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Le clasico Limoges-Pau (1): Des faits, des chiffres et des punchlines

Comme Olympiakos-Panathinaikos en Grèce, Real-Barça en Espagne, et le derby de Bologne quand les deux équipes jouent dans la même division, Limoges Cercle Saint-Pierre vs. Elan Béarnais Pau-Lacq-Orthez est le match le plus sulfureux de l’année en Jeep Elite. BasketEurope y consacre sa semaine avant

Comme Olympiakos-Panathinaikos en Grèce, Real-Barça en Espagne, et le derby de Bologne quand les deux équipes jouent dans la même division, Limoges Cercle Saint-Pierre vs. Elan Béarnais Pau-Lacq-Orthez est le match le plus sulfureux de l’année en Jeep Elite.

BasketEurope y consacre sa semaine avant la 104e édition de dimanche avec pour commencer un rappel des faits et des chiffres fondamentaux pour comprendre pourquoi cette confrontation mérite le label de Clasico.

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1

14 octobre 1978. La date de la première rencontre entre Limougeauds et Orthéziens à La Moutète. Large victoire de l’Elan Béarnais 113-80. La rivalité a démarré un peu plus tard avec les deux Coupe Korac gagnées par Limoges (1982 et 83) et suivies par celle d’Orthez (1984). Elle a pris de l’ampleur car les deux clubs se partagèrent le gâteau national : 11 titres de champion pour le CSP, 9 pour l’Elan Béarnais. Chacun avait ses figures bien identifiables : Richard Dacoury, Stéphane Ostrowski, ou encore Don Collins face à Freddy Hufnagel, les frères Gadou et Freddy Fauthoux. Matois, charismatique, le président béarnais Pierre Seillant joua un rôle fondamental dans cette rivalité. Ce n’est qu’au fil du temps que le terme de clasico fut employé. La 100e édition, il y a deux ans, fut très nostalgique car avec le turnover dans les effectifs il est impossible de faire perdurer la tradition aussi efficacement. Dans la Haute-Vienne et les Pyrénées Atlantique, on fit redescendre du grenier les belles histoires d’autrefois. La ferveur -pour ne pas dire aussi une forme d’animosité- est d’ailleurs beaucoup plus forte du côté des fans limougeauds. Contrairement à Madrid et Barcelone, Limoges et Pau sont deux villes moyennes et elles ne pouvaient pas posséder éternellement le leadership national. Toutefois, cette 104e édition avec un Elan Béarnais qui a le vent en poupe et un CSP qui doit assurer sa place à la Leaders Cup, s’annonce palpitante.

2

Les deux lancers-francs marqués par Freddy Hufnagel au buzzer lors de l’acte III de la finale de 1987 ont permis la victoire 82-81 et un premier titre de champion de France pour l’Elan. « C’est un symbole. C’est le symbole de sa saison, une saison placée pour lui sous le signe de la réussite totale. C’aurait été injuste que Freddy rate ses lancers. Trop injuste », déclara à chaud le président Pierre Seillant. Avec le recul, Freddy Hufnagel eut plusieurs versions pour décrire ce qui se serait passé si jamais il n’avait pas atteint la cible dont celle-ci : « Les deux lancers-francs, on m’en a souvent reparlé. Et là, je me dis : ‘‘ Qu’est ce que ça aurait été si je les avais manqués!’’ Tout ma vie on m’aurait serré la main comme on dit bonjour à un gars dont tout le monde sait qu’il est cocu, sauf lui : ‘‘ Bonjour, ça va ? Et dans la tête, tu te dis : le pauvre…’’ Sur le coup, Greg (Beugnot) et Jacques (Monclar) ont été sympas. Au moment d’aller sur la ligne, ils auraient pu venir me casser les cou… Ils m’ont laissé tranquille ».

5 et 6

Cinq, c’est le nombre de victoires consécutives (Le Mans, Fos, Châlons-Reims, Boulazac et Chalon) en Jeep Elite du CSP qui est invaincu depuis que François Peronnet a remplacé Kyle Milling comme coach. Avec six victoires de rang (Chalon, Nanterre, Châlons-Reims, Le Mans, Gravelines et Fos), l’Elan Béarnais fait un peu mieux. La dernière défaite des Palois remonte au 16 novembre face à Antibes.

