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Interview Nicolas Chapart : « Maintenant que la FIBA est sur Twitch, on y est pour rester »

Le 25 février dernier, la Fédération internationale de basket (FIBA) a pris un nouveau virage numérique en annonçant une collaboration pluri-annuelle avec la plateforme de streaming Twitch. L’accord prévoit 600 heures de direct et en accès gratuit par an, avec notamment la diffusion de l’Euroleague

Nicolas Chapart (FIBA)

Le 25 février dernier, la Fédération internationale de basket (FIBA) a pris un nouveau virage numérique en annonçant une collaboration pluri-annuelle avec la plateforme de streaming Twitch. L’accord prévoit 600 heures de direct et en accès gratuit par an, avec notamment la diffusion de l’Euroleague féminine, de compétitions de 3×3 et de tournois de jeunes. Depuis début mars, la FIBA diffuse déjà en France sur Twitch les matches de Strasbourg en playoffs de BCL, commentés par la First Team. Nicolas Chapart, responsable digital de la FIBA, décline les tenants et aboutissants de ce nouveau partenariat.

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Cela fait plusieurs années que la FIBA diffuse des matches en direct sur les réseaux sociaux, notamment sur YouTube ou Facebook. Quelles sont les raisons de ce choix de se lancer à cœur ouvert dans le marché du numérique et du digital ?
L’ADN de la FIBA, c’est d’organiser des événements. Chaque année, on organise une centaine de compétitions de basket à travers le monde. Une minorité de ces 100 événements sont dits « premium » : la Coupe du Monde, l’EuroBasket, l’AmeriCup… Pour toutes ces compétitions à la demande forte, le système de distribution se fait dans un schéma traditionnel avec les diffuseurs. Au-delà de ces événements, il y a la partie cachée de l’iceberg, c’est-à-dire toutes les compétitions de deuxième niveau qui, pendant de longues années, étaient jouées mais n’étaient pas montrées. Et, avant l’ère de YouTube et de Facebook où tout s’est accéléré ces dernières années, c’était assez compliqué d’investir de l’argent pour essayer de distribuer via des broadcasteurs traditionnels, ça nous coûtait cher et ça ne nous rapportait pas grand-chose. On a eu une opportunité avec l’évolution des plateformes digitales : on a réfléchi à comment mettre à disposition tout le reste de ces compétitions, qui trouveraient leur public, et ce à moindre coût. C’est ce qu’on a fait et on a vu que ça prenait. C’est comme cela qu’on arrive aujourd’hui à diffuser 3 500 matchs gratuitement sur YouTube, Facebook et maintenant Twitch, toujours dans le but de démocratiser le sport.

Depuis plusieurs mois, de nombreuses personnalités se servent de Twitch pour communiquer avec les jeunes, dernièrement Jean Castex ou Emmanuel Macron. Est-ce qu’investir cette plateforme, c’est un moyen de rajeunir votre audience ?
Que ce soit YouTube ou Facebook, ça fait un peu bizarre de dire ça, mais ce sont déjà des plateformes un peu plus traditionnelles, même si elles ne sont pas si vieilles que ça, avec leur propre style de consommation. Disons que le public de ces plateformes commence déjà à être un peu plus vieux et plus passif que le public de Twitch, qui est une plateforme avec une audience relativement jeune, et où le public est plus dans l’interaction, la discussion, l’affinité avec les streamers ou commentateurs. L’idée de ce partenariat, c’est que Twitch nous donne les moyens d’essayer de produire des contenus à partir de nos matchs « live » et rendre l’expérience plus interactive afin de toucher une audience plus jeune. Donc il y a deux approches : parler à des fans plus jeunes et créer une communauté basket sur Twitch, mais aussi faire découvrir nos projets, typiquement comme la BCL, sous un autre angle que la diffusion télévisée traditionnelle.

Photo : La Sig Strasbourg en BCL (FIBA)
« On a choisi Erwan Abautret et Thomas Dufant, de la First Team, car ils ont déjà une crédibilité en France et ils apportent leur style à nos compétitions, quelque chose d’organique et d’authentique à leur univers »

Est-ce que c’est aussi une opportunité d’intéresser un public de basket qui s’intéresse à d’autres compétitions, comme la NBA, mais pas forcément au basket international ?
Oui, ça fait effectivement partie de l’enjeu. Mais c’est surtout pour rendre nos compétitions plus visibles, pour créer cette connexion, et aussi le fait d’utiliser des personnalités, déjà existantes ou grandissantes, qui vont clairement rafraichir l’image de la FIBA et de ses compétitions. Si on prend l’exemple de la BCL, on a choisi Erwan Abautret et Thomas Dufant, de la First Team, (NDLR : pour les commentaires) car ils ont déjà une crédibilité en France et ils apportent leur style à nos compétitions, quelque chose d’organique et d’authentique à leur univers. Ça nous permet de faire découvrir nos produits sous d’autres angles, avec des personnes qui ont une connaissance du basket et qui peuvent apporter une touche plus drôle, plus fine et surtout plus locale. Car jusqu’à présent, tout ce qu’on diffusait était en anglais donc il pouvait y avoir une barrière pour certains de nos fans. Alors qu’ici, on va travailler dans le langage des audiences qu’on cherche à cibler, ce qui sera normalement beaucoup plus authentique.

