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Interview – Vincent Collet : « On peut s’inviter à la table des prétendants au podium »

Demain matin, à Saitama (6h30 heure française, en direct sur le site de L’Equipe et à 21h sur la chaîne L’Equipe), l’équipe de France va livrer un dernier test contre le Japon. Le coach des Bleus Vincent Collet fait le point.

Demain matin, à Saitama (6h30 heure française, en direct sur le site de L’Equipe et à 21h sur la chaîne L’Equipe), l’équipe de France va livrer un dernier test contre le Japon. Le coach des Bleus Vincent Collet fait le point.

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Comment s’est passée l’arrivée au Japon ?

Comme on s’y attendait, c’est-à-dire difficilement. On a passé presque autant de temps à l’aéroport que dans l’avion. Je n’exagère pas tant que ça. Il nous a fallu cinq heures pour sortir de l’aéroport. Ajouté à ce très long vol, cela fait pas mal de fatigue. On s’est entraîné malgré tout deux fois hier, comme prévu. Et là, on sort de la séance quotidienne avant d’affronter le Japon demain. L’équipe est un peu fatiguée, mais on attend ce match avec un peu d’impatience. Le fait que celui contre l’Italie ne puisse pas avoir lieu fait que c’est le dernier de préparation.

Pas mal de matches de préparation sont annulés. Quelles sont les raisons données par les autorités japonaises pour justifier cette annulation ? Y a-t-il un côté oppressant sur le plan sanitaire ? Qu’est-ce que ça a comme conséquence pour l’équipe ?

Je ne connais pas les raisons dans le détail. Simplement, il y a une volonté des autorités japonaises de limiter les interactions, de façon à rassurer leur population avant les Jeux. C’est pour cette raison que l’Italie n’a pas été autorisée à se rendre à Oshino depuis sa base. Fort heureusement, le match contre le Japon est maintenu. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est oppressant car on s’y attendait. On n’avait jamais vécu ce qui nous est arrivé à l’aéroport, mais le fait de s’y attendre permet de mieux le supporter et le gérer. On sait depuis le début que nos capacités d’adaptation vont être un élément important de nos performances. Ça a commencé avec notre arrivée jeudi soir et ça va continuer, bien sûr, au village olympique. Les joueurs le savent, et d’ailleurs à ce sujet, Nando De Colo me disait tout à l’heure qu’ils ont prévu de faire une réunion demain soir pour repréciser tous ces aspect-là, pour que ce ne soit pas un facteur qui nous perturbe trop, et qui soit négatif sur la performance et la concentration du groupe. Il faut que malgré ces difficultés dues au contexte sanitaire, on garde de la cohésion et le focus sur les matches pour performer.

Comment se passe votre quotidien à Oshino ?

On n’a pas le droit de sortir de l’hôtel, et c’est bien dommage car la vue est magnifique et donne envie d’aller explorer un peu plus loin. Pour l’instant, on essaye surtout de digérer le décalage horaire. Malgré tout, comme je l’ai dit, on a fait deux séances hier, on a passé beaucoup de temps à la salle. Dans notre situation, c’est aussi intéressant de continuer à construire ce groupe. Ce qui fait du bien, c’est que l’on soit au complet, avec Thomas (Heurtel), et c’était aussi les premiers entraînements de Nico Batum et Rudy Gobert. La journée d’hier a permis de faire pas mal de révisions pour les autres, et de les intégrer. Le match de demain va aussi y contribuer. Et, à partir de lundi, on ajoutera les dernières petites choses que l’on veut mettre dans notre jeu. On sera déjà lancé dans la dernière ligne droite par rapport aux Jeux. Il ne nous restera plus véritablement que 4-5 jours de préparation avant d’aller au Village Olympique. On fera ça le 22 juillet. Le fait que l’on soit quelque part confiné -même si on va à la salle en bus-, bien sûr c’est parfois un peu lourd, mais dans notre situation, c’est peut-être une opportunité qu’il faut saisir. Il faut essayer de transformer les difficultés en opportunités. La cohésion sociale, ce n’est pas suffisant pour gagner, mais ça permet d’aller plus loin. On a vu lors des deux matches contre l’Espagne, qui étaient globalement intéressants, qu’il y a plein de petites choses qu’on ne fait pas bien, et que l’on veut améliorer. Le fait d’être un peu les uns sur les autres, ça peut nous permettre de bosser ces choses-là. On a fait une vidéo cet après-midi qui allait dans ce sens-là. Je l’ai commenté mais ça a aussi induit des échanges entre eux pour corriger les choses.