10

Mai 1993. 71-69 pour Pau. Les Limougeauds font tourner la balle et au buzzer Jim Bilba expédie un trois-points qui change tout. L’arbitre Philippe Mailhabiau fait signe qu’il accorde le panier mais la table de marque intervient et son collègue Pascal Dorizon l’annule. Pas d’arbitrage vidéo, à l’époque. Grosse, grosse colère des Limougeauds après avoir visionné la cassette de la troisième manche de cette finale aux couteaux. S’estimant lésé, le staff du CSP menace : « Nous n’irons pas jouer à Pau tant que notre réclamation ne sera pas instruite, » tonne le président Jacques Valade qui exprime une exigence disons peu réaliste : « Nous voulons jouer 10 secondes 2 et reprendre le match à 72-71 en notre faveur. Pour le moment, nous considérons que nous menons toujours 2-0. Ou on nous rend justice ou nous refusons d’aller à Pau mercredi puisqu’il est impossible de gagner là-bas. » Le résultat de cette manche sera entériné. Limoges ira bien à Pau trois jours plus tard pour y gagner 68-64 et remporter la série en quatre manches avec un nouveau titre de champion de France à la clé.

12

Le nombre de pages plus la Une consacrées à la 100e édition du clasico par Le Populaire du Centre le vendredi 13 janvier 2017. Alors que le match était à l’extérieur.

23

28 janvier 1990. Le CSP, qui court vers son premier Final Four européen de la Coupe des Champions alias l’Euroleague, est invaincu en France depuis 23 journées. Qui va mettre fin à cette invincibilité ? Orthez de la paire de coachs, Kenny Grant/Robert Bialé, à La Moutète, forcément. Avec un score fleuve que l’on affectionnait à l’époque, 115-101, et avec deux joueurs à trente points et plus, Stéphane Ostrowski (30) d’un côté et Jose Waitman (34) de l’autre.

27

Le mercredi, Stéphane Ostrowski était annoncé indisponible pour une quinzaine de jours. Un forfait confirmé le jeudi et le vendredi. Intox ? Miracle ? En tous les cas, le samedi, il était bien en tenue, joua 38 minutes, scora 27 points à 9/10 aux tirs du champ, 9/9 aux lancers-francs, capta 8 rebonds et fit 4 passes. Victoire du CSP, 121-106, grâce aussi aux 35 points de Mike McGee  -un fabuleux shooteur à trois-points et… une crasse sur la ligne des lancers-francs- et aux 28 de Michael Brooks. « Nous surpris ? Pas du tout puisque Stéphane Ostrowski après s’être rendu à Lourdes est remonté vers Limoges dans le car de l’Elan Béarnais », ironisa t-on dans le camp orthéziens. Au CSP, on expliqua que le joueur avait effectué une échographie de contrôle le samedi matin et qu’il ne s’agissait en fait que d’une petite élongation. Des étirements, un échauffement, pas de douleurs et Ostro décida de jouer avec l’efficacité décrite.

28/39

85%. Le pourcentage de réussite dans les tirs du CSP lors de la première mi-temps d’un clasico en octobre 1989. C’était le temps du style flamboyant de Michel Gomez. « C’est très agréable de jouer comme ça ; j’ai toujours rêvé de jouer comme les Lakers », se régala Richard Dacoury auteur de 32 points. « Je ne dis pas qu’on joue comme eux mais il y a des points communs, jeu rapide, défense et surtout une philosophie de jeu très proche de la leur. » Ce que le Dac’ ne savait pas encore, c’est qu’il jouera à Bercy contre Magic Johnson et les Lakers deux ans plus tard.

39

1993. Cette année-là, Limoges va être sacré champion d’Europe à Athènes. Mais c’est encore et toujours les Béarnais qui vont les faire chuter en saison régulière après une série de 18 victoires consécutives. Score : 61-55 après prolongation. 50-50 à l’issue du temps réglementaire. Plus de deux fois moins de points que trois ans auparavant ! Le coach serbe Bozidar Maljkovic, sa défense, son jeu sur attaque placée ultra maîtrisée, est passé par là. Les Limougeauds sont contrariés car ils ont mené durant 39 minutes. Mais un géant de 2,31m a mis 22 points (73% de réussite) et pris 18 rebonds dont 12 offensifs : le Roumain Gheorghe Muresan.

Gheorghe Muresan a Pau, France.