La plateforme Twitch s’est démocratisée ces dernières années mais tout le monde n’est pas forcément avisé sur son fonctionnement. Comment ça marche ?
C’est une plateforme libre d’accès sur laquelle on peut se connecter librement ou en tant qu’utilisateur, comme YouTube. La grosse différence avec YouTube, c’est qu’il s’agit d’une plateforme faite pour du live : les gens viennent pour voir du direct. Ce qui fonctionne vraiment sur Twitch, et c’est là où on a un challenge, c’est qu’il s’agit d’un écosystème où les individus sont très forts : ce sont des chaînes qui vivent autour d’une personnalité, surtout dans le gaming, et c’est sur ça que se construisent les communautés, et comme cela que les chaînes se rémunèrent. La communauté peut par exemple rémunérer le streamer avec des petits pourboires pour les supporter. C’est le business model de Twitch et ce n’est pas forcément celui qu’on veut développer à la FIBA, sachant que nous ne sommes pas une personne physique. Mais il y a vraiment cet aspect de communauté qui est très important.

Vous avez débuté la diffusion début mars avec les playoffs de BCL en France, bientôt suivis de compétitions de 3×3, de l’Euroleague féminine et de tournois de jeunes…
Ces compétitions continueront d’être diffusées sur toutes les plateformes. Simplement, avec Twitch, qui nous donne les moyens de créer de nouveaux formats, nous allons essayer de construire une expérience qui sera différente de ce que les fans peuvent voir pour une même compétition sur un autre réseau. On n’a pas encore défini l’ensemble des formats de diffusion mais on veut créer quelque chose d’authentique. Parce qu’on veut créer cette communauté sur Twitch, on se doit de trouver des façons de diffuser et de présenter ces compétitions qui répondront aux utilisateurs de Twitch, et ce dans une dizaine de pays, dont la France. Le but, c’est de travailler avec des personnes qui parlent à leur sauce de basket FIBA. On ne va pas forcément essayer de leur dicter une façon de faire, on veut travailler ensemble pour qu’eux, natifs de Twitch, viennent avec des bonnes idées de formats pour que les gens soient heureux de venir et de s’engager pour regarder ces compétitions. Le 3×3 aura peut-être un style particulier, l’Euroleague féminine peut-être un autre… On n’est pas sectaires, on veut explorer des pistes, comme un laboratoire. Pendant deux ans, on va essayer de trouver les bonnes façons de communiquer et de diffuser.

Concernant le lancement du dispositif avec les matches de la SIG Strasbourg, dernier représentant français dans la compétition cette saison, pourquoi avoir choisi Erwan Abautret et Thomas Dufant de la First Team et Broky Brawks ?
La First Team, on avait déjà travaillé avec eux pour la Coupe du Monde. Ce sont des gens qu’on connait et qui nous correspondent. On sait ce qu’ils font, on aime ce qu’ils font, ils ont une crédibilité, une authenticité en France. Ils ont l’expérience du streaming donc, pour nous, c’était un choix assez naturel parce que ce projet avec la BCL s’est lancé en très peu de temps, en seulement quelques semaines. Et concernant Browky Brawks (NDLR : 381 600 abonnés sur Twitter, 194 300 followers sur Twitch), c’est la First Team qui l’a proposé et ça a du sens car c’est quelqu’un qui connaît le stream, qui aime le basket, donc ce choix était facile. On voulait sortir de ce côté plus traditionnel, plus posé, plus cadré et corporate. Ils amènent de la fraîcheur, cet aspect sans filtre, sans tabou, proche de leur communauté. Si je suis fan de basket et que je les écoute, ce qu’ils disent est pertinent, ce ne sont pas juste des gens qui sont là pour être rigolos, il y a une vraie analyse derrière. Donc on les laisse plus ou moins parler de ce qu’ils veulent et comment ils le veulent. C’est du gagnant-gagnant.

