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Lakers, Michael Jordan, Split, Maccabi… Histoires légendaires du Palais des Sports de Bercy (1ère partie)

Avant de s’appeler l’AccorHotels Arena, l’enceinte répondait au nom de Palais des Sports de Paris-Bercy (POPB) et les basketteurs y ont écris quelques belles histoires sur son Livre d ‘Or. Ce sont celles-ci que nous allons vous raconter. Le dossier est en deux parties.

Avant de s’appeler l’AccorHotels Arena, l’enceinte répondait au nom de Palais des Sports de Paris-Bercy (POPB) et les basketteurs y ont écris quelques belles histoires sur son Livre d ‘Or. Ce sont celles-ci que nous allons vous raconter. Le dossier est en deux parties.

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1984, 5000 spectateurs

Dans les tribunes a pris place sa majesté Bobby Knight, coach de l’équipe US pour les Jeux de Los Angeles, venu scouter ses futurs adversaires européens, qui répond si froidement aux journalistes qu’il pourrait geler toute la Somalie. Et puis aussi Bill Walton, intérieur des San Diego Clippers, un mythe du basket universitaire, qui participe à un clicnic avec la présence de trois centaines d’entraîneurs, et qui lui, est tout à fait dispo. « Ils sont bons ces Russes. Je n’ai vu que la seconde mi-temps du match contre l’Espagne, mais ce n°10 (Vladis Valters), quelle classe ! Ils auraient souffert contre notre équipe quand même. Les Américains sont plus puissants et plus techniques ». Les trois grandes networks américaines, ABC, NBC et CBS ont chacune dépêché une équipe pour réaliser des reportages sur le tournoi de basket et surtout sur l’équipe soviétique d’Arvidas Sabonis dont on vient d’apprendre qu’elle ne participera pas aux Jeux puisque l’URSS les boycotte.

Trois semaines auparavant, le Palais des Sports de Paris-Bercy a été inauguré par Jacques Chirac, maire de Paris. Son architecture est avant-gardiste avec sa forme pyramidale et ses parois recouvertes de pelouse. Son fonctionnement est inspiré du Madison Square Garden de New York avec un espce modulable, qui lui permet d’organiser les Six Jours de Paris de cyclisme sur piste (jusqu’en 1989), de monter des spectacles de moto-cross, de stock-car ou encore d’organiser des concerts avec les têtes d’affiche mondiales. Le Tournoi Pré-Olympique de basket essuie un peu les plâtres. Le terrain ne dispose pas exactement des 28 mètres réglementaires, le score apparaît en minuscule, et surtout le POP8 n’a pas fait la promotion promise auprès des collectivités locales et des grands magasins. Chaque journée n’enregistre pas plus de 5 000 spectateurs en moyenne et dans une telle enceinte, ça sonne creux. « Malgré tout, nous avons eu raison de faire disputer ce Tournoi Pré-Olympique à Bercy plutôt qu’à Coubertin où nous étions assurés de faire le plein pour chaque journée, mais dont le cadre ne vaut pas celui du POP8 », juge Christian Mansion, le directeur administratif de la fédération.

Les Bleus se qualifient pour les Jeux après une dernière victoire sur Israël. Jean Luent, leur coach, s’enflamme un peu. « C’est formidable ! Je vois déjà l’aéroport, l’avion, le décollage pour Los Angeles. Là, on est au maximum de nos possibilités. On peut faire un truc aux Jeux et si on peut monter sur le podium, on ne se privera pas ». Seulement, la France se fait ensuite pendre haut et court par l’Espagne et s’incline le dernier soir face à la Grèce. Les JO de Los Angeles ne seront qu’une triste pantalonnade.

1991, ça fait toujours split !

C’est a priori la débandade. Les intérieurs Dino Radja et Goran Sobin et le shooteur Dusko Ivanovic avaient couru le cachet à l’étranger. Le coach Bozidar Maljkovic, champion avec le Jugoplastika Split les deux années précédentes, avait été kidnappé par le FC Barcelone. En plus, ça sentait le soufre en Yougoslavie en ce printemps 1991.

Le Barça était donc l’hyper favori du Final Four avec plusieurs internationaux réputés, une triplette d’intérieurs (Audi Norris, José Ortiz et Steve Trumbo) formée aux États Unis vouée à peindre la raquette en sang et or, et donc le Prince Malijko à la manœuvre. Les médias espagnols, dont la modestie n’a jamais été le fort, étaient tellement certains que le grand Barça allait manger tout cru les restes de Split qu’ils avaient déjà écrit leurs titres victorieux. « Ne sous-estimez jamais le cœur d’un champion », dira quatre plus tard Rudy Tomjanovich le coach des Houston Rockets.

