Entre la victoire sur la Lituanie et le deuxième match du deuxième tour face à l’Australie ce lundi, le coach de l’équipe de France Vincent Collet effectue une analyse complète de la situation.
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Avez-vous le sentiment du devoir accompli après le match d’hier ?
Je ne sais pas si on peut dire ça. Simplement le sentiment d’être qualifié en quart-de-finale dès le premier match de cette poule c’est quelque chose qui bien sûr est intéressant car ça nous permet d’aborder le match de demain avec déjà pas cette pression de devoir se qualifier pour les quarts et malgré tout l’ambition de finir ce groupe à la première place, de battre les Australiens. Ça n’enlève en rien notre ambition mais en étant satisfait d’être quoiqu’il arrive en quart mercredi.
Le fait avec une victoire d’éviter ensuite les Américains rend ce match contre les Australiens tout aussi important ?
Oui. Malgré leur presque faux-pas contre les Turcs, ce début de compétition montre qu’ils sont au-dessus et l’objectif est si possible de les éviter en quart. On verra ce qui se passe demain… Malgré tout, ils n’ont pas montré qu’ils étaient imbattables. Mais on espère gagner demain, on joue tous les matches avec la même envie de les remporter. On ne va pas calculer bien au contraire, on va tout donner pour essayer de gagner encore ce match demain soir.
Avez-vous l’impression que l’équipe de France joue de mieux en mieux ?
En tout cas, il y a des choses qui s’améliorent mais comme souvent il y a de nouveaux problèmes qui surgissent. C’était le cas hier. En deuxième mi-temps, la Lituanie a beaucoup changé sur tous les écrans et on a eu un certain nombre de possessions mal négociées. On a perdu un peu le rythme et en plus on a raté une ou deux choses faciles, qui n’étaient pas forcément bien jouées mais on aurait dû quand même marquer. En plus, on a fait à ce moment-là une aide incontrôlée qui a permis à (Mantas) Kalnietis de marquer un panier à trois-points. Je pense que c’est là où on a eu un moment vraiment difficile. On avait onze points d’avance au début du quatrième quart-temps, à huit minutes de la fin puisque les deux équipes n’ont pas marqué plusieurs fois de suite, et coup sur coup on a raté une action facile et de l’autre côté, on a fait une défense incontrôlée qui a permis à Kalnietis de marquer un panier à trois-points sans raison. Ça les a rapprochés à huit et ça a fait boule de neige. Derrière, il y a eu une ou deux actions où ils scorent dans la raquette et c’est comme ça que le match a un peu basculé.
« Les Australiens ont un jeu de passes et un jeu sans ballon qui est probablement le meilleur de la compétition »
Evan Fournier était énervé par le fait que c’est la deuxième fois dans la compétition que l’équipe gâche une avance d’une dizaine de points. Est-ce vous aussi agacé par ça ?
Plus que 10 points, on a eu 17 points d’avance ! Je crois que l’on menait 59 à 42 si ma mémoire est bonne. On n’a pas bien géré à ce moment-là, on a perdu un peu le rythme quand ils se sont rapprochés au lieu de continuer à jouer juste. Un peu comme contre les Allemands, on a voulu, je crois, marquer le gros panier qui rassure mais ce n’est jamais un panier qui te permet de redémarrer. Il faut garder la bonne façon de jouer et on l’a un peu perdu, la vitesse et l’agressivité que l’on avait. Ils ont réussi par leurs switchs, leurs changements défensifs, à nous faire arrêter la balle et à ce moment-là, à nous obliger de tenter des actions individuelles un peu difficiles. Il faut effectivement que l’on apprenne de ça.
Le poids des fautes notamment sur les meneurs est-il une circonstance atténuante ?