40

Don Collins, alias Le Cobra, est l’un des joueurs les plus fantastiques jamais vus au CSP donc en France, dont la NBA ne voulait plus en raison de son addiction à la drogue. L’Américain scora 40 points en 1989 avec 17 paniers sur 20 tentés ! Ajoutez à cela 5 rebonds, 5 passes et une défense comme toujours harassante. « Ce qui nous a manqué pour battre Limoges ? Collins. Aujourd’hui, on a vu du très, très grand Collins », lâcha le coach béarnais George Fisher après la victoire du CSP, 108-97.

51-51

Vainqueur des deux éditions la saison dernière, l’Elan Béarnais a égalisé à 51 victoires et… un nul. Oui, le « nul » a longtemps existé dans le basket français.

64

Le nombre de Clasico disputé comme joueur, entre 1982 et 2002, par Didier Gadou, l’actuel directeur exécutif de Pau. Un record pour l’éternité.

100

Forcément, la 100e édition disputée à Pau le 15 janvier 2017 fut montée en épingle. Un supporter béarnais brandit une pancarte où l’on pouvait lire : « Aussi fragiles que votre porcelaine ». Il avait raison. Le CSP explosa en mille morceaux : 89-57. « CSP : le 100e clasico de la honte, » titra à sa Une Le Populaire.

133

133 à 111. Non, il ne s’agit pas du résultat d’un match de All-Star Game mais du score du Orthez-Limoges du 17 avril 1985 à La Moutète. Le plus élevé de l’histoire des clasico mais aussi du club du Béarn. 32 points pour John McCullough, 29 pour Christian Ortéga, 26 pour Paul Henderson… Olé ! Quatre ans plus tard, le CSP répondait par un 124-101 à Beaublanc. Avant que l’Elan ne quitte La Moutète, 41 clasico avaient eu lieu et 21 avaient vu le vainqueur atteindre ou dépasser les 100 points.

135

Les matches Limoges-Pau ne représentent pas le plus grand nombre d’éditions en Pro A/Jeep Elite. Le record est détenu avec les Le Mans/Villeurbanne qui existent depuis la saison 1962-63 avec comme seule interruption les trois saisons que le MSB alors appelé SCM a passé en Pro B. Mais on n’a jamais parlé de clasico… Certains savent mieux valoriser la tradition que d’autres.

The Derby

Passé brièvement par l’Elan Béarnais, l’Américain Anthony Goods, actuellement à Nancy, a réalisé un (bon) documentaire sur la rivalité entre les deux clubs. Ce premier tournage lui a pris cinq mois durant son temps libre. Pierre Seillant, Didier Gadou, Freddy Hufnagel, Florent Pietrus, Laurent Foirest, Richard Dacoury, Stéphane Ostrowski, Greg Beugnot, Frédéric Weis, Michel Gomez, Yann Bonato, Jim Bilba, Xavier Popelier, quelques autres, et… Frédéric Forte font partis des intervenants. C’est en français traduit en anglais. Et inversement.

La bagarre de 1987

Quelque part, tout a commencé un an auparavant avec une altercation entre le Franco-Sénégalais d’Orthez, Ben Kaba, et l’Américain Mike Davis. Le premier avait voulu balancer une chaise sur la tête du second mais c’est son équipier Paul Henderson qui l’avait prise en pleine poire. « Kaba, c’était un guerrier bantou. Il ne te demande pas d’explications, il te coupe d’abord en deux. L’autre a évité la chaise et c’est Paul qui voulait les séparer qui a tout pris. Et il est revenu avec nous dans le bus le nez défoncé, en sang, ouvert, opéré en arrivant », expliqua plus tard Freddy Hufnagel.

Donc nous sommes à La Moutète le 2 mai 1987 pour la deuxième manche de la finale. Avant le match, Pierre Seillant et Michel Gomez échangent des noms d’oiseau. La tension est palpable.

Le Limougeaud Alain Forestier shoote de l’aile gauche. Au même moment, Paul Henderson et Clarence Kea se prennent à bras le corps dans la raquette. Qui a commencé ? Henderson -qui est alors détesté un peu partout en France ; on dira qu’il y avait un « contrat » sur sa tête- pour les Limougeauds. Kea pour les Orthéziens. Personne ne miserait alors un dollar sur Henderson car Kea est un ancien boxeur poids lourds. 130 kg. Mais les joueurs, ceux qui étaient sur le terrain comme sur le banc, s’en mêlent, à commencer Jacques Monclar qui prend Henderson par la gorge puis un bourre-pif de la part de Franck Butter et Ben Kaba qui cherche la confrontation directe avec Kea. L’altercation se termine sur la table de presse où Ben Kaba se retrouve en mauvaise posture.

