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Le boom du basket 3×3

Dans le cadre prestigieux du Trocadéro, à Paris, à travers sa FIBA Europe Cup et dans sa lancée des Jeux Olympiques de Tokyo, le 3×3 a effectué un pas de plus vers la notoriété. Les Bleues y ont clôturé leur long été avec une médaille de bronze.

Dans le cadre prestigieux du Trocadéro, à Paris, à travers sa FIBA Europe Cup et dans sa lancée des Jeux Olympiques de Tokyo, le 3×3 a effectué un pas de plus vers la notoriété. Les Bleues y ont clôturé leur long été avec une médaille de bronze.

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C’est ici même que Michael Jordan a posé pour la première fois le pied sur le sol de France. C’était en septembre 1985, par la volonté de Nike, et dans une totale indifférence. La FIBA Europe Cup 3×3 a monté ce week-end son chapiteau dans les jardins du Trocadéro entre le Musée de l’Homme et la Seine, avec en toile de fond la Tour Eiffel, qui s’est illuminée juste au moment où les Bleues ont remporté la médaille de bronze. Majestueux.

« J’ai la chance d’être le pionnier avec Karim (Souchu) qui était joueur. En 2012, à Athènes, c’était déjà bien, on était près du Parthénon. Depuis, j’ai fait plein de jolis spots, Djakarta, Manille, Porto Rico, mais j’ai pensé que s’il y avait un endroit où il faut faire quelque chose à Paris, c’est au Trocadéro. C’est presque un rêve qui a lieu. Moi qui ai démarré de zéro, de voir que neuf ans plus tard, le 3×3 est au Trocadéro, c’est extraordinaire ! », s’est régalé le sélectionneur, Richard Billant. « J’ai eu la chance de connaître les équipes de France 3×3 et 5×5, de voyager grâce au basket, mais de faire un tournoi face à la Tour Eiffel, c’est le plus beau spot qui m’a été permis de côtoyer pour une compétition », a confirmé l’entraîneur Karim Souchu.

Lorsque les équipes de France étaient en piste, il n’y avait pas une place de libre, assises comme debout, y compris sous la tente des VIP qui donnait sur le terrain. 19 300 spectateurs ont assisté gratuitement au spectacle sur les trois jours dont 8 000 le dimanche. La jauge maximale était de 2 800, elle a été atteinte le dernier jour vers 16h. La journée du vendredi a été gâchée par la pluie, les deux autres ont été ensoleillées. Les drapeaux bleu, blanc, rouge étaient de sortie, ainsi que le portrait de chaque joueur et de chaque joueuse brandi par le Kop France. Sous l’impulsion de deux DJs et d’un speaker, le terrain était transformé en boîte de nuit, et pendant les matches, la musique électrique accentuait l’impression d’un rythme de jeu effréné.

Photo : FIBA

Durant les temps-morts, les spectateurs ont été invités, par exemple, à faire des concours de shoots pour gagner des t-shirts et un ballon dédicacé par les joueurs de l’équipe de France. Une touriste de Boston a ainsi réussi à planter en mouvement deux trois-points en trois tentatives. Ils ont ça dans le sang, les Américains… L’ambiance était bon enfant, mais les Espagnoles ont été accueillies avec froideur et sifflé quand elles se sont présentées sur la ligne des lancers-francs. Autant dire que le public français a eu la rage de les voir éliminer les Bleues en demi-finale !

Marie-Eve Paget a joué au 3×3 dans des endroits insolites comme un cirque ou encore un parking de grande surface, mais évoluer devant le monument national est une sensation à nulle autre pareille. « C’était ouf ! Jouer au pied de la Tour Eiffel avec les fans qui sont revenus, le public qui a joué son rôle de cinquième homme à la perfection. Si on avait à cœur de faire un résultat, c’est aussi pour eux. Ils nous ont soutenu tout au long de la compétition, on l’a remarqué et ça nous a vraiment aidé. C’est un cadre idyllique et ça fait partie de notre top liste des spots dans lesquels on n’a jamais joué… »

