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La consécration des Belges et de Rachid Meziane : « Nos destins devaient se croiser »

Ce dimanche 25 juin 2023, la Belgique a remporté le premier titre de son histoire en battant l’Espagne en finale de l’EuroBasket féminin (64-58). C’est la consécration pour cette génération talentueuse, menée par une immense Emma Meesseman, MVP de la compétition, et son sélectionneur français, Rachid Meziane, qui a brisé la malédiction après ses quatre finales perdues comme assistant-coach en équipe de France, dès sa première comme numéro un.

Que ressentez-vous quelques minutes après ce premier sacre historique de la Belgique ?
« Je pense qu’on ne réalise pas encore. J’ai forcément des flashbacks qui me viennent en tête avec toutes ces finales perdues avec la France, même si ces médailles d’argent étaient très belles, il faut le reconnaître. Ce que je vis là, c’est juste exceptionnel. Je crois que je ne réalise pas encore. Il va me falloir un petit peu de temps pour savourer. A chaud, je suis encore dans le match, vos questions me poussent encore à l’analyser (rires). Je pense bien entendu à toutes les personnes qui m’ont permis d’être là, la confiance que m’a accordé la fédération belge pour lancer quelqu’un qui n’avait pas forcément d’expérience en tant que sélectionneur. J’ai l’impression que nos destins étaient liés. Ils devaient se croiser pour me permettre d’avoir ma première médaille d’or, et d’avoir la leur.
Je suis juste fier de ce qu’on a fait, de l’attitude de l’équipe, de son enthousiasme et de sa cohésion. Je suis fier du style de jeu de notre équipe aussi, même si ce n’est pas toujours parfait, bien entendu. Je reçois plein de messages de confrères qui me disent qu’ils ont vu un beau basket. Pour un entraîneur, c’est assez flatteur. Maintenant, il va falloir se reposer parce que, pour préparer la finale contre l’Espagne, on a très peu dormi avec le coaching staff, avec le format de la demi-finale à 20h45 (NDLR : la finale débutant moins de vingt-quatre heures plus tard, à 20h). Et puis nous laissons femme et enfants à la maison pendant des mois et des mois. Ça fait partie des sacrifices à faire mais on est récompensés aujourd’hui. Ceux qui me connaissent savent que je ne vais pas exploser de joie, c’est dans ma personnalité. Et je compte bien rester authentique.

Vous revenez de loin dans cette finale. Quels ont été vos mots à la mi-temps ?
À la mi-temps, on est à -8 en perdant 13 ballons sur lesquels l’Espagne marque 16 points, soit quasiment la moitié de leurs points. Il fallait qu’on prenne plus soin du ballon. Les mots ont été très simples, il fallait retrouver notre identité, retrouver le fire avec lequel on avait joué jusqu’à présent. Les choses se sont faites plus ou moins toutes seules. On a retrouvé notre basket en deuxième mi-temps avec des gros tirs, du jeu rapide et des gros stops défensifs qui nous ont permis de repasser devant. Dès qu’on est passés devant, je savais qu’on allait pouvoir résister mentalement.

Il a fallu trouver d’autres ressources, avec la fatigue…
On le sait. Quand on joue une finale à 20h45, ce n’est pas forcément idéal. Mais on a des championnes dans cette équipe, qu’elles soient championnes d’Euroleague ou championnes de France - la Ligue Féminine est l’un des championnat les plus solides au monde, du moins en Europe. J’ai eu quelques doutes en début de match par rapport au fait que ce serait notre première finale. On a senti un peu de nervosité en début de match par rapport à l’Espagne, qui a déjà participé à plusieurs finales. Mais une fois que les cinq premières minutes, le premier round d’observation, était passé, je savais qu’on serait capable d’accélérer à un moment ou un autre et de faire douter cette équipe espagnole. La vérité, c’est qu’on a aussi des joueuses capables de prendre des responsabilités, d’assumer leur statut, de mettre notre équipe sur orbite et de nous guider vers la victoire.

« Je vais continuer à vouloir être une meilleure version de moi-même jour après jour »

Vous parliez il y a quelques jours de crédibilité. Cette médaille d’or, c’est une très belle manière d’en acquérir…
Bien sûr. J’ai toujours cru en cette équipe. J’ai joué la Belgique à plusieurs reprises quand j’étais son adversaire et j’ai toujours vu qu’elle avait le potentiel pour aller plus loin dans ce type de compétition, pour soulever des trophées. Quand on m’a proposé le poste et que j’ai accepté de devenir sélectionneur, j’ai tout de suite parlé de l’ambition qu’on pouvait avoir. Aujourd’hui, on a osé rêver et on réalise ce rêve. Quand je vois des joueuses comme Emma (Meesseman), Julie (Allemand), Julie (Vanloo), Kyara (Linskens) et d’autres, tous les soldats qu’on a, avec tout le talent qu’elles ont… Elles méritent un titre comme celui-ci. Je fais aussi ce travail pour faire en sorte que mes joueuses s’épanouissent. Je suis très heureux de rendre des gens heureux.

Après Vincent Collet, Pierre Vincent et Alain Jardel, vous êtes le quatrième coach français champion d’Europe…
Je suis fier de faire partie de cette très short-list, je n’avais pas cette statistique en tête. Mais c’est flatteur. Maintenant, je vais continuer à vouloir être une meilleure version de moi-même jour après jour.

Vous jouez cette finale devant 1 500 personnes… Le basket féminin ne mérite-t-il pas mieux ?
Oui, je ne vais pas dire le contraire, surtout que je viens d’un club qui remplit sa salle avec 2 400 spectateurs (Villeneuve d'Ascq). Je regrette le manque d’affluence, mais je ne sais pas quels sont les leviers à activer. Peut-être le choix du pays organisateur ? Car la Slovénie, c’est une terre de basket, mais peut-être plus de basket masculin que féminin. Des finales de championnat d’Europe, ça mérite un meilleur décorum et plus de monde dans la salle. »

Julie Allemand, meneuse des Belgian Cats : "C'est juste incroyable parce que je n'y croyais plus (dans cette finale). A un moment, je me suis fait la réflexion "bon, on va juste être contentes d'être allées en finale". Et finalement, step by step, on s'est accrochées aux petites erreurs espagnoles. Je pense que c'est mental. On n'a pas voulu lâcher. A la mi-temps (à -8), on s'est juste dit qu'on ne voulait pas avoir de regrets. On a décidé de montrer un autre visage. Nos supporters nous ont poussés quand on était derrière, on l'a senti aussi. Les dernières secondes ? C'est énorme, on ne réalise pas. Quand on voit la physionomie du match, on ne se dit pas qu'on va finir championnes d'Europe. C'est magnifique. Je pense qu'on la mérite plus que n'importe qui d'autre cette année. Depuis le début du tournoi, on joue un super basket. On a battu toutes les grosses équipes, la Serbie, la France et l'Espagne. On a eu le parcours le plus difficile mais on l'a fait. Cette médaille d'or, on l'a vraiment méritée. C'est un Euro de rêve. On ne réalise pas car ça demande beaucoup de sacrifices. On a eu des moments difficiles par le passé, notamment avec Emma, car on ne comprenait pas les défaites. Aujourd'hui, on les comprend. On voulait plus que le bronze, on a eu l'or. Pour un petit pays comme le nôtre, c'est énorme. Je suis super fière."

Boxscore Belgique - Espagne

À Ljubljana (Slovénie).

https://www.basketeurope.com/livenews-fr/676920/jean-aime-toupane-equipe-de-france-lechec-aurait-ete-de-ne-rien-avoir/



Photo : Rachid Meziane (FIBA)

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