« Il était en train d’étrangler Kaba. Je suis arrivé derrière en tant que délégué de salle. Je l’ai pris par les hanches. Je me suis aperçu qu’il était tellement large et costaud que j’ai appliqué une recette de rugby de l’époque, je lu ai mis la main sur les parties. Il a commencé à faire des moulinets… Deux jours après il vient me voir et il me dit « T’es quand même gonflé, à ton âge, on ne fait pas ça ! »», raconta Pierre Seillant.

Cela se termina aussi vite que ça avait commencé. On vit quelques képis sur le terrain… mais une fois que chacun avait déposé les armes. Pas folle la Maréchaussée!

A l’époque, de tels matches étaient diffusés l’après-midi sur Antenne 2 et, choqué, le journaliste Patrick Chêne fustigea exagérément les acteurs alors qu’en France, il s’agissait d’un incident très exceptionnel.

« Même si le jeu est dur sur le terrain, il y a un respect mutuel. Il ne faut rien exagérer », estima Freddy Hufnagel. « Ce n’était sans doute pas le jour pour faire ça. C’est la finale du championnat, devant la télé, mais ça peut arriver n’importe quand », compléta Jacques Monclar.

On était bien loin du scandale qui était survenu quelque temps auparavant dans le championnat national lorsque Barcelone fut déclaré forfait lors du troisième match de la finale suite à une bagarre générale. Ou ce que l’on voit si souvent au rugby et presque quotidiennement au hockey-sur-glace.

Cette bagarre a évidemment largement contribué à l’époque à exacerber la rivalité entre les deux clubs et leurs supporters. Avec Internet, les images sont réapparues près de trois décennies plus tard et ont… ravivé la flamme.

Les punchlines

« Ils ont été mar­qués par notre victoire à Padoue en finale de la Coupe Korac 1982. On a gagné en prime time à la télévision devant 8 mil­lions de téléspectateurs. On a créé un trouble dans le basket français et ils nous ont énormément ja­lousés. » Xavier Popelier, ancien président du CSP, dans Le Populaire.

« Quand il (Pierre Seillant) dit avoir attrapé Clarence Kea par les parties inti­mes, c’est juste de la van­tardise. Il a tendance à embellir les choses. » Xavier Popelier, ancien président du CSP, dans Le Populaire.

« Pourquoi ne pas obliger Orthez à mettre un plancher, ce serait quand même mieux que de jouer dans le caca d’oie… ». Jean-Michel Sénégal, ancien joueur du CSP, dans Maxi-Basket. Considérant cette réflexion comme une insulte, Henri Page et quelques autres Orhéziens envoyèrent au meneur de jeu limougeaud pour les vœux une petite boîte contenant… de la fiente d’oie.

« On va travailler dur cette semaine pour arriver en pleine forme et puis… ce n’est pas souvent que je tiens des propos comme ça mais vraiment si on pouvait aller les claquer là-bas ça serait bien, ça serait même très très bien ». Didier Rey, actuel président de l’Elan Béarnais, à propos du match de dimanche prochain, sur France Bleu Béarn.

« Entre joueurs, on était pourtant assez potes. J’ai commencé ma carrière internationale avec Monclar, Vestris, Deganis, Demory. En équipe de France, j’étais en chambre avec Jacques Monclar. Et je ne me levais pas tous les matins en me disant : ‘‘ allez, aujourd’hui je vais tuer un Limougeaud !’’ » Freddy Hufnagel, ancien joueur de l’Elan Béarnais, dans Sud Ouest.

« La vraie his­toire commence en 1982 quand Limoges gagne la Korac. En 84, on gagne à notre tour. C’est là que dé­marrent les hostilités. Ils sont jaloux de notre réus­site. » Pierre Seillant, ancien président de l’Elan Béarnais, dans La République des Pyrénées.

« Seul le niveau ordurier d’une petite frange du public de Limoges était inacceptable. J’ai été personnellement sali au propre comme au figuré. On m’a craché dessus et je suis sorti de Beaublanc sous escorte de la police. C’est le seul endroit en France où c’est arrivé, et à plusieurs reprises. » Pierre Seillant, ancien président de l’Elan Béarnais dans sa biographie, « Au cœur de l’Elan Béarnais ».

