Jean-Claude Biojout a aujourd’hui 84 ans. Avec Xavier Popelier c’est lui qui a fait du Limoges CSP un grand d’Europe. Il a donné au Populaire du Centre une interview à l’occasion du 30e anniversaire du titre européen de 1993.
Xavier Popelier était le président, le porte-parole charismatique du Limoges CSP. Jean-Claude Biojout son éminence grise. Sous son magistère, le CSP a gagné une coupe des coupes, deux coupes Korac et six titres de champion de France. Il s’est retiré du club en 1991. Il n’était donc plus en fonctions au moment du titre de champion d’Europe.
« Je me suis rendu au match en tant que simple spectateur, avec mon argent personnel, dit-il. Je n’ai pas été invité. C’est un petit défaut chez certains dirigeants... Mais je n’aurais de toute façon pas accepté et cela ne m’a pas empêché de vivre ce Final Four comme un pas- sionné de basket et du Limoges CSP. C’était quelque chose de fantastique. Tout le monde retient la dernière action de Forte mais le match s’est joué pendant quarante minutes. Sans Young ou Bilba, on n’aurait pas gagné.e
Jean-Claude Biojout évoque son héritage :
« Quand je suis parti en 91, j’ai laissé au CSP un testament financier où il y avait de quoi être champion de France tous les ans jus- qu’en l’an 2000. On a laissé un club en pleine santé. Il y avait les moyens d’écrire encore dix années fabuleuses de basket à Limoges. On n’en a écrit qu’une pour neuf autres de galère avec les tribunaux, les condamnations, les règlements de comptes... Certains dirigeants ont été traînés dans la boue pour avoir mal géré le club parce qu’ils voulaient gagner. C’est pareil pour Didier Rose qui était un bon garçon, amoureux de Limoges mais tout ça lui a tourné la tête. On a tout cassé pour un grand titre mais qui n’a pas fait le club. Si Seillant était là, il parlerait de titre à crédit mais cela a surtout été un titre à perte. Les nouveaux dirigeants ont voulu continuer de gagner mais en jetant l’argent par les fenêtres. À l’époque, Fred (Forte) était venu me voir pour me dire que grâce à mon retrait, il avait pu multiplier son salaire par trois. C’était une boutade mais c’était révélateur. »
Sa conclusion :
« On n’était rien et aujourd’hui, Limoges est le creuset du basket. Limoges, c’est le basket. Ça veut dire qu’on a quand même fait quelque chose. »
Photo : De gauche à droite : Claude Bolotny, Xavier Popelier et Jean-Claude Biojout, il y a quelques années.