Aller au contenu

Equipe de France féminine : Un rebond à Tokyo ?

Déçues par leur deuxième place à l’Euro, où elles ont craqué en finale face aux Serbes, les Bleues peuvent rebondir eux JO. Cette fois, peu importe la couleur de la médaille, elle serait magnifique.

Déçues par leur deuxième place à l’Euro, où elles ont craqué en finale face aux Serbes, les Bleues peuvent rebondir eux JO. Cette fois, peu importe la couleur de la médaille, elle serait magnifique.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Rassurant. C’est l’adjectif qui est venu à l’esprit après la victoire des Bleues sur l’Espagne, samedi, à l’AccorHotels Arena de Paris-Bercy (80-75), celle-ci faisant suite au revers enregistré, deux jours auparavant, à Malaga (72-61). « Il y a eu quelques hauts, quelques bas, mais globalement, les filles sont revenues dans l’engagement, dans l’exigence, un peu plus dans le contrôle du ballon. C’était important que l’on parte sur cette bonne impression pour se reposer trois jours et se retrouver », apprécie la coach Valérie Garnier.

L’interrogation initiale était de savoir si les Françaises n’avaient pas été assommées par leur déconvenue en finale de l’Euro, face à la Serbie (54-63), alors qu’elles avaient clamé haut et fort qu’elles voulaient décrocher l’or, avec l’approbation d’une large majorité des experts européens. « On a été toutes très déçues, » reconnaît Marine Johannes. « On voulait cette médaille d’or et on avait tout pour réussir cette année. Malheureusement, on a échoué en finale. Forcément, les jours qui ont suivi n’ont pas été évidents. On était fatiguées physiquement et mentalement. Ça reste une médaille d’argent. Il ne faut pas rester sur la défaite contre la Serbie. Il faut que l’on avance, que l’on reste ensemble. On a la chance d’enchaîner sur les Jeux Olympiques, ça n’arrive pas tous les ans, il faut rebondir. Quand on a un mois après un échec, on a tendance à y penser tout le temps. Là, on est tourné vers les JO. On connait l’objectif, c’est de remporter une médaille à ces JO. » « Ça va être difficile, mentalement, physiquement, mais on a à cœur de faire quelque chose. Il va falloir que l’on aille puiser cette force à l’intérieur de nous. Il faut que l’on soit plus exigeantes, plus rigoureuses. Parfois, on ne l’est pas », avoue la capitaine Endy Miyem.

Croatie (+44), République Tchèque (+20), Russie (+26), Bosnie (+13), Biélorussie (+12), la France avait peut-être été bercée par un confort excessif avant de tomber sur l’os serbe (-9). « Malgré nos erreurs, on a gagné nos matches avec 85 points de moyenne en attaque et 60 points encaissés. Il y avait cette confiance qui s’était installée. Et cette confiance, les Serbes nous l’ont volée au bout de 5 minutes, » lâche Valérie Garnier, qui ajoute : « Les JO, c’est LA compétition pour tous les athlètes, pour tous les staffs. C’est bien pour nous de nous relancer sur un objectif aussi rapidement. Elles vont switcher, elles vont prendre tout ce qu’elles ont en elles pour le mettre à disposition de l’équipe. »

Photo: Marine Fauthoux (FIBA)

Meneuses et patronnes

Plusieurs imperfections sont apparues au grand jour le soir de la finale de l’EuroBasket, tout comme lors du match de reprise face à l’Espagne, à Malaga. La plus visible : la carence à la mène. Ce n’était déjà pas le secteur le mieux nanti de l’équipe nationale, et le forfait de Olivia Epoupa, la dynamiteuse/dragster, blessée lors des premières minutes de l’Euro face à la Croatie, lui a porté un rude coup. Alix Duchet n’a pas encore la stature du plus haut niveau international. Dans un passé récent, la combo guard franco-américaine, Bria Hartley, a masqué en partie ces manques, mais sa longue indisponibilité l’a privée de l’Euro et des JO, quand bien même serait-elle plus utile, « méritante », que Gabby Williams, puisque la Fédération Internationale leur interdit de jouer ensemble.

