une règle qui imposait un quota de joueuses russes ?

Il y avait une limite d’étrangères, six je crois. Depuis que je suis partie, pour la Coupe de Russie, ce ne sont que les Russes qui jouent. Tant mieux pour elles.

Les médailles obtenues chaque année en jeune atteste d’une production très importante pour alimenter les clubs de la Ligue Féminine ?

C’est ça qui est génial mais il y a le problème de celles qui veulent aller aux Etats-Unis. Pour les joueuses qui n’aspirent pas au très haut niveau, à l’équipe de France séniors, partir aux Etats-Unis, je comprends. Ça peut être un rêve, c’est une expérience. Mais les joueuses qui ont un profil très intéressant dans le futur, pour moi c’est une perte de temps. Elle ne m’en voudra pas mais j’ai toujours pensé que Diandra (Tchatchouang) a fait une bêtise de partir aux Etats-Unis alors qu’elle aurait pu tout de suite intégrer l’équipe de Bourges avec Pierre Vincent qui allait la mettre dans le jeu direct. Elle est partie aux Etats-Unis, elle a joué poste 4, elle a perdu du temps.

Le niveau est plus fort en Euroleague qu’en NCAA…

Tout simplement et les joueuses à très fort potentiel sont assez grandes, athlétiques, ils vont les mettre à l’intérieur aux Etats-Unis alors qu’elles seront ailières dans le futur. Ils les utilisent comme ils ont envie de les utiliser mais pas du tout dans le développement de la joueuse comme nous on pourrait faire à l’INSEP. Certes c’est bien de gagner les matches le week-end mais ce qu’il faut c’est le développement à long terme pour lorsque la joueuse sera professionnelle. Le fait que Marine Fauthoux soit déjà en ligue féminine, qu’elle ait un vrai temps de jeu, c’est un vrai plus. C’est une vraie opportunité pour elle car elle se confronte au niveau adulte, en coupe d’Europe. C’est du temps de gagné. Malheureusement il y a une sélection naturelle qui se fait avec les blessures qui coupent parfois un peu les trajectoires des jeunes, mais si le corps tient, il peut y avoir de très belles joueuses très vite.

L’impression, c’est qu’il y a de plus en plus de joueuses qui sont blessées sur de longues durées ?

Malheureusement, oui, il y en a beaucoup. Plus qu’avant ? Statistiquement, je ne m’en rends pas compte. L’intensité est plus forte, il y a plus d’engagement, plus d’adversité en face avec des joueuses plus solides. Tu es obligée de te renforcer. La génétique fait que certaines personnes ne sont pas prêtes physiquement à encaisser la charge de travail, l’intensité des matches et des entraînements. Du coup ça peut être malheureusement un vrai frein.

« Ce qui m’éclate c’est plutôt le nombre de victoires et de défaites. Et je me rends compte que malgré ces très bons chiffres, mon équipe ne gagne pas tous les matches »

Vous êtes en fin de contrat en fin de cette saison avec Basket Landes. Une reconduction est-elle envisagée ?

Oui, forcément, j’y pense. Je m’étais donnée comme deadline la première partie de saison pour savoir comment j’allais encaisser, après mes grandes vacances, le retour sur le terrain, l’enchaînement. Vu que physiquement je me sens bien, je me dis « pourquoi pas continuer encore un peu ? » Rien n’est fait, établi, signé mais c’est sûr que l’envie d’arrêter n’est pas encore clair dans ma tête.

C’est rare que l’on arrête une carrière quand ses stats sont meilleures que l’année d’avant ?

Je ne suis pas dans la normalité (sourire). Après, tu te dis « ne fais-je pas l’année de trop ? » On peut tourner le problème dans tous les sens. Ce que je sais, c’est que je suis aussi passionnée, j’ai autant envie qu’en fin de saison dernière, alors pourquoi arrêter ? J’aime ça, je me sens bien. Ce n’est pas juste une date de naissance qui me fera arrêter. Aujourd’hui, tous les paramètres sont au vert.

Vous êtes la première de la Ligue Féminine à l’évaluation…

Là, je me pense que j’ai bien chuté ! (rires) (NDLR : en fait, avec 18,7, Céline a conservé sa place de numéro 1 devant l’Américaine du Hainaut Ashley Bruner).

Déjà, une shooting guard c’est rare et en plus c’est normalement réservé aux gens de 30-32 ans maximum ?

Les chiffres qui permettent l’évaluation me sont favorables. Au niveau rebonds, passes décisives, c’est moi qui créé. Soit je fais un tir, soit je fais une passe. Au final, j’ai toujours une chance sur deux d’avoir un point. J’ai de l’énergie pour aller au rebond, je fais l’effort d’y aller. Voilà, ça fait un point de plus. Mon re-positionnement à ce poste de jeu-là fait que je suis un peu plus présente sur tous les chiffres. Mais encore une fois, ce n’est pas ce qui m’éclate. Ce qui m’éclate c’est plutôt le nombre de victoires et de défaites. Et je me rends compte que malgré ces très bons chiffres, mon équipe ne gagne pas tous les matches.