« Il ne se passe pas une défaite de Limoges sans que ça me fasse sourire, c’est comme ça. » Pierre Seillant, ancien président de l’Elan Béarnais, dans La République des Pyrénées.

« Dans la vie, ce qui compte ce n’est pas seulement la première fois. Parce que des fois, quand on est le premier, on ne s’en remet pas (…) Et puis, on ne va pas tout le temps nous comparer à Limoges ! Il faut bien qu’il y ait un concurrent à Limoges, sinon vous vous emmerderiez tous ! » Pierre Seillant, alors président de l’Elan Béarnais après le titre de champion d’Europe du CSP en 1993, dans Maxi-Basket.

« J’ai connu une époque, j’ai assisté à des événements impensa­bles aujourd’hui. J’ai vu Mathieu Bisseni étrangler un arbitre, des envahisse­ments de terrain avec des bagarres générales et l’in­tervention des gendarmes. J’ai aussi vu Pierre Seillant faire un croche­pied aux arbitres… C’était un autre monde, sans ralenti ni ré­seaux sociaux ». Didier Gadou, directeur exécutif et ancien joueur de l’Elan Béarnais, dans La République des Pyrénées.

« P… Que c’est bon ! » Didier Gadou, directeur exécutif et ancien joueur de l’Elan Béarnais, après le titre de champion de France 2008 obtenu à Limoges dans La République des Pyrénées.

https://www.youtube.com/watch?v=E4Nam1hYJZw

« Ils ont toujours grandi pour essayer de faire comme nous ! C’est deux clubs qui sont proches, mais on a toujours une longueur d’avance, on les voit toujours dans le rétroviseur. » Frédéric Forte, ancien président et joueur du CSP, à France Bleu.

« Quand tu gagnais le clasico, il y avait une satisfaction particulière. Evidemment, quand tu le perdais, c’était mitigé mais ça pouvait aussi servir de tremplin. Quand on perd après prolongation sur le panier de McCord en 2009, derrière on fait 11 victoires consécutives. » Didier Dobbels, ancien joueur et coach du CSP et ancien coach de l’Elan Béarnais dans Le Populaire.

« Kaba, Bis­seni et Henderson met­taient des coups en douce mais ça restait du basket. En fait, le problème, c’est qu’ils ont toujours mal vécu qu’on soit plus titré qu’eux. Alors ils cher­chaient des artifices… » Stéphane Ostrowski, membre du Directoire et ancien joueur du CSP dans Le Populaire.

« La rivalité se transmettait oralement du plus vieux au plus jeune. Moi je n’étais pas Limougeaud mais à la fin je les détestais. C’était viscéral. » Frédéric Weis, ancien joueur du CSP, au Populaire.

« Sur le terrain, il y avait 50% de l’équipe de France. Mais à mon époque à Limoges, c’était moins prononcé qu’avant. Mais malgré tout aux rassemblements des Bleus il n’était pas simple de faire une équipe avec Palois et Limougeauds. Il y avait une animosité, une agressivité quand on se retrouvait. Les Palois restaient dans leur coin. » Yann Bonato, ancien joueur du CSP, dans L’Equipe.

« Didier Gadou ! Il était mythique car il faisait mal. Si tu n’avais pas deux, trois gros hématomes aux cuisses après l’avoir croisé, c’est que tu ne l’avais pas croisé ! Les genoux et les coudes traînaient… Physiquement, tu en sortais marqué. » Yann Bonato, ancien joueur de Limoges, à L’Equipe.

« J’ai souvenir de Freddy Fauthoux qui tombe en arrière lors d’un duel. Au passage, il me met une grosse baffe dans la gueule. Rien n’était gratuit. Ces deux-là (Didier Gadou et Fred Fauthoux) étaient l’essence même du classique, de la mauvaise foi incarnée. Fauthoux se transcendait sur ce match-là, tout en gardant une certaine lucidité pour mettre des paniers importants à la con ! » Yann Bonato, ancien joueur du CSP, dans L’Equipe.

