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George Eddy: « la seule occasion pour le basket de faire de l’audience, c’est avec l’équipe de France »

George Eddy est le commentateur de basket le plus célèbre de France. Celui qui fut longtemps la voix de la NBA sera sur place en Finlande et Turquie pour l’EuroBasket puisque le groupe Canal+ a obtenu les droits pour cinq ans des compétitions de la FIBA. Le Franco-Américain a également un avis éclai

George Eddy est le commentateur de basket le plus célèbre de France. Celui qui fut longtemps la voix de la NBA sera sur place en Finlande et Turquie pour l’EuroBasket puisque le groupe Canal+ a obtenu les droits pour cinq ans des compétitions de la FIBA.

Le Franco-Américain a également un avis éclairé sur l’équipe de France et les relations entre la fédération internationale et la NBA.

L’interview est en deux parties.

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Ce sera votre combientième EuroBasket ?

Bonne question. Cela va être mon neuvième commenté sur place et mon douzième en tout. J’ai commenté pour la première fois à l’occasion de celui de 1993 en Allemagne. J’en ai manqué un seul, c’était en Turquie, en 2001, lorsque c’était sur Pathé Sport. J’ai participé à tous les autres d’une manière ou d’une autre.

Vous n’avez pas comptabilisé le nombre de grandes compétitions internationales, Jeux Olympiques, Coupes du Monde, NBA Finals et NBA All-Star Game ?

Je n’ai pas un chiffre précis mais les Jeux Olympiques, je les ai tous fait depuis 1992. Pour Londres, j’étais en plateau à Paris pour en parler tous les jours sur Infosport. J’en ai donc fait six sur place et un en studio. C’est un peu de vantardise de dire ça et je l’ai déjà dit sur twitter et dans des interviewes, je suis sans doute le recordman du monde pour les commentaires des finales NBA, Jeux Olympiques, d’autres compétitions FIBA. Je ne peux pas imaginer qu’un autre commentateur télé en ait fait autant.

Souvent ce ne sont pas les mêmes qui font les compétitions FIBA et NBA ?

Oui, ça dépend qui possède les droits. Par exemple, sur les finales NBA, le recordman américain est par exemple à douze. C’est un peu d’orgueil mais c’est juste pour dire la chance que j’ai eu d’être à Canal et de surfer sur la vague depuis trente-deux ans.

Lorsque BeIN SPORTS a acquis les droits de la NBA, vous étiez-vous senti dépossédé de votre bébé ?

Quelque part, oui, même si ce bébé ne m’appartenait pas réellement. Je pense avoir fait mon maximum pendant vingt-sept ans pour promouvoir la NBA à travers Canal. C’est sûr que c’était une journée noire pour moi et tous les collaborateurs qui bossaient sur la NBA avec beaucoup de passion. Ce qui à l’époque m’avait déçu, c’était de devoir arrêter Canal NBA qui avait touché un grand public le lundi soir sur Canal+ Sport avec Jacques Monclar, Vincent Radureau et Xavier Vaution. On avait vraiment une Dream Team et on faisait le meilleur magazine possible à l’époque. C’était dommage de faire de l’audience avec ce produit marginal, de niche, et malheureusement de perdre les droits. Les dirigeants de l’époque ont regretté de ne pas s’être alignés, cela aurait pu permettre à Sport + de continuer, on aurait pu mettre beaucoup de NBA sur cette chaîne. Tout cela, c’est le passé, c’est bien dommage mais ces dirigeants sont tous partis et la vie continue. Je suis très heureux de faire ce que je fais sur Canal France et Canal Afrique.

« Je sais que la NBA est derrière le foot le produit le plus populaire en Afrique et donc je porte, entre guillemets, la bonne parole sur le continent »

Vous commentez donc la NBA sur Canal Afrique ?

Ça fait trois ans. Quand on a perdu les droits de la NBA, j’ai fait trois ans de basket français sur Canal Sport avec un bon magazine, Lundi Basket, et je commentais des matches. On a alors perdu les droits du championnat de France et c’est grâce à Canal+ Afrique que j’ai pu continuer avec le groupe, et ensuite grâce aux Jeux Olympiques de Rio où j’ai commenté le basket. Sur Canal Afrique, on approche des trois millions d’abonnés dans l’Afrique noire francophone. Je sais que la NBA est derrière le foot le produit le plus populaire en Afrique et donc je porte, entre guillemets, la bonne parole sur le continent. On fait un match en direct le dimanche soir et un magazine Canal NBA qui est tout à fait du niveau de ce que l’on faisait sur Canal+ France. On a beaucoup de retours positifs. C’était une vraie opportunité de me relancer.