Photo: Vincent Poirier
Photo: Thomas Heurtel (FFBB)
« Thomas Heurtel… Dans quelques jours, je pense que l’on pourra parler de la forme retrouvée »

Allez-vous chercher à développer votre secteur intérieur face au Japon ?

Ce n’est pas forcément par rapport au Japon que l’on va travailler le jeu intérieur. Quelque soit l’adversaire, on veut améliorer la recherche du jeu intérieur. A la Coupe du Monde, on dépendait beaucoup de l’utilisation des picks, et en particulier de nos deux fers de lance offensifs, que sont Nando (De Colo) et Evan (Fournier). Là, on veut enrichir notre jeu et l’une des façons de le faire, c’est de développer l’utilisation du jeu intérieur, mais ce n’est pas du tout lié à l’opposition contre le Japon. Demain matin, on aura une petite vidéo pour présenter aux joueurs les Japonais, mais ce n’est pas une priorité. Le Japon est une équipe très différente de celles que l’on va rencontrer au premier tour des Jeux Olympiques, que ce soit bien sûr Team USA, mais aussi la République tchèque voir même l’Iran. Par contre, c’est une équipe qui a de la vitesse d’exécution, avec des grands et des gabarits de petite taille. On va être intéressé sur notre capacité à les ralentir et à freiner cette vitesse d’exécution. Ils ont deux joueurs NBA qui sont les leaders de cette équipe, (Rui) Hachimura et (Yuta) Watanabe. Hachimura est un fort joueur, référencé en NBA. A cela, ils ajoutent un joueur intérieur naturalisé (Gavin Edwards), qui est aussi dangereux, et autour, ils ont beaucoup de joueurs de petites et de moyennes tailles, qui sont rapides, et qui n’ont pas le profil de joueurs auquel on est habitué dans le basket international.

Dans quel état physique se trouve aujourd’hui Thomas Heurtel ?

Il ne peut pas être en bonne forme. Il y a des blessures où le joueur peut faire beaucoup de cardio, et minimiser cette perte de forme. Là, ça n’a pas été le cas puisque c’est une blessure qui concernait le pied. Il a fait un peu de vélo les derniers jours avant de reprendre, mais il a besoin de quelques jours pour retrouver la bonne forme. Par contre, on sent qu’il avait envie, il a de l’enthousiasme. Hier, on était plutôt sur le demi-terrain, donc il était à l’aise, et c’était un peu plus difficile aujourd’hui avec les traversées. Malgré tout, c’est plutôt satisfaisant pour une reprise. Le plus important, c’est que ça va. Même s’il peut ressentir des choses, c’est supportable et il était plutôt satisfait de ses sensations. Dans quelques jours, je pense que l’on pourra parler de la forme retrouvée.

Avez-vous suivi les péripéties de l’équipe américaine, et cela valide t-il le fait que l’équipe de France se soit installée plus tôt au Japon ?

C’est trop tôt pour y répondre. Dans ce genre de situation, il faut prendre une décision, et on a choisi de venir au Japon pour plusieurs raisons. Pour digérer le décalage horaire, pour gérer un peu mieux l’entrée au Village olympique. Elle était normalement imposés cinq jours avant si tu venais directement de l’étranger, alors que là, on peut rentrer la veille de la cérémonie d’ouverture. Ça veut dire trois jours avant ton premier jour de compétition. Ça nous permet de nous entraîner plus sérieusement jusqu’à la veille de cette cérémonie d’ouverture. On a pu aussi éviter de multiplier les voyages. Si on était allé à Las Vegas, il aurait déjà fallu faire un grand voyage pour y aller, puis un second du même acabit entre les Etats-Unis et le Japon. Malgré tout, on n’a aucune certitude par rapport à ça. C’est un choix que l’on assume et on espère qu’il sera judicieux.

Quel est votre souvenir du match contre les Américains en 2019 ?