Oui et pas que les meneurs. Rudy (Gobert) en a eu aussi. Bien sûr c’est un élément important mais malgré tout ce sont ajoutées quatre, cinq actions consécutives qui n’étaient pas bien amenées alors qu’on jouait plutôt bien avant et que l’on s’est remis à bien jouer après mais avec moins de réussite. Ça, il faut l’accepter. Il y a eu par exemple deux de Nicolas (Batum) qui étaient de bons tirs -Evan (Fournier) fait une fixation, lui donne dans le corner, il est tout seul-, en première mi-temps, il les avait mis, là il rate, ça fait partie du basket. On ne peut pas mettre tous les tirs, on ne peut pas se plaindre de notre pourcentage à trois-points pour l’instant (48,8%). Par contre, il y a eu deux, trois fausses actions que l’on doit gommer pour être encore plus performants.
Le coach australien dit que l’équipe de France ressemble beaucoup à la sienne. Est-ce aussi votre avis ?
Je pense que l’on a un peu moins d’expérience, de vécu ensemble. C’est l’équipe qui est la plus performante dans les coupes. Ils marquent plus de 20 points par match entre les coupes dans le dos et les sorties d’écran. Ils ont la chance d’avoir un intérieur très passeur avec (Andrew) Bogut. Ils ont un jeu de passes et un jeu sans ballon qui est probablement le meilleur de la compétition. On essaie de développer ça et je pense qu’on l’a fait sur les deux derniers matches où on commence à avoir ce type d’action. Là où on se ressemble c’est dans l’organisation défensive. Ce que nous on fait autour de Rudy et même de Vincent (Poirier), ils le font avec Bogut et (Aron) Baynes avec une défense qui ne rentre pas beaucoup dans les rotations et où les aides sont plus positionnelles que franches par rapport à d’autres équipes. Effectivement, dans ce domaine-là, il y a des similitudes. Eux aussi mettent beaucoup de pression sur les arrières, ils chassent. (Matthew) Dellavedova, (Patty) Mills sont aussi de féroces défenseurs comme peuvent l’être nos arrières. Il y a des choses qui se ressemblent mais ce sont quand même des choses différentes. Le créateur de cette équipe c’est Joe Ingles. Il est à plus de sept passes par match. C’est lui qui joue beaucoup de pics avec Baynes et Bogut et il fait briller tout le monde. C’est presque le cerveau de l’équipe. On sait aussi qu’il peut mettre son step back à trois, il a un arsenal, il peut sortir de sa boîte et mettre des points mais c’est d’abord le créateur de l’équipe qui facilite le jeu. Au même titre que Bogut. Eux en ont un aussi à l’intérieur ce que nous on n’a pas forcément. Dellavedova est comme Andrew (Albicy), il a une abnégation défensive de tous les instants, il peut mettre des tirs à trois-points en catch and shoots sur des retours de passe mais ce n’est pas un grand créateur. Le créateur, c’est Joe Ingles.
Vous disiez à Villeurbanne que c’est l’une des équipes qui vous a le plus impressionné depuis trois, quatre ans ?
Oui. C’est ce que j’ai dit, l’avantage qu’ils ont sur nous c’est que ce sont les mêmes depuis un moment. A la Coupe du monde 2014, il y avait pratiquement la même équipe, aux Jeux c’était la même. Ils ont ajouté (Jack) Landale, ils ont perdu (David) Andersen qui était touché par la limite d’âge mais ce sont les mêmes joueurs.
« Quand on parle de défense, on parle de Gobert mais Batum est très important aussi »
Nando De Colo et Evan Fournier étaient déjà là il y a deux ans à l’Euro. Qu’est-ce qui explique que ça fonctionne mieux ?
La première raison c’est le vécu collectif. Fort heureusement on a appris de cet Euro. Notre état d’esprit n’est pas du tout le même. On a grandi depuis la compétition de 2017 qui nous a appris un certain nombre de choses. Pour l’instant on ne fonctionne pas pareil et c’est une très bonne chose. On est beaucoup plus focus sur ce qu’il faut faire pour gagner des matches.
Vous pensez utiliser Nando De Colo et Evan Fournier l’un après l’autre et davantage ensemble ?
C’est très important pour nous qu’ils puissent jouer ensemble et on y arrive un peu. C’est très bien.
