Jean-Aimé Toupane et ses joueuses ont échoué dans leur quête de médaille d’or au championnat d’Europe 2023. Mais, dimanche soir, l’équipe de France a sauvé l'honneur en récoltant une huitième médaille consécutive, de bronze cette fois-ci, en dominant la Hongrie dans la petite finale (82-68). Premier bilan, à chaud, avec le sélectionneur des Bleues.
Malgré les circonstances, votre équipe a livré un match plein…
« Il y a eu une belle réaction. Je sais qu'hier (samedi), il y a eu beaucoup de déception, mais les filles ont su retrouver les ressources morales et mentales pour faire un très bon match aujourd'hui (dimanche). Je constate que c'est un groupe qui a compris les bases pour pouvoir aller au plus haut niveau.
Iliana Rupert a rejoué et a été très convaincante. N’y a-t-il pas des regrets de ne pas l’avoir relancée contre la Belgique alors qu’elle était apte ?
Non, hier, j’ai assumé. Sur un match aussi intense, c’était la mettre en danger. C’était mon choix. On prend en compte l’intégrité physique des joueuses. Avec vingt-quatre heures de plus, elle a pu apporter et je suis content de l’avoir revu sur le terrain.
Que peut vous apporter cet EuroBasket à un an des Jeux Olympiques de Paris ?
Beaucoup de choses. C'est un groupe qui est jeune malgré tout et qui est en train de se construire. L'étape d'hier, il ne faut pas la voir comme une déception, mais comme une étape sur laquelle il faut construire. Il nous a manqué peu de choses, on aurait pu être là (en finale) ce soir, mais cela fait partie de la construction, d'un cheminement vers le plus haut niveau. Quand on se trompe, on apprend plus vite. Cela nous a permis d’avoir une réaction, et de finir de la meilleure manière, c’est-à-dire par une victoire.
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Beaucoup de joueuses ont déploré le fait que pas grand monde ne croyait en votre équipe. Est-ce quelque chose que vous avez ressenti également ?
Oui mais je ne regarde pas ce qui se dit, je ne suis pas là pour commenter. Vous avez bien vu ce qui s’est passé depuis le début… Peu importe les dires, nous, on croyait en nous. Elles l’ont démontré depuis le jour un de la préparation jusqu’à aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que c’est un groupe très jeune, qui a envie d’avancer. Les valeurs d’engagement sont le plus important pour nous, avec l’envie de travailler ensemble. On l’a prouvé. On a déjà vu les prémisses l’an dernier lors de la Coupe du monde, ça continue cette année. Il faut s’inscrire dans cette culture de la gagne, dans cette culture de la médaille.
Personnellement, vous avez vécu une nouvelle compétition sous le feu des critiques. Comment l’avez-vous vécu ?
Je ne m’attarde pas dessus, ça fait partie du jeu. Si on écoute tout le monde, on ne fait plus rien. Je laisse tout le monde libre de s’exprimer. On peut ne pas être d’accord mais dès qu’on se respecte, ça me va. On ne peut pas être en responsabilité et écouter tout le monde. Comme je l’ai dit, j’assume. Ce qui m’importe vraiment, ce sont les personnes avec qui je travaille. On s’est expliqué, je ne vais pas le commenter. Ça ne me perturbe pas.
Y-a-t-il des regrets sur certains de vos choix ?