Regardez-vous la NBA et l’Euroleague sur BeIN SPORTS et la Pro A sur SFR Sport 2 ?

Beaucoup moins. C’est un peu comme la NFL que j’ai commenté pendant très longtemps. Maintenant que Canal n’a plus les droits, je me concentre plus sur les championnats que j’ai à commenter. Je suis à fond sur l’équipe de France depuis presque toujours d’ailleurs. C’est là où nous faisons le plus d’audience, c’est vraiment le produit phare que nous possédons, les équipes de France masculine et féminine. Et aussi je me suis concentré sur la Basketball Champions League que nous avons couvert de long en large la saison dernière comme on le fera cette saison. Evidemment j’ai BeIN SPORTS et je viens de prendre l’abonnement digital pour SFR Sport afin de voir les matches de l’équipe de France en amical, que je pense garder pour avoir ensuite le championnat de France. Mais avec beaucoup moins d’assiduité qu’à l’époque où je devais commenter les matches moi-même. Il faut respecter nos concurrents et dire qu’ils font du bon travail. La couverture NBA sur BeIN SPORTS est exhaustive. Pour l’Euroleague, ils ont compris, comme nous à l’époque, que sans les clubs français, on n’attire pas grand monde. Mais je regarde les matches avec intérêt. Malheureusement ce qui se passe, c’est que l’on perd pas mal de joueurs d’Euroleague pour la NBA et pour la Chine.

« Les dirigeants de Canal+ ont vu que l’on pouvait dépasser le million de téléspectateurs avec l’’équipe de France en demi-finale du championnat d’Europe »

On va parler de ce phénomène plus tard… Le groupe Canal+ avait quitté l’équipe de France par la petite porte en diffusant le match pour la troisième place de l’EuroBasket 2015, avec la France, sur Canal+ décalé. Avez-vous été surpris en interne que la chaîne achète de nouveau les droits des compétitions des équipes nationales ?

Pas tant que ça. J’ai été évidemment très heureux d’apprendre la signature de ce contrat sur cinq ans. Tout tourne autour des chiffres et la seule occasion pour le basket de faire du chiffre, de l’audience, c’est avec l’équipe de France et ça a toujours été le cas. Lorsque l’on faisait la Pro A, on avait des chiffres intéressants notamment sur les playoffs et la finale, on avait plus de mal sur la saison régulière avec la concurrence. Moi, j’ai fait toute ma carrière sur une toute petite niche. La NBA à trois heures du matin, vous n’attirez pas grand monde. Comme je le disais, ce n’est qu’avec Canal NBA que j’ai commencé à toucher un grand public. Les dirigeants de Canal+ ont vu que l’on pouvait dépasser le million de téléspectateurs avec l’’équipe de France en demi-finale du championnat d’Europe, à Lille, devant 27 000 personnes. C’était un événement colossal que Canal+ a diffusé. On a aussi de très bonnes relations politiques avec la FIBA. Ça nous a permis d’avoir un petit avantage sur la concurrence pour ce contrat de cinq ans avec les équipes de France pour les compétitions officielles. Là où j’ai été un peu surpris c’est que ça fait des années que Canal est dans un cycle de réduction de dépenses mais ils ont estimé qu’il y avait un vrai intérêt pour eux de le faire. Ils ont mis assez d’argent pour avoir le contrat et j’en suis ravi.

Il y a deux ans, la demi-finale de l’Euro a été diffusée sur Canal+ Premium. Existe-t-il une différence importante d’audience vis-à-vis de ceux qui le sont sur Canal Sport ?

