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Rémy Delpon (Directeur Général de Chalon) : « Avec l’Euroleague, on aurait gardé tous nos joueurs »

Mickaël Gelabale Malgré sa victoire hier soir face à Gazantiep (85-60) lors du dernier match de poule de la Basketball Champions League, l’Elan Chalon a dit adieu à la Coupe d’Europe car le club n’a pas souhaité être reversé en FIBA Europe Cup. Le directeur général Rémy Delpon nous explique pourquoi

Mickaël Gelabale

Malgré sa victoire hier soir face à Gazantiep (85-60) lors du dernier match de poule de la Basketball Champions League, l’Elan Chalon a dit adieu à la Coupe d’Europe car le club n’a pas souhaité être reversé en FIBA Europe Cup. Le directeur général Rémy Delpon nous explique pourquoi et nous éclaire aussi sur la première moitié de saison extrêmement poussive en Pro A, une situation unique pour un champion de France en titre.

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Ce sont les faibles retombées économiques de la FIBA Europe Cup qui vont ont amené à refuser d’y être intégré après votre élimination de la Champions League ?

Comme je l’ai précisé, c’est une décision qui a été prise au mois de juin dernier. A l’époque la BCL avait proposé une formule qui amenait à intégrer la FIBA Europe Cup si on terminait cinq ou sixième et on en avait parlé à la ligue avec les autres équipes françaises qualifiées en disant que ça ne nous intéressait pas. Pourquoi ? Ça fait deux fois qu’on la joue et il n’y a absolument aucun modèle économique dessus. Vous avez beau la gagner, vous n’avez même pas un euro. Et en plus vous n’obtenez pas une place en BCL, ce qui pourrait être attractif. Sans parler de déplacements qui sont souvent compliqués et coûteux. Certes l’année dernière on s’en était bien sorti car on était plein en quarts, demis et finale mais comme ils n’ont pas changé le système, nous équipes françaises, on a décidé d’opter pour ce système de sortir en cas de qualification. C’était donc en juin et l’erreur que l’on a faite contrairement à d’autres, comme Strasbourg, c’est peut-être d’avoir communiqué tardivement. Jusqu’au dernier match perdu on espérait encore se qualifier (NDLR : pour les huitièmes de finale de la BCL). Le journal local (NDLR : Le Journal de Saône et Loire) a fait un article avec les différentes hypothèses en étant cinq ou sixième, et là je me suis dit que comme il n’était pas au courant, il fallait leur dire ! Ce n’est donc pas une décision prise après notre défaite à Tenerife (NDLR: le 31 janvier, 62-82), c’était déjà décidé en juin dernier.

D’ailleurs les clubs français ne souhaitaient pas s’engager en FIBA Europe Cup. Ce n’est qu’ensuite que Le Portel a voulu y participer ?

Complètement. Ce que l’on a signé, Monaco, Nanterre et Strasbourg l’ont signé également. C’est ensuite que Le Portel a insisté pour avoir une wild card car ils souhaitaient y participer. Ce sont deux choses différentes.

Donc le point important, c’est que votre choix n’a rien à voir avec le fait que vous vous battez pour éviter la Pro B ?

Non. J’ai regardé ça hier, on a signé le 13 juin 2017. Ils nous avaient demandé de prendre position dès qu’ils ont eu connaissance des quatre clubs français qualifiés pour la BCL. C’était donc une décision prise dès le mois de juin et collective. Et donc pas une décision « tiens, on est éliminé, on ne fait pas de coupe d’Europe. » L’erreur que l’on a faite, ce n’est pas avoir communiqué sur cette décision. Ce n’est même pas une erreur. Disons que s’il peut y avoir une ambiguïté de communication c’est le timing.

Nate Wolters
« La BCL, c’est très rentable »

En revanche, la Champions League est-elle une compétition économiquement rentable ?

Oui, c’est un super modèle. L’année dernière en FIBA Europe Cup, on avait eu la chance d’avoir Benfica et avec tous les Portugais de la région c’était plein à craquer, on avait fait des déplacements pas très coûteux et donc on s’en était sorti car on était allé en finale. Cette année, on fait un peu plus en billetterie mais ce n’est pas ça qui change la donne c’est ce que la ligue et la BCL donnent, le fait que l’on a sept matches garantis en terme de ventes aux partenaires et aux abonnés, moins les déplacements, c’est très rentable. La BCL, c’est très bien en terme d’organisation et la FIBA ne met pas les mêmes moyens pour la FIBA Europe Cup.

Sportivement, vous avez joué la Champions League à fond ? Quelle est la meilleure voie, se concentrer sur le maintien à la Pro A ou tenter de se refaire une santé et de la confiance en Coupe d’Europe ?

