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ITW Valentin Cavelier, directeur général de Bourges : « On a atteint un premier objectif, il nous en reste deux autres »

La présidente Agnès Saint-Gès et le directeur général Valentin Cavelier savourent. Jeudi soir, Bourges a remporté l’Eurocup, leur premier trophée depuis qu’ils gèrent le club ensemble. Ils visent le triplé, alors qu’une finale de coupe de France les attend (le 23 avril contre Basket Landes) et que l

La présidente Agnès Saint-Gès et le directeur général Valentin Cavelier savourent. Jeudi soir, Bourges a remporté l’Eurocup, leur premier trophée depuis qu’ils gèrent le club ensemble. Ils visent le triplé, alors qu’une finale de coupe de France les attend (le 23 avril contre Basket Landes) et que le Tango est déjà assuré de la première place de la saison régulière en LFB.

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Arrivé dans le Cher en 2018, le directeur général Valentin Cavelier mène sa barque et son duo avec la présidente Agnès Saint-Gès, sans faire de vague. L’ancien DG de Villeneuve d’Ascq (2011-2018) et de la Chorale de Roanne (2005-2009) fait le point sur les sujets chauds du moment : le sixième sacre européen de l’histoire du club, l’espoir d’une augmentation du budget, la volonté d’organiser un Final Four d’Euroleague, le recrutement de la saison prochaine, le développement du centre de formation mais aussi ses envies de tout rafler en fin de saison, championnat et coupe de France compris. Entretien.

Quelques heures après ce titre d’Eurocup (interview réalisée le lendemain de la finale), êtes-vous un homme heureux ?
« Très heureux. Fatigué mais heureux (rires). C’est un accomplissement d’autant plus magique qu’on a eu très peu de temps pour l’organiser et que tout s’est déroulé comme on avait espéré que ça se passe, avec le titre au bout. Ce n’est pas souvent que ça arrive dans une carrière de directeur général. »

Comment avez-vous fêté le titre ?
« De la manière la plus simple possible, avec tous les gens qui nous aident au quotidien : nos partenaires, les collectivités, nos supporters. C’était une grande communion avec tout le monde : on a fini avec les joueuses, les salariés… Il n’y avait pas de barrière. C’était vraiment bien. »

« Les filles savent pourquoi elles sont venues jouer à Bourges »

Quel effet ça fait d’être derrière, de construire un effectif qui gagne ?
« Je dis souvent que le poste de directeur général est un poste de l’ombre. Mais cette ombre, quand on voit la réussite et le bonheur que ça peut apporter autour de nous, c’est hyper gratifiant. C’est un travail d’équipe, puisqu’on travaille ensemble avec Agnès (Saint-Gès) depuis qu’elle a été intronisée présidente (NDLR : en juin 2019). C’est notre premier titre ensemble, et on en est très contents. »

Depuis votre arrivée en septembre 2018, Bourges a gagné énormément de matches mais pas énormément de titres, à l’exception de la coupe de France 2019. Ce titre en coupe d’Europe vient-il concrétiser le travail réalisé ces dernières années ?
« Si je dis qu’il le concrétise, cela voudrait dire qu’on a fini la saison. On s’est donnés des objectifs en début de saison, on en a atteint un, mais il nous en reste deux autres. Les meilleurs moments arrivent, entre guillemets. Car on s’est donné les moyens de pouvoir participer à la finale de la coupe de France (contre Basket Landes le 23 avril), on va finir au sommet de la saison régulière de Ligue Féminine donc on aura un tirage entre guillemets favorable pour les playoffs. Mais si demain on devait être éliminés dès les quarts de finale, on serait les premiers déçus. Donc il y a encore des objectifs, c’est ce que je disais à mes équipes administratives après le titre : profitons de ces moments-là, et retournons au travail très vite pour préparer la finale de la coupe de France, et après cet événement, les playoffs. On fera le bilan à ce moment-là. »

Pauline Astier et Iliana Rupert soulevant l’Eurocup (c) FIBA

En conférence de presse, Olivier Lafargue répondait hier à un confrère en plaisantant : « Vous croyez sincèrement que ces filles-là ne vont pas se remobiliser pour aller chercher d’autres titres ? ». Tout le monde est sur la même longueur d’ondes ?
« Bien sûr, les filles savent comment a été pensée l’équipe, quelle est son ADN, sa longévité, tout ce qui se fait au quotidien. Il y a plein de choses qui ne se voient pas aujourd’hui mais qui font que l’équipe est soudée. On a vu hier que chaque joueuse pouvait se battre pour sa coéquipière. Les petites erreurs de l’une étaient comblées par la présence d’une autre. Ce genre de questions (à propos de la remobilisation) me fait toujours sourire… Venise n’était pas démobilisé quand elles ont joué hier, la motivation était là. Sauf que des fois, on tombe simplement sur plus fort que soi. Demain, peut-être que Basket Landes sera plus fort que nous en finale de la coupe de France, ça ne voudra pas dire que nous ne nous sommes pas mobilisés. Il ne faut pas grand chose pour déclencher l’étincelle. Les filles savent pourquoi elles sont venues jouer à Bourges, ce n’est pas pour jouer le maintien, c’est pour gagner des titres. »