Ce qui fait peur c’est qu’ils discutent sans arrêt avec les arbitres et on a l’impression que Nicolas Batum est obligé de les calmer tout le temps ?
Certainement mais ça fait aussi partie de notre engagement, de notre agressivité. Il faut que l’on ait davantage de contrôle dans certaines occasions mais la poussée d’Evan sur Valanciunas… D’un autre côté, Rudy se fait pousser par (Domantas) Sabonis et le coach lituanien ne parle que du fait qu’il ait touché le cercle. Quand on voit le nombre de fois où Valanciunas a poussé Rudy dans le match sans être jamais sanctionné. Evan a ça en lui et il faut probablement qu’il le contrôle mieux à ces moments-là. Oui, Nando discute beaucoup avec les arbitres et parfois à tort. Pour avoir revu le match, une fois la balle est sortie en touche et c’est clairement lui qui la met et il la voulait quand même pour lui. C’est difficile à maitriser et je ne suis pas sûr que l’on puisse y arriver d’ici la fin de la compétition même si on en parle. Ça fait partie de ce que l’on est.
Nicolas Batum se présente lui-même comme un facilitateur de jeu. Est-ce ce que vous lui demandez ?
Ce n’est pas ce que je lui demande mais ce qu’il est. Il a marqué quelques paniers au début mais il n’a pas besoin de ça pour être essentiel pour nous. (Marius) Grigonis, il l’a mis au pain sec. Les seuls paniers qu’il a marqués c’est quand Nico n’était pas là. Quand il y avait Batum, la lumière était éteinte. Quand il a pris Sabonis, il n’a pas été non plus là. Quand on parle de défense, on parle de Gobert mais Batum est très important aussi. Contre l’Allemagne et hier il a été exceptionnel dans ce registre-là. Je ne sais pas si vous vous souvenez de l’action où il contre une première fois (Mindaugas) Kuzminskas, il y retourne et il lui remet le couvercle. Ce sont des actions qui impactent. Et en attaque, il a cette capacité à savoir se situer. Il sait que Evan a besoin de la balle, que Nando a besoin de la balle, il sait se mettre en retrait. Parfois c’est perçu comme étant une faiblesse et ça peut être le cas mais c’est aussi une force. Une équipe pour qu’elle fonctionne, il faut qu’il y ait un équilibre et si tout le monde veut le ballon, en général ça ne se termine pas bien. C’est un peu ce qui s’est passé en 2017 et là on l’a beaucoup moins mais après il faut que l’on trouve un équilibre. On n’aura pas tout le temps 45 points d’Evan et de Nando. Il faut que l’on arrive à trouver les autres, à les mettre dans des situations pour marquer des paniers en fonction de ce que l’adversaire va nous donner. Dans le moment difficile, fin de troisième et début de quatrième, c’est en partie à cause de ça. Ils sont venus fermer très fort sur nos deux leaders offensifs et deux ou trois fois on aurait dû lâcher les ballons pour les autres et on ne l’a pas fait. Il faut que l’on améliore ça.
Avec les blessures de Thomas Heurtel et Adrien Moerman, le tir à trois-points était un peu un sujet d’inquiétude, or…
Pourvu que ça dure ! On a quand même des shooteurs et ce n’est pas tout à fait nouveau. Ce n’est pas la première compétition internationale où on n’est pas si mal à trois-points.
« C’est une équipe vraiment nouvelle mais qui est prometteuse »
On parle toujours de la défense en équipe de France. Est-ce une consigne qui est donné à tous les niveaux du basket français, à tous les formateurs ?
Ce n’est pas à moi de répondre mais elle est effectivement dans nos priorités. Ce que l’on définit comme priorité ça bascule sur l’ensemble des jeunes générations à partir des pôles France, des minimes, des cadets. C’est d’ailleurs pour ça que nos équipes de jeune dans les championnats européens sont aujourd’hui régulièrement dans les derniers tours. Au moins demi-finales en général. On gagne régulièrement des médailles dans les compétitions depuis plusieurs années maintenant.
Cette équipe de France 2019 vous en rappelle-t-elle d’autres que vous avez eu précédemment ?