Ça a été une déception d’être éliminé rapidement de l’Eurocup ?

On n’a pas été éliminé tout de suite mais en fait ça aurait très bien pu être le cas. On a fini troisième de la première poule et on a été sauvé en faisant partie des meilleurs troisièmes. Si on ne s’était pas qualifié, j’aurais vraiment eu les boules. Après, on est tombé face à Venise qui pour moi normalement n’était pas aussi bien que l’année dernière mais qui a foutu 20 points à Montpellier (NDLR : au retour le BLMA s’est qualifié en gagnant le match 83-60). Donc, je me dis que l’on a fait notre bonhomme de chemin. Le Venise d’aujourd’hui a énormément évolué son niveau de jeu depuis les qualifs et tu tombes contre plus fort. Ce que je n’aime pas, c’est de tomber sur une équipe française dans ton groupe. C’est nul. Lyon-Montpellier et Tarbes-Basket Landes. Bon, c’est comme ça. Il faut toujours qu’il y ait une équipe que l’on se tape dix fois dans l’année et cette fois c’est Tarbes ! C’est bien, ça fait des économies au niveau de l’hôtel et des déplacements mais ce n’est pas très révélateur car il y a des poules qui n’étaient pas très homogènes alors que nous le niveau était pas mal. Ce n’était pas un objectif primordial pour le club même si je préfère jouer des matches que faire des entraînements. Avoir deux matches par semaine c’est sympa et aussi pour le club vu que l’on est très soutenu et ça fait des recettes en plus. Mais autant le match aller contre Venise on peut se mordre les doigts, autant le match retour il n’y a pas photo.

https://www.instagram.com/p/BlxoOffFX7y/

« Parfois, on me dit que je ne fais rien pour les réseaux mais je n’ai pas envie d’exposer ma vie »

Quand vous vous déplacez avec l’équipe, vous êtes toujours l’objet de sollicitations comme après les Jeux de Londres ?

Un petit peu mais beaucoup moins. Généralement, j’ai les journalistes qui m’appellent pour préparer les matches lors de notre venue. Je réponds généralement favorablement et puis là, pour celui de Mondeville, j’en ai eu marre, je me suis dit qu’il pouvait appeler d’autres personnes, il n’y a pas que moi et du coup… on a perdu ! Comme quoi il faudrait que je réponde à chaque fois (sourire). Il y a des endroits… A Landerneau, le fait de ne jamais avoir été en Bretagne, il y a eu pas mal de gens. C’est rigolo parce que maintenant ce sont les mamans ou les grands-mères qui me font signer. Ce ne sont plus les enfants malheureusement ! (rires)

Ça fait déjà six ans et demi…

Oui. Les petites gamines de 17 ans ne m’ont jamais vu jouer ! Il faut que je m’adapte à ce genre de réflexion, « c’est une photo pour ma maman ». Ça m’a fait mourir de rire.

On vous a vu faire un mini spot contre les bouteilles en plastique. Vous faites d’autres actions de ce genre ? Votre image est-elle encore utilisée ?

Moins que lorsque j’étais en équipe de France et sous les feux des projecteurs mais un petit peu encore. Les Jeux ça m’a ancrée dans un certain statut au niveau des sportifs. Après, quand on ne passe plus à la télé, tout doucement on vous oublie. C’est normal. Mais j’ai encore pas mal de sollicitations de ce genre-là.

Pour Elle.fr vous faites partie des 40 sportives qui ont marqué l’Histoire du sport ?

Je n’ai pas vu ça. Ça ne change rien mais forcément c’est plaisant. Quand tu arrives à la fin de ta carrière, que ta vie va changer, qu’on t’oubliera, c’est cool de te dire qu’à un moment il y a eu ça. C’est plutôt flatteur mais je ne m’accroche pas à ça. Parfois, on me dit que je ne fais rien pour les réseaux mais je n’ai pas envie d’exposer ma vie. Les gens aiment ça, on est populaire parce qu’on est accessible. Je l’ai été après les Jeux parce que à la limite on m’a forcé et il y avait beaucoup trop de demandes pour refuser. Aujourd’hui, je continue mon petit bonhomme de chemin sans forcément faire attention à ça.

Le nombre de followers sur twitter est toujours en augmentation ?

Je pense que ça stagne. Les gens qui sont abonnés se désabonnement rarement. Je regarde de temps en temps mais je suis aussi dans un mode où les réseaux sociaux m’énervent. Tu deviens complètement accro à ça. Je me bride par rapport à ça, je m’interdit de prendre mon téléphone. Il y a tellement de choses à faire dans le présent sans ce putain de téléphone. Donc je me restreint même si je mets de temps en temps des petites choses quand je le sens mais ce n’est pas comme ça que j’ai envie de « vivre ». J’ai mis la bouteille sur Instagram car ça me tient à cœur et je l’ai partagé. Mais il y a beaucoup de choses qui me tiennent à cœur et que je ne partage qu’avec mes proches. Je sais qu’en faisant ça je dois fermer certaines portes et certaines personnes me disent que je devrais utiliser ça. C’est vrai, mais on n’a qu’une vie et j’ai envie de la vivre comme je la vis.