Pas tellement. Auparavant, certains abonnements proposaient uniquement Canal+ Premium et pas les autres mais depuis des années avec le bouquet Canal si on a Canal+ Premium, on a aussi Canal+ Sport. Il y a souvent eu sur Canal+ Sport de très gros scores pour des matches de l’équipe de France dans les compétitions officielles. Pour diriger un match sur Canal+ Premium, cela dépend des horaires, des opportunités. Bien sûr, c’est un petit plus d’y être puisque c’est notre chaîne leader. C’est sûr que lorsque l’on a été obligé de passer un match sur Canal+ décalé, on peut perdre un peu d’audience vis-à-vis de Canal+ Sport. On donne aux gens l’habitude d’aller sur Canal+ Sport et c’est difficile ensuite d’aller sur Canal+ décalé. C’est un peu de la cuisine interne. Aujourd’hui avec Internet, la diffusion en streaming et tout ça, ces choses-là sont moins importantes que par le passé. Les gens ont le réflexe d’aller chercher le match où il se trouve. Il y a tellement d’offres que le plus important, c’est de faire savoir que tel match important existe et à telle heure. Par exemple en utilisant twitter. Par exemple, on a passé des matches de la Champions League sur Basket+, chaîne 256 sur Canal Sat et il faut parfois être vraiment passionné pour faire l’effort de trouver le match en direct sur telle ou telle chaîne.

Il y avait même des matches sur DailyMotion, gratuit ?

C’est une évolution positive. Dailymotion appartient à Canal+ comme Vivendi. Ça a permis de faire connaître le produit à des gens qui n’étaient pas forcément abonnés à Canal. Ce sont des promotions intéressantes. On peut faire parfois des scores supérieurs à ceux obtenus à la télévision classique. C’est comme le hoopcast. Lorsque je fais des stages, je rencontre des jeunes qui ne m’ont jamais vu commenter un match sur Canal + et par contre ils regardent le hoopcast chaque semaine. C’est gratuit et on conquiert un nouveau public avec ce genre de produit.

« Depuis presque toujours le basket en France est tiraillé entre différentes chaînes, différentes offres d’abonnement. C’est un peu la même chose pour le foot mais le basket c’est franchement un sport de niche »

Le principal problème en ce qui concerne l’équipe de France, c’est que les matches de préparation sont sur SFR Sport 2 et l’Euro sur Canal+ Sport, qui ne sont pas sur les mêmes bouquets ?

J’en conviens totalement mais à ma petite place, je n’ai jamais de contrôle sur ses choses-là. C’est une histoire de concurrence entre les chaînes. On a vécu celle avec TPS et après on a fusionné, puis avec BeIN et on a failli fusionner. Aujourd’hui, on est davantage partenaire avec BeIN que concurrent. Tout ça a évolué assez vite et on ne sait pas ce que SFR va donner. Ils mettent de gros moyens pour acheter des droits. Depuis presque toujours le basket en France est tiraillé entre différentes chaînes, différentes offres d’abonnement. C’est un peu la même chose pour le foot mais le basket c’est franchement un sport de niche. Le basket en France n’a jamais été gâté à ce niveau-là même si durant quelques années on a eu presque tout sur Sport+ et Canal+ Sport : le championnat de France, l’Euroleague, la NBA, les compétitions avec l’équipe de France, etc . Mais ça n’a pas duré très longtemps.

« Tous les matches qui ont de l’intérêt seront diffusés quelque part sur le groupe Canal et l’essentiel sur Canal+ Sport »

Venons-en à cet Euro : quel sera le dispositif de Canal + Sport ?

La priorité, ce sont évidemment les matches de l’équipe de France. Nous aurons un plateau à Paris avec des invités comme on fait depuis des années et la saison dernière pour la Champions League. Nous avons un très bon réservoir de consultants comme Christophe Denis, Makan Dioumassi, Dounia Issa, plein d’autres qui sont venus et qui vont revenir. C’est bien d’avoir d’autres voix, de partager le travail. Il y a bien sûr les journalistes spécialisés basket. Avec Joris Sabi, je serai sur place à Helsinki. Il y aura beaucoup d’interventions durant l’info Sports+, pour CNews et surtout beaucoup de diffusions de match. Tous les matches qui ont de l’intérêt seront diffusés quelque part sur le groupe Canal et l’essentiel sur Canal+ Sport. Et pour les quarts, demi-finales, finale, s’il y a une possibilité que ce soit diffusé sur Canal Premium, ça le sera. Tout ça n’est pas vraiment décidé d’avance. C’est fonction du calendrier de la semaine. Je ne maîtrise pas tout forcément !

Pour vous, le fait qu’il n’y ait plus Tony Parker est-il pénalisant en terme d’audience, d’impact ?