Photo : FIBA
L’effet Jeux Olympiques

Les téléspectateurs du monde entier ont découvert le 3×3 à l’occasion des Jeux Olympiques de Tokyo, où il a fait pour la première fois son apparition. En France, les fans ont témoigné de leur plaisir sur les réseaux sociaux, et les Bleues sont tout d’un coup sorties du cercle restreint des initiés. « On a eu une très belle audience au niveau du 3×3 aux Jeux Olympiques, » se félicite Richard Billant. « On est 9e, ce qui est énorme pour une nouvelle discipline, et 2e pour toute la grande famille du basket réuni. L’effet positif des JO qui se prolonge avec cette Coupe d’Europe à Paris, c’est la conquête du public. En définitive, peu de gens connaissent le basket, et le 3×3 encore moins. Si on arrive à ce que les gens aiment notre discipline, c’est très positif. Tous les témoignages que j’ai eu aux JO de la part de sportifs non spécialistes ont été globalement très positifs. On capitalise sur cet effet JO pour que dans cet écrin du Trocadéro, on puisse faire aimer ça encore plus aux Français et motiver les jeunes à s’inscrire dans les écoles de basket et à faire des tournois 3×3. On est encore en période de reconnaissance ou simplement de connaissance. Même si les filles sont restées sur la dernière marche avant le podium, elles ont eu une attitude très positive. J’ai eu beaucoup de retours positifs sur leur attitude et leur engagement. Il faut que l’on continue à pratiquer un beau jeu. » « C’est surtout le format de notre discipline en 10 minutes qui a beaucoup plu. C’est rapide, dynamique, » ajoute Karim Souchu. « J’ai vu sur les réseaux sociaux des gens qui découvraient la discipline, et comme joueur de 3×3 depuis quelques années, c’est hyper satisfaisant. Il y a une notoriété du 3×3 qui commence à évoluer. La mise en avant aux Jeux Olympiques était assez importante. Il y a eu d’immenses retombées sur la famille 3×3 », estime Charly Pontens, l’un des Bleus qui avaient été recalés au TQO.

Marie-Eve Paget, élue dans le 3 all-Stars du tournoi (c) FIBA

Celui qui a donné un coup de booster en France à la notoriété du 3×3, c’est Emmanuel Macron lui-même, en assistant à la première journée du tournoi. « C’était vraiment cool qu’il vienne nous voir », se souvient Marie-Eve Paget. « Ce n’était pas prévu. On était un peu des privilégiées car avec le Judo, on était les deux seules disciplines où il a pu se déplacer. On a pu échanger avec lui, il nous a beaucoup encouragées. Il nous a données sa « force ». Peut-être qu’inconsciemment, ça nous a rajouté une pression supplémentaire. Je n’aurai jamais la réponse à la question. Au final, sa venue a été une bonne chose pour notre discipline car des gens l’ont peut-être connu à travers M. Le Président ». Et MEP de déclamer sa profession de foi : « J’espère que les gens vont prendre une licence basket et vont venir faire du 3×3, du 5×5. Notre sport est génial, on peut vivre des émotions comme ça, ce n’est pas pareil dans tous les sports. Il faut venir faire du 3×3 ! »

Une grosse organisation

Dans les coulisses, l’organisation d’un tel évènement a demandé une importante mobilisation des forces fédérales, qui sortaient à peine de l’Euro Féminin à Strasbourg. Une petite dizaine de personnes y ont œuvré en amont, avec une directrice, un event manager et des responsables de projet. D’autres services de la fédération ont été mobilisés pendant les trois jours dont celui de la communication, doublant ainsi l’effectif. Il faut y ajouter les 90 indispensables bénévoles dont certains étaient présents dès le mercredi pour le montage. La ville de Paris, qui a subventionné la fédération de 150 000 euros, avait confié à l’agence OConnection la conception et la production déléguée de l’enceinte éphémère. La Fédération Internationale s’est appuyée pour sa part sur l’agence Sport + Conseil pour la coordination générale, quelques représentants des services média et marketing arrivant en renfort de Suisse pour compléter les rangs. Des représentants du COJO de Paris’2024 ont bien entendu effectué une visite de l’ensemble, et plusieurs bénévoles de de même COJO étaient intégrés à l’organisation.

