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Laurent Legname (coach Dijon) : « Si j’étais Legnamovic, j’aurais déjà eu trois fois le titre de meilleur coach »

Laurent Legname a piloté la JDA Dijon jusqu’à la finale du championnat de Jeep Elite. Mais après la victoire de son équipe en demi-finale sur l’AS Monaco, il est revenu avec force sur son amertume de ne pas avoir encore décroché le Trophée d’Entraîneur de l’Année.

Laurent Legname a piloté la JDA Dijon jusqu’à la finale du championnat de Jeep Elite. Mais après la victoire de son équipe en demi-finale sur l’AS Monaco, il est revenu avec force sur son amertume de ne pas avoir encore décroché le Trophée d’Entraîneur de l’Année.

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C’est toujours piégeux de posséder jusqu’à 19 points d’avance et d’ailleurs, Monaco est revenu et s’est battu jusqu’au bout pour tenter d’arracher la victoire ?

On sait tous qu’au basket, quand on prend de l’avance dans un début quasi parfait, c’est toujours compliqué de la garder. L’équipe réagit en face et l’autre se retrouve sur un faux rythme. C’est ce qui s’est passé, mais on préfère bien sûr débuter comme ça que l’inverse. Dans le deuxième quart-temps, on a eu beaucoup plus de difficultés offensives et les shoots ouverts ne rentraient plus. On a commencé à faire beaucoup d’erreurs sur des situations que l’on connaît, et cela leur a permis de revenir dans le match, à sept points à la mi-temps.

Du fait de leurs absents à l’intérieur, ils ont défendu en zone. C’est compliqué à aborder ?

Normalement, non. Toute la saison où des équipes ont défendu en zone, en zone match up comme ils ont fait où ils changeaient sur tout, on a toujours trouvé des réponses. Le problème, c’est qu’on n’avait pas travaillé par faute de temps et Monaco ne l’avait pas fait cette année ou très peu. On l’a bien attaquée à partir du moment où on avait du rythme et ça partait de notre défense. Si à un moment on a eu des difficultés, c’est parce qu’on s’arrêtait de jouer, sur des défenses comme ça, il faut s’adapter, jouer plus dans les intervalles en fonction de la lecture de la défense. On a alterné entre le bon, quand on a refait un écart, et le moins bon quand ils reviennent. C’était compliqué parce que ça faisait longtemps que l’on n’avait pas bossée. Mais dans l’ensemble, on s’en est plutôt bien sorti.

Quelle impression ça fait de disputer un match aussi important dans l’Histoire du club dans une salle aussi vide ?

C’est une bonne question ! (sourire) C’est un peu l’histoire de la saison, le manque de public. Ça ne sert à rien de revenir là-dessus, un match sec… C’est valable pour toutes les équipes. Sinon, personnellement, ça ne me change pas les habitudes. On prend les matches les uns après les autres. C’est sûr que l’on aurait aimé qu’il y ait du public, que ça se joue sur une série, etc. On fait avec ce qui nous est proposé, et on ne se pose pas de questions, on ne se cherche pas d’excuses. On essaye à chaque fois d’être plus fort mentalement et physiquement vis-à-vis des éléments qui nous sont proposés cette année. Une fois de plus sur ce match-là, on a eu les ressources nécessaires pour l’emporter. On sait que l’on va disputer samedi une finale. On verra bien. Ça sera un autre match à jouer et ça sera le dernier. Après, ce sont les vacances ! On verra bien comment ça va se passer.

On parlait de la salle vide. Avez-vous un message à envoyer aux supporters dijonnais qui ont suivi le match derrière leur télé, et qui pourraient peut-être faire le déplacement et venir en force soutenir l’équipe ?

Déjà les remercier pour leur soutien tout au long de l’année, à distance puis avec 1 000 personnes. C’est sûr que je les invite s’ils peuvent à venir nous encourager samedi à Rouen. S’ils ne peuvent pas, on sait que l’on saura beaucoup suivi samedi, c’est une journée où beaucoup moins de gens travaillent. Ils nous suivront soit en présentiel, soit par la pensée. J’espère que l’on va tout donner, à la fois pour nous et aussi pour Dijon, les supporters, et tous les Dijonnais.

Photo: David Holston (LNB)
« Concernant David (Holston), je pense que c’est rarissime d’avoir cette relation entre un joueur américain et un coach »

C’est le dernier match pour vous, pour Axel Julien et Alexandre Chassang à la JDA. Comment appréhendez-vous cette charge émotionnelle sur une finale ? Ça va vous nourrir les 24 prochaines heures ?

Non, la charge émotionnelle, elle était dimanche à domicile et c’est bien d’avoir fini par une victoire. Là, c’était très dur. Il a fallu de mon côté rester focus sur Orléans. Il y a eu beaucoup, beaucoup d’émotions. Même si c’est samedi le dernier match, les au-revoir ont été faits dimanche dernier. Là, c’est juste être focus sur cette finale et donner le maximum, et on verra bien, sachant très bien ce qu’il peut y avoir au bout.

