Limoges a connu hier soir une sortie de route spectaculaire au Mans (65-89). La fatigue engendrée par l’Eurocup est une partie de l’explication. La qualité du jeu manceau en est une autre.
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La poignée d’Ultras qui avait fait la route depuis Limoges mérite une standing ovation. Engloutis parmi les six milliers de spectateurs d’Antarès, ils n’ont cessé de chanter et de taper dans leurs mains alors que ce qu’ils avaient sous les yeux avait de quoi vous dégoûter d’avoir le CSP dans la peau.
« En première mi-temps, on est vraiment dans ce que l’on veut développer, à savoir une défense qui était agressive où tout le monde était sur la même page. On n’a pas laissé grand-chose à l’adversaire et puis en attaque on a trouvé des solutions, on a été très adroit à trois-points sur l’ensemble du match (11/17) et en première mi-temps encore plus (8/11) », se réjouissait Eric Bartecheky.
Le coach manceau confirmait qu’il n’a pas vu pareilles vingt premières minutes depuis le début de saison quand son équipe culbutait Gravelines et Bourg-en-Bresse à Antarès et piégeait Monaco et Strasbourg dans leur demeure.
L’évolution du score était un crèvecoeur pour tout le Limousin. 19-10 puis 33-16 après un simili dunk de Antoine Eito et un trois-points de Justin Cobbs, converti en bourreau en chef avec 11 points à son actif en dix minutes. Statistiquement, tout était favorable au MSB : 11/17 aux tirs pour les Manceaux, 6/8 à trois-points, et puis 11 rebonds pour 6 au CSP, 8 passes à 2.
« On a commencé le match comme un match amical », constata Kyle Milling, le coach limougeaud. « Le Mans a été deux fois et même trois fois plus vite que tout le monde sauf peut-être Dru Joyce qui était en jambes, un peu. Sinon tout le monde était lent physiquement et aussi mentalement pendant vingt minutes. »
L’entrée de DJ Stephens apporta le coup de grâce. Celui-ci n’est pas seulement un voltigeur, il possède un shoot à trois-points d’une grande fiabilité (4/6 hier soir) qu’il arme, évidemment, très haut dans les airs. Le MSB s’amusa avec la zone limougeaude en carton-pâte. A l’autre bout du terrain, la défense mancelle était une citadelle imprenable et les Limougeauds se servaient des shoots à huit mètres comme d’une tente à oxygène. Seul le meneur Dru Joyce (4/4 à trois-points) se montrait alors à son affaire. Le manque d’agressivité se matérialisa par l’absence d’un seul lancer sifflé en leur faveur. En désespoir de cause, Kyle Milling envoya le jeune Thimoté Bazille, 18 ans, sur le front et il se fit bâcher aussitôt par Youssoupha Fall qui a signé hier soir son cinquième double double de la saison (10 points et 13 rebonds).
La perfection du jeu manceau se révélait dans un ratio de 16 passes pour une seule balle perdue en vingt minutes. Par ailleurs, la complémentarité du groupe est symbolisée par Terry Tarpey, hyper complet, âpre défenseur, et qui hier en conférence de presse a même fait l’effort de parler français !
Quand le CSP s’est mis à jouer en mode Eurocup
Le paroxysme fut atteint après deux minutes en deuxième mi-temps après cinq points de Mykal Riley et un and one de Justin Cobbs : 63-33, soit trente points d’écart. Totalement inattendu quand on sait que les deux équipes n’étaient éloignées que par une seule victoire au classement.
« On a mis trop de temps à se mettre dans le match, il nous a fallu une mi-temps, on l’a payé. En première mi-temps, on n’y est pas du tout. Ils ont des shoots ouverts, ils les mettent. C’est mérité pour eux, on ne peut en vouloir qu’à nous-mêmes. On a perdu aussi la bataille du rebond (26-39), on sait que c’est une équipe qui en prend beaucoup surtout avec Fall. », analysait William Howard.
Un vieil adage du basket dit que la perfection dure rarement 40 minutes. Alors que le speaker conscient du danger, criait « Antares, on ne s’endort pas. Du bruit ! Du bruit ! », les Limougeauds retrouvaient subitement leur vrai niveau, celui qu’ils ont laissé apercevoir sur certains matches d’Eurocup et qui leur ont permis d’accrocher le top 16. Et puis, la peur de la honte vous fait souvent redoubler d’effort quand vous avez de la fierté. Avec un bon passage de Mam Jaiteh (13 points et 9 rebonds au final), des ballons grappillés ça ou là, et profitant d’une certaine apathie mancelle, le CSP revint subitement à douze points (69-57) alors qu’il restait encore huit bonnes minutes à jouer.
Allions-nous assisté à la remontada du Barça face au PSG en foot ?
« On savait que Limoges allait revenir en deuxième mi-temps avec un autre état d’esprit, en se révoltant. Ils ont été beaucoup plus durs défensivement. Ils nous ont poussés avant que l’on puisse développer notre jeu, on a connu un moment très compliqué. C’est bien aussi car ça nous oblige à être meilleur quand on rencontre ce type de défense là. On a perdu des ballons, on n’a pas réussi à développer du jeu du tout. On n’a pas paniqué non plus et après on a retrouvé le chemin du cercle. Mais on a connu un moment très compliqué. Il y a eu une véritable qualité d’écrans de la part de Limoges. C’est un niveau encore au-dessus quand on rencontre ce type de défense et d’écrans. »
Il n’y eut donc pas de miracle limougeaud. Un alley-oop Romeo Travis/DJ Stephens prouvait que le MSB avait retrouvé rythme et confiance. Le score final, 89-65, reflète la vision d’ensemble du match.
