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Stephen Brun, consultant sur RMC Sport (2/2) : « Le hand et le rugby ont bien plus de considération dans les rédactions que notre basket français »

Champion de France de Pro A avec Nancy et Nanterre, de Pro B avec Brest et Boulogne, international, Stephen Brun a entrepris avec réussite le deuxième volet de sa carrière professionnelle comme consultant TV, à l’image de Jacques Monclar et Frédéric Weis. C’est l’un des visages et des voix de RMC, à

Champion de France de Pro A avec Nancy et Nanterre, de Pro B avec Brest et Boulogne, international, Stephen Brun a entrepris avec réussite le deuxième volet de sa carrière professionnelle comme consultant TV, à l’image de Jacques Monclar et Frédéric Weis. C’est l’un des visages et des voix de RMC, à la télé et la radio, et il s’est aussi lancé dans un projet audacieux, d’une application qui diffuse les principaux championnats européens de basket. L’interview est en deux parties. Voici la deuxième.

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Quel est le regard que portent sur le basket en France les journalistes, les consultants des autres sports que vous côtoyez ?
Lorsque j’étais joueur et que je discutais avec des gens des médias, qui se battaient pour le basket, ils me disaient qu’il était un peu le parent pauvre des rédactions de télé. Maintenant que je suis dedans, je m’aperçois que ça n’a pas changé. Les gens disent ça en plaisantant, que c’est un sport de préau, que le basket français c’est peanuts, qu’on n’y comprend plus rien, mais dans la plaisanterie, il y a toujours une part de vérité. C’est aussi un peu de notre faute car on s’est un peu perdu avec ces coupes d’Europe. Avec la guerre FIBA-Euroleague, on a perdu des gens qui n’y comprennent plus rien aux coupes d’Europe. Durant le Covid, on a été le seul sport collectif à jouer deux matchs par mois, à s’arrêter, à reprendre. On a été un peu la risée du monde du sport. Tout ça mis bout à bout fait que l’on n’a pas d’importance. Les gens se moquent de nous, toujours avec ce modèle de comparaison qui fait beaucoup de mal, qui est la NBA. J’adore la NBA, mais elle fait du mal car aujourd’hui, quand on parle de basket au « Moscato Show », on fait du Rudy Gobert, du Evan Fournier, du Nicolas Batum, du Steph Curry, tout ce qui se passe outre-Atlantique. Le basket français souffre médiatiquement, même si je trouve que les confrères Yann Ohnona, Arnaud Lecomte, du journal L’Equipe font en sorte que le basket français continue d’exister. Il y a quand même beaucoup de basket au quotidien dans le journal L’Equipe, même si j’aimerais en voir plus. Deux clubs français en Euroleague, l’ASVEL et Monaco, ça fait du bien aussi car l’Euroleague, malgré tout, ça parle. A des gens néophytes dans le basket, tu leur dis que l’Euroleague, c’est la Champions League du foot, et tu leur explique que ça faisait un paquet d’années qu’on n’avait pas eu deux clubs français. Les gens sont attentifs à ça. Maintenant, il va falloir beaucoup travailler autour du championnat de France pour qu’il ait l’estime qu’il mérite, je crois, d’avoir dans les rédactions et les médias, et pas passer pour un sport de préau, comme tout le monde dit. Avoir un peu plus de respect. Le rubgy et le hand ont bien plus de considération dans les rédactions que notre basket français.

Pensez-vous que la montée en puissance du Paris Basketball peut être moteur pour les médias décideurs nationaux ?
Je pense. J’aime beaucoup ce que fait ce club-là pour aller très souvent à Carpentier. Oui, j’aimerais les voir dans une autre salle que Carpentier.

Quand vous parlez de préau…
Exactement. Mais j’aime beaucoup la façon de faire de ce club-là, qui s’est approprié l’ambiance underground, street, de Paris, une ambiance NBA de David Kahn (NDLR : le président américain) forcément. Tu vas voir le Paris Basket, il y a le match en lui-même, et beaucoup de choses autour. J’aime beaucoup ce qu’ils proposent en terme de marketing, d’animations. Quand on voit qu’un garçon comme Axel Toupane revient, oui c’est parce que c’est Paris, mais aussi parce que c’est un projet intéressant. Je pense que Paris peut faire bouger certaines choses, et redorer le blason du basket français. Maintenant, il n’y a pas que Paris. Pour l’instant, ils sont 15e du championnat, et il faudrait que les résultats suivent aussi. Mais, mine de rien, si Paris est brillant, avec deux belles locomotives, l’ASVEL et Monaco, et que ça soit régulier et sur du long terme, effectivement ça peut aider.