Non, non, non. Ça fait déjà un an que j’y réfléchis. Mes choix sont conditionnés par le positionnement des uns et des autres. On choisit par rapport à un contexte et beaucoup de choses. J’ai discuté avec toutes les parties prenantes. Nous étions cette année dans un schéma très court. L’année dernière, nous avons eu deux mois de préparation, contre douze entraînements cette fois. Ce que les gens ne perçoivent pas forcément, c’est que l’on fait un sport d’équipe, avec des filles qui ont un vécu ensemble, sur et en dehors du terrain. Quand vous avez des entraîneurs comme Popovich qui perd contre la France ou d’autres nations avec Team USA, il dit qu’on additionne de fortes individualités au dernier moment et qu’on pense pouvoir battre d’autres qui s’entraînent depuis longtemps ensemble. Le vécu commun est important. On joue contre les meilleures, contre de très bons coaches, contre des équipes très bien organisées. Il faut travailler ensemble donc partir du principe qu’on va arriver au dernier moment et faire les choses… Je suis dans le coaching depuis 40 ans, je sais que ça ne marche pas comme ça. Je ne blâme personne mais il faut comprendre le contexte. J’ai aussi entendu que ce que l’on proposait sur le terrain était brouillon mais c’est peut-être lié au fait qu’on n’a pas vraiment eu le temps de travailler (sourires). Le plus important est que mes joueuses et mon staff comprennent la direction et la vision partagée de ce que l’on veut faire.
Vous aviez dit que tout autre résultat que la médaille d’or serait un échec. Quelle saveur a donc cette médaille de bronze ?
On a parlé d’or, moi le premier. Nous sommes déçus. Mais on part du principe que Paris ne s’est pas fait en un jour. C’est déjà une bonne base pour construire. Peut-être que l’on était trop gourmands en voulant l’or mais les choses se méritent, se font étape par étape. Vous voyez ici que nous n’étions pas très loin, c’est pour ça qu’on visait l’or. L’échec serait de ne rien avoir, là on m’aurait dit que l’on était en décalage. On n’a pas pris une branlée contre la Belgique non plus, on n’était qu’à une possession. On va apprendre de cette expérience pour les prochains rendez-vous.
À la mi-temps de la petite finale, votre président Jean-Pierre Siutat vous a réitéré son soutien…
Je sais que j’ai des dirigeants qui me font confiance depuis le début. On travaille ensemble dans la clarté et la bienveillance. J’essaye de faire le maximum, on veut construire quelque chose. On n’arrive pas au haut niveau juste en tournant une clé. Je reconnais qu’il y a une vraie potentialité. J’ai dit aux joueuses de croire en ce qu’elles font car le parcours depuis l’année dernière, entre la Coupe du monde et l’EuroBasket, est très satisfaisant. Quand on voit la jeunesse qui arrive derrière, c’est très prometteur. Nous sommes en phase de construction. Il faut gagner mais il faut aussi renouveler l’effectif. En tout cas, il y a un bel amalgame pour l’avenir du basket féminin français. »
Jean-Pierre Siutat, président de la fédération française de basketball (FFBB), au micro de BeIN Sports à la mi-temps de la petite finale : « On était venu pour l’or, ce n’est pas la médaille qu’on était venu chercher. C’est un groupe jeune et perfectible, qui a montré de bonnes qualités. Maintenant, ça se joue à presque rien. On est tombés sur une belle équipe de Belgique, qui ira au bout, je pense. Il faut l’accepter. Il y a des critiques par rapport au fonctionnement du groupe, du management. On fera ce débriefing ensemble derrière. Mais je rassure tout le monde, y compris les détracteurs, le groupe vit très bien. Jean-Aimé (Toupane) a sa manière de travailler. Il est très humain, très rigoureux, très exigeant. Avec le staff, ça marche très bien. On n’a jamais eu l’occasion de faire une compétition au complet, souvenez-vous de la Coupe du monde l’an dernier, ça a été la même chose cette année en préparation. Je rappelle qu’on n’a jamais sanctionné aucune joueuse. On voit que la Belge Emma Meesseman a fait le choix de ne pas aller en WNBA pour faire le championnat d’Europe et préparer les Jeux Olympiques. On aurait aimé avoir le groupe au complet de la même manière. J’espère qu’on mettre ça derrière et qu’on préparera bien le TQO en février prochain, et puis bien évidemment les Jeux. On a la chance d’avoir un vrai groupe assez large. J'espère que ce groupe arrivera à se bonifier pour Paris 2024. »
À Ljubljana (Slovénie).
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Photo : Equipe de France / Jean-Aimé Toupane (FIBA)