Le club a toujours été la meilleure défense de Ligue Féminine depuis votre arrivée. Hier, le titre a été remporté avec seulement 38 points encaissés. C’est la défense qui fait gagner des titres ?
« L’équipe, c’est entre les mains de l’entraîneur. Nous, on lui met les moyens à disposition et lui construit l’équipe. Mais, oui, je pense que ça fait partie de l’ADN d’Olivier (Lafargue), dans l’ADN du Bourges Basket d’avoir une défense dure et stricte. C’est vrai qu’hier, ça a particulièrement bien marché. Une finale avec aussi peu de points, ça n’a pas dû arriver souvent (NDLR : jamais un club n’avait encaissé moins de 45 points en finale depuis la création de l’Eurocup féminine en 2003, c’est arrivé une fois en coupe Ronchetti, l’ancêtre de la compétition, en 1973 où le Slavia Prague avait encaissé 37 unités au match retour face au grand Spartak Leningrad). C’est ce qui était magique. On a vraiment pu savourer avant la fin du match. Tout est retombé. A 5 minutes de la fin, on savait qu’on allait gagner, il y avait trop d’écart… Et puis on peut se féliciter de l’avoir organisé (sourire). »

« Demain, on veut se donner les moyens d’organiser un Final Four d’Euroleague »

Quel est le coût total de l’organisation du Final Four de l’Eurocup ?
« Le budget total de l’organisation du Final Four de l’Eurocup est de 180 000 euros, financés par les collectivités, les partenaires, la billetterie. Ce n’était pas gagné d’avance. On sait que ça a aussi pu déplaire de demander de nouveau un coup de main. Après, on a toujours été assez clair sur le fait qu’on souhaitait se donner les moyens d’organiser un Final Four. Et encore, ce n’est pas les mêmes prix qu’un Final Four d’Euroleague. Demain, on veut se donner les moyens d’organiser un Final Four d’Euroleague. »

Quand on voit le résultat, on se dit aussi que l’investissement, ça paie ?
« L’investissement, ça paie, oui. On a voulu se donner les moyens de jouer à domicile pour donner une chance supplémentaire à nos filles en termes de fatigue, de récupération, et surtout en termes de public. Les gens l’ont vu hier, le public n’a fait qu’un derrière ses joueuses, il a vraiment joué son rôle de sixième homme, et ils l’avaient vu aussi mardi soir en demi-finale. La ferveur est là. »

En janvier 2020, Bourges voulait porter son budget à 4 millions d’euros – il était de 3,5 millions avant la crise sanitaire – et décrocher un Final Four d’ici 2024. Le Final Four, c’est fait, où en est le budget actuel et futur ?
« Vous avez mis le doigt là où il fallait. Je pense qu’on aurait pu atteindre cette barre des 4 millions d’euros sans la crise sanitaire. Avec le Covid, on a fait deux pas en arrière, le budget de la saison est de 3,2 millions d’euros. Il faut qu’on rattrape notre retard et qu’on accélère. Après, on a mis en place les équipes pour, et les résultats nous aideront à valider cette politique. Je ne dis pas que c’est impossible. On va se donner les moyens d’atteindre cet objectif de 4 millions d’euros, on a deux ans pour l’atteindre. On est descendus un petit peu parce que nos partenaires ont subi le contrecoup du Covid mais on s’aperçoit qu’on a aussi un retour très important des gens dans la salle, parce qu’il y a eu des inquiétudes que les gens reviennent après la crise sanitaire, et il y en a toujours une sachant que le masque n’est plus obligatoire et que ça peut en gêner certains… On va espérer que la saison prochaine soit une saison normale, qu’on fidélise les gens qui sont venus et qu’on aille en chercher d’autres car on sait qu’on a la capacité de le faire, et le territoire pour le faire. »