Les difficultés actuelles de Cholet Basket, votre club formateur, doivent vous rendre triste ?
Je ne suis même plus au stade où je suis triste. On m’a encore contacté pour faire un papier, et j’ai répondu que ça ne servait à rien de m’appeler. A quoi ça sert que ce soit, à chaque fois, Stephen Brun qui mette des coups de grisou pour dire des choses qui ont été dites cinquante fois ? « Rappelez-moi quand ça ira bien dans ce club et que je pourrai en parler en bien ». Voir Cholet Basket en Pro B, ça me ferait mal. Maintenant, à un moment donné, est-ce que ce n’est pas mérité ? Il y a une certaine logique à les voir au fond du classement. Quand tu joues avec le feu depuis tant d’années, que tu ne prévois rien en avance, que saison après saison tu dis « il faut que l’on se maintienne, il faut que l’on se maintienne… », qu’il n’y a aucun plan à moyen et long terme, tu mérites ce qui t’arrive. Je ne leur souhaite pas d’aller en Pro B, mais de prendre une bonne gifle pour construire quelque chose de cohérent et de sensé pour être de nouveau performant en championnat. Mais aujourd’hui, je ne vois pas quel est le projet d’avenir de ce club, mis à part vivoter chaque année.

« Je crois que c’est quelque chose qui manquait un peu car aujourd’hui, il y a énormément de Français qui brillent dans les championnats étrangers, et il y avait quasiment impossibilité de les voir »

Vous faites par ailleurs partie de l’équipe de First Team, qui était jusqu’ici spécialisée sur la NBA et qui est à l’origine de MCS Basket, qui est une application qui propose des matches de différents championnats européens ?
Je suis co-fondateur de First Team, une chaîne YouTube que l’on a monté avec Erwan (Abautret) et Thomas (Dufant), il y a cinq ans. A la création, ce n’était que de la NBA. Ensuite, on a décliné sur d’autres sports : la Formule 1 qui cartonne, le cyclisme, le rugby, le sport de combat. Erwan et Thomas sont à temps plein. On a un homme à tout faire de la boîte, on a un community manager et un autre technicien. Ils sont cinq au quotidien à faire tourner les émissions et on est hébergé à Webedia qui est situé à Levallois, on utilise leurs studios.

Actuellement, il y 5 à 10 matches par semaine de diffusés sur MCS Basket, et l’objectif est d’arriver à 15-20 matches dans trois mois ?
On débute petit, entre guillemets, parce qu’on a envie que ce soit bien fait, il y a ces paramètres techniques que l’on veut maîtriser, et aussi pour avoir le temps de recruter des personnes pour nous aider, puisque plus il y a de matches et plus il faut du monde, que ce soit pour commenter ou gérer la technique. Mais, oui, on a envie de diffuser le plus grand nombre de matches possible. Je crois que c’est quelque chose qui manquait un peu car aujourd’hui, il y a énormément de Français qui brillent dans les championnats étrangers, et il y avait quasiment impossibilité de les voir. Par exemple, ceux du Real Madrid, ou alors il fallait avoir l’Euroleague Pass ou qu’il joue l’ASVEL pour que le match soit diffusé sur La Chaîne L’Equipe, ou alors sur des vieux sites de streaming et pas de bonne qualité. On trouvait ça important aujourd’hui de montrer les joueurs français, et c’est en fait notre credo numéro un. Quand on choisit des matches à diffuser, on veut en priorité que ce soit avec des équipes avec des joueurs français. On a énormément de championnats, je pense que c’est un produit qui peut plaire aux passionnés de basket européen, et malgré tout, il y en a beaucoup. C’est un produit qui peut plaire aussi aux coaches, aux techniciens. L’image est bonne puisque l’on récupère les feeds des productions TV des championnats. Quand Nicolas Rotkoff (NDLR : PDG de SMB Consulting) est venu voir First Team pour s’occuper de la partie édito, je me suis dit que c’était un gros manque qu’il y avait en ce moment.