Photo : Brandon Jefferson (Strasbourg, FIBA)
« La balle est dans notre camp pour faire en sorte que tout se passe bien et donner envie à Twitch et Amazon de continuer l’aventure au-delà de ces deux ans »

Il y a eu un pic de 8 000 spectateurs pour la première entre Turk Telekom et Strasbourg en BCL, c’est un départ encourageant ?
Sachant que c’est seulement sur un territoire, oui c’est très bien. La question maintenant, c’est de faire tenir ce projet sur le long terme, que Strasbourg gagne ou perde, et de transférer cette communauté sur les autres compétitions. On a le premier Masters de basket 3×3 qui commence le week-end prochain à Doha, c’est notre prochain gros test. Puis on aura le Final Four de l’Euroleague féminine, la première semaine d’avril. On aura une diffusion globale et on pourra comparer les chiffres avec une diffusion sur YouTube ou sur Facebook par exemple.

Vous avez annoncé la diffusion de 600 heures de basket en direct par an sur la chaîne Twitch de la FIBA à compter du printemps 2021. Quel est l’avenir de cet engagement ?
600 heures, c’est le minimum qu’on s’est engagés auprès de Twitch à diffuser. Sur les 3 500 matchs de basket FIBA – soit 7 000 heures de basket – qu’on a dans une année, ce n’est pas un problème. En revanche, on veut le faire d’un point de vue qualitatif, avec cette touche « Twitch friendly », de façon optimale. Donc ça nous a semblé une bonne offre. On veut utiliser Twitch pour amener de l’interaction. Le partenariat est de deux ans, on verra s’il continuera après ou pas, ça se discutera en fonction de nos résultats. Maintenant, la balle est dans notre camp pour faire en sorte que tout se passe bien et donner envie à Twitch et Amazon de continuer l’aventure au-delà de ces deux ans. On veut leur montrer qu’ils ont fait le bon choix en travaillant avec nous. Ce que je peux vous dire, c’est que maintenant que la FIBA est sur Twitch, on y est pour rester. On est excités et on invite tous les fans de basket de France de continuer à s’investir sur Twitch et à créer une discussion dans les deux sens. On sera hyper réceptifs à leurs retours et on souhaite les impliquer au maximum dans la création de ces nouveaux produits.

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Cela fait plusieurs années que la FIBA diffuse des matches en direct sur les réseaux sociaux, notamment sur YouTube ou Facebook. Quelles sont les raisons de ce choix de se lancer à cœur ouvert dans le marché du numérique et du digital ?
L’ADN de la FIBA, c’est d’organiser des événements. Chaque année, on organise une centaine de compétitions de basket à travers le monde. Une minorité de ces 100 événements sont dits « premium » : la Coupe du Monde, l’EuroBasket, l’AmeriCup… Pour toutes ces compétitions à la demande forte, le système de distribution se fait dans un schéma traditionnel avec les diffuseurs. Au-delà de ces événements, il y a la partie cachée de l’iceberg, c’est-à-dire toutes les compétitions de deuxième niveau qui, pendant de longues années, étaient jouées mais n’étaient pas montrées. Et, avant l’ère de YouTube et de Facebook où tout s’est accéléré ces dernières années, c’était assez compliqué d’investir de l’argent pour essayer de distribuer via des broadcasteurs traditionnels, ça nous coûtait cher et ça ne nous rapportait pas grand-chose. On a eu une opportunité avec l’évolution des plateformes digitales : on a réfléchi à comment mettre à disposition tout le reste de ces compétitions, qui trouveraient leur public, et ce à moindre coût. C’est ce qu’on a fait et on a vu que ça prenait. C’est comme cela qu’on arrive aujourd’hui à diffuser 3 500 matchs gratuitement sur YouTube, Facebook et maintenant Twitch, toujours dans le but de démocratiser le sport.

Depuis plusieurs mois, de nombreuses personnalités se servent de Twitch pour communiquer avec les jeunes, dernièrement Jean Castex ou Emmanuel Macron. Est-ce qu’investir cette plateforme, c’est un moyen de rajeunir votre audience ?
Que ce soit YouTube ou Facebook, ça fait un peu bizarre de dire ça, mais ce sont déjà des plateformes un peu plus traditionnelles, même si elles ne sont pas si vieilles que ça, avec leur propre style de consommation. Disons que le public de ces plateformes commence déjà à être un peu plus vieux et plus passif que le public de Twitch, qui est une plateforme avec une audience relativement jeune, et où le public est plus dans l’interaction, la discussion, l’affinité avec les streamers ou commentateurs. L’idée de ce partenariat, c’est que Twitch nous donne les moyens…

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Photo : Nicolas Chapart, responsable digital (à gauche), et Gustavo Arellano, responsable du développement commercial, à la FIBA.

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