Photo : BasketEurope

La Coupe d’Europe de 3×3 a pris le relais de plusieurs évènements dont le championnat du monde de streetball, le live des JO de Tokyo et des paralympiques, et des cérémonies de clôture. Sur une surface de 3400 m2, trois terrains ont été disposés dans les Jardins du Trocadéro : celui pour la compétition avec un toit et un éclairage pour les matches en nocturne, un autre pour l’échauffement des athlètes, et un troisième d’animation pour permettre l’initiation des spectateurs. A cela, il a fallu ajouter deux tribunes de 2 000 places assises, un espace VIP, un players loundge, des espaces de bureau, une tente pour les médias, une autre pour les bénévoles et un village d’animation avec des tentes pour les partenaires.

Quarante matches ont été programmés, le dernier le dimanche à 22h30, tous retransmis sur la L’Equipe Live, et ceux de l’équipe de France sur La Chaîne L’Equipe, ce qui a permis une audience enviable. « Au-delà de l’aspect sportif, il y a la mise en lumière de ce lieu, de la pratique, du village partenaire avec des animations. Un évènement de promotion au sens large. C’est pour les initiés et aussi pour le grand public pour passer un bon moment en famille », explique Audrey Canlet, la responsable médias.

Photo : Antoine Eito (FIBA)
Libérer les joueurs et les joueuses en pleine préparation

Le particularité du 3×3, du moins en France, est d’être pratiqué par des joueurs et joueuses de 5×5. Ils ont donc un double emploi, un double calendrier, et c’est problématique quand ceux-ci se chevauchent. Or, cette FIBA Europe Cup 3×3 est tombée au moment où les clubs sont en pleine période de préparation de la saison. « Je me mets aussi dans la peau des entraîneurs et des clubs, ce n’est jamais facile », reconnaît Richard Billant, qui a été lui-même coach en 5×5. « Il y a aussi l’AfroBasket au 5×5 avec des joueurs des équipes françaises. Mais c’est l’équipe de France. J’estime que lorsque l’on a une coupe d’Europe, qui plus est en France, on doit être en mesure d’avoir les meilleurs joueurs et les meilleures joueuses de son pays. C’est aussi une fierté pour les clubs, et certains communiquent positivement sur ces sélections. »

« A chaque fois que l’on négocie un contrat dans un nouveau club, on a pris la décision de leur présenter notre double projet, » révèle Marie-Eve Paget. « Ils savent donc potentiellement ce qui les attend en nous engageant. Ce n’est jamais tout beau, tout rose. Lorsque ça se chevauche, c’est toujours un peu compliqué pour les clubs, les présidents, les coaches, d’assurer la continuité de leur propre préparation, mais ce sont des choses qu’ils ont acceptées. Même si ce n’est pas toujours facile, personnellement, Basket Landes me soutient derrière mon projet 3×3. Ils me font confiance encore trois ans malgré ce projet-là. » « Chez les mecs, on ne le met pas tous dans les contrats », complète Charly Pontens. « Pour moi, c’est le cas car j’ai changé de club cet été (NDLR : De Quimper à Poitiers). Ça permet de partir plus tranquillement, plus sereinement en cas de convocation en équipe de France 3×3. Mais ce n’est pas parce que c’est marqué dans le 3×3 que c’est facile de se libérer. Là, les clubs acceptent plus facilement car on est en préparation alors que pour le TQO, c’était au mois de mai. C’est vrai que Poitiers fait une communication sur ma sélection. Il faut que ça soit gagnant-gagnant. »

Photo : Migna Touré (FIBA)
Le bronze de la récompense

Leur courte défaite face à la Lituanie (19-21) a coûté cher à Antoine Eïto, Charly Pontens, Jules Rambaut et Franck Seguela, qui ont dû ainsi affronter en quart-de-finale la Serbie, première nation mondiale au ranking 3×3, médaillée de bronze aux JO et double championne d’Europe en titre. Les Serbes ont été soutenus de plus par une belle grappe de supporters. Longtemps, les Bleus ont tenu bon menant 12-11, mais ils ont ensuite lâché prise. Ils sont sortis du terrain sous les vivas en applaudissant eux-même le public pour le remercier. Au micro, Charly Pontens a ajouté : « Merci au public. On a tout donné sur le terrain durant ces trois matches. C’était un réel plaisir de jouer ici devant la Tour Eiffel sur le Trocadéro devant autant de monde. Merci d’être venu et merci de votre soutien. »

