Aller au contenu

ITW Alain Thinet, coach de Saint-Chamond (2/2) : « C’est un projet qui peut amener le basket dans la Loire au plus haut niveau »

À 68 ans, Alain Thinet est le doyen des coaches professionnels français, mais il n’a rien perdu de son enthousiasme. Et Saint-Chamond, qui va disposer d’une nouvelle Arena à la prochaine rentrée, réalise une saison de Pro B épatante. Voici la deuxième partie de l’interview.


À 68 ans, Alain Thinet est le doyen des coaches professionnels français, mais il n’a rien perdu de son enthousiasme. Et Saint-Chamond, qui va disposer d’une nouvelle Arena à la prochaine rentrée, réalise une saison de Pro B épatante. Voici la deuxième partie de l’interview.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

En décembre, vous avez participé au All-Star Game. C’était la combientième fois ?
J’ai fait 88, à Cholet, en étant l’assistant de Jean-Luc Monschau, quand on est montés avec Roanne. Le seul souvenir que j’ai, pratiquement, c’est qu’on m’a offert une belle montre Seiko. En 92, j’étais coach principal à Gravelines puisque j’étais l’entraîneur de l’année. J’ai fait assistant de (Bogdan) Tanjevic à Montpellier en 97. Et donc cette année où je suis assistant d’Elric Delord. C’était le premier à Bercy. Je ne dis pas que je n’étais pas heureux d’y aller, mais c’est tombé au milieu de la mini-trêve que l’on a eu à Noël. Mais je n’ai pas regretté, mon épouse est venue, j’ai emmené mes petits-enfants. C’est quand même une sacrée organisation.

C’est une consécration pour un coach quand on reçoit un trophée de coach de l’année ou quand on vient au All-Star Game ?
Là, je me retrouve assistant alors qu’il n’y a que huit journées de passées. J’étais content, je l’ai accepté avec plaisir, mais je trouve que ce n’est pas très parlant. C’est un peu le hasard : on a bien démarré la saison et je me retrouve ainsi au All-Star Game. Alors que quand on a fini l’année et que l’on est récompensé par un trophée, oui, pourquoi pas.

Dans votre carrière, votre plus gros échec, c’est lorsque vous aviez signé un contrat avec Cholet en 1995-96, c’était une montée en puissance pour vous, et vous avez été écarté au soir d’une défaite contre Le Mans ?
Ils avaient fini troisièmes avec Rigaudeau et Karnishovas. J’avais fini mon parcours avec Roanne au bout de cinq ans, j’avais resigné à Vichy comme coach et on était remontés en Pro B. J’avais décidé d’arrêter ma carrière, je voulais devenir conseiller technique régional. Et puis, Michel Léger m’a appelé pour me proposer trois ans à Cholet. J’ai réfléchi. Je n’avais encore jamais déménagé. J’ai accepté la proposition. Pour eux, c’était une période de transition. Ils n’avaient pas les moyens de garder un garçon comme Rigaudeau, Karnishovas partait. L’erreur que j’ai fait, c’est que je pense que je n’étais pas prêt pour prendre un tel challenge. L’équipe était déjà aux trois-quarts construite avec des joueurs, à mon avis, qui étaient grassement payés par rapport au niveau qu’ils avaient. Je me suis retrouvé dans une galère, mais c’est mon choix. On a bien démarré la pré-saison et puis le début de saison a été un peu moins bien, il y a eu pas mal de blessés, et je pense que je n’étais pas prêt pour un tel niveau d’exigence, peut-être pas le charisme pour imposer mon idée du basket. L’équipe n’était pas équilibrée, l’état d’esprit n’était pas très bon. Ça m’est revenu en pleine figure. Quand ça ne va pas, c’est le coach qui saute. Jean Galle a pris la suite et il n’a pas fait mieux, ça m’a rassuré aussi. Quand la spirale part dans le mauvais sens… A moins de changer toute l’équipe, c’est difficile de redresser la barre. Cette année, c’est le contraire. Tout se passe bien, la spirale est positive.

Qu’est-ce qui vous a décidé à prolonger d’une saison alors que vous deviez prendre votre retraite ?
J’avais vraiment pris la décision d’arrêter, et je l’ai annoncé très vite, en espérant que cette saison soit bonne, et d’amener l’équipe le mieux classée possible dans la nouvelle Arena. Plusieurs facteurs ont fait que j’ai changé d’avis, il y a quinze jours. C’est familial, par rapport à mon épouse et ma fille qui vit en Australie. Des choses étaient actées et elles ont été modifiées. Mon épouse va continuer de travailler encore pendant un an, ma fille va rester plus longtemps en France avant de repartir en Australie. C’est donc plutôt ma famille qui m’a demandé pourquoi j’arrêtais, et comme le club m’a relancé plusieurs fois, la saison se passant bien, l’arrivée de l’Arena, tout ça a fait que j’ai réfléchi un peu plus, et j’ai accepté de faire encore un an pour essuyer les plâtres dans la nouvelle Arena. Ça va être un gros changement, autant que ça soit quelqu’un qui connaît bien la maison qui assure ce changement de statut.

