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Equipe de France: Boris Diaw, le père

L’équipe de France a pu compter hier face à la Russie sur un Boris Diaw déguisé en Superman et sur un vrai sens collectif malgré l’inexpérience de ses membres et une préparation réduite à son minimum. Demain, à 15h, elle voudra pousser son avantage en battant une deuxième fois la Belgique. Rien n’es

L’équipe de France a pu compter hier face à la Russie sur un Boris Diaw déguisé en Superman et sur un vrai sens collectif malgré l’inexpérience de ses membres et une préparation réduite à son minimum. Demain, à 15h, elle voudra pousser son avantage en battant une deuxième fois la Belgique. Rien n’est acquis d’avance.

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Lors de la brève introduction de la conférence de presse faite en anglais, le coach Vincent Collet a tenu à remercier publiquement son capitaine Boris Diaw. Dans un sourire, celui-ci lui a répondu d’un malicieux : « you’re welcome ! »

Quelques minutes auparavant, Paul Lacombe avait effectué à trois secondes et deux dixièmes de la fin de la prolongation une remise en jeu ligne de fond et trouvé parfaitement l’intérieur de Levallois qui avait donné la victoire aux Bleus, 75-74. Une dernière action qui clôturait en beauté une production de Babac absolument magnifique.

« C’était sur un système de jeu. On avait prévu de faire éventuellement un écran pour un tir de Hugo (Invernizzi) en ligne de fond », racontait le héros avec sa simplicité habituelle. « Mais on sait que sur les écrans, notamment en fin de match, les équipes changent souvent. On avait prévenu Paul qui faisait la mise en jeu que s’ils changeaient, j’allais essayer de picker mon propre joueur mais que ça serait peut-être moi qui serait ouvert et j’allais essayer de flasher au milieu de la raquette étant sur un joueur moins costaud et moins grand. Il a pu trouver la passe. »

Hier soir, Boris Diaw a été fondamental comme le reflètent ses statistiques : 23 points, 7 passes et 7 rebonds en plus de 34 minutes. L’ancien NBAer a été à l’initiative de presque chaque construction d’attaque avec des passes lumineuses. Plus encore : le capitaine très vocal a forcé sa nature, cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas été aussi tranchant dans l’attaque du cercle. Onze fautes provoquées ! Pas un seul intérieur russe n’a été capable de stopper sa puissance et sa maîtrise technique. Dommage seulement qu’il ait un peu gâché à un moment sur la ligne des lancers (9/15). Et dans le money time, il a réellement revêtu la cape de Superman : 13 points dans les 15 dernières minutes.

Boris n’avait pas mis autant de points depuis le championnat d’Europe de 2005. Il nous a rajeuni en fait de quatorze ans lorsque jeune éphèbe de 22 ans, et alors qu’il portait le maillot des Atlanta Hawks, il avait accepté de venir au secours de l’équipe de France pour des qualifications à l’Euro en Serbie et scoré notamment 26 points face à la Slovénie, à Chalon-sur-Saône. C’était le seul NBAer à avoir effectué cette démarche. Entre-temps, Boris Diaw a gagné un titre de champion d’Europe et de champion NBA, changé de profil et de style mais son amour du maillot bleu est toujours intact. Il n’y a qu’un Boris Diaw, personnage complètement atypique dans un monde régi par les dollars, et on mesure la chance extraordinaire qu’il ait signé dans un club français alors qu’au minimum il aurait énormément apporté à n’importe quel club d’Euroleague. Sans lui, jamais la France n’aurait été compétitive hier soir face à la Russie.