« Je ne me souviens pas particulièrement d’une baffe donnée à Bonat’. Ce devait être une tape amicale, comme d’habitude. (Il éclate de rire) En fait, je crois que je lui ai donné en me relevant, même si je ne me souviens pas vraiment de celle-ci… Tu sais, contre Limoges, mettre un taquet, c’était souvent le moyen d’inverser un peu la tendance quand le match ne se déroulait pas comme prévu… Si tu étais dominé côté basket, il fallait bien essayer d’envenimer les choses, histoire que la tendance s’inverse. Alors, la petite claquasse, le coup de coude, c’étaient juste presque des gestes techniques à disposition qu’on se réservait pour ces matches-là… Même si derrière, j’ai toujours adoré et adore toujours aller boire un coup avec Bonat’ ! » Freddy Fauthoux, ancien joueur de l’Elan Béarnais sur lnb.fr

« Je pense qu’avec Pierre Seillant nous sommes les deux favoris des supporteurs de Limoges. Sur le terrain, je pouvais être le pire des coquins. Quand tu es de Pau, tu ne rêves que de jouer et gagner à Limoges. Décrocher un titre sur leur parquet est ce qu’il y a de plus beau. » Freddy Fauthoux, ancien joueur de Pau, au Parisien.

« J’avais une cassette VHS. C’était celle de la bagarre de la finale de 87. Dans le bus nous amenant à Limoges, je sortais alors la cassette et je la mettais. Pour expli­quer à ceux qui ne le sa­vaient pas – ou pas assez – l’histoire de ce match. Pour qu’ils la compren­nent. Pour les condition­ner. Pour leur dire que ces mecs­ là sont forts à Limo­ges, mais que nous on est super ! ». Freddy Fauthoux, ancien joueur de l’Elan Béarnais, au Populaire.

« Il y avait tellement de supporteurs, qu’on avait dû être escortés par des policiers pour monter les quelques marches qui séparent les vestiaires du car. On recevait une pluie, mais ce n’était pas de l’eau, et aussi une pluie de noms d’oiseaux… Des gens se collaient au bus pour ne pas qu’on parte. » Freddy Fauthoux, ancien joueur de l’Elan à propos du titre de Pau en 1998, au Parisien.

« Pour moi, le gros changement par rapport à nos premières rencontres, c’est le passage de l’Elan à Pau. L’équipe est beaucoup moins sympathique que par le passé. Avant, c’était un peu une équipe irréductibles, avec un super public. (…) Aujourd’hui, l’Elan, c’est une équipe pro, avec un public agressif et malsain que je n’aime pas du tout. » Richard Dacoury, ancien joueur du CSP, avant la demi-finale de 1994 dans La République des Pyrénées.

« Mon premier match en pro, c’était en préparation à Limoges et les trois kops étaient là. Comme toujours on s’est fait siffler, insulter, il y a eu des gestes… Quand on voit à quel point ils nous détestent, on ne peut que les détester en retour. Quand on va à Beaublanc, personne n’est là pour nous accueillir, personne ne nous dit bonjour, ils font semblant de ne pas nous voir. Alors oui, je déteste Limoges. Et puis Frédéric Fauthoux était haï là-bas et moi aussi je suis Landais. » Rémi Lesca, ancien joueur de l’Elan Béarnais dans Sud-Ouest.

« Avec Limoges, la règle c’est : pas de cadeau. S’il y a une grosse faute à faire, je la ferai. Chaque match est comme une finale. » Rémi Lesca, ancien joueur de l’Elan Béarnais dans Sud-Ouest.

Sur twitter

Didier Gadou, directeur exécutif de Pau-Lacq-Orthez et Frédéric Forte, président du Limoges CSP s’interpellaient parfois sur twitter. Vertement. Tous les deux avaient porté le maillot vert dans chaque camp (plus le jaune pour Forte). Cet échange musclé date de septembre 2017.

Les supporters ne s’épargnent pas non plus avec un courant bien plus important dans le sens Limoges-Pau. Voici juste deux exemples.