En quart, très supérieur athlétiquement, les Bleues ont scoré essentiellement à l’intérieur pour masquer leur faible réussite dans les tirs de loin. Score final : 17-8. MEP aussi s’est adressé à la foule : « Pendant un an et demi, vous nous avez tellement manqué que ce n’est que du bonheur. J’en ai des frissons même s’il fait 30 degrés ! »

En demi-finale, on a longtemps cru que la victoire allait leur sourire. Elles ont mené 13-7. En haut des tribunes, leur sélectionneur Richard Billant faisait des bonds. Sans doute sentait-il le vent venir, car les Espagnoles ont égalisé à 13 à 2’50 de la fin, et trois tirs à deux-points de Migna Touré et Soana Lucet ont raté la cible, ce qui les a empêchées de contenir leurs adversaires. 17-21. Les Françaises ont en revanche contrôlé le match pour la médaille de bronze contre les Russes : 19-13 avec un panier primé de MEP. « C’est un honneur de finir avec la médaille de bronze derrière les vice-championnes olympiques, il y a une grosse symbolique derrière. C’est la résultante d’un long parcours semé de réussites, mais aussi de défaites, de doutes », a commenté Migna Touré. « Ce que j’ai envie de retenir ce soir, c’est toute la force que cela a demandé à chacune d’entre nous, pour switcher, pour aller chercher nos dernières ressources pour ramener une médaille. On a eu un été super chargé, plein d’émotions, et avoir une médaille, c’est finir sur une bonne note, » s’est réjouit Marie-Eve Paget. « Je suis heureuse ! » lâchait Soana Lucet, qui avait du laisser sa place à Ana-Maria Filip pour les JO.

Photo : FIBA
2024, si loin, si proche

Et maintenant ? Paris 2024, c’est dans trois ans. C’est demain. « On clôt définitivement l’Olympiade 2021. Après la Coupe d’Europe, on ouvre une autre olympiade, Paris 2024. On ne sait pas exactement ce qui va se passer. On a un groupe de joueurs et de joueuses présents depuis un certain temps. On a aussi de très bons jeunes U23 voir U18. La porte est toujours ouverte pour de nouvelles joueuses et de nouveaux joueurs. Il y a surtout beaucoup de projets avec la fédération à mettre en place… », rappelle Richard Billant. « Il va falloir que l’on ait très rapidement une filière 3×3 forte, c’est-à-dire des joueurs qui fassent uniquement du 3×3 pour éviter cette collision avec le 5×5 et son calendrier. Un évènement comme celui-ci peut être le point de départ de beaucoup d’initiatives de la FFBB. Paris 2024, c’est demain. On est déjà en train de réfléchir et de travailler sur le futur très proche », rapporte Karim Souchu.

L’avenir à plus long terme, c’est donc très certainement que les équipes de France soient représentées par des joueurs et des joueuses qui se consacrent à 100 % au 3×3. Est-ce que ce sera le cas dans trois ans ? « J’y ai pensé et j’y pense toujours de faire la bascule du 5×5 au 3×3, » confie Charly Pontens. « Mais on a des avantages en tant que joueur de 5×5 que l’on ne retrouve pas pour l’instant au 3×3. C’est un problème de riches entre guillemets puisque l’on a la chance en France d’avoir en 5×5 des conditions avantageuses, au moins sur les 2 ou 3 premières divisions chez les garçons. Tant qu’il n’y a pas de réel circuit proposé, d’abord en France, qui est stable, avec un modèle économique, c’est très flou pour prendre une décision maintenant. Mais, oui, je pense à faire la bascule surtout si on regarde les échéances à venir avec Paris 2024. »

Dans trois ans, Laétitia Guapo, Marie-Eve Paget et Migna Touré n’auront pas encore 29 ans, de quoi avoir la perspective de disputer une deuxième fois les Jeux Olympiques et d’y décrocher cette fois une médaille. MEP : « On est jeunes, mais il peut se passer tellement de choses. C’est long comme c’est super court. On verra bien. Pour l’instant, on va accuser le coup de notre été, se reposer, et basculer vers nos clubs de 5×5 qui nous attendent avec impatience. »

Photo : Laetitia Guapo (FIBA)

Laétitia Guapo (Internationale de 3×3 et… joueuse de 5×5 à Bourges) : « On repart toutes demain dans nos clubs »

