Après l’association du club villeurbannais en début d’année, la Chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes a épinglé l’ASVEL Basket. Dans un rapport publié ce mardi 20 mai et portant sur les saisons 2018-2019 à 2022-2023, l’organe de contrôle régional estime que le modèle économique et la pérennité du club phare de la région « ne sont pas assurés dans la durée sans le soutien financier constant des actionnaires » dont son président Tony Parker.
Le rapport constate que le club villeurbannais a vécu au-dessus de ses moyens, particulièrement lors de la saison 2022-2023 alors que la masse salariale a été portée à 4,2 millions d’euros, tandis que les recettes n’ont pas suffisamment augmenté. Ainsi, le résultat net du club est « négatif pour trois exercices sur cinq » et ce malgré le soutien financier des actionnaires et des aides de l'État de 3,3 millions d'euros pendant le Covid-19, relève la CRC d'Auvergne-Rhône-Alpes.
« Les ambitions européennes (Euroleague) de la société nécessitent de nouvelles recettes notamment pour payer les joueurs. Ceci l’a conduit à mettre en place une politique active en matière de recherche de financements. Sur la période contrôlée, les recettes de parrainage ont plus que doublé (de 2,9 à 6,1 M €). Cependant, aucune garantie n’est mise en place pour s’assurer des capacités financières des futurs parrains (sponsors). La société s’est ainsi placée dans une situation financière risquée avec la défaillance successive de deux principaux parrains en 2023 et 2024 (Smart Good Things puis Skweek). Comme de nombreux clubs d’Euroleague, le modèle économique de la SAS est structurellement déficitaire. Les actionnaires doivent chaque année équilibrer les comptes via des avances en comptes courants qu’ils abandonnent par la suite. En maintenant une société déficitaire, ceux-ci espèrent que l’entrée en Euroleague augmentera la valeur de la SAS ASVEL Basket et leur permettra un retour sur investissement lors de la vente de leur part. Ce raisonnement occulte le fait que le modèle économique et, dès lors la pérennité de la société, ne sont pas assurés dans la durée sans leur soutien financier constant », souligne le rapport.
Les défaillances de Smart Good Things et Skweek pèsent sur les finances de l’ASVEL
Dans son rapport, la Chambre régionale estime par ailleurs que le club le plus titré du basket français (21 titres de champion, 10 coupes de France, 2 Leaders Cup) avait connaissance des difficultés vers lesquelles il se dirigeait en faisant confiance à des partenaires majeurs tels que Smart Good Things et Skweek.
Le premier, spécialiste des boissons énergisantes, s'était engagé à verser 2,4 millions d'euros à partir de juillet 2022 mais a ramené cette somme à 2,1 millions en raison de ses propres difficultés financières qui, selon la CRC, étaient connues « avant même la signature du contrat ». Le second, propriété de l'homme d'affaires russo-hongro-monégasque Alexey Fedorychev, s’était engagé à payer 7 millions d'euros par saison sur trois exercices, à partir de 2023-2024, mais ne s’est acquitté que de 2 millions d’euros, selon la chambre. Ce que le rapport déplore.
« La chambre constate que la somme de 7 millions d'euros représente le tiers du budget actuel de l’ASVEL. De ce fait, le partenariat Skweek a placé la société sportive dans une situation de grande dépendance financière. Le contexte géopolitique aurait pu être pris en compte pour déterminer la solidité financière de la société. En réponse aux observations provisoires de la chambre, la société sportive a indiqué que cette prise de risque est assumée par les actionnaires du club même si ces expériences ne s’apparentent pas à une réussite sur le plan économique. La chambre recommande à la société sportive de s’entourer de garanties quant à la situation financière des sociétés avec lesquelles elle souhaite conclure un contrat de parrainage, afin de limiter les risques d’impayés, qui fragilisent sa situation financière. »
En mars dernier, Tony Parker avait révélé au Progrès avoir mis de l’argent de sa poche pour combler les déficits. Ce dernier a mis en demeure Skweek de respecter son contrat le 9 avril dernier.