Avec un Zoran Savic absolument royal à l’intérieur (27 points à 9/13), un Toni Kukoc pas très adroit, mais toujours là où il le fallait, une défense carbonisante sur les défenseurs espagnols, Split réalisa un triplé légendaire.

Il y avait encore un peu de gras dans le Split de cette année-là… Zan Tabak n’avait pris part à la finale que pour neuf minutes et Petar Naumoski n’était pas rentré du tout en jeu. Les Yougos avaient la meilleure école de basket d’Europe. Ils étaient de plus en plus concurrentiels pour les Américains, et l’année suivante, alors que le pays avait explosé, c’est le Partizan Belgrade qui succéda à Split au palmarès.

1991, les Lakers de Magic

« Dans un premier temps, je ne me suis pas aperçu que le public chantait “Magic”, mais c’était beau. Je suis très étonné de l’impact de la NBA ici »

Pour ce McDonald’s Open, ils avaient emmené avec eux d’Amérique leurs mascottes — le Gorille de Phoenix et le frelon de Charlotte —, les Dare Devils, la jongleuse Tanya Crevier, leur parquet — revendu ensuite au Touquet —, leurs Lakers Girls, des célébrités de la NBA tel Julius « Doctor J » Erving, et surtout leurs joueurs parés de pourpre et d’or : James Worthy, Vlade Divac, Sam Perkins, Byron Scott, A.C. Green et en chef de bande Earvin « Magic » Johnson, le plus fabuleux meneur de l’Histoire de ce jeu qui ne savait pas encore qu’il avait chopé le virus du SIDA.

Ce n’était pas une manifestation populaire, car le prix des places avait été fixé entre 200 et 450 francs, mais cela n’avait pas empêché un sold out avec 14 133 spectateurs totalement acquis à la cause des Los Angeles Lakers. « Ma-gic ! Ma-gic ! », hurla de plaisir le public du POPB alors que les Lakers concassaient le Limoges CSP fleuron du basket français. « Dans un premier temps, je ne me suis pas aperçu que le public chantait “Magic”, mais c’était beau. Je suis très étonné de l’impact de la NBA ici ». Magic venait de battre le record du tournoi de passes décisives (21) et était un formidable ambassadeur de la ligue américaine que les passionnés avaient appris à apprécier sur Canal+ avec les commentaires de George Eddy, et qui allait être programmée pour toute la saison le dimanche sur FR3 avec Tony Parker Sr comme consultant.

Pour un Limougeaud, jouer les Lakers c’était tout simplement magique et Frédéric Forte avait rêvé de « planter au moins un 3 points », ce qu’il devait réussir tout comme piquer une balle à Magic himself. Le CSP fut expédié à 31 longueurs (132-101) alors que la Joventut Badalona refusa d’être le faire-valoir de ce conte de fée. Of course, les Lakers étaient en pré-saison, pas très motivés, n’avaient pas du tout étudié le jeu de leur adversaire espagnol qui, lui, rentra dans le match tête baissée sans complexe d’infériorité, mais à 115-114 et 22 secondes à jouer, les Californiens bénéficièrent de la part d’un arbitre américain, Ed Rush, d’un coup de pouce salutaire pour l’ultime remise en jeu. « Si j’avais pu briser ce mythe, j’en serais heureux. Mais c’est déjà un résultat qui démontre que l’écart se rétrécit, que la qualité des joueurs européens augmente sans cesse et que nous avons un bel avenir », commenta Jordi Villacampa. « Je n’ai jamais pensé que nous pouvions perdre », répondit Magic qui s’apprêtait à livrer une bataille bien plus importante.

1996, le contre de Stojan Vrankovic

« Le panier aurait dû être accordé »

Neuf éditions du Final Four de l’Euroleague, neuf participations, la roue de la fortune devait fatalement un jour sourire aux clubs grecs. Les supporters du Panathinaikos le pressentaient, sept milliers d’entre eux avaient investi le POPB, fiévreux, mais sans actes de hooliganisme à déplorer. Le Pana était alors le club le plus fortuné d’Europe avec un budget estimé à la louche entre 56 et 80 millions de francs. Il venait de se payer Dominique Wilkins avec un contrat de 7 millions de dollars sur deux saisons. Ce formidable athlète, ex-superstar des Atlanta Hawks, qui avait illuminé plusieurs fois le concours de dunks du All-Star Game, était à 36 ans au soir de sa carrière. Un bon gars ce Wilkins, mais capricieux et nombriliste. Plusieurs fois le public du Boston Garden lui avait fait savoir ouvertement son mécontentement quand il avait porté le maillot des Celtics. Un journaliste américain écrivit même sans délicatesse que « La plus grande chance des Celtics, c’est d’avoir trouvé un club grec pour se débarrasser de Wilkins ». Lequel Wilkins fit sa tête de con et multiplia les aller-retour entre Athènes et Atlanta, et parut longtemps impropre au jeu européen.