Elle me rappelle d’autres équipes mais elle est singulière. En 2010, on avait vraiment très peu de qualités offensives et on avait bien commencé la compétition simplement en défendant. On avait battu l’Espagne, ce qui était une surprise énorme. Il y avait déjà Andrew (Albicy) qui avait fait un match incroyable, (Yannick) Bokolo comme deuxième meneur. On défendait très fort mais offensivement on était très limité. Là, on a plus de capacités offensives fort heureusement mais on a un peu cet état d’esprit. Celle à qui elle ressemble le plus c’est 2014 mais je trouve que l’on est plus impactant défensivement. C’est malgré tout une nouvelle équipe, Vincent Poirier qui arrive, Mathias (Lessort), Frank (Ntilikina) derrière. Nos anciens ne sont pas très vieux, hormis Nando (De Colo) et Nico (Batum) qui sont les deux seuls trentenaires de l’équipe. La génération 92 se mélange avec eux et on a des très jeunes. J’ai parlé de Frank, Mathias Lessort est de 95, Poirier est de 92 mais c’est une découverte, ça ne fait que trois ans qu’il a vraiment éclos. Une dernière année à Paris, deux en Espagne, c’est une ascension qui est un peu vertigineuse. C’est une équipe vraiment nouvelle mais qui est prometteuse.
Photo d’ouverture: Nando De Colo (FIBA)
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Avez-vous le sentiment du devoir accompli après le match d’hier ?
Je ne sais pas si on peut dire ça. Simplement le sentiment d’être qualifié en quart-de-finale dès le premier match de cette poule c’est quelque chose qui bien sûr est intéressant car ça nous permet d’aborder le match de demain avec déjà pas cette pression de devoir se qualifier pour les quarts et malgré tout l’ambition de finir ce groupe à la première place, de battre les Australiens. Ça n’enlève en rien notre ambition mais en étant satisfait d’être quoiqu’il arrive en quart mercredi.
Le fait avec une victoire d’éviter ensuite les Américains rend ce match contre les Australiens tout aussi important ?
Oui. Malgré leur presque faux-pas contre les Turcs, ce début de compétition montre qu’ils sont au-dessus et l’objectif est si possible de les éviter en quart. On verra ce qui se passe demain… Malgré tout, ils n’ont pas montré qu’ils étaient imbattables. Mais on espère gagner demain, on joue tous les matches avec la même envie de les remporter. On ne va pas calculer bien au contraire, on va tout donner pour essayer de gagner encore ce match demain soir.
Avez-vous l’impression que l’équipe de France joue de mieux en mieux ?
En tout cas, il y a des choses qui s’améliorent mais comme souvent il y a de nouveaux problèmes qui surgissent. C’était le cas hier. En deuxième mi-temps, la Lituanie a beaucoup changé sur tous les écrans et on a eu un certain nombre de possessions mal négociées. On a perdu un peu le rythme et en plus on a raté une ou deux choses faciles, qui n’étaient pas forcément bien jouées mais on aurait dû quand même marquer. En plus, on a fait à ce moment-là une aide incontrôlée qui a permis à (Mantas) Kalnietis de marquer un panier à trois-points. Je pense que c’est là où on a eu un moment vraiment difficile. On avait onze points d’avance au début du quatrième quart-temps, à huit minutes de la fin puisque les deux équipes n’ont pas marqué plusieurs fois de suite, et coup sur coup on a raté une action facile et de l’autre côté, on a fait une défense incontrôlée qui a permis à Kalnietis de marquer un panier à trois-points sans raison. Ça les a rapprochés à huit et ça a fait boule de neige. Derrière, il y a eu une ou deux actions où ils scorent dans la raquette et c’est comme ça que le match a un peu basculé.
« Les Australiens ont un jeu de passes et un jeu sans ballon qui est probablement le meilleur de la compétition »
Evan Fournier était énervé par le fait que c’est la deuxième fois dans la compétition que l’équipe gâche une avance d’une dizaine de points. Est-ce vous aussi agacé par ça ?
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