Quel est votre sentiment d’amener la JDA en finale du championnat de France ?

De la fierté déjà car c’est beaucoup de travail, d’investissement. En plus, c’est une histoire humaine qui est magnifique avec des joueurs comme David (Holston) et Axel (Julien) qui sont là depuis six ans, d’autres qui sont là depuis quatre ans comme Abdou (Loum), d’autres trois ans comme Chass (Chassang), comme Jacques (Alingue), qui a fait des allers-retours. On sait que dans le sport professionnel, c’est très difficile d’arriver à cette alchimie, et chaque année on est monté, monté, monté. C’est une vraie fierté par rapport à la masse salariale dont on dispose, à plein de choses. Tout le monde loue le contenu de ce que l’on fait, défensivement et offensivement. C’est une vraie fierté de coacher cette équipe, ce sont vraiment de bons mecs, qui bossent, qui en veulent, qui à chaque fois trouvent des ressources. Je suis très fier. Ça n’a pas suffi pour que j’ai le titre de coach de l’année…

C’est une relation spéciale que vous avez avec David Holston et Axel Julien et qui touche à sa fin ?

C’est la vie, c’est le business. Axel, l’aventure continue puisqu’il vient avec moi à Bourg. Concernant David, je pense que c’est rarissime d’avoir cette relation entre un joueur américain et un coach. On en a encore parlé hier soir ensemble. Sur le terrain, on se comprend maintenant les yeux fermés. On échange sur des sujets hors basket. C’est une relation magnifique. On s’est dit que quoiqu’il arrive, jusqu’à la fin de nos jours, on sera toujours là l’un pour l’autre. Ce sont pour des moments comme ça que l’on fait ce job parce que c’est rare cette longévité et aussi les résultats que l’on a pu avoir qui sont extraordinaires, et que chaque année on arrive à repousser au-delà de l’imaginaire. C’est ce qui fait que cette histoire est magnifique. Ils le savent : j’ai beaucoup d’affection pour eux d’eux.

Vous vous être posé la question de savoir si cette année vous pouviez perdurer ces résultats ?

Oui. C’est ça qui est terrible. Chaque année l’équipe est renouvelée et on change minimum 50% de l’équipe. Sur neuf joueurs, il y en a cinq qui arrivent, il y a deux ans cinq, cette année cinq. On repart de zéro, c’est très dur. Il y a des joueurs qui, avant d’arriver à Dijon sont assez méconnus, ils ne font pas les titres des journaux et chaque année, vous les journalistes, les gens, même dans le club, vous dites qu’il faut être dans le top 4 ou 5. Ils ne comprennent pas, alors que moi, je dis au départ que l’on vise le maintien parce que c’est la réalité. Heureusement que j’ai cette qualité de rester les pieds sur terre, de ne jamais m’emballer, de voir la difficulté. Chaque année, il faut repartir à zéro pour créer ce collectif, bien sûr aidé par la présence de David et Axel, et de Chass et Abdou au fil du temps. Après, ce sont les autres qui font les efforts. Ça leur fait bizarre au départ. Il y a plein de choses qui font que pour vous c’est une continuité, que c’est « logique », alors que ça reste lunaire.

Photo: Jaron Johnson (LNB)
« On arrive maintenant en Jeep Elite avec la moitié de coaches étrangers et si ça continue, il n’y en aura plus. »

Vous n’avez pas eu le trophée de coach de la saison. C’est quelque chose qui vous touche ?

