Au sortir de la Coupe du monde U19 où la France a été vaincue en finale par l'Espagne, son sélectionneur Lamine Kebe nous a accordé un entretien. Fier du parcours de ses Bleuets, il nous décrit en quelques phrases chacun des 12 jeunes hommes qui ont décroché la médaille d'argent à Debrecen.
Zacharie Perrin : "Il a fait une compétition exceptionnelle et, si nous avions gagné, il aurait élu MVP du mondial. En finale, il prend 20 rebonds, c'est une performance historique ! Il est lui aussi monté en puissance, surtout sur la partie défensive qui n'est pas son atout premier. Il devient petit à petit un joueur complet, capable de prendre des tirs de loin. J'espère qu'il va continuer à s'épanouir et à progresser à Antibes en Pro B. Il a un potentiel énorme et sort d'une compétition de très haut niveau. Quand on sait l'année difficile qu'il a vécue, c'est d'autant plus incroyable. Nous l'avions fait venir au Pôle France au mois d'avril pour le remettre en forme et l'aider à reprendre confiance en lui.
Melvin Ajinca : J'ai aussi envie de dire une compétition exceptionnelle, de très haut niveau. Il n'a pas été élu dans le 5 majeur de la compétition (mais dans le 2e meilleur Cinq de la compétition - ndlr), les coaches et experts ne vous diront pas le contraire. Cela fait cinq ans que je le connais, que je l'entraîne, il est passé par le Pôle France. Il a fait une très grande saison cette année avec Saint-Quentin en Pro B. J'ai vu une évolution exceptionnelle dans sa gestion des émotions, il a grandement avancé dans ce domaine là aux côtés de Julien Mahé. Il a été d'une constance exceptionnelle durant toute la compétition, un leadership... Ce n'est pas un vocal mais par ses actions, son adresse à trois-points, son impact des deux côtés du terrain, c'est un joueur de très haut niveau. Il a une sérénité, une capacité à prendre des shoots très difficiles et à les mettre. Il coche beaucoup de cases pour un potentiel futur A.
Zaccharie Risacher : Il faut rappeler qu'il sort d'une saison où il a pris beaucoup d'expérience avec l'ASVEL, où il a joué quelques minutes en Euroleague avec les professionnels... mais des minutes, il lui en manquait aussi. Il a moins joué en fin de saison avec l'ASVEL lors des matches plus importants et il est arrivé un petit peu en manque de confiance. Il fallait corriger cela pendant la préparation et au final il fait une belle fin de compétition, notamment en demi-finale contre les Etats-Unis (13 points en 16 minutes, ndlr). C'est un potentiel énorme pour le futur du basket français, j'en suis certain. N'oublions pas qu'il a été ciblé par les adversaires durant la finale mais il a laissé les attaques pour ses coéquipiers et s'est concentré sur la défense. Il a fait le travail pour l'équipe, toujours avec le sourire, à encourager... Des choses qui n'apparaissent pas statistiquement mais pour un joueur né en 2005, cela a été une compétition de très haut niveau. C'était un statut nouveau pour lui et cette compétition le fera grandir pour le futur.
Noah Penda : Il fait partie des joueurs qui ont fait une grande compétition et n'oublions pas que c'est un 2005. Sur le terrain, il a un coeur énorme. En entretien individuel, il m'a dit qu'il voulait "être le ciment de cette équipe". C'est un joueur qui est partout, il contre, fait des passes, dissuade, est d'une polyvalence folle des deux côtés du terrain. C'est un joueur que je connais tellement bien. Son année à Vichy lui a justement permis de gagner en expérience. Il nous a beaucoup aidé.
Romain Parmentelot : C'est un peu le taiseux de l'équipe. Il est très calme, très posé mais en même temps très pertinent quand il prend la parole. Il ne la prend pas souvent, mais lorsqu'il la prend, nous savions que c'était important. Il a fait une super compétition, d'un point de vue défensif surtout... Ce qu'il a été capable de faire aux arrières espagnols, cela a été du très haut niveau. Il a la capacité de franchissement en attaque et il a tenu la maison avec Alexandre Bouzidi à la mène. Il a une très grande connaissance du jeu et ce quelqu'un avec qui j'ai eu une vraie relation sur le terrain, toujours en adéquation, à se regarder et c'est toujours très agréable.