Je crois que notre équipe avait de la conviction. L’excitation qui prévaut sur ce genre de match, mais surtout la conviction que l’on pouvait beaucoup les gêner, sans savoir jusqu’où ça pouvait nous mener. Le fait d’avoir cette attitude assez conquérante, et après la lucidité pour avoir une assez juste appréciation du rapport de force. Les Américains ont une qualité individuelle qui reste totalement inégalée, encore plus probablement cette année qu’en 2019, mais la problématique est la même. Si on veut s’opposer et les pousser dans leurs retranchements, on devra être capable d’avoir collectivement une justesse de tous les instants. Si la matchup se réduit à des matchups individuelles, on a très peu de chances pour dire aucune. Notre objectif sera de toutes façons de leur proposer une opposition qui soit la plus collective possible. On sait que dans certaines situations, leurs individualités vont de toutes façons faire la différence, mais on devra le plus souvent possible leur opposer des situations de surnombre, comme on avait sur le faire en 2019. On sait aussi que ce match-là a existé et que les Américains vont forcément s’en servir, et que c’est forcément quelque chose qui nous dessert. On peut surprendre une fois, c’est plus dur de le faire deux fois. Il faudra trouver d’autres ressources pour les gêner. Je comprends très bien que vous en fassiez un sommet, mais pour moi ce match-là n’a pas plus de valeur que les deux suivants. Notre objectif est de nous qualifier et le mieux possible. Par là même, le match contre les Américains n’est pas forcément le plus important.

Photo: Rudy Gobert (FFBB)
« Sur la hiérarchie mondiale, je pense que vis-à-vis de 2019, Team USA me semble un cran au-dessus, et se pose à nouveau comme le favori de la compétition »

A huit jours d’affronter les Etats-Unis, où en êtes-vous de la construction de votre équipe ? Etes-vous dans les temps ?

C’est une bonne question à laquelle il est quand même difficile de répondre. Ce que je sais, c’est qu’on a bossé, avancé. On a été freiné comme toujours par des éléments qu’on ne contrôle pas, comme la blessure de Thomas (Heurtel), l’arrivée tardive de Nico (Batum), voire même celle de Rudy (Gobert), qui sont des joueurs importants de notre dispositif. Il faut être prêt à démarrer la compétition sans être forcément à notre meilleur niveau. Ce qui est important, c’est que l’on soit compétitif. Ça sera certainement le cas pour nos adversaires, aussi il ne faut pas que l’on se pollue la tête en cherchant à savoir sin on est à 80%, à 90%. Ce qui est sûr c’est que l’on a fait du chemin et aussi qu’il en reste. Il ne faut pas chercher à se rassurer, c’est une erreur que l’on fait souvent. La préparation doit permettre d’avancer, mais elle n’est pas là pour se rassurer. Dans les regrets qu’il peut y avoir, c’est qu’il y a peu de matches et le dernier que l’on devait faire qui, à mes yeux, avait pas mal d’importance a été annulé -on pensait contre la Serbie et finalement l’Italie, deux adversaires de grande qualité. C’est ennuyeux mais on va faire avec. On a déjà prévu de faire un scrimmage entre nous, soit le 20, soit le 21, pour remplacer. Quelque soit notre niveau de préparation, on doit être capable de monter sur le terrain le 25 avec beaucoup de détermination. On pourra mieux juger à ce moment-là ce qui a été fait et surtout ce qui nous manque.

Pensez-vous que cette équipe, avec le retour de Thomas Heurtel, et l’addition de Moustapha Fall et Guerschon Yabusele, a plus de potentiel sur le papier que celle de la Coupe du Monde ? Et à quelle place est-elle à votre avis dans la hiérarchie mondiale ?