« Il y a bien pire que prendre une rouste à Pau : écouter Claude Bergeaud commenter un #clasico »

« Bonjour à tous, sauf à ceux qui supportent un club nommé CSP #Clasico #BeatCSP »

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14 octobre 1978. La date de la première rencontre entre Limougeauds et Orthéziens à La Moutète. Large victoire de l’Elan Béarnais 113-80. La rivalité a démarré un peu plus tard avec les deux Coupe Korac gagnées par Limoges (1982 et 83) et suivies par celle d’Orthez (1984). Elle a pris de l’ampleur car les deux clubs se partagèrent le gâteau national : 11 titres de champion pour le CSP, 9 pour l’Elan Béarnais. Chacun avait ses figures bien identifiables : Richard Dacoury, Stéphane Ostrowski, ou encore Don Collins face à Freddy Hufnagel, les frères Gadou et Freddy Fauthoux. Matois, charismatique, le président béarnais Pierre Seillant joua un rôle fondamental dans cette rivalité. Ce n’est qu’au fil du temps que le terme de clasico fut employé. La 100e édition, il y a deux ans, fut très nostalgique car avec le turnover dans les effectifs il est impossible de faire perdurer la tradition aussi efficacement. Dans la Haute-Vienne et les Pyrénées Atlantique, on fit redescendre du grenier les belles histoires d’autrefois. La ferveur -pour ne pas dire aussi une forme d’animosité- est d’ailleurs beaucoup plus forte du côté des fans limougeauds. Contrairement à Madrid et Barcelone, Limoges et Pau sont deux villes moyennes et elles ne pouvaient pas posséder éternellement le leadership national. Toutefois, cette 104e édition avec un Elan Béarnais qui a le vent en poupe et un CSP qui doit assurer sa place à la Leaders Cup, s’annonce palpitante.

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Les deux lancers-francs marqués par Freddy Hufnagel au buzzer lors de l’acte III de la finale de 1987 ont permis la victoire 82-81 et un premier titre de champion de France pour l’Elan. « C’est un symbole. C’est le symbole de sa saison, une saison placée pour lui sous le signe de la réussite totale. C’aurait été injuste que Freddy rate ses lancers. Trop injuste », déclara à chaud le président Pierre Seillant. Avec le recul, Freddy Hufnagel eut plusieurs versions pour décrire ce qui se serait passé si jamais il n’avait pas atteint la cible dont celle-ci : « Les deux lancers-francs, on m’en a souvent reparlé. Et là, je me dis : ‘‘ Qu’est ce que ça aurait été si je les avais manqués!’’ Tout ma vie on m’aurait serré la main comme on dit bonjour à un gars dont tout le monde sait qu’il est cocu, sauf lui : ‘‘ Bonjour, ça va ? Et dans la tête, tu te dis : le pauvre…’’ Sur le coup, Greg (Beugnot) et Jacques (Monclar) ont été sympas. Au moment d’aller sur la ligne, ils auraient pu venir me casser les cou… Ils m’ont laissé tranquille ».

5 et 6

Cinq, c’est le nombre de victoires consécutives (Le Mans, Fos, Châlons-Reims, Boulazac et Chalon) en Jeep Elite du CSP qui est invaincu depuis que François Peronnet a remplacé Kyle Milling comme coach. Avec six victoires de rang (Chalon, Nanterre, Châlons-Reims, Le Mans, Gravelines et Fos), l’Elan Béarnais fait un peu mieux. La dernière défaite des Palois remonte au 16 novembre face à Antibes.

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Mai 1993. 71-69 pour Pau. Les Limougeauds font tourner la balle et au buzzer Jim Bilba expédie un trois-points qui change tout. L’arbitre Philippe Mailhabiau fait signe qu’il accorde le panier mais la table de marque intervient et son collègue Pascal Dorizon l’annule. Pas d’arbitrage vidéo, à l’époque. Grosse, grosse colère des Limougeauds après avoir visionné la cassette de la troisième manche de cette finale aux couteaux. S’estimant lésé, le staff du CSP menace : « Nous n’irons pas jouer à Pau tant que notre réclamation ne sera pas instruite, » tonne le président Jacques Valade qui exprime une exigence disons peu réaliste : « Nous voulons jouer 10 secondes 2 et reprendre le match à 72-71 en notre faveur. Pour le moment, nous considérons que nous menons toujours 2-0. Ou on nous rend justice ou nous refusons d’aller à Pau mercredi puisqu’il est impossible de gagner là-bas. »

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Photo ouverture: Vitalis Chikoko (Pau) va vivre son cinquième clasico. Une sorte de record pour un joueur étranger à l’époque contemporaine.

Sources : BasketNews, Le Populaire du Centre, La République des Pyrénées, Sud-Ouest, Maxi-Basket, L’Equipe, Au cœur de l’Elan Béarnais. Merci à Hugues Blondeau pour sa précieuse contribution.

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