Une médaille de bronze, c’est une belle récompense après votre défaite en demi-finale face à l’Espagne. Qu’est-ce qui s’est passé dans les dernières minutes lors de ce match contre l’Espagne ? Un relâchement ?
Je ne dirai pas un relâchement. C’est vrai qu’elles nous ont posé des difficultés. On sait que c’est toujours accroché contre l’Espagne. Elles ont été plus fortes que nous, on a fait des petites erreurs. On sait qu’à ce niveau-là, ce sont les détails qui parlent. On menait 13-6. On n’a pas su garder l’avantage, et tuer le match. Elles nous sont passées devant. Après, quand on court contre le temps, c’est compliqué. On sait que l’on a des choses à travailler, c’est très bien. Si on gagnait tout, ça serait trop facile !

Votre sentiment d’avoir joué ici, au Trocadéo, face à la Tour Eiffel devant un nombreux public, et aussi des téléspectateurs sur La Chaîne L’Equipe ?
Comme MEP l’a dit, c’est le plus beau spot sur lequel on a joué. Devant la Tour Eiffel, à Paris, c’est un lieu idyllique. On voyait les autres nations s’émerveiller, avoir des étoiles dans les yeux. Nous, on est Françaises, c’était pareil. On était trop fières de jouer ici sur ce terrain devant ce public. Ça nous a beaucoup aidé, le public nous a porté. Et on est quand même très heureuses de faire cette médaille ce soir.

Quel est le programme maintenant en 3×3 ?
Il faut déjà s’aider de tout ce que l’on vient de vivre, le laisser maturer, et revenir l’été prochain ou un peu avant avec de nouvelles ambitions. Pour l’instant, prendre du recul, retourner au 5×5 et regarder avec fierté ce que l’on a parcouru.

Vous allez avoir un peu de repos avant de repartir avec Bourges ?
Non, pas vraiment (sourire). On repart toutes demain (aujourd’hui lundi) dans nos clubs. C’est la prépa, c’est un peu compliqué, mais c’est comme ça. C’est pour ça que l’on fait ce métier, que l’on joue au basket.

Vous allez enchaîner avec les qualifications pour la saison régulière d’Euroleague ?
C’est la semaine prochaine ! (sourire) Au moins, on sait pourquoi on s’entraîne, c’est ce qui est beau.

Photo : FFBB

Raymond Bauriaud (directeur du marketing et de la communication à la FFBB) : « Ça sert la promotion du basket »

Avez-vous pu mesurer les retombées sur 3X3 aux Jeux Olympiques ?
Je n’ai pas encore les éléments chiffrés. Je les aurai de la part de la FIBA car des études ont été faites sur le basket. Ce que je sais, c’est que les audiences cumulées basket 5×5 et 3×3 sont très fortes, et ont mis le basket en deuxième sport derrière le judo. Le basket 3×3 a été le sport émergent des Jeux, tout le monde nous en parle. La France a eu un focus particulier parce qu’on a eu la chance d’avoir le Président de la République qui était sur nos matches, ça a donné un éclairage par son intermédiaire. Après, les retombées sont très positives. Les gens veulent découvrir, ceux du basket veulent connaître les règles, le grand public, comme ce sont des évènements en plein air, veut le voir. Ça sert la promotion du basket. On a acquis les droits de ce championnat d’Europe il y a trois ans, dans l’optique de se dire : on va accueillir en France un évènement car il va y avoir les Jeux Olympiques à Tokyo, ça fera un focus sur le 3×3, qui est la nouvelle discipline, et donc ça sera formidable de pouvoir le produire à Paris. On a plutôt bien vu à ce niveau-là puisque c’est ce qui se passe. Le site y fait beaucoup. On a eu des velléités d’organiser ce championnat d’Europe à la Défense, ça n’a pas pu se faire pour des raisons techniques, et on savait qu’il y avait le site du Trocadéro qui était aménagé pour accueillir les athlètes des Jeux Olympiques, avec une volonté de faire de l’événementiel. On s’est rapproché de la Mairie de Paris, et on est vite tombé d’accord pour que le championnat d’Europe ait lieu ici. Pouvoir offrir ça gratuitement au public parisien, c’est fantastique.