« On a montré un meilleur visage en deuxième mi-temps. J’ai vu un peu de fierté. Mais quand on commence un match comme ça, c’est difficile de revenir car Le Mans était en confiance et nous on a loupé les choses faciles en deuxième mi-temps pour peut-être vraiment faire la différence pour revenir », déplorait Kyle Milling.
Un coup de bambou?
Quand la question lui a été posée de savoir pourquoi le CSP en est à sept défaites de suite à l’extérieur, William Howard a esquissé une réponse mais sans vouloir aller au bout de la démonstration :
« Il y a peut-être les voyages qui pèsent dans les jambes mais on ne veut pas se cacher derrière ça. Je ne sais pas… »
Le thème a été repris avec précaution par Kyle Milling. Rappelons que les Limougeauds avaient eu droit dans la semaine à un ultime voyage européen, le pire de tous, à Kazan, à sept cents kilomètres de Moscou.
« On peut toujours trouver des excuses. Lundi on a fait 24 heures de voyage. Jeudi, on a tapé 20 heures de voyage. Vendredi j’ai été obligé d’annuler l’entrainement à cause de la neige. Hier soir on était neuf, on a fait 45 minutes d’entraînement. On avait les jambes plus lourdes ce soir. C’est comme ça mais l’Eurocup est fini maintenant. C’était la dernière semaine avec un voyage comme ça, on n’aura plus d’excuses. On va à la leaders Cup et après on aura un petit break qui fera du bien pour tout le monde. »
On remarque que parmi les membres du top 7, seul Le Mans et Bourg ne sont pas engagés sur un deuxième front. Et aussi que Gravelines, dans le même temps, a fait chuter Monaco à Gaston-Médecin. Monaco, jusque-là triomphant en Champions League qui a été vaincu pour la première fois par Karsiyaka, en Turquie, et qui en est ainsi à trois défaites d’affilée. Les blessures de DJ Cooper, Ali Traore et celle plus longue de Amara Sy sont des circonstances atténuantes.
Gravelines comme Le Mans et Bourg a pu cette saison se concentrer sur une seule épreuve.
« J’imagine que d’aller à Kazan, ce n’est pas une partie de plaisir », complétait Eric Bartecheky. « Les équipes y laissent de la gomme, forcément. Ça n’enlève pas la prestation que l’on a fourni mais eux étaient peut-être émoussés. Les équipes qui sont en coupes d’Europe à la fois, elles vivent des rencontres d’un niveau supérieur. Quand je vous parle de la réaction de Limoges en deuxième mi-temps, c’est à mon avis ce qu’ils rencontrent face aux grosses équipes d’Eurocup où là il y a une intensité supérieure, une qualité d’écran. Ils ont été capables de reproduire ce qu’ils sont capables de vivre, de faire en Europe. Mais il est possible qu’en première mi-temps, ils aient été émoussés mais ça, c’est leur souci. »
Il n’empêche qu’après ses victoires sur Nanterre, Monaco et Limoges et profitant d’un point average favorable, Le Mans est repassé en tête de la Pro A. Avec huit joueurs. Le neuvième, Chris Lofton, fera son retour demain à l’entraînement. Et même s’il ne sera pas forcément dans le bon rythme, il sera précieux pour le MSB s’il veut passer trois jours à Disneyland. La Leaders Cup requiert des rosters supérieurs sur le plan qualitatif et quantitatif. Ceux que possèdent en principe les équipes engagées en BCL et en Eurocup.
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La poignée d’Ultras qui avait fait la route depuis Limoges mérite une standing ovation. Engloutis parmi les six milliers de spectateurs d’Antarès, ils n’ont cessé de chanter et de taper dans leurs mains alors que ce qu’ils avaient sous les yeux avait de quoi vous dégoûter d’avoir le CSP dans la peau.
« En première mi-temps, on est vraiment dans ce que l’on veut développer, à savoir une défense qui était agressive où tout le monde était sur la même page. On n’a pas laissé grand-chose à l’adversaire et puis en attaque on a trouvé des solutions, on a été très adroit à trois-points sur l’ensemble du match (11/17) et en première mi-temps encore plus (8/11) », se réjouissait Eric Bartecheky.
Le coach manceau confirmait qu’il n’a pas vu pareilles vingt premières minutes depuis le début de saison quand son équipe culbutait Gravelines et Bourg-en-Bresse à Antarès et piégeait Monaco et Strasbourg dans leur demeure.
L’évolution du score était un crèvecoeur pour tout le Limousin. 19-10 puis 33-16 après un simili dunk de Antoine Eito et un trois-points de Justin Cobbs, converti en bourreau en chef avec 11 points à son actif en dix minutes. Statistiquement, tout était favorable au MSB : 11/17 aux tirs pour les Manceaux, 6/8 à trois-points, 11 rebonds à 6, 8 passes à 2.
« On a commencé le match comme un match amical », constata Kyle Milling, le coach limougeaud. « Le Mans a été deux fois et même trois fois plus vite que tout le monde sauf peut-être Dru Joyce qui était en jambes, un peu. Sinon tout le monde était lent physiquement et aussi mentalement pendant vingt minutes. »
L’entrée de DJ Stephens apporta le coup de grâce.
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Photo: Eurocup