A gauche, Valentin Cavelier et Agnès-Saint-Gès (c) FIBA

« Avec Valentin Cavelier, on est un vrai binôme et en plaisantant, je dis très souvent que l’on a remplacé Pierre Fosset par deux personnes », nous disait Agnès Saint-Gès dans une interview. C’est toujours le cas ? Comment fonctionne votre duo et comment a-t-il évolué ?
« Il fonctionne comme au début. Agnès est une cheffe d’entreprise, qu’elle doit gérer, et je suis en charge du quotidien, des salariés, de la stratégie de développement du club. On n’a pas changé d’un iota le fonctionnement qu’on avait depuis son arrivée. J’ai envie de dire que notre binôme s’est de plus en plus renforcé car on essaie de faire le point plus régulièrement ensemble par rapport à la stratégie et notre vision des choses. Parfois, nos équipes nous disent qu’on veut aller trop vite. On essaie en tout cas de ne pas faire s’endormir ce beau et grand club. »

Historiquement, Bourges a connu plusieurs concurrents à travers les époques : Valenciennes au début des années 2000, l’ASVEL depuis quelques saisons. Comment expliquez-vous que le club soit toujours présent, quelle que soit la concurrence, et sur la durée ?
« Il faut repartir à l’ADN du club. Quand on a repris le club, il était en haut de l’affiche. Et, avec Agnès, il était hors de question de nous dire qu’on allait faire autre chose que de le garder tout en haut. La pression est importante vis-à-vis de notre conseil d’administration, nos actionnaires, nos partenaires, nos abonnés, nos collectivités. Mais quand on travaille sur l’excellence et la performance, on essaie de se donner les moyens pour l’atteindre. Pour rien au monde je ne donnerai ma place aujourd’hui (sourire). »

« Quand on voit son niveau, je pense que Kristen Mann ferait une erreur de partir à la retraite. Après, ça dépend d’elle (rires) »

En LFB, les clubs se positionnent très tôt sur le recrutement de la saison suivante. Où en est le recrutement de la saison prochaine ?
« Le recrutement avance, il est loin d’être terminé. Après, on a toujours eu la stratégie de communiquer en fin de saison pour ne pas perturber notre groupe, mais aussi parce qu’on veut vivre l’instant présent avec le groupe qu’on a aujourd’hui. La politique du club a toujours été celle de la stabilité donc c’est rare qu’on transforme toute l’équipe, à moins que demain nous ayons des mauvais résultats. Ça suit son cours, sans précipitation. »

Iliana Rupert, MVP de la finale d’Eurocup à 20 ans, sera-t-elle le visage de Bourges à moyen terme ?
« Iliana fait une saison à son image : explosive, rayonnante. Elle fait partie du club et de son ADN. Après, on connait ses projets de WNBA, ses projets de jouer à l’étranger. Nous, on l’accompagnera au mieux et on la gardera le plus longtemps possible. Après, on sera aussi heureux de la voir évoluer dans des clubs plus huppés que le nôtre quand elle aura fini son temps chez nous. »

L’an dernier, Kristen Mann avait annoncé qu’il s’agissait de sa dernière saison en carrière puis elle est repartie pour un nouveau défi. S’agit-il vraiment de sa dernière danse ?
« Quand on voit son niveau hier, je pense qu’elle ferait une erreur de partir à la retraite. Après, ça dépend d’elle (rires). »

Olivier Lafargue, sous contrat à la tête de l’équipe jusqu’à l’été 2023. (c) FIBA

Le coach Olivier Lafargue est sous contrat jusqu’en 2023…
« (Il coupe) On fera le point en fin de saison. Avec Olivier, on a toujours eu un rapport très transparent par rapport aux objectifs de début de saison. On n’a pas eu beaucoup de trophées depuis son arrivée, mais c’est aussi dû à la crise sanitaire. Ce qui est certain, c’est qu’il sera encore chez nous la saison prochaine, qu’il est en train de travailler sur son effectif et qu’on travaille sereinement tous ensemble. Il n’y a pas de perturbation à avoir. »

Où en est votre centre de formation ? Avez-vous toujours ce projet de donner la priorité à des jeunes pour évoluer jusqu’en équipe première ?
« En 2019, on avait lancé le projet « Tango 2024 » que vous avez évoqué précédemment. Dans ce projet-là, on avait souhaité maintenant l’excellence sportive au niveau des pros comme du centre de formation. Aujourd’hui, on essaie de mettre des moyens pour que le centre puisse former des jeunes, formés localement ou non, pour évoluer demain en équipe première, à l’image d’une Pauline Astier par exemple. Le centre de formation atteint le Final Four en U18 et en U20. Cela veut dire que les résultats sont là. Il faut encore qu’on passe une étape pour pouvoir concurrencer l’ASVEL, qui est en NF1 aujourd’hui. Ça permet de pousser les équipes à faire plus, même si on sait aujourd’hui qu’on est déjà un centre de formation reconnu en France. »