« Il y avait des besoins sur différents niveaux », a t-il commenté pour expliquer pourquoi il a pris le jeu à son compte alors que tant de fois dans sa carrière on lui a reproché trop d’abnégation. « Pour utiliser un point de fixation à l’intérieur pour essayer de trouver des tirs ouverts. Comme l’a dit Vincent, on n’est pas forcément des gâchettes qui tirent très rapidement et sur la tête des gens. Il faut que l’on arrive à avoir des tirs relativement ouverts donc essayer de créer ce genre de positions pour les coéquipiers. Mais, comme je le dis toujours quand on me demande pourquoi j’ai scoré davantage durant ce match-là que les autres, c’est en fonction de la lecture par rapport à ce que propose la défense. S’ils font des prises à deux, je vais essayer de trouver des coéquipiers. Et si ce n’est pas le cas, je vais être forcé, entre guillemets, de scorer. »

En l’absence d’Edwin Jackson vis-à-vis de la fenêtre de novembre et aussi celle de Louis Labeyrie à l’intérieur, les Bleus manquaient cruellement d’un scoreur, d’un go to guy. Les joueurs qui la composent sont essentiellement des role players habitués à filer la gonfle à l’un des Américains pour alimenter la marque. Probablement une explication à leur pauvre 6/20 aux shoots après douze minutes. Au final, la France s’en tirera avec une réussite de 41,3% malgré la pénurie de paniers de leurs meneurs/combo (3 sur 17 pour la triplette Andrew Albicy-Axel Julien-Elie Okobo).

Le go-to-guy, la Russie l’avait avec l’arrière-ailier du Zenit Saint-Petersbourg à la toison blonde, Serguei Karasev, globalement bien tenu (4/12 aux shoots) mais auteur de deux trois-points qui portèrent la Russie à un avantage maximal de cinq points dans le troisième quart-temps (41-36) et d’un autre qui permis à son équipe d’égaliser à 1’30 du temps réglementaire lorsque chaque point valait son pesant d’or.

Andrew Albicy

Les jeunes mais aussi les vétérans

Très vite Vincent Collet a lancé sa bleusaille dans le grand bain : Axel Julien (3 sélections) et Elie Okobo (1) dès la fin du premier quart-temps. Hugo Invernizzi (1) et William Howard (aucune) dès le début du deuxième. Vincent Collet n’avait pas eu un seul match de préparation pour les tester, juste des entraînements, et c’est en situation réelle qu’il a dû se faire une idée définitive.

Aussi, alors que le Palois Elie Okobo, seulement vingt ans (18 minutes), et le Nantérrien Hugo Invernizzi (16’) ont eu de grosses responsabilités, William Howard n’a fait qu’un petit tour de manège de moins de trois minutes.

« Timide, très timide », a répondu le coach à son sujet. « … En plus lui s’était blessé la fenêtre d’avant. Mais par contre on savait qu’il faisait partie de ceux qui pourraient nous donner des solutions aux tirs. Mais simplement je l’ai trouvé vraiment timide quand il est rentré. »

C’est probablement la première fois dans l’histoire du basket moderne qu’une équipe de France avait si peu d’expérience (33 sélections au total si l’on excepte le carré Diaw-Kahudi-Koffi-Albicy). Pour reprendre le mot de Vincent Collet, Boris Diaw a été le « père » de ces jeunes gens.

« On a vu un joueur comme Hugo (Invernizzi) qui est rentré avec beaucoup de confiance dans ce match-là pour sa première sélection (NDLR : en fait sa deuxième), » a noté le capitaine. « C’est quelque chose qui est bien pour l’avenir. Il y a aussi d’autres joueurs qui ont de l’expérience. Tout le monde a apporté, a fait son travail, mais peut-être que dans les prises de responsabilité offensives, ce sont des choses qui vont venir petit à petit. Mais cette équipe a du caractère. Ces joueurs ont tout donné défensivement pour aller chercher cette victoire. »

Les quelques vétérans ont eu un apport déterminant. Le cinq de départ était constitué de Andrew Albicy (28 ans), Paul Lacombe (27), Charles Kahudi (31), Boris Diaw (35) et Alain Koffi (34) que l’on a retrouvé dans le money time jusqu’à ce que ce dernier sorte du terrain pour cinq fautes.

