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L’odyssée de Bo McCalebb, roi de Macédoine

La France du basket qui fait la couverture du Monde ce matin, de l’Equipe hier et aujourd’hui (et espérons, encore lundi matin pour le 7ème ciel). C’est toute la beauté d’un championnat d’Europe. Quand le sport gagne à la sueur de ses sportifs la reconnaissance qu’il(s) mérite(nt). Imaginez alors ma

La France du basket qui fait la couverture du Monde ce matin, de l’Equipe hier et aujourd’hui (et espérons, encore lundi matin pour le 7ème ciel). C’est toute la beauté d’un championnat d’Europe. Quand le sport gagne à la sueur de ses sportifs la reconnaissance qu’il(s) mérite(nt).

Imaginez alors maintenant l’effet de l’article sur Bo McCalebb dans le New York Times, le grand quotidien américain de Big Apple. La Macédoine fait parler d’elle, non pas pour ses frictions internes, ses conflits intestins, la violence de ses combats de rue. Non, il s’agit de basket.

Au centre de la focale, un meneur qui n’a de macédonien que son nom d’adoption : Borche McCalebbovski.

Une légende vivante à la Nouvelle Orléans

Pour celui que tout New Orleans connaît sous le nom de « Bo Lester, » le changement de contexte a été radical. Tout aussi abrupt en fait que le choc de l’ouragan Katrina qui a fait basculé la vie de McCalebb.

Star des lycées dans la « Big Easy, » Bo McCalebb cumule les actes manqués. Ne souhaitant pas vraiment quitter le cocon louisianais, il manque également de se faire connaître en NCAA quand Oklahoma State lui annonce quelques minutes avant la fête organisée pour l’occasion que sa bourse universitaire lui est retirée.

Combo guard atypique dont le style de jeu est très imprégné de culture de la rue, Bo n’obtient pas non plus sa chance à la draft car il est snobé pour le Portsmouth Invitational Tournament (PIT).

Et même quand il participe à la summer league au sein des Sacramento Kings, son expérience se termine mal avec un Byron Scott qui le critique ouvertement pour « ne pas être assez vocal sur le terrain. »

Bo se défend :

« Je ne suis pas un mec arrogant, je ne parle pas sur le terrain. Je viens simplement jouer comme si j’avais quelque chose à prouver. J’ai toujours joué comme cela, en regardant les petites choses que faisaient les plus vieux. Ici, à la Nouvelle Orléans, on n’a pas beaucoup de grands, alors, nous les petits, on doit jouer dur. Mon père m’emmenait toujours pour jouer contre des plus vieux, et depuis, je n’ai jamais peur de jouer mon jeu. »

Un ouragan pour renouer avec son destin

Après Katrina, Bo doit se rendre à l’évidence : il lui faudra bien quitter sa famille et sa bien-aimée Louisiane. Et sans véritable assurance, il s’envole vers la Turquie. Puis c’est la Serbie avec le Partizan où c’est l’explosion. Un triplé coupe, championnat, Final Four qui met définitivement sur orbite ce joueur complètement méconnu mais avec un cœur, une vitesse et une énergie incroyables.

Un nouveau transfert à Sienne : un nouveau triplé coupe, championnat, Final Four. A croire que le lutin de « Crescent City » est le gagneur ultime. L’irrésistible ascension de celui qui fut complètement zappé par toute la NBA ne s’arrête pas là.

« Je jouais en Serbie l’an dernier quand j’ai reçu un coup de téléphone des Macédoniens qui me demandaient si je voulais jouer pour eux. Je n’ai rien demandé sur le pourquoi du comment, j’ai juste dit oui, et le lendemain, je prenais un avion pour Skopje. »

Une naturalisation express et une médaille au bout ?

La Macédoine n’existe sur la carte basket que depuis 1993. C’est le troisième championnat d’Europe pour cette nation satellite de la Grèce. Mais leur progression est hallucinante. En France, en 1999, aucune victoire. En Pologne, dix ans plus tard, en 2009, ils passent au second tour. Et cette année, une demi-finale intense contre les champions en titre espagnols et un match pour la troisième place contre la Russie à venir alors qu’ils sortent des qualifications de dernière minute, seconds derrière les Britanniques.

En Lituanie, seulement 4 journalistes macédoniens sont présents, trois pour la presse écrite et un seul pour la télévision. Autant dire que l’effet de surprise est total. L’entraîneur Marin Dokuzovski savoure pleinement l’expérience.

« C’est un grand moment pour tous les Macédoniens. A l’origine, on espérait pouvoir gagner deux matchs dans notre groupe et avec un peu de chance, en gagner un troisième pour aller en deuxième phase. Mais on a joué de mieux en mieux, et on a développé une belle alchimie. L’atmosphère générale dans l’équipe est fantastique et on s’est nourri de ça. »

Le rêve olympique plus que le rêve NBA

Avec 21 points, 4 passes et 2 interceptions de moyenne, Bo McCalebb est le dépositaire du jeu Macédonien. Décisif à maintes reprises, et notamment contre la Lituanie quand son équipe perdait un peu pied, il s’est parfaitement intégré à cette équipe d’inconnus. Aussi rapidement qu’il transperce les défenses pour aller inscrire ses lay-ups.

« Chaque équipe a le droit d’avoir un joueur naturalisé. Il est venu, il a aimé notre pays, on s’est très bien entendu, et tout le monde chez nous l’a adoré. Il est Macédonien à part entière maintenant. » explique sans plus de complexes le secrétaire de la fédération Dejan Lekic.

Et pour Bo, le sentiment est partagé.

« Pour être honnête, je me sens un des leurs maintenant. »

Et même s’il ne vit à Skopje qu’un mois par an, et qui plus est, dans une chambre d’hôtel. Et même s’il ne parle pas un mot de Macédonien, pour Bo Lester, ce n’est que la suite de son odyssée. Conscient de son succès actuel, il garde la tête sur les épaules et profite de sa nouvelle vie loin des bayous.

« Pour l’instant, je suis ici. Je ne pense pas à la NBA. Peut-être dans un ou deux ans, mais j’ai ma carrière en Europe maintenant, et c’est tout ce qui m’importe. »

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