La BCL, non seulement on l’a joué à fond mais on l’a joué pour la gagner ! On perd quand même de deux points en Lituanie (73-75 à Klaipeda), de un en Lettonie (77-78 à Ventspils) alors qu’on a mené tout le match et on se déchire complètement chez nous devant les Lettons (69-75). C’est notre Boulazac de Coupe d’Europe ! On s’est fait harakiri. Même si Tenerife et les Allemands (Ludwigsbourg) étaient au-dessus, on était largement au niveau de la troisième place du groupe. C’est juste qu’on n’était pas au niveau en début de saison. Je pense qu’on avait moins de pression au début en BCL car on n’avait pas perdu autant en championnat. Même si les équipes de BCL sont globalement plus fortes que celle du championnat, on n’est pas tombé non plus dans un groupe hyper fort, c’est juste qu’on n’était pas prêts au moment de jouer les premiers matches. Je crois que l’on a perdu 6 ou 7 matches de un ou deux points (NDLR : 2 en BCL et 4 en Pro A plus d’autres de 4-6 points).

Les performances face à Villeurbanne et Nanterre sont-elles le signe définitif que c’est un nouveau Chalon que l’on va voir jusqu’à la fin de saison ?

Définitif, je n’en sais rien. J’ose le croire. Si on gagne à Pau ce week-end, je pense que oui. Vous avez vu ce championnat de fou ! Tout le monde peut battre tout le monde et on peut en tirer les conclusions que l’on veut. A chaque défaite que l’on va avoir, on peut repasser à la dernière place. A l’inverse, si on gagne trois, quatre matches, on peut être 9-10e et donc pas loin de la 8e place. Il reste 15 matches, aujourd’hui on est encore convalescent mais on est clairement mieux que l’on était.

Comme le championnat est très serré, est-il possible de dégager deux équipes que vous devez absolument mettre derrière vous d’ici la fin de saison ?

Clairement, aujourd’hui, l’équipe qui a la tête à descendre c’est encore nous avec Boulazac et Hyères-Toulon. Il y a encore deux ou trois journées, on avait encore la bonne tête de candidat. Effectivement on est peut-être moins préparé que d’autres qui savent qu’ils sont voués à ça. Mais Antibes, Hyères-Toulon, Châlons-Reims gagnent des matches, Cholet qui était en galère ces deux dernières années, gagnent des matches, Dijon qui n’était pas très bien l’année dernière gagne des matches, il faut les trouver les deux qui vont descendre !

Lance Harris
« Là avec la BCL on touche 300 000€. Alors que l’année où on a fait l’Euroleague, de mémoire on a touché 860 000€ »

Si vous aviez disputé l’Euroleague comme c’était le cas pour le champion de France il y a encore deux ans, cela aurait-il changé la donne ?

Sûr ! Les gens me disent : « mais pourquoi vous n’avez pas réussi à garder les joueurs ? C’était pareil en 2012. »  Sauf qu’en 2012 on avait fait l’Euroleague. Blake Shilb a refusé des propositions. On a perdu (Malcolm) Delaney mais on a pu prendre Marcus Denmon. Tous les Français n’ont pas posé la question des primes, ils étaient trop heureux de jouer l’Euroleague. Je suis convaincu que si on avait joué l’Euroleague, on aurait gardé tous nos joueurs.

Votre trio exceptionnel, John Roberson, Cameron Clark et Moustapha Fall, que vous aviez l’année dernière ?

Tous. Là avec la BCL on touche 300 000€. Alors que l’année où on a fait l’Euroleague, de mémoire on a touché 860 000€. Et donc non seulement on aurait eu plus de sous mais les mecs auraient voulu jouer l’Euroleague. Je suis sûr que Cameron Clark, Moustapha Fall seraient restés, Axel Bouteille, je n’en parle même pas.

A l’inverse, si on vous l’avez proposé dans le format d’aujourd’hui à 16 équipes, ça aurait été un suicide sportif tant la compétition est élevée ? Ce qui est un paradoxe ?

C’est clair. Enfin suicidaire, je n’en sais rien… Je suis très pote avant l’ancien manager général de Bamberg qui est au Bayern aujourd’hui et quand je vois Bamberg (NDLR : 8 victoires et 13 défaites en Euroleague) je me dis qu’il y a chaque année une surprise mais à côté de ça ils ont des difficultés en championnat (NDLR : 9e avec 10 victoires et 8 défaites). Si, c’est évident, qu’irions nous faire en Euroleague aujourd’hui ? Comme vous le dites, c’est un paradoxe.