« Cela a confirmé ce que l’on a vu cette semaine aux entraînements », analysait Vincent Collet. « Okobo a fait des choses vraiment intéressantes même s’il est très jeune. On l’a trouvé beaucoup plus percutant par rapport à novembre. Ce sont de bonnes nouvelles car ce sont des jeunes joueurs et ça va évoluer. L’expérience engrangée va leur permettre au fur et à mesure de répondre davantage présent. J’en suis persuadé. Mais on s’est quand même appuyé sur les joueurs expérimentés. Kahudi a eu un rôle important alors qu’il n’a pas très bien commencé. Il a longtemps été malheureux mais au final il fait quand même 11 d’éval. Il a pris 8 rebonds (NDLR : notamment un monstrueux dans le money time), il a été impactant dans le secteur défensif. Il a mis un panier à trois-points important. On avait besoin de joueurs d’expérience. Koffi aussi a été un joueur important. Le niveau n’avait rien à voir avec le match contre la Bosnie. Les Russes défendent beaucoup mieux. »

L’ancien Strasbourgeois Paul Lacombe a tenu aussi un rôle majeur, dans le money time (passe à Boris Diaw, interception sur la dernière offensive russe), se retrouvant au final deuxième marqueur (11 points) et à l’évaluation (13) de l’équipe, par sa capacité aussi à donner de l’énergie à toute l’équipe, notamment en haranguant la foule qui a commencé à peser en fin de match avec son cœur –une Marseillaise fut chantée a capella à la fin du temps réglementaire- et pas uniquement par le biais des injonctions du speaker.

Alain Koffi

Les Belges au pied du mur

Vincent Collet a insisté sur la valeur de cette équipe russe, également lourdement handicapée notamment avec l’absence de son homme-orchestre Alexei Shved qui l’avait propulsé en demi-finale de l’Euro 2017 avec ses 24,3 points, 5,9 passes, 2,6 rebonds et 1,0 interception en moyenne. Mais à qui il restait de beaux restes.

« Je pense que la chose importante dont il faut parler, c’est que des trois matches que l’on a joué après ceux de novembre, c’est celui qui était le plus dur. Le niveau des Russes était vraiment bon. Je m’attendais avec des joueurs comme Koulagine, Karasev, Khvostov, Gubanov ou Zubkov, qui ont une vraie expérience de ce niveau-là alors que peu de nos joueurs l’ont. Ça s’est vu à certaines occasions et c’est pour cela que Boris s’est comporté comme un père pour cette équipe. Il l’a remise en confiance, remise sur les rails. L’essentiel du jeu est passé par lui. On n’avait pas d’autres choix, pas beaucoup de joueurs qui pouvaient faire la différence et servir leurs coéquipiers. On s’en est remis à celui qui était supérieur à son adversaire direct. »

Dès demain après-midi, les Bleus vont remettre le couvert. Ils sont malgré tout moins à plaindre que les Belges. Ils n’auront mis que deux heures de bus à rallier Nancy après une victoire qui met du baume au cœur. Les Belgians Lions doivent se farcir un Sarajevo-Lorraine avec une défaite concédée dans le rush final face à la Bosnie (72-70) et qui hypothèque sérieusement leurs chances de survie. Rappelons que le dernier du groupe ne verra pas la deuxième phase et qu’ils sont toujours à sec.

C’est un véritable coup de massue qui a frappé la tête de nos voisins, qui menaient 59-66 avant de perdre les pédales. Un total de 17 balles perdues leur a coûté très cher.

« De retour dans la sélection, le capitaine Tabu n’a pas suffisamment exercé le leadership escompté. Seuls Obasohan, Serron et, dans un sursaut trop tardif, Vanwijn ont fluidifié l’attaque, toujours aussi limitée par l’absence d’un point de fixation dans le jeu intérieur, Tumba n’étant qu’un leurre offensif qui souligne l’absurdité de se priver de Boukichou (NDLR : le Chalonais) tant Bako n’a pas (encore) la carrure internationale », peut-on lire dans le quotidien Le Soir… de ce matin.

Vincent Collet, forcément prudent, insiste sur le fait que les Belges ne sont pas des agneaux que l’on mène facilement à l’abattoir.