Cinq personnes sont aux commentaires, de chez elles, et des duos sont formés pour les matches les plus importants ?
S’il y a dix matches dans la semaine, on en commente cinq ou six. Les autres, on les laisse vivre avec le feed TV que l’on reçoit. C’est Nicolas Rotkoff qui a signé tous les deals des championnats. Ce ne sont pas des one shot, on en a qui courent sur deux, trois ans. Les matches importants sont commentés en duo par Erwan et Thomas. On a recruté un garçon qui était pigiste à RMC. On recrute aussi des community managers car on veut être présent sur les réseaux, faire des highlights de match, monter des actions sur des matches comme Virtus Bologne vs Milan, qui était fantastique et où Mam Jaiteh a été très bon. On fait des highlights sur lui car on veut vraiment faire briller les Français. Moi, mon activité principale, c’est RMC. De temps en temps, je serai amené à commenter un gros match. On en a parlé aux joueurs français de l’étranger. Ils sont contents, ils ont déjà prévenu leurs familles ici en France, qui ont des difficultés à les voir jouer. Les mecs sont plutôt excités par le projet.

Vous allez avoir une émission hebdomadaire tous les mardis ?
Elle doit commencer la semaine prochaine (NDLR : c’était donc prévu pour hier). On recherche un présentateur pour cette émission, qui se fera donc à trois avec Erwan et Thomas. Il y aura la performance du Français de la semaine, la grosse affiche, ce qu’il faut suivre la semaine suivante sur MCS, l’Eurocup aussi puisque l’on suivra Bourg-en-Bresse et Boulogne, et quand il y en aura, on parlera aussi de 3×3 puisqu’on a les droits dessus. Une émission de 20-25 minutes où on débriefera ce qui s’est passé sur le basket européen.

C’est une niche pour amoureux du basket européen ? Avez-vous déjà des retours ?
Pas pour le moment parce que l’on a débuté un peu discrètement en décembre, et que la campagne de pub va démarrer là à fond. On a commencé durant le All-Star Game avec un peu de pub sur l’écran géant. On n’a pas des objectifs très élevés la première année, même si on est ambitieux. On est convaincu que ça peut prendre.

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Quel est le regard que portent sur le basket en France les journalistes, les consultants des autres sports que vous côtoyez ?
Lorsque j’étais joueur et que je discutais avec des gens des médias, qui se battaient pour le basket, ils me disaient qu’il était un peu le parent pauvre des rédactions de télé. Maintenant que je suis dedans, je m’aperçois que ça n’a pas changé. Les gens disent ça en plaisantant, que c’est un sport de préau, que le basket français c’est peanuts, qu’on n’y comprend plus rien, mais dans la plaisanterie, il y a toujours une part de vérité. C’est aussi un peu de notre faute car on s’est un peu perdu avec ces coupes d’Europe. Avec la guerre FIBA-Euroleague, on a perdu des gens qui n’y comprennent plus rien aux coupes d’Europe. Durant le Covid, on a été le seul sport collectif à jouer deux matchs par mois, à s’arrêter, à reprendre. On a été un peu la risée du monde du sport. Tout ça mis bout à bout fait que l’on n’a pas d’importance. Les gens se moquent de nous, toujours avec ce modèle de comparaison qui fait beaucoup de mal, qui est la NBA. J’adore la NBA, mais elle fait du mal car aujourd’hui car, quand on parle de basket au « Moscato Show », on fait du Rudy Gobert, du Evan Fournier, du Nicolas Batum, du Steph Curry, tout ce qui se passe outre-Atlantique. Le basket français souffre médiatiquement, même si je trouve que les confrères Yann Ohnona, Arnaud Lecomte, du journal L’Equipe font en sorte que le basket français continue d’exister. Il y a quand même beaucoup de basket au quotidien dans le journal L’Equipe, même si j’aimerais en voir plus. Deux clubs français en Euroleague, l’ASVEL et Monaco, ça fait du bien aussi car l’Euroleague, malgré tout, ça parle. A des gens néophytes dans le basket, tu leur dis que l’Euroleague, c’est la Champions League du foot, et tu leur expliques que ça faisait un paquet d’années qu’on n’avait pas eu deux clubs français. Les gens sont attentifs à ça. Maintenant, il va falloir beaucoup travailler autour du championnat de France pour qu’il ait l’estime qu’il mérite, je crois, d’avoir dans les rédactions et les médias, et pas passer pour un sport de préau, comme tout le monde dit. Avoir un peu plus de respect. Le rubgy et le hand ont bien plus de considération dans les rédactions que notre basket français.

Pensez-vous que la montée en puissance du Paris Basketball peut être moteur pour les médias décideurs nationaux ?

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Photo d’ouverture : LNB

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