A l’Euro, Valérie Garnier n’avait donc plus qu’une meneuse de métier, Alix Duchet, et il lui fallait de suite en intégrer une autre pour Tokyo. Le choix s’est porté sur la néo-Landaise, Marine Fauthoux, 20 ans. « J’en ai discuté avec mon staff. On a gardé la logique. On a commencé avec un groupe de 14 avec 2 partenaires d’entraînement, et j’avais fait le choix de partir sans Marine. C’était donc logique que ce soit elle qui revienne, sinon j’aurais fait appel à d’autres meneuses de jeu, » explique Valérie Garnier. « Tout s’est précipité. On est rentré le mardi soir. On a discuté avec le médical le mercredi. Le jeudi, il y avait les résultats en ce qui concerne Olivia. J’ai appelé Marine la première fois avant les résultats d’Olivia pour déjà lui faire savoir que j’avais besoin d’elle, à quel titre, je n’en savais rien. Au moins pour mener cette équipe à Valence et à Bercy. Elle m’a dit, « je me suis entraînée tous les jours, tu peux compter sur mon engagement total. » Dès le premier entraînement, j’ai vu effectivement que c’était vrai. Elle a fait de la prépa physique, elle a touché le ballon. »

En fait, Marine Fauthoux était repartie dans sa ville de naissance, Pau, où un programme estival l’attendait avec un coach et un préparateur physique… Le physique, c’est son point faible, confirme-t-elle. Elle se savait en forme.  « Ça a commencé par le premier match quand Olivia s’est blessée. Quand j’ai vu ça, je me suis dit « tiens-toi prête, ils auront peut-être besoin de toi. » Quand Valérie m’a appelée la première fois, dans ma tête, je partais pour les aider sur le stage. Quand la décision est tombée, forcément j’étais trop contente. Les Jeux Olympiques, c’est le rêve de tout sportif. »

A Malaga, la fille du Petitou a perdu 6 ballons, ce qui prouvait qu’elle manquait de rythme, mais à Paris, elle a été rayonnante en première mi-temps, et assuré 15 points et 14 d’évaluation sur la durée du match. « Quand on est une jeune joueuse, ce n’est pas facile d’être titulaire et de mener une équipe nationale, en plus de France. Elle a répondu de la meilleure des façons, en étant présente en défense, en relançant vers l’avant, en prenant des initiatives. Les choix étaient bons par rapport à ceux en Espagne. Ça ne sera peut-être pas toujours comme ça, il y aura peut-être des jours de moins bien, » anticipe Valérie Garnier.

Qui sera titulaire à Tokyo, sachant que, blessée, Alix Duchet a manqué les deux France-Espagne ? La coach répond que cela dépendra des circonstances, mais va plus loin dans son raisonnement : « On le voit chez les garçons, ils se tournent de plus en plus avec un jeu avec deux arrières. Je pense que l’on va tendre vers ça dans le basket féminin aussi. Marine (Johannes) a pour moi toutes les caractéristiques pour être cette poste 2-1, au même titre que ce que Nando (De Colo) peut le faire avec les garçons. C’est un rôle différent, pas facile à assumer, mais avec du temps et de la confiance, je suis sûre que ça va passer. J’ai totalement confiance, et à aucun moment j’ai été angoissée à l’idée de voir à la mène Marine ou Sarah (Michel). Même Valou (Vukosavljević) et Gabby (Williams) s’y sont mises. Ce jeu à deux arrières va prendre de plus en plus de place. On voit même des équipes qui jouent avec trois arrières. Finalement, ce que l’on pourrait penser être une faiblesse peut être une force. Sur certains matches, cela l’a été car les équipes ne savent pas qui fait quoi et comment. »

Ecrire que Marine Johannes est enthousiasmée par la perspective de lâcher plusieurs minutes son job de shooting guard serait très exagéré. « Ce n’est pas quelque chose que j’ai l’habitude de faire, ça m’est arrivé quelques fois avec Lyon. Je ne me sens pas encore tout à fait à l’aise », reconnaît-elle. « C’est peut-être un axe de travail pour le futur, quelque chose vers lequel je peux me tourner. Là, avec Sarah, je peux dépanner au cas où. On a essayé d’aider l’équipe au maximum après la blessure d’Olivia. »

Il y a la meneuse de jeu et la meneuse de groupe. Nuance. Lorsqu’elles ont été sacrées championnes d’Europe, les Bleues avaient des meneuses en chef, à forte personnalité, charismatiques, capables de rassembler, de consoler comme de pousser des coups de gueule, avec Yannick Souvré (2001) puis Céline Dumerc (2009, et médaillée d’argent aux Jeux de Londres en 2012). Ce n’est plus le cas. Cela fait deux finales d’Euro de suite (2019 et 21) que les Françaises se sont fait manger la laine sur le dos sans réagir. On ne s’improvise pas général, surtout quand on a tout juste 20 ans.

