Cela avait semblé marquer la fin d’une ère. Après sept années passées aux Raptors, Jonas Valanciunas a été échangé. Mais cet échange lui a été bénéfique, car il lui a permis de faire le plein de confiance avant un été chargé avec la Lituanie.
L’intérieur de 27 ans a posé ses valises à Memphis, aidant les Grizzlies à reconstruire après le départ de Marc Gasol à Toronto. Et même s’il n’a joué que 19 matchs, le changement apparaît évident, Valanciunas affichant des moyennes de 19,9 points et 10,7 rebonds par match dans son nouveau club. Il donne l’impression de pouvoir devenir un joueur ’20-10 (points-rebonds)’ la saison prochaine. Plus important encore pour son équipe nationale, il se pourrait bien qu’il soit au sommet de sa forme lorsque la sélection lituanienne arrivera en Chine pour y disputer la Coupe du Monde FIBA 2019.
« Tout joueur désireux d’avoir une belle carrière souhaite bénéficier de beaucoup de temps de jeu, toucher beaucoup de ballons. Avoir un rôle majeur pour son équipe. Ma situation après l’échange s’est avérée bonne pour moi, car les Grizzlies avaient l’habitude d’axer leur jeu vers l’intérieur. J’étais donc très heureux de me retrouver dans ce genre d’environnement, » commente Valanciunas au sujet de son nouveau club.
Cette nouvelle étape dans sa carrière lui rendra également de nombreux services à la Coupe du Monde. Le désormais très offensif joueur pourra pleinement s’exprimer si ses coéquipiers parviennent à le trouver sur le terrain en Asie.
« (À Memphis), je me suis retrouvé plusieurs fois avec le ballon dans les mains lors des derniers instants d’un match, avec la responsabilité de faire les bons choix pour mon équipe. C’est dans des moments comme ça que tu apprends le plus. Pas quand tu regardes ça depuis le banc ou sur des vidéos faites par le staff de scouts, » explique-t-il.
En Chine, la Lituanie pourrait aligner l’un des duo d’intérieurs les plus impressionnants du tournoi. Domantas Sabonis a également réussi ses meilleures stats cette saison – sa 3e en NBA – tant aux points qu’aux rebonds et aux assists. Les deux compatriotes ont évolué côte à côte lors de deux matchs des Éliminatoires Zone Europe pour la Coupe du Monde FIBA 2019, la Lituanie s’imposant confortablement les deux fois.
« Jouer avec Domantas était vraiment sympa. Même si sous le nouveau système nous n’avons eu qu’une semaine de préparation pour les deux matchs et que le format était plutôt inhabituel pour nous tous, je me réjouis de rejouer ensemble. Ce d’autant que cette fois, nous aurons un mois entier pour nous préparer et pour trouver notre équilibre, » indique Valanciunas.
La Lituanie se trouve dans le “groupe de la mort” à Dongguan, avec le Sénégal, l’Australie et le Canada, pays d’adoption de Valanciunas.
« Ce match sera spécial, après avoir représenté durant tant d’années à Toronto le Canada en NBA. Mais en même temps, nous ferons de notre mieux pour botter les fesses des Canadiens ! », s’exclame-t-il en éclatant de rires. « J’ai énormément de respect pour Toronto, tant la ville que la franchise. Et pas seulement Toronto – je pense que les Raptors représentent le Canada dans son ensemble, les gens m’y ont très bien traité pendant ces 7 années. Après tout, c’est là-bas que ma carrière NBA a pris son envol. Je suis très reconnaissant pour tout, mais nous lutterons avec acharnement pour essayer de gagner ce match. »
La Lituanie devra également viser des victoires dans les deux autres matchs du groupe, contre le Sénégal et l’Australie.
« Le groupe est très relevé, c’est le moins que l’on puisse dire. Tout le monde parle du Canada et de l’Australie, à raison. Ces équipes peuvent aligner des effectifs de haut niveau. Mais n’oublions pas le Sénégal. Il peut être extrêmement dangereux. Comme le dit notre coach Dainius Adomaitis, dans un groupe comme celui-ci, tu n’as pas le temps de chercher tes marques. Tu dois être au meilleur de ta forme dès le début. »
La motivation ne devra pas être un souci pour la Lituanie, pays où le basket règne en maître. Pour preuve : le pays balte n’a jamais manqué les JO depuis l’obtention de son indépendance au début des années 1990.
La route qui mène à Tokyo passe par la Chine et, avec les JO et l’héritage historique à l’esprit, les sentiments que l’équipe nationale inspirent en Valanciunas sont évidents. Peu importe quand et où vous lui en parlez.
« À chaque fois que je pénètre sur le terrain avec le maillot de la Lituanie sur les épaules, j’ai la chair de poule. Cela a toujours été comme ça et j’espère que ça restera ainsi,” déclare-t-il. “Jouer en équipe nationale est pour moi la plus belle reconnaissance, comme joueur et comme personne. Je suis un patriote, avoir la chance de jouer pour mon pays donne un certain sens à ma vie. »
En Chine, la Lituanie tentera de décrocher une 3e participation aux demi-finales de la Coupe du Monde consécutive. Elle a pris le 3e rang de l’édition 2010 en Turquie et le 4e de celle de 2014 en Espagne. Leur bilan dans les Éliminatoires Zone Europe (11-1) démontre, s’il le fallait encore, que les Lituaniens sont prêts à aller chercher une place sur le podium en 2019.
Photo: FIBA