« Il faut s’attendre dimanche à un match plus difficile que celui que l’on a connu en Belgique. Les Belges sont dos au mur et surtout récupèrent des joueurs, (Quentin) Serron, (Jonathan) Tabu, peut-êre (Matt) Lojeski (NDLR : un Américain naturalisé qui porte le maillot de l’Olympiakos) pour le match de dimanche. Sur le papier, ils ne sont pas moins forts que nous. Il faut que l’on soit prêt à combattre et surtout pas se dire que l’on a gagné de onze points chez eux car ils étaient amoindris. Tant que Obasohan était frais, ils nous dominaient et c’est quand on a réussi à le mettre en prison qu’on avait fait la différence. Là, il aura des relais. Je crois que ça va être difficile mais il va falloir continuer dans le même état d’esprit car il faut que l’on gagne. L’objectif reste le même : sortir de cette fenêtre avec quatre victoires. »

L’équipe de France de l’Euro avait pêché par son trop plein de stars, le manque de hiérarchie. Celle que l’on a vu à Strasbourg a été appréciée par son sens de l’abnégation, son caractère.

« Jusqu’à Lahaou Konate qui a joué quatre secondes, qui est rentré pour faire son stop sans état d’âme. C’est à mettre en évidence. On n’a encore pris que 61 points dans le temps réglementaire. On est dans les standards que l’on a depuis le début de cette campagne. »

Pourvu que ça dure. Seulement une partie du chemin vers la Coupe du Monde en Chine a été accompli. Il reste encore pas mal d’obstacles à surmonter.

Vincent Collet

[armelse]

Lors de la brève introduction de la conférence de presse faite en anglais, le coach Vincent Collet a tenu à remercier publiquement son capitaine Boris Diaw. Dans un sourire, celui-ci lui a répondu d’un malicieux : « you’re welcome ! »

Quelques minutes auparavant, Paul Lacombe avait effectué à trois secondes et deux dixièmes de la fin de la prolongation une remise en jeu ligne de fond et trouvé parfaitement l’intérieur de Levallois qui avait donné la victoire aux Bleus, 75-74. Une dernière action qui clôturait en beauté une production de Babac absolument magnifique.

« C’était sur un système de jeu. On avait prévu de faire éventuellement un écran pour un tir de Hugo (Invernizzi) en ligne de fond », racontait le héros avec sa simplicité habituelle. « Mais on sait que sur les écrans, notamment en fin de match, les équipes changent souvent. On avait prévenu Paul qui faisait la mise en jeu que s’ils changeaient, j’allais essayer de picker mon propre joueur mais que ça serait peut-être moi qui serait ouvert et j’allais essayer de flasher au milieu de la raquette étant sur un joueur moins costaud et moins grand. Il a pu trouver la passe. »

Hier soir, Boris Diaw a été fon-da-men-ta-le comme le reflètent ses statistiques : 23 points, 7 passes et 7 rebonds en plus de 34 minutes. L’ancien NBAer a été à l’initiative de presque chaque construction d’attaque avec des passes lumineuses. Plus encore : le capitaine a forcé sa nature, cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas été aussi tranchant dans l’attaque du cercle. Onze fautes provoquées ! Pas un seul intérieur russe n’a été capable de stopper sa puissance et sa maîtrise technique. Dommage seulement qu’il ait un peu gâché à un moment sur la ligne des lancers (9/15). Et dans le money time, il a réellement revêtu la cape de Superman : 13 points dans les 15 dernières minutes.

Boris n’avait pas mis autant de points depuis le championnat d’Europe de 2005. Il nous a rajeuni en fait de quatorze ans lorsque jeune éphèbe de 22 ans, et alors qu’il portait le maillot des Atlanta Hawks, il avait accepté de venir au secours de l’équipe de France pour des qualifications à l’Euro en Serbie et scoré notamment 26 points face à la Slovénie, à Chalon-sur-Saône. C’était le seul NBAer à avoir effectué cette démarche.

Photo: FIBA Europe

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