Effectivement, en terme de potentiel, on peut en avoir un peu plus. La problématique est de savoir comment exploiter ce petit surcroît de potentiel pour en faire une équipe plus performante. Ça demande encore du travail. On n’est forcément pas encore réglé car Thomas a fait 2-3 entraînements, la même chose pour Rudy et Nico. En terme de roster, je nous situe un peu au-dessus. Sur la hiérarchie mondiale, je pense que vis-à-vis de 2019, Team USA me semble un cran au-dessus, et se pose à nouveau comme le favori de la compétition. Je le répète : l’Espagne reste candidate à sa succession de la Coupe du Monde où elle a gagné en étant globalement la meilleure équipe de la compétition. Je pense que l’on fait partie du groupe des chasseurs avec quelques équipes comme l’Australie, probablement la Slovénie, et un autre probablement émergera entre l’Italie, la République tchèque, il y a toujours une surprise dans un tournoi. Je pense que l’on peut s’inviter à la table des prétendants au podium. Après, beaucoup de choses peuvent arriver dans un tournoi. Ce qui est important, c’est d’avoir beaucoup d’ambition et aussi beaucoup d’humilité pour ne pas sauter les étapes. Il y a un premier tour qui est toujours piégeux d’autant plus cette année qu’il y a moins d’équipes. Le fait qu’il n’y ait que 4 équipes et 3 matches donne une importance supplémentaire à chaque match. Le match contre les Américains, c’est un must dans notre sport, mais il faudra être au rendez-vous le 28 contre la République tchèque car ce sera quoiqu’il en soit un match déterminant. Même dans le cadre d’un exploit contre Team USA, il faudrait le confirmer contre la République tchèque, sinon cet exploit n’aurait pas beaucoup de valeur. Au même titre que le 3e match contre l’Iran. Et ensuite, bien négocier le quart-de-finale. On sait que dans la course aux médailles le quart-de-finale est capital car si tu perds, il n’y a pas de suite. Alors que, quand tu passes le quart, tu as deux chances d’obtenir le morceau de fer.

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Comment s’est passée l’arrivée au Japon ?

Comme on s’y attendait, c’est-à-dire difficilement. On a passé presque autant de temps à l’aéroport que dans l’avion. Je n’exagère pas tant que ça. Il nous a fallu cinq heures pour sortir de l’aéroport. Ajouté à ce très long vol, cela fait pas mal de fatigue. On s’est entraîné malgré tout deux fois hier, comme prévu. Et là, on sort de la séance quotidienne avant d’affronter le Japon demain. L’équipe est un peu fatiguée, mais on attend ce match avec un peu d’impatience. Le fait que celui contre l’Italie ne puisse pas avoir lieu fait que c’est le dernier de préparation.

Pas mal de matches de préparation sont annulés. Quelles sont les raisons données par les autorités japonaises pour justifier cette annulation ? Y a-t-il un côté oppressant sur le plan sanitaire ? Qu’est-ce que ça a comme conséquence pour l’équipe ?

Je ne connais pas les raisons dans le détail. Simplement, il y a une volonté des autorités japonaises de limiter les interactions, de façon à rassurer leur population avant les Jeux. C’est pour cette raison que l’Italie n’a pas été autorisée à se rendre à Oshino depuis sa base. Fort heureusement, le match contre le Japon est maintenu. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est oppressant car on s’y attendait. On n’avait jamais vécu ce qui nous est arrivé à l’aéroport, mais le fait de s’y attendre permet de mieux le supporter et le gérer. On sait depuis le début que nos capacités d’adaptation vont être un élément important de nos performances. Ça a commencé avec notre arrivée jeudi soir et ça va continuer, bien sûr, au village olympique. Les joueurs le savent, et d’ailleurs à ce sujet, Nando De Colo me disait tout à l’heure qu’ils ont prévu de faire une réunion demain soir pour repréciser tous ces aspect-là, pour que ce ne soit pas un facteur qui nous perturbe trop, et qui soit négatif sur la performance et la concentration du groupe. Il faut que malgré ces difficultés dues au contexte sanitaire, on garde de la cohésion et le focus sur les matches pour performer.

Comment se passe votre quotidien à Oshino ?

On n’a pas le droit de sortir de l’hôtel, et c’est bien dommage car la vue est magnifique et donne envie d’aller explorer un peu plus loin. Pour l’instant, on essaye surtout de digérer le décalage horaire. Malgré tout, comme je l’ai dit, on a fait deux séances hier, on a passé beaucoup de temps à la salle. Dans notre situation, c’est aussi intéressant de continuer à construire ce groupe. Ce qui fait du bien, c’est que l’on soit au complet, avec Thomas (Heurtel), et c’était aussi les premiers entraînements de Nico Batum et Rudy Gobert. La journée d’hier a permis de faire pas mal de révisions pour les autres, et de les intégrer. Le match de demain va aussi y contribuer. Et, à partir de lundi, on ajoutera les dernières petites choses que l’on veut mettre dans notre jeu. On sera déjà lancé dans la dernière ligne droite par rapport aux Jeux. Il ne nous restera plus véritablement que 4-5 jours de préparation avant d’aller au Village Olympique. On fera ça le 22 juillet. Le fait que l’on soit quelque part confiné -même si on va à la salle en bus-, bien sûr c’est parfois un peu lourd, mais

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Photo: Frank Ntilikina (FFBB)

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