Vous aviez envisagé d’aller vivre en Australie avec votre fille ?
Elle est ici depuis le mois d’octobre, avec son mari et ses trois petits enfants, et elle devait repartir en août. Tout compte fait, elle va rester un peu plus longtemps, ce qui fait que je n’ai pas besoin de partir avec elle. On avait projeté avec mon épouse de s’arrêter ensemble, et de partir trois ou quatre mois en Australie pour que la séparation soit moins dure. Ce n’était pas l’envie qui me manquait, mais j’ai tellement donné dans le basket et demandé des sacrifices à la famille que je me devais de renvoyer l’ascenseur à ma femme, mes deux filles, mes petits-enfants, que je sois un peu plus disponible. Et là, vu les circonstances, apparemment, tout le monde était plus ou moins déçu que j’arrête, c’est eux qui m’ont poussé à repartir sur un an de plus.

A votre âge, qu’est-ce qui est le plus dur pour être coach de haut niveau ? Se maintenir en condition physique ? Suivre l’évolution du coaching ? Les relations avec des joueurs qui pourraient être vos petits-fils ?
Je trouve qu’il n’y a rien de dur. La passion est là. Au contraire, actuellement, je prends plus de plaisir que j’en n’ai jamais pris. J’ai un staff extraordinaire, un assistant qui m’apprend des choses tous les jours. J’ai un préparateur physique qui est là tout le temps. Ça progresse chaque année, et même l’année passée qui a été difficile, on n’a jamais paniqué, on a cherché des solutions et on les a trouvées, ensemble. Avec les joueurs, il y a à la fois un respect et un irrespect avec moi qui me fait plaisir. C’est-à-dire qu’on chahute, je suis un vrai gamin. On sait quand on travaille, on sait quand on déconne. C’est facile de coacher ce groupe-là. Ils ont envie, ils viennent à la salle avec la patate. C’est vrai que les résultats sont pour beaucoup. Quand on est premier à onze journées de la fin alors que ce n’est pas prévu, c’est motivant. Sincèrement, c’est plus le travail d’équipe qui m’épate. Ce matin, on a fait une séance où le préparateur physique a pris la première partie, les deux assistants ont pris la deuxième, et moi je peux passer d’un groupe à l’autre, regarder, je ne suis pratiquement pas intervenu ce matin. C’est moi le big chef, mais il y a une confiance entre ce qu’ils proposent, ils sont compétents. Mon assistant finit sa formation de DES et il sait beaucoup plus de choses que moi je n’ai jamais su. C’est pourquoi je prends du plaisir à travailler avec eux. Je suis comme un gamin. Ce n’est pas de la fausse humilité, je suis sincère. Je trouve que j’ai progressé par rapport au coach que j’étais quand j’ai débuté. C’est vrai que les résultats positifs ont vachement joué. Avec un garçon comme Jonathan Hoyaux, qui est mon capitaine, qui tient le vestiaire, je ne veux pas dire que l’on est copains, mais il y a beaucoup de respect, une relation forte. Mathieu Guichard, pareil, on est contents de travailler ensemble. Si j’avais senti un peu de défiance par rapport à mon travail, à mon discours, si j’avais senti qu’il était usé, j’aurais arrêté. Et là, c’est plutôt l’inverse. Quand il a su que je repartais pour un an, Jo’ était content.

Photo : Jonathan Hoyaux (SCBVG)

« On va se situer entre Saint-Etienne et Saint-Chamond, on va passer d’un bassin de 40 000 à 400 000 habitants »

Est-ce un crève-cœur sentimental de quitter la Halle Boulloche ?
C’est une salle agréable pour travailler, mais qui est petite, 1 400 personnes. On partage la salle avec les scolaires, c’est très compliqué d’avoir des créneaux en plus. On ne peut pas avoir de regrets de partir de là pour aller dans l’Arena, qui au niveau commercial, marketing, accueil public, il y aura une salle d’entraînement, une salle de musculation, on sera le seul résident, c’est 4 000 places, on va passer un cap. Pour les commerciaux, le club en général, il y a de quoi travailler. On va se situer entre Saint-Etienne et Saint-Chamond, on va passer d’un bassin de 40 000 à 400 000 habitants. Ça donne vraiment une espérance pour atteindre les plus hauts niveaux dans les années futures. C’est pour ça que l’on a beau apprécier Boulloche, le fait de faire salle pleine à tous les matches, on était arrivé au bout du bout. Il faut remercier les collectivités qui ont suivi le club parce qu’il était bien géré. Et d’avoir construit ce petit bijou entre Saint-Etienne et Saint-Chamond, c’est un gros plus pour l’avenir du basket dans la Loire.