C’est un premier pas vers les Jeux de Paris 2024 ?
Bien sûr. Les gens de Paris 2024 sont parfaitement au courant de l’évènement. Ils étaient les premiers supporters que ce soit dans un lieu dans Paris intramuros. Cette année c’est au Trocadéro, dans trois ans ce sera à la Concorde. C’est un sport qui est plus qu’émergent puisqu’il y a des compétitions européennes, les Jeux Olympiques, un World Tour, des joueurs qui en vivent, d’autres qui souhaitent en vivre. C’est sensationnel, et ça sert la promotion du basket en général et du 3×3 en particulier. Les gens adorent, c’est une consommation rapide, ça dure 10 minutes, tu zappes d’un match à l’autre. On nous dit souvent que dans le basket, ce qui est intéressant c’est le dernier quart-temps, voir les cinq dernières minutes, et là… on ne livre que des cinq dernières minutes.

Des marques viennent-elles spécialement pour le 3×3 ?
Une marque est venue dès le départ, GRDF, car le 3×3 se fait au cœur des villes. On le fait très souvent en partenariat avec des collectivités, qui sont des clients de GRDF. Le 3×3 a un côté très urbain, accessible, gratuit, pour tous, qui est également dans la communication de GRDF, une communication ouverte, extrêmement sociale, mixte. C’est ça qui leur a plu. On a été accompagné ensuite par Wilson, qui a développé un ballon spécifique pour le 3×3, un ballon de taille 6 féminin, mais du poids d’un ballon de taille 7, c’est-à-dire le poids d’un ballon masculin. On a un partenariat avec Gerflor, qui fait des sols spécifiques car ça se joue sur des dalles particulières. On a aussi développé un partenariat avec La Caisse d’Epargne, le groupe BPCE, et la MAIF, qui sont partenaires des équipes de France de 3×3 et de 5×5. Il y a eu une extension à nos offres de partenariat. La Caisse d’Epargne et la MAIF sont partenaires de la Super League 3×3, qui est le plus haut niveau en France des tournois que l’on organise. Et, naturellement, La Caisse d’Epargne est devenu partenaire du championnat d’Europe. Ça vient compléter les offres de partenariats classiques dans le basket avec une offre très spécifique, urbaine, jeune, dynamique, sur lequel il y a un focus en ce moment dans le monde entier, et en France en particulier. Ça nous permet aussi de construire des playgrounds un peu partout en France. On a signé un accord avec La Ville de Paris, l’ANS, et avec La Caisse d’Epargne dans le cadre d’un plan héritage Paris 2024 pour rénover 15 playgrounds dans Paris. Evidemment, il y a un côté design qui est rajouté parce qu’on le sait, le basket est très esthétique et se prête à ça. On a la volonté de créer des terrains partout en France avec les collectivités, parce que ça coûte moins cher de faire un playground et un terrain de 3×3 que de faire un gymnase. Les collectivités adorent, et le 3×3 nous permet de dire que l’on met également des compétitions officielles. Ça permet aussi aux clubs d’exploiter le terrain mis en place. Ces terrains sont généralement accessibles gratuitement. Aussi c’est très bien vu au niveau social. Ça coche toutes les cases des modes de consommation des politiques urbaines, et des campagnes de communication de ce que souhaite les marques actuellement.

Un reproche à faire : non pas vis-à-vis des règles qui sont faciles à comprendre, mais l’appellation des compétitions…
Championnat d’Europe, championnat du monde… Or, en 3×3, ils appellent ça Coupe d’Europe et Coupe du Monde. Au 5×5, la FIBA fait pareil puisque le championnat du Monde est devenu la Coupe du Monde. La FIBA fait évoluer le nom de ses compétitions sous la forme de coupes continentales ou intercontinentales. Et les compétitions qui sont en-dessous – il n’y a pas de clubs en 3×3 -, d’individus, c’est un World Tour comme en tennis avec des étapes. Il faut s’habituer à ce vocabulaire, qui est proche de celui du tennis. Il faut s’habituer, comme avec celui du BMX vis-à-vis du cyclisme sur piste, c’est du vélo, c’est le même sport, mais les termes sont différents.

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C’est ici même que Michael Jordan a posé pour la première fois le pied sur le sol de France. C’était en septembre 1985, par la volonté de Nike, et dans une totale indifférence. La FIBA Europe Cup 3×3 a monté ce week-end son chapiteau dans les jardins du Trocadéro entre le Musée de l’Homme et la Seine, avec en toile de fond la Tour Eiffel, qui s’est illuminée juste au moment où les Bleues ont remporté la médaille de bronze. Majestueux.