Photo: Gabby Williams (FIBA)

On attend la vraie Gabby Williams aux JO

L’équipe de France a donc souffert en finale de l’Euro d’un manque de leadership, et aussi d’une trop grande dépendance à Sandrine Gruda, majestueuse à Strasbourg, mais qui a été mise sous l’éteignoir par les Serbes (5 points, 4 rebonds, 4 d’évaluation). Alexia Chartereau, MVP de la saison de Ligue Féminine, qui a monté très haut le degré d’exigence à son égard, nous laisse sur notre faim depuis le début de la campagne estivale, ne récoltant que le 8e temps de jeu. La coach prend sa défense : « On sort d’une compétition internationale qui n’a rien à voir avec le championnat de France, même s’il est très relevé. C’est une jeune joueuse aussi. On a tendance à l’oublier même si avoir 22 ans, être MVP de la Ligue Féminine, dans un grand club comme Bourges, c’est formidable. Ce qui m’intéresse c’est que quand il y en a une qui est un peu moins bien, l’autre reprend le dessus et vice-versa. Il y a une deuxième compétition et il n’y a pas de raison qu’Alexia ne puisse pas, elle aussi, se libérer. Ce n’est pas pareil de jouer en équipe de France que pour un club. Le temps de jeu est partagé, l’intensité doit rester, on doit être performant sur des périodes beaucoup plus courtes. Je n’ai aucun doute sur sa capacité à apporter à cette équipe. »

Marine Johannes est, quant à elle, toujours un cas particulier. L’artiste peut être irrésistible, mais sa prise de risques est élevée et son jeu comporte toujours quantité d’impuretés. De plus, elle ne réussit pas pour l’instant à se sublimer dans les matches décisifs comme une Sonja Vasic chez les Serbes. Témoin son 5/14 aux tirs en finale.

On attend aussi davantage de Gabby Williams, qui est une forte individualité d’Euroleague, qui n’est pas arrivée en terrain conquis en équipe de France -c’est tout à son honneur- et qui a semblé joué avec le frein à main à l’Euro. «Je pense qu’elle a fait sa première mi-temps, que c’est peut-être son échauffement et son temps d’adaptation », disait à son sujet Valérie Garnier au retour de Malaga « Je pense que vous avez pu échanger avec Gabby et apercevoir sa personnalité, son humilité. C’est quelqu’un qui veut se mettre au service de l’équipe, se fondre dedans. C’est remarquable d’avoir une joueuse comme ça. Je lui ai dit que maintenant, elle peut se lâcher. Je pense qu’elle n’ose pas, qu’elle ne veut pas prendre trop de place. Pour avoir discuté avec elle, elle avait besoin de temps. C’est nouveau pour elle. Elle savait qu’elle allait être regardé, épié. Il y avait aussi le doute pour elle. Aujourd’hui, elle va pouvoir se lâcher car le doute n’est plus présent puisqu’elle vient avec nous aux Jeux Olympiques. »

De fait, la native du Nevada est apparue très vite comme une personne attachante, modeste, timide, bien loin de l’image que renvoie nombre de joueurs/joueuses américain(e)s aux confins de la confiance et de l’arrogance. Si Française, Gabby… « Oui, je suis les deux, je suis Franco-Américaine. Je pense que je ne joue pas comme toutes les Américaines. Je pense qu’elles jouent plus individuellement alors que moi, je préfère jouer collective, avec tout le monde, et comme je l’ai dit, ça commence en défense. Et ça, je pense que c’est plus le côté des Français, » rit-elle.