Lucas Fischer : C'était sa première compétition internationale car avant il était un peu barré par la concurrence. Il a fait une année de très haute qualité et a été intégré à la Betclic Elite sous Pascal Donnadieu à Nanterre. Cela lui a permis de monter très haut dans la hiérarchie dans le groupe et il a été un vrai facteur X pour nous durant la compétition, dès les quarts de finale. Il a vite pris la place de première-deuxième rotation avec un impact offensif que l'on qualifierait de slasheur, qui finit proche du cercle, avec de la vitesse et des qualités athlétiques. Et défensivement, c'est un joueur aux qualités aériennes, de très haut niveau. Humainement, c'est un rayon de soleil pour nous au quotidien. Une très belle révélation.
Alexandre Bouzidi : C'est un meneur de jeu de plus de 1,90 m, c'est plutôt rare et il faut le noter ! Il a un caractère énorme, n'a peur de rien et il l'a montré. Il y a un an, dans cette même équipe, il était troisième meneur... Puis il est passé titulaire cette année et a assumé ce rôle avec brio. Certes, il a perdu des ballons mais c'est un joueur qui aime prendre des risques, parfois c'est payant comme contre les Etats-Unis. Pendant la finale, je ne pense pas qu'il fait un mauvais match. Il faut se rendre compte de la pression qu'il a subi pendant les 40 minutes et je trouve qu'il a assumé son rôle surtout en défense, en limitant Rafael Villar. Il a vraiment pris son envol sur cette compétition, a eu des responsabilités et il va continuer sur cet élan à Roanne cette année.
Alexandre Sarr : C'est le joueur qui a le plus progressé au fil de la compétition, qui représente l'image de notre équipe. Le talent, il l'avait avant de débuter, mais au fur et à mesure du mondial, il a été de plus en plus dur. Il a été prêt à gérer les impacts du haut niveau et possède une marge de progression énorme. Il ne doit pas se fixer de limite et fait partie des joueurs qui peuvent arriver en équipe de France A. C'est un vrai joueur de match ! Dans les moments importants, il est présent alors que dans la vie de tous les jours, il est très cool, ne se prend pas la tête.
Halvine Dzellat-Diakeno : Le capitaine de l'équipe. Un capitaine de valeur, d'exemple, un guerrier, un vrai soldat. C'est un joueur qui a pris la parole presque tous les jours, de manière solennelle et qui a toujours été écouté. Il a fait une super compétition, est présent au rebond, à la dissuasion... En demi-finale contre les Américains, il a éteint le meilleur joueur pendant 5-6 minutes, des éléments qui ne sont pas calculés sur la feuille statistique.
Simon Correa : Juste avant le début de la compétition, nous avons fait les entretiens individuels avec les joueurs et de lui-même, il m'a dit : "Je sais que je ne vais pas avoir un gros temps de jeu mais mon rôle est que tout se passe bien dans l'équipe." Il me dit en rigolant "tu te souviens Adil Rami en équipe France en 2018 ? Si je peux tenir ce rôle, ça ce serait top". Au quotidien, il a été un assistant en plus à mes côtés. Il a une très grande connaissance du jeu. Sur les séances vidéos, il était toujours très dynamique, très pertinent. Cela reste un poste 4 de 2,06 m avec une vraie capacité d'adresse. Il a encore besoin de s'endurcir mais sa connaissance du jeu lui permet d'être présent à ce niveau-là.
Izan Le Meut : Son surnom dans l'équipe, c'était Obelix ! C'était notre grand, qui a une progression exponentielle et qui a montré de belles choses aux côtés de Laurent Foirest à Quimper, malgré une saison collective compliquée. C'est le vrai joueur d'équipe. Il aime bien faire ce que les autres n'aiment pas, aller au contact, poser les écrans, permettre à l'équipe de prendre un rebond. Sur les derniers matches, il a peu joué car les mismatchs ne lui correspondaient pas énormément mais il est quand même rentré en finale ! Cela a sûrement permis à Alexandre Sarr de tenir toute la prolongation. C'est un joueur de 2,15 m, de 110 kg, et qui a un vécu basket beaucoup moins important que ses coéquipiers. Il faut garder un oeil sur lui pour le futur.
Romain Hoeltzel : C'était le troisième meneur et, même s'il n'a pas beaucoup joué, il a été très précieux pour permettre aux cadres de se reposer sur un poste essentiel. En dehors du terrain, il a été important sur les moments de vidéo en équipe, il prenait beaucoup la parole, dans un rôle de meneur de jeu finalement."https://www.basketeurope.com/livenews-fr/678631/itw-lamine-kebe-coach-de-lequipe-de-france-u19-vice-championne-du-monde-la-france-ne-craint-plus-personne/
Photos : © FIBA