« J’ai la chance d’être le pionnier avec Karim (Souchu) qui était joueur. En 2012, à Athènes, c’était déjà bien, on était près du Parthénon. Depuis, j’ai fait plein de jolis spots, Djakarta, Manille, Porto Rico, mais j’ai pensé que s’il y avait un endroit où il faut faire quelque chose à Paris, c’est au Trocadéro. C’est presque un rêve qui a lieu. Moi qui ai démarré de zéro, de voir que neuf ans plus tard, le 3×3 est au Trocadéro, c’est extraordinaire ! », s’est régalé le sélectionneur, Richard Billant. « J’ai eu la chance de connaître les équipes de France 3×3 et 5×5, de voyager grâce au basket, mais de faire un tournoi face à la Tour Eiffel, c’est le plus beau spot qui m’a été permis de côtoyer pour une compétition », a confirmé l’entraîneur Karim Souchu.

Lorsque les équipes de France étaient en piste, il n’y avait pas une place de libre, assises comme debout, y compris sous la tente des VIP qui donnait sur le terrain. 19 300 spectateurs ont assisté gratuitement au spectacle sur les trois jours dont 8 000 le dimanche. La jauge maximale était de 2 800, elle a été atteinte le dernier jour vers 16h. La journée du vendredi a été gâchée par la pluie, les deux autres ont été ensoleillées. Les drapeaux bleu, blanc, rouge étaient de sortie, ainsi que le portrait de chaque joueur et de chaque joueuse brandi par le Kop France. Sous l’impulsion de deux DJs et d’un speaker, le terrain était transformé en boîte de nuit, et pendant les matches, la musique électrique accentuait l’impression d’un rythme de jeu effréné.

Durant les temps-morts, les spectateurs ont été invités, par exemple, à faire des concours de shoots pour gagner des t-shirts et un ballon dédicacé par les joueurs de l’équipe de France. Une touriste de Boston a ainsi réussi à planter en mouvement deux trois-points en trois tentatives. Ils ont ça dans le sang, les Américains… L’ambiance était bon enfant, mais les Espagnoles ont été accueillies avec froideur et sifflé quand elles se sont présentées sur la ligne des lancers-francs. Autant dire que le public français a eu la rage de les voir éliminer les Bleues en demi-finale !

Marie-Eve Paget a joué au 3×3 dans des endroits insolites comme un cirque ou encore un parking de grande surface, mais évoluer devant le monument national est une sensation à nulle autre pareille. « C’était ouf ! Jouer au pied de la Tour Eiffel avec les fans qui sont revenus, le public qui a joué son rôle de cinquième homme à la perfection. Si on avait à cœur de faire un résultat, c’est aussi pour eux. Ils nous ont soutenu tout au long de la compétition, on l’a remarqué et ça nous a vraiment aidé. C’est un cadre idyllique et ça fait partie de notre top liste des spots dans lesquels on n’a jamais joué… »

Photo : FIBA
Photo : FIBA
L’effet Jeux Olympiques

Les téléspectateurs du monde entier ont découvert le 3×3 à l’occasion des Jeux Olympiques de Tokyo, où il a fait pour la première fois son apparition. En France, les fans ont témoigné de leur plaisir sur les réseaux sociaux, et les Bleues sont tout d’un coup sorties du cercle restreint des initiés. « On a eu une très belle audience au niveau du 3×3 aux Jeux Olympiques, » se félicite Richard Billant. « On est 9e, ce qui est énorme pour une nouvelle discipline, et 2e pour toute la grande famille du basket réuni. L’effet positif des JO qui se prolonge avec cette Coupe d’Europe à Paris, c’est la conquête du public. En définitive, peu de gens connaissent le basket, et le 3×3 encore moins. Si on arrive à ce que les gens aiment notre discipline, c’est très positif. Tous les témoignages que j’ai eu aux JO de la part de sportifs non spécialistes ont été globalement très positifs. On capitalise sur cet effet JO…

Marie-Eve Paget, élue dans le 3 all-Stars du tournoi (c) FIBA

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Photo d’ouverture : Migna Touré (FIBA)

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