Ce n’est pas que ça me touche… C’est qu’à un moment donné, il n’y a qu’en France que l’on peut voir ça. C’est un immense sentiment d’injustice, et un manque total de respect à l’égard de mon travail. Je le dis comme je le pense. Déjà, il y a des résultats bruts d’année en année depuis quatre ans avec la 11e ou 12e masse salariale. 3e, 1er, 1er… Cette année, encore 1er. On sait qu’un coach, heureusement, n’est pas connu que pour ses résultats. Un bon coach peut aussi avoir de mauvais résultats. Il y a le contenu et -ce n’est pas moi qui le dit- à chaque fois que je rencontre des confrères, ils louent le travail, le contenu offensif et défensif de Dijon. Vous, les journalistes, vous mettez en avant ce cœur que l’on met. Tout ça réunit fait qu’il y a un problème. C’est tout simplement anormal. Quand on ne mérite pas les choses, on ne les mérite pas, mais quand on les mérite… Ça fait quatre fois que je suis nommé. Donc, arrêtez de me nommer dans le futur ! Ça ne sert à rien. Et ce qui fait le plus mal, c’est que je pense que c’est parce que je suis un coach français. Je l’ai déjà dit il y a deux ans : si j’étais Legnamovic, j’aurais déjà eu trois fois le titre de meilleur coach. C’est la réalité et à un moment, il faut dire les choses. C’est néfaste pour notre corporation. On arrive maintenant en Jeep Elite avec la moitié de coaches étrangers et si ça continue, il n’y en aura plus. Oui, j’ai mon gros caractère, je dis les choses que je pense, je suis entier, j’ai des défauts comme tout le monde, mais quand on fait ce job-là, il faut avoir ce caractère-là. Sinon, on ne peut pas faire ce job et avoir des résultats. Je le dis sans aucune prétention. Je peux avoir de moins bons résultats, me planter, me faire virer, c’est la loi du job. Mais c’est incroyable et il n’y a qu’en France que l’on peut voir ça ! Continuez à faire des conneries comme ça et il n’y aura plus de coaches français. C’est très grave ! Le site EuroBasket est sérieux, qui n’a pas d’aprioris, et ça fait deux fois de suite que je suis nommé meilleur coach, et j’attends cette année. C’est quoi ? C’est peut-être vous, les journalistes, aussi puisque c’est vous qui votez*. Arrêtons un moment, en France, d’être jaloux les uns des autres. Car à force d’être jaloux et envieux de celui qui réussit, et avant c’était Pascal Donnadieu, il n’y aura plus de coaches français. Ça c’est la réalité. Arrêtons les conneries et quand des coaches font du bon travail, saluons-les et je pense que la corporation se portera mieux. Mais cette année, c’est un vrai scandale, sans pour autant remettre en cause les compétences de Zvezdan (Mitrovic) que j’apprécie énormément. Mais là, c’était le titre de Jeep Elite, pas d’Eurocup, et que l’on ne me dise pas que c’était fin mai (NDLR : le vote), à ce moment-là, on était deuxièmes, à une victoire de Monaco. Alors, remettons les choses en place dans leur contexte. J’avais envie de le dire, je ne l’ai pas fait pendant trois ans, mais à un moment donné, il faut dire les choses. Et j’espère que tout ce que j’ai dit sera retranscrit.

*Les journalistes ne sont qu’une partie du panel de votants avec les coaches, les directeurs techniques et la DTBN.

David Holston, JDA Dijon

« Je pense qu’on a bien contrôlé le match, on a perdu très peu de ballons. On a raté plusieurs tirs ouverts mais le plus important c’est qu’on a réussi à contrôler ce match. On ne leur a pas donné des points faciles sur contre-attaque. On est prêt pour la finale. Je suis vraiment content d’être arrivé jusqu’ici. »

Hans Vanwijn, JDA Dijon

« C’était un vrai combat. A la fin on a bien défendu et on a trouvé des solutions en attaque. C’est pour ça qu’on a gagné le match. […] David et Axel sont vraiment importants pour nous. Oui aujourd’hui ils marquent 22 ou 25 points mais pour les autres aspects du jeu comme l’organisation ou les passes décisives ils libèrent beaucoup d’espace. Ils sont importants pour les autres joueurs comme moi par exemple. C’est beaucoup plus facile de jouer. »

AS Monaco Basket :

Abdoulaye Ndoye, Monaco Basket

« La différence entre les deux équipes ça a été notre début de match. Ils ont attaqué très fort. On était derrière tout le match, on n’a pas réussi à faire un run ni à prendre le momentum quand on était à moins quatre. Ça s’est joué sur des détails. »

A Rouen,

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C’est toujours piégeux de posséder jusqu’à 19 points d’avance et d’ailleurs, Monaco est revenu et s’est battu jusqu’au bout pour tenter d’arracher la victoire ?

On sait tous qu’au basket, quand on prend de l’avance dans un début quasi parfait, c’est toujours compliqué de la garder. L’équipe réagit en face et l’autre se retrouve sur un faux rythme. C’est ce qui s’est passé, mais on préfère bien sûr débuter comme ça que l’inverse. Dans le deuxième quart-temps, on a eu beaucoup plus de difficultés offensives et les shoots ouverts ne rentraient plus. On a commencé à faire beaucoup d’erreurs sur des situations que l’on connaît, et cela leur a permis de revenir dans le match, à sept points à la mi-temps.

Du fait de leurs absents à l’intérieur, ils ont défendu en zone. C’est compliqué à aborder ?

Normalement, non. Toute la saison où des équipes ont défendu en zone, en zone match up comme ils ont fait où ils changeaient sur tout, on a toujours trouvé des réponses. Le problème, c’est qu’on n’avait pas travaillé par faute de temps et Monaco ne l’avait pas fait cette année ou très peu. On l’a bien attaquée à partir du moment où on avait du rythme et ça partait de notre défense. Si à un moment on a eu des difficultés, c’est parce qu’on s’arrêtait de jouer, sur des défenses comme ça, il faut s’adapter, jouer plus dans les intervalles en fonction de la lecture de la défense. On a alterné entre le bon, quand on a refait un écart, et le moins bon quand ils reviennent. C’était compliqué parce que ça faisait longtemps que l’on n’avait pas bossée. Mais dans l’ensemble, on s’en est plutôt bien sorti.

Quelle impression ça fait de disputer un match aussi important dans l’Histoire du club dans une salle aussi vide ?

C’est une bonne question ! (sourire) C’est un peu l’histoire de la saison, le manque de public. Ça ne sert à rien de revenir là-dessus, un match sec… C’est valable pour toutes les équipes. Sinon, personnellement,

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