« Je ne suis pas quelqu’un qui se met en avant, ce n’est pas dans mon ADN »

Sur un plan plus personnel, vous êtes un homme relativement discret. Ça fait partie de votre façon d’être ?
« C’est ça. Le plus important, ça reste l’institution et l’équipe dans laquelle je travaille. Ici, c’est Bourges. J’ai vécu sept ans à Villeneuve d’Ascq (de 2011 à 2018), on a été champions de France, on a gagné la même coupe d’Europe que Bourges, l’Eurocup. Avant, j’ai travaillé dans le basket masculin à Roanne, où on a été champions de France en 2007, avant d’organiser l’Euroleague à Clermont-Ferrand… Je sais que j’ai de la chance dans mon parcours car j’ai déjà gagné pas mal de choses. Mais au-delà de mes résultats, ce qui me passionne le plus, ce n’est pas mes médailles ou mon trophée, c’est ce qui se passe autour. Tout ça, ce sont des résultats d’équipe avant tout. Je ne suis pas quelqu’un qui se met en avant, ce n’est pas dans mon ADN. Jamais je ne serai très expansif, mais rien que de voir la réussite d’une stratégie et d’un développement mis en place, ça me fait évidemment très plaisir (sourire). »

Vous avez débuté comme manager général de la Chorale de Roanne, donc dans le basket masculin. Quelles sont les différences dans la gestion d’un club masculin et féminin ?
« Ce n’est pas tant différent. Le niveau de performance qu’on veut mettre en place, autant dans le sport masculin que féminin, reste le même. Après, ça peut être une question de budget. Mais, globalement, j’ai toujours dit que ce poste de directeur général, j’aurais pu l’avoir dans du handball, du foot, du volley… J’adore le sport féminin et le basket féminin, c’est pour ça que je suis là aujourd’hui. Quand je suis parti de Villeneuve d’Ascq, je ne pensais pas me retrouver ici. C’est Pierre Fosset qui m’avait contacté à l’époque. Quand on veut mettre en place un haut degré d’exigence, quelle que soit le lieu, la discipline ou le genre, il faut travailler dur, peut-être un peu plus dur quand il s’agit de sport féminin. Mais quand on a des résultats comme ici à Bourges, ça valide les sacrifices. »

Vous avez également été directeur général d’un club de rugby à Montauban entre 2009 et 2010. Que retenez-vous de cette expérience ?
« C’était une bonne expérience, mais vraiment très différente parce que j’avais un rôle très particulier : je devais faire un audit sur un club qui n’allait pas bien. Je ne suis pas resté assez longtemps, à peine deux ans, pour me faire une idée de la gestion d’un club de top 14. C’est une expérience qui m’a fait grandir. Pour rien au monde je ne l’aurais pas faite. Je n’ai pas eu le temps de mettre en place tout ce que j’aurais aimé faire là-bas, mais ce n’est pas grave, c’était une étape. »

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Arrivé dans le Cher en 2018, le directeur général Valentin Cavelier mène sa barque et son duo avec la présidente Agnès Saint-Gès, sans faire de vague. L’ancien DG de Villeneuve d’Ascq (2011-2018) et de la Chorale de Roanne (2005-2009) fait le point sur les sujets chauds du moment : le sixième sacre européen de l’histoire du club, l’espoir d’une augmentation du budget, la volonté d’organiser un Final Four d’Euroleague, le recrutement de la saison prochaine, le développement du centre de formation mais aussi ses envies de tout rafler en fin de saison, championnat et coupe de France compris. Entretien.

Quelques heures après ce titre d’Eurocup (interview réalisée le lendemain de la finale), êtes-vous un homme heureux ?
« Très heureux. Fatigué mais heureux (rires). C’est un accomplissement d’autant plus magique qu’on a eu très peu de temps pour l’organiser et que tout s’est déroulé comme on avait espéré que ça se passe, avec le titre au bout. Ce n’est pas souvent que ça arrive dans une carrière de directeur général. »

Quel est le coût total de l’organisation du Final Four de l’Eurocup ?
« Le budget total de l’organisation du Final Four de l’Eurocup est de 180 000 euros, financés par les collectivités, les partenaires, la billetterie. Ce n’était pas gagné d’avance. On sait que…

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Photo : Bourges, Valentin Cavelier débout à gauche (FIBA)

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