Lors du match de Bercy, on a vu la vraie Gabby Williams, celle qui se lance dans des chevauchées, qui drive, prend ses responsabilités aux shoots, qui impacte partout sur le terrain. « Ce soir, j’ai commencé en défense. C’est pour ça, j’ai gagné de l’énergie, j’ai joué vite, en transition, et c’est pour ça que j’ai pu jouer mon jeu. Valérie m’a demandée de jouer mon jeu, de jouer vite, d’être moi-même, et ce n’est pas facile car je suis en train d’apprendre l’équipe. Mais, maintenant, je pense que je suis prête, je suis là et je comprends tout. Le championnat d’Europe, c’était ma première compétition, et c’est facile d’entrer dans l’équipe car tout le monde est sympa et tout le monde m’a beaucoup aidée. Pendant le championnat d’Europe, j’étais vraiment nerveuse, un peu stressée. Maintenant, je me sens mieux. Je peux jouer avec l’équipe, je connais mieux les filles, j’ai hâte de commencer les JO. »

L’équipe de France a besoin d’une Gabby Williams souveraine pour passer un cap, conserver son mental même quand il y avis de tempête sur le terrain. « Je crois que ce match ici peut être un déclic pour elle aussi dans la façon de se comporter. Je lui ai dit que c’était exactement ça que j’attendais d’elle. Quand elle est comme ça, elle est redoutable car elle est partout, montre aussi le chemin à suivre pour d’autres joueuses. C’est bien ce qu’elle fait. »

Les Bleues vont maintenant partir pour le Japon où les attendent encore deux matches de préparation, contre Porto-Rico (20 juillet) et le Canada (21). Ce seront ensuite les Jeux avec, à suivre, Japon (27), Nigéria (30) et Etats-Unis (2 août). Elles ont craqué sous le poids des responsabilités en finale de l’Euro. Cette fois, elles ne seront pas favorites. Les Etats-Unis sont au-dessus du lot, et une demi-douzaine d’équipes lorgnent sur le podium. Etre favori met généralement les équipes de France de tout poil -y compris celle de foot- dans une position qui s’avère, à la mise à l’épreuve, déstabilisante. « Peut-être que le statut d’outsider convient le mieux à tout le monde, » sourit Valérie Garnier. « On peut mener son petit bout de chemin sans être sous les feux de la rampe et sans être constamment interpellé sur la finale. Cette marche que l’on a ratée ne remet pas en cause pour moi le parcours de réussite que l’on a entrepris depuis 15 à 18 mois, mais par contre, il faut tirer des enseignements, il faut apprendre de ses erreurs. »

x

[armelse]

Rassurant. C’est l’adjectif qui est venu à l’esprit après la victoire des Bleues sur l’Espagne, samedi, à l’AccorHotels Arena de Paris-Bercy (80-75), celle-ci faisant suite au revers enregistré, deux jours auparavant, à Malaga (72-61). « Il y a eu quelques hauts, quelques bas, mais globalement, les filles sont revenues dans l’engagement, dans l’exigence, un peu plus dans le contrôle du ballon. C’était important que l’on parte sur cette bonne impression pour se reposer trois jours et se retrouver », a apprécié la coach Valérie Garnier.

L’interrogation initiale était de savoir si les Françaises n’avaient pas été assommées par leur déconvenue en finale de l’Euro, face à la Serbie (54-63), alors qu’elles avaient clamé haut et fort qu’elles voulaient décrocher l’or, avec l’approbation d’une large majorité des experts européens. « On a été toutes très déçues, » reconnaît Marine Johannes. « On voulait cette médaille d’or et on avait tout pour réussir cette année. Malheureusement, on a échoué en finale. Forcément, les jours qui ont suivi n’ont pas été évidents. On était fatiguées physiquement et mentalement. Ça reste une médaille d’argent. Il ne faut pas rester sur la défaite contre la Serbie. Il faut que l’on avance, que l’on reste ensemble. On a la chance d’enchaîner sur les Jeux Olympiques, ça n’arrive pas tous les ans, il faut rebondir. Quand on a un mois après un échec, on a tendance à y penser tout le temps. Là, on est tourné vers les JO. On connait l’objectif, c’est de remporter une médaille à ces JO. » « Ça va être difficile, mentalement, physiquement, mais on a à cœur de faire quelque chose. Il va falloir que l’on aille puiser cette force à l’intérieur de nous. Il faut que l’on soit plus exigeantes, plus rigoureuses. Parfois, on ne l’est pas », avoue la capitaine Endy Miyem.

Croatie (+44), République Tchèque (+20), Russie (+26), Bosnie (+13), Biélorussie (+12), la France avait peut-être été bercée par un confort excessif avant de tomber sur l’os serbe (-9). « Malgré nos erreurs,

[/arm_restrict_content]

[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Photo d’ouverture : Valériane Vukosavljević, FIBA

Commentaires

Fil d'actualité