Et disputer l’Eurocup aurait changé la donne pour conserver des joueurs ?

Non. Pas de différence entre l’Eurocup et la Champions League.

Jean-Denys Choulet
« La qualité du travail et l’investissement de Jean-Denys n’a pas été remis en cause »

Au pire de la tempête, vous avez fait preuve d’un soutien indéfectible à Jean-Denys Choulet. C’est dû au fait qu’il a été champion de France il y a juste quelques mois ?

C’est dû à plusieurs choses. Effectivement on a été champion de France et depuis quatre ans qu’il a été là, on a été à chaque fois en playoffs et on a été européen. Il remplit la salle et propose un beau jeu. Il y a certainement une déficience au niveau du recrutement cette année mais il travaille toujours autant avec passion et enthousiasme. Et on a été champion tous ensemble et on est en galère tous ensemble. La deuxième chose, quand Chalon a choisi à l’époque de remplacer Manu Schmitt et Mickaël Hay, c’était deux jeunes coaches sans expérience, et dans ce cas vous faites appel à un coach expérimenté. Là qui est plus expérimenté que Jean-Denys Choulet ? On ne va pas confier à un jeune entraîneur la mission de se sauver. Et puis surtout on n’est pas comme ça ici. Le président (Dominique Juillot) est le même depuis vingt-cinq ans, je suis directeur général depuis dix ans, des coaches, même s’il y a eu quelques passages, globalement il n’y a eu que trois. La qualité du travail et l’investissement de Jean-Denys n’a pas été remis en cause. A partir de là on l’a aidé à compenser les erreurs qui ont été faites au niveau du recrutement. Et ce recrutement, on l’a fait à plusieurs et on ne va pas en faire le seul responsable.

Economiquement une relégation en Pro B a-t-elle été chiffrée ?

Pas encore. Je ne vais pas dire que l’on n’avait pas la tête dans les chaussures après la défaite contre Boulazac, que ce n’est pas envisageable mais on a toujours cru que l’on pouvait s’en sortir sachant encore une fois qu’on perdait les matches de un ou deux points, que l’on ne prenait pas de raclées. On voyait d’où venait le problème et on a pris les joueurs pour compenser ce qui manquait. Vu que ça fait sept, huit ans que l’on gagne des sous, que c’est bien géré, on a préféré faire une mauvaise année financière cette année, moins bonne en tout cas et essayer de se maintenir en Pro A.

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Ce sont les faibles retombées économiques de la FIBA Europe Cup qui vont ont amené à refuser d’y être intégré après votre élimination de la Champions League ?

Comme je l’ai précisé, c’est une décision qui a été prise au mois de juin dernier. A l’époque la BCL avait proposé une formule qui amenait à intégrer la FIBA Europe Cup si on terminait cinq ou sixième et on en avait parlé à la ligue avec les autres équipes françaises qualifiées en disant que ça ne nous intéressait pas. Pourquoi ? Ça fait deux fois qu’on la joue et il n’y a absolument aucun modèle économique dessus. Vous avez beau la gagner, vous n’avez même pas un euro. Et en plus vous n’obtenez pas une place en BCL, ce qui pourrait être attractif. Sans parler de déplacements qui sont souvent compliqués et coûteux. Certes l’année dernière on s’en était bien sorti car on était plein en quarts, demis et finale mais comme ils n’ont pas changé le système, nous équipes françaises, on a décidé d’opter pour ce système de sortir en cas de qualification. C’était donc en juin et l’erreur que l’on a faite contrairement à d’autres, comme Strasbourg, c’est peut-être d’avoir communiqué tardivement. Jusqu’au dernier match perdu on espérait encore se qualifier (NDLR : pour les huitièmes de finale de la BCL). Le journal local (NDLR : Le Journal de Saône et Loire) a fait un article avec les différentes hypothèses en étant cinq ou sixième, et là je me suis dit que comme il n’était pas au courant, il fallait leur dire ! Ce n’est donc pas une décision prise après notre défaite à Tenerife (NDLR: le 31 janvier, 62-82), c’était déjà décidé en juin dernier.

D’ailleurs les clubs français ne souhaitaient pas s’engager en FIBA Europe Cup. Ce n’est qu’ensuite que Le Portel a voulu y participer ?

Complètement. Ce que l’on a signé, Monaco, Nanterre et Strasbourg l’ont signé également. C’est ensuite que Le Portel a insisté pour avoir une wild card car ils souhaitaient y participer. Ce sont deux choses différentes.

Donc le point important, c’est que votre choix n’a rien à voir avec le fait que vous vous battez pour éviter la Pro B ?

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Photos: FIBA Europe

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