Je ne pense pas que nos dirigeants aient fait une fixation là-dessus car sinon ils n’auraient pas signé ce contrat de cinq ans alors qu’on savait que Tony allait prendre sa retraite. Ce contrat nous permettait de diffuser la finale U16 (NDLR : France-Monténégro) mais tout le monde était en vacances et on est passé un peu à coté de cet événement. J’ai regardé le match sur la chaîne de la FIBA et ça aurait vraiment mérité d’être diffusé sur Canal, mais on sait ce qu’est le mois d’août en France (sourire). Pour revenir à la question, Tony a suscité de l’intérêt surtout du côté du grand public mais comme je ne cesse de le dire sur mon blog, on a un tel réservoir de talents que l’on peut très bien viser cet été le titre sans Tony, Florent Pietrus et Mike Gelabale. Franchement, quand on voit les trois matches à Toulouse avec une équipe de France qui a retrouvé sa défense, même sans Batum et Gobert, on peut aller au bout. Au niveau du groupe Canal, on a compris cela, que le départ de Tony Parker est dans la logique de la vie d’un sportif et que l’on va repartir avec une nouvelle génération. Et ces joueurs vont peut-être même être libérés par son départ car ça va disséminer les responsabilités. Par contre, on est très reconnaissants que depuis 2003 on ait pu surfer sur la vague de la génération Parker-Collet, avec toutes ces médailles. Le titre de 2013 à Ljubljana a été le summum avec le bronze à la Coupe du Monde de 2014.

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Ce sera votre combientième EuroBasket ?

Bonne question. Cela dépend ce que l’on comptabilise car une fois j’ai fait un plateau à Paris lorsque c’est Jacques Monclar qui était sur place. Je considère que j’ai quand même bossé à cette occasion sur un championnat d’Europe. Je n’ai pas compté précisément mais je sais que j’ai commenté pour la première fois à l’occasion de celui de 1993 en Allemagne. J’en ai peut-être manqué un seul, c’était en Turquie, en 2001, lorsque c’était sur Pathé Sport. Et je crois que j’ai participé à tous les autres d’une manière ou d’une autre.

Vous n’avez pas comptabilisé le nombre de grandes compétitions internationales, Jeux Olympiques, Coupes du Monde, NBA Finals et NBA All-Star Game ?

Je n’ai pas un chiffre précis mais les Jeux Olympiques, je les ai tous fait depuis 1992. Pour Londres, j’étais en plateau à Paris pour en parler tous les jours sur Infosport. J’en ai donc fait six sur place et un en studio. C’est un peu de vantardise de dire ça et je l’ai déjà dit sur twitter et dans des interviewes, je suis sans doute le recordman du monde pour les commentaires des finales NBA, Jeux Olympiques, d’autres compétitions FIBA. Je ne peux pas imaginer qu’un autre commentateur télé en ait fait autant.

Souvent ce ne sont pas les mêmes qui font les compétitions FIBA et NBA ?

Oui, ça dépend qui possède les droits. Par exemple, sur les finales NBA, le recordman américain est par exemple à douze. C’est un peu d’orgueil mais c’est juste pour dire la chance que j’ai eu d’être à Canal et de surfer sur la vague depuis trente-deux ans.

Lorsque BeIN SPORTS a acquis les droits de la NBA, vous étiez-vous senti dépossédé de votre bébé ?

Quelque part, oui, même si ce bébé ne m’appartenait pas réellement. Je pense avoir fait mon maximum pendant vingt-sept ans pour promouvoir la NBA à travers Canal. C’est sûr que c’était une journée noire pour moi et tous les collaborateurs qui bossaient sur la NBA avec beaucoup de passion. Ce qui à l’époque m’avait déçu, c’était de devoir arrêter Canal NBA qui avait touché un grand public le lundi soir sur Canal+ Sport avec Jacques Monclar, Vincent Radureau et Xavier Vaution. On avait vraiment une Dream Team et on faisait le meilleur magazine possible à l’époque. C’était dommage de faire de l’audience avec ce produit marginal, de niche, et malheureusement de perdre les droits. Les dirigeants de l’époque ont regretté de ne pas s’être alignés, cela aurait pu permettre à Sport + de continuer, on aurait pu mettre beaucoup de NBA sur cette chaîne. Tout cela, c’est le passé, c’est bien dommage mais ces dirigeants sont tous partis et la vie continue. Je suis très heureux de faire ce que je fais sur Canal France et Canal Afrique.

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Photos: BasketUSA et BasketRétro

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