Avez-vous une idée de ce que vous allez faire après votre carrière de joueuse ? Une carrière à la Yannick Souvré, qui est Directrice Générale de la Ligue de Volley, ou à la Audrey Sauret, qui est Manager Général d’un club de Pro B (Nantes Basket Hermine) ou Laure Savasta, qui est coach d’une équipe masculine (Tarbes-Lourdes), ça vous plairait ?

Coach, pas du tout. Après sincèrement, je ne sais pas. J’y pense, je n’y pense plus, j’y pense, je n’y pense plus. Je suis quelqu’un d’assez pragmatique qui vit dans l’instant présent. J’ai beaucoup de mal à me projeter. Tant que je serai engagé en tant que joueuse, je pense que j’aurai du mal à complètement planifier mon futur. J’ai des pistes, des discussions, je mets en place certaines choses mais honnêtement rien d’établi. Je veux me laisser le temps de réfléchir. Depuis que je suis rentrée dans la vie active, je suis à fond dedans. Pourquoi pas une fois que je mettrai un arrêt à ma carrière ne pas prendre le temps de vraiment savoir où je veux vraiment orienter ma vie ? Il n’y a rien de précis et en même temps ça me va très bien !

Vous faites des interventions à la télévision comme consultante, ça vous plaît ?

J’ai une opportunité avec l’équipe de France pour les matches de qualif, dès que je peux, j’accepte. Ça me plaît. On est au plus près de l’action et de toutes façons je regarde les matches chez moi et autant dire que je les commente aussi ! Si j’ai des opportunités c’est peut-être des choses que je serai amené à faire.

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Que pensez-vous de l’évolution du niveau de la Ligue Féminine ces dernières années ?

Structurellement, c’est de mieux en mieux car je pense que chaque club a beaucoup évolué, avec une certaine stabilité qui permet aux joueuses d’accomplir leurs missions le mieux possible. Le débat c’est toujours « c’était mieux avant ? » Non, ce n’était pas mieux avant. Le niveau a beaucoup évolué car il y a de meilleures joueuses, il y en a plus. A une époque, il y avait en gros deux matches dans l’année, Bourges-Valenciennes. Ces deux équipes gagnaient de 20 points contre les autres. C’était moins homogène, moins kiffant. Je préfère jouer des matches comme Mondeville cette année. Chaque match c’est la croix et la bannière. Ses propres résultats sont importants bien sûr mais il faut aussi regarder les résultats des autres matches car tout le monde peut battre tout le monde. C’est génial. Ça tire les gens vers le haut. Peut-être qu’il y a un regroupement au milieu…

Bourges est quand même deuxième de son groupe d’Euroleague ?

Tout à fait. Il y a des signes qui montrent que l’on est loin d’être des quiches. Ça fait des années que l’équipe de France a des résultats au niveau européen, des médailles. Ça veut dire que le championnat est super relevé. Il y a une vraie évolution dans le bon sens.

Qu’en pensent les joueuses étrangères qui ont fait plusieurs ligues auparavant ?

Elles disent souvent que le championnat français est très relevé. Quand j’étais en Russie, il y avait Ekaterinbourg, le Spartak Moscou et Orenbourg. Contre le reste on gagnait de 30 points en jouant 10 minutes chacune. Ce que j’aime dans notre ligue c’est que c’est d’un très bon niveau avec beaucoup de Françaises même s’il y a quatre étrangères. C’est important pour le futur de l’équipe de France. Pourquoi l’équipe nationale russe s’est cassée la gueule ? Ils ont appelé toutes les étrangères et il n’y avait plus qu’elles qui jouaient. Et quand elles arrivaient dans les compétition internationales avec l’équipe nationale, les Russes n’avaient pas joué de l’année et leur niveau a baissé. En Turquie, pareil, il y a de bonnes équipes mais ils sont en train de tuer l’équipe nationale car les Turques ne jouent plus. C’est compliqué d’avoir le niveau si tu ne joues que 5’ lorsqu’il y a +20. Nous, en France, c’est important de continuer à avoir cet état d’esprit, cette identité, en se disant qu’il y a un fief de joueuses françaises qui doivent jouer. C’est génial d’avoir eu le retour de Endy (Miyem), Helena (Ciak), ça prouve que le niveau de la Ligue Féminine est important.

Dans le championnat russe, n’y avait-il pas une règle qui imposait un quota de joueuses russes ?

Il y avait une limite d’étrangères, six je crois. Depuis que je suis partie, pour la Coupe de Russie, ce ne sont que les Russes qui jouent. Tant mieux pour elles.

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Photos: FIBA

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