La Loire est réputée pour être l’un des départements les plus basket en France, comme les Landes et les Mauges. Vous confirmez ?
On a bien sûr l’ASSE. Le foot est le sport majeur dans la Loire. Les gens parlent de foot systématiquement. Quand l’ASSE boite, la Loire boite. Mais on a la Chorale de Roanne au Nord, Saint-Chamond au sud en Pro B. Et puis, il y a les clubs qui sont aux alentours, Feurs, Andrézieux, La Pontoise, Montbrison, des clubs de N1-N2, sans parler des filles qui sont aussi bien représentées. La Loire est un département basket, et c’est pour ça que je pense qu’il y a quelque chose à faire. On doit pouvoir atteindre le plus haut niveau dans un futur assez proche. Il y a tout pour réussir : on est suivis par les collectivités, par le public, les gens sont demandeurs de venir voir jouer l’équipe. Il y a un bon coup à jouer pour Saint-Chamond.

Vous avez déclaré que vous souhaitez faire monter Saint-Chamond comme vous l’aviez fait pour Bourg et Roanne ?
Oui, pour le coup, ça serait vraiment une grande fierté si on pouvait atteindre le plus haut niveau. Mais je ne pense pas que l’on ait pour l’instant les structures pour l’atteindre dans l’immédiat, c’est plutôt un travail à moyen terme. Il faut faire grandir le club, entrer pleinement dans l’Arena pour avoir ensuite toutes les structures nécessaires pour viser le plus haut niveau. Par contre, si la montée se présente, on ne peut pas la refuser, quitte à faire le yoyo comme Fos, qui a eu deux montées, une descente, et là, ils ne sont pas dans une position favorable. Une montée, c’est toujours bien pour structurer un club. On apprend aussi de ses échecs. On fera tout pour avoir la première place dès cette année, et on verra où ça nous mène.

Même s’il y a Gravelines ou Boulazac la saison dernière, est-ce raisonnable pour une ville de 35 000 habitants d’envisager la Betclic Elite quand on voit qu’elle se développe par le haut avec notamment Paris, Lyon et Monaco ?
Roanne fait bonne figure cette année. Bourg, Cholet, le basket est souvent installé dans des villes moyennes voir entre 40-50 000 habitants. L’avantage du club de Saint-Chamond, c’est de devenir le club d’une métropole. Passer de 40 à 400 000 habitants, ce n’est pas la même limonade. On peut avoir des structures, des sponsors, un public qui soient beaucoup plus conséquents, sachant qu’à côté du football, c’est un sport de salle qui est reconnu dans la région. Toutes les petites communes aux alentours ont leur équipe de basket. Ça parle foot en premier, mais le basket arrive en second. Ce n’est pas du tout utopique, mais il va falloir que l’on devienne le club de la métropole. L’Arena est à 3-4 kilomètres de l’entrée de Saint-Etienne Nord. C’est une salle qui a été financée à la fois par la région, la métropole, le département, et un peu par Saint-Chamond. C’est vraiment un projet qui peut amener le basket dans la Loire au plus haut niveau. Dans un mois, on a les clés, on peut commencer à s’entraîner, j’aurais bien aimé que l’on fasse au moins un match de playoffs, mais les dirigeants ne se sentent pas prêts à y jouer avant la rentrée de septembre.

.

.

[armelse]

En décembre, vous avez participé au All-Star Game. C’était la combientième fois ?
J’ai fait 88, à Cholet, en étant l’assistant de Jean-Luc Monschau, quand on est monté avec Roanne. Le seul souvenir que j’ai, pratiquement, c’est qu’on m’a offert une belle montre Seiko. En 92, j’étais coach principal à Gravelines puisque j’étais l’entraîneur de l’année. J’ai fait assistant de (Bogdan) Tanjevic à Montpellier en 97. Et donc cette année où je suis assistant d’Elric Delord. C’était le premier à Bercy. Je ne dis pas que je n’étais pas heureux d’y aller, mais c’est tombé au milieu de la mini-trêve que l’on a eu à Noël. Mais je n’ai pas regretté, mon épouse est venue, j’ai emmené mes petits-enfants. C’est quand même une sacrée organisation.

C’est une consécration pour un coach quand on reçoit un trophée de Coach de l’Année ou quand on vient au All-Star Game ?

[/arm_restrict_content]
[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]

Photo d’ouverture : Jonathan Hoyaux et Mathieu Guichard (SCBVG)

Commentaires

Fil d'actualité