Le site SDNA a demandé à cinq coaches grecs ce qu’ils pensent de la perspective d’une Euroleague fermée à partir de 2023. Ce projet fait l’unanimité contre lui. Voici quelques extraits :
THANASIS SKOURTOPOULOS (Iraklis et équipe nationale) :
« Je pense que c’est un frein au développement du basket-ball en Europe. Le fait que les équipes n’aient pas le droit de gagner leur place en Euroleague par le biais du championnat national est très négatif. L’Euroleague, il y a 20 ans, a profité de certaines lacunes et a mis en place une organisation qui ne répond pas aux besoins de toute l’Europe. C’est un groupe d’équipes fermé, c’est une Ligue de joueurs américains et non européens. La partie développement avec de nouveaux acteurs a une très faible présence en Euroleague par rapport à l’ensemble. Cela a créé un très gros problème dans le basket européen. Les équipes qui se démarquent dans les championnats nationaux doivent avoir le droit de jouer, voire de revendiquer leur présence dans la meilleure organisation. »
ILIAS KANTZOURIS (Kolossos Rodou) :
« La quintessence du sport est l’inattendu et la surprise. La Ligue fermée empêche cela, quand on s’habitue à voir les mêmes constamment, quand on est privé du champion de Belgique, ou de Grèce pour participer à ce processus. Et n’oublions pas que cette participation signifie aussi des revenus différents pour les équipes et des perspectives différentes. (…) Bien sûr ma profession est également affectée par la situation qui prévaut avec l’Euroleague. Quand j’entraîne en Allemagne, que je gagne le championnat ou pas, je dois chercher la distinction de quelqu’un d’autre et pas en Euroleague, les perspectives sont beaucoup plus petites pour moi et bien sûr pour mon équipe. Il y a beaucoup moins de bons emplois. Tout ce qui est fermé, comme l’Euroleague, fait mal à tous ceux qui travaillent et sont occupés quotidiennement par le basket-ball. »
ILIAS PAPATHEODOROU (AEK Athènes) :
« Je n’aime pas cette structure qui existe dans le basket européen. Cela ne vous donne pas la possibilité par la compétition de gagner une place parmi les meilleurs. Ils sont tous pré-planifiés. Cela ne vous offre pas le stimulus de rechercher quelque chose de plus. Je ne pense pas que cela crée une étape pour le développement et la diffusion du basket-ball, à la fois en termes de compétition et de marketing. Celui qui veut investir dans le basket ne le fera pas. (…) Il est faux de dire que le football est une chose et le basketball en est une autre. Oui, ce sont deux choses différentes en taille, mais nous parlons des deux sports les plus populaires au monde. Ce qui s’est passé dans le football et ce qui s’est passé dans le basket il y a des années n’est pas différent. C’est exactement la même chose, mais dans des tailles différentes (…) La BCL et la FIBA ont commencé un événement à partir de rien, mais il semble qu’elles sont organisées, qu’elles ont du savoir-faire, qu’elles ont un amour pour le produit et dans bien des domaines elles sont à un très haut niveau. Je ne vois aucune différence d’organisation par rapport à l’Euroleague. Pas même en marketing. Pas même sur les réseaux sociaux, où la BCL est à un niveau extrêmement élevé. Il y a bien sûr une différence compétitive, sur le terrain car les équipes d’Euroleague sont bien supérieures, mais dans le reste je ne vois aucun handicap. »
ARIS LYKOGIANNIS (PAOK Salonique):
« Si nous parlons de la NBA, oui c’est une ligue fermée, mais elle est structurée de telle manière qu’elle a des fonctionnalités incroyables, elle a des règles, elle a le college et la draft ainsi que le plafond salarial. La NBA est une ligue qui renforce les nouveaux efforts et les faibles. La manière dont les ligues fermées de basket en Europe sont structurées se trouve complètement à l’opposé. Et principalement parce que cela limite les championnats nationaux et supprime la motivation des équipes qui ont peut-être eu l’occasion de monter un peu plus haut. Voyez ce qui se passe en Italie. Venezia a remporté le championnat, mais Armani (Milan) a joué en Euroleague. De cette manière, le championnat national est affaibli, ce qui a un impact sur le processus de production, ainsi que sur les équipes nationales. »
SAVVAS KAMPERIDIS (Aris Salonique) :
« J’aime beaucoup l’Euroleague. C’est tellement compétitif que j’aime ça. Au-delà de cela, cependant, c’est un voeu pieux de penser que les championnats ne soient pas ruinés. Parce que les championnats sont ruinés. Si dans les 18 équipes les 16 ont des contrats (Licence A) et que les équipes sont sécurisées, c’est un piège, les équipes n’évoluent pas, ne s’inquiètent pas et ne voient pas la compétition aussi compétitive qu’elle devrait l’être. Il leur suffit de participer. »
NIKOS PAPANIKOLOPOULOS (Larisa) :
« Je suis clairement contre les ligues fermées à tous les niveaux. Dans tous les cas, il doit y avoir un lien entre le championnat et la participation européenne comme récompense. Il faut absolument éviter de créer un produit commercialement fermé, où les critères de participation de groupe seront complètement commerciaux. Ce qui signifie qu’une bonne équipe, qui sera bien classée dans le championnat national, perdra sa place dans un tournoi européen, car les places seront fermées. (…) La question n’est pas de savoir s’il y aura une réaction. Il y en aura. La question est de savoir s’il y aura une réaction globale ou si des réactions individuelles seront observées, ce qui en fin de compte n’aura aucun effet. »
Photo: Thanasis Skourtopoulos