En définitive « The Human Highlight Film » fut élu MVP de ce Final Four parisien. Le Serbe Bozidar Maljkovic, déjà champion avec Split et Limoges, avait su l’apprivoiser. Le Pana méritait-il pour autant son trophée ? À une huitaine de minutes de la fin, il menait de 13 points face à Barcelone toujours en quête lui aussi d’une première consécration. Maljkovic envoya deux meneurs, Panayotis Yannakis et Jon Korfas, pour sécuriser la victoire, mais les jambes des Grecs étaient de plus en plus en coton et leurs mains savonneuses. Yannakis s’affaissa à terre et perdit la balle. Deux joueurs catalans la touchèrent sans la contrôler, elle roula, roula, pour être récupérée par Jose Antonio Montero. Le guard du Barça n’avait plus qu’à la faire passer dans le filet d’un lay-up. C’est alors que l’immense carcasse de Stojan Vrankovic (2,17 m) déboula de derrière le décor. La balle monta, toucha le plexi avant que le Croate ne la baffe pour l’expédier au loin. « C’est la plus incroyable séquence que je n’ai jamais vue. Le plus grand contre que je n’ai jamais vu », s’enthousiasma Wilkins.

Sauf que les Espagnols n’apprécièrent pas du tout la plaisanterie. À l’évidence, la balle avait eu contact avec le plexi et c’est alors réglementairement interdit de la toucher. Dans la nuit, à 3 h 30, la fédération internationale rejeta pourtant l’appel du Barça. Pas question de rejouer le match, même si « une erreur peut être démontrée par le ralenti à la TV ».

« Le panier aurait dû être accordé ». Avec franchise l’arbitre français Pascal Dorizon plaida coupable demandant les circonstances atténuantes, car le match avait été viril et donc pas facile à arbitrer. Le FC Barcelone ne lui accorda aucune excuse et la presse espagnole hurla à la conspiration. Maudit, le Barça échoua encore en finale l’année suivante, toujours face à une équipe grecque, Olympiakos cette fois.

A suivre

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1984, 5000 spectateurs

Dans les tribunes a pris place sa majesté Bobby Knight, coach de l’équipe US pour les Jeux de Los Angeles, venu scouter ses futurs adversaires européens, qui répond si froidement aux journalistes qu’il pourrait geler toute la Somalie. Et puis aussi Bill Walton, intérieur des San Diego Clippers, un mythe du basket universitaire, qui participe à un clicnic avec la présence de trois centaines d’entraîneurs, et qui lui, est tout à fait dispo. « Ils sont bons ces Russes. Je n’ai vu que la seconde mi-temps du match contre l’Espagne, mais ce n°10 (Vladis Valters), quelle classe ! Ils auraient souffert contre notre équipe quand même. Les Américains sont plus puissants et plus techniques ». Les trois grandes networks américaines, ABC, NBC et CBS ont chacune dépêché une équipe pour réaliser des reportages sur le tournoi de basket et surtout sur l’équipe soviétique d’Arvidas Sabonis dont on vient d’apprendre qu’elle ne participera pas aux Jeux puisque l’URSS les boycotte.

Trois semaines auparavant, le Palais des Sports de Paris-Bercy a été inauguré par Jacques Chirac, maire de Paris. Son architecture est avant-gardiste avec sa forme pyramidale et ses parois recouvertes de pelouse. Son fonctionnement est inspiré du Madison Square Garden de New York avec un espce modulable, qui lui permet d’organiser les Six Jours de Paris de cyclisme sur piste (jusqu’en 1989), de monter des spectacles de moto-cross, de stock-car ou encore d’organiser des concerts avec les têtes d’affiche mondiales. Le Tournoi Pré-Olympique de basket essuie un peu les plâtres. Le terrain ne dispose pas exactement des 28 mètres réglementaires, le score apparaît en minuscule, et surtout le POP8 n’a pas fait la promotion promise auprès des collectivités locales et des grands magasins. Chaque journée n’enregistre pas plus de 5 000 spectateurs en moyenne et dans une telle enceinte, ça sonne creux. « Malgré tout, nous avons eu raison de faire disputer ce Tournoi Pré-Olympique à Bercy plutôt qu’à Coubertin où nous étions assurés de faire le plein pour chaque journée, mais dont le cadre ne vaut pas celui du POP8 », juge Christian Mansion, le directeur administratif de la fédération.

Les Bleus se qualifient pour les Jeux après une dernière victoire sur Israël. Jean Luent, leur coach, s’enflamme un peu.

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Article paru dans Maxi-Basket

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