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Olivier Bourgain (directeur sportif BCM) : « Pénaliser deux équipes de Betclic Élite, c’est un non sens total »

Handicapé par les blessures, le BCM Gravelines-Dunkerque a terminé en milieu de tableau (12e) de Betclic Elite la saison dernière. Une année pourtant « positive » selon son directeur sportif. Recrutement, masse salariale, nouvelle salle, passage à 16 clubs… Olivier Bourgain revient pour Basket Europ

Handicapé par les blessures, le BCM Gravelines-Dunkerque a terminé en milieu de tableau (12e) de Betclic Elite la saison dernière. Une année pourtant « positive » selon son directeur sportif. Recrutement, masse salariale, nouvelle salle, passage à 16 clubs… Olivier Bourgain revient pour Basket Europe sur une intersaison « très satisfaisante ».

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La saison passée, on a vu une équipe à deux visages, comment l’expliquez-vous ?
« Si nous reprenons l’historique de l’année dernière, nous étions huitièmes à la fin de la phase aller. Lors du premier match retour, nous recevons Limoges, on perd Marcquise Reed. Ce ne devait être qu’une simple entorse mais il y a eu des complications, il a eu de l’algodystrophie (NDLR : douleur continue d’une région du corps, à l’extrémité d’un membre le plus souvent). Nous l’avons perdu jusqu’à la fin de saison et quinze jours après, nous avons aussi perdu Brandon Taylor. Nous possédions l’une des meilleures tractions arrières de France. Il y a eu beaucoup de choses positives mais nous avons contracté deux grosses blessures, ce qui nous a pénalisé. Nous n’avons jamais pu reprendre le rythme de croisière qui était le nôtre pendant les matches aller. »

En ne remettant pas en cause votre personnel médical, est-ce que certaines blessures auraient pu être évitées ?
« Je ne rejette la faute sur personne. Il existe parfois de la malchance mais notre staff médical est très compétent à Gravelines. Étienne Riquier (kiné), Jean-Yves Vandewelle, notre ostéopathe qui a été champion du monde avec les Bleus (football), Franck Beaurain (médecin), Franck Dumont (radiologue)… Nous avons vraiment des personnes de qualité, mais malheureusement, le basket d’aujourd’hui engendre beaucoup de blessures. Ça joue tellement vite, tellement physique, que nous ne pouvons pas gérer cela. Nous essayons de contrôler ce que l’on peut maitriser. Un de nos gars qui reçoit un coup, on ne le peut pas. »

Quelle était donc la priorité de ce mercato ?
« La priorité était de garder le staff technique quasiment au complet. Ce qui a été fait, mis à part notre préparateur physique qui est reparti en Italie. Pour le reste, il existe une certaine continuité. Nous avons gardé quatre joueurs de l’effectif précédent. Je trouve que rester avec 40% de l’équipe, c’est pas mal. Derrière, le but est d’avoir la meilleure cohésion possible. Quand on construit un groupe, c’est pièce par pièce mais il faut avoir une vue générale de l’équipe que nous souhaitons sur le terrain. Nous travaillons de la manière suivante. On distingue les quatre compartiments : poste 1-2, les postes 2-3 puis 3-4 et 4-5. On essaie, et nous n’y arrivons pas tout le temps bien sûr, d’être dans la complémentarité. Entre les joueurs que nous voulons avoir et les joueurs que nous signons, il y a parfois une grosse différence. Nous tentons malgré tout. »

« J’ai hâte de voir l’état d’esprit du groupe après une défaite »

Quasiment toute la base arrière a été changée, comment avez-vous procédé ?
« On se disait avec le staff que ce n’allait pas être simple d’améliorer l’équipe cette année. Personnellement, je trouvais que nous avions une belle équipe. Avoir meilleur que Brandon Taylor et Marquise Reed en arrières avec (John) Jenkins, c’est difficile. C’est une paire d’arrière qui fait partie du top 5 en France. Ce n’était donc pas évident de les remplacer mais je trouve que Justin Robinson possède un peu les mêmes caractéristiques que Brandon Taylor. Il connait la France. Il a été très bon à Chalon, un peu moins le cas à Trévise et à Bamberg mais je trouve que son passage en France a été très intéressant. A côté, D.J. Seeley est une référence en Europe. Ce n’est pas un jeune que nous allons découvrir. Pour moi, c’est très intéressant. »

Il faut aussi ajouter Matthieu Gauzin, un jeune talent en provenance du Mans…
« Exactement. Il remplace poste pour poste Abdou (Abdoulaye Ndoye). Nous sommes donc très contents du recrutement mais aujourd’hui, tous les directeurs sportifs de France sont satisfaits de leur recrutement : personne n’a perdu un match. Il est en tout cas hors de question de se taper le ventre et de se dire « Nous sommes les meilleurs du monde ». Nous ne savons pas comment l’équipe va réagir, s’entraîner : nous partons dans l’inconnu. J’ai hâte de voir l’état d’esprit du groupe après une défaite. Tout va bien, c’est facile d’être sympa, mais quand on est dans le dur, parce qu’on le sera à un moment donné dans la saison, nous verrons comment les uns et les autres réagissent. »

Quand on voit partir Brandon Taylor pour la Chine, est-ce qu’il n’y a pas une forme de regret ?
« Il faut poser la question à lui. Je pense que Brandon est un très bon joueur. Si il avait voulu rester en Europe, il serait resté. Je pense que la priorité pour lui a été l’argent mais je ne me permettrais pas de parler en son nom. »

(c) Thomas Savoja

Sur le poste d’ailier, on note l’arrivée d’un international hongrois, Szilard Benke. Que pouvez-vous nous dire sur lui ?
« C’est un joueur qui est champion de Hongrie quasiment chaque saison. Il devient un joueur d’expérience mais il a besoin de sortir de sa zone de confort. C’est un ailier qui évolue en équipe nationale depuis des années. Il voulait découvrir un autre championnat, nous avons trouvé en lui un joueur intéressant. Nous lui donnons sa chance. Nous espérons que la confiance placée en lui va porter ses fruits. C’est un joueur complet, intelligent. »

Évoquons désormais la base intérieure, quels étaient les besoins ?
« Quand Kenny Kadji est parti, nous ne voulions pas le même profil. Nous souhaitions beaucoup plus athlétique, plus défensif. Nous cherchions une personne qui pouvait jouer sur les postes 4 et 5 parce que nous avons resigné Dominik Olejniczak. Nous avions un profil précis dans la tête mais ces joueurs-là sont rares. JaJuan Johnson, nous l’avons raté l’année dernière. Il était parti à Turk Telecom mais je pense qu’il nous a fait confiance grâce à notre travail de sape réalisé précédemment. Il s’est renseigné sur nous, nous sommes un club très organisé à Gravelines. Cela l’a rassuré, c’est une signature très importante pour nous. Accentué par le fait que lui et D.J. Seeley ont joué ensemble au Bayern Munich en Euroleague. Ce ne sont pas des basketteurs qui viennent par hasard. »

Qu’entendez-vous par là, avez-vous senti que le projet BCM attire plus les joueurs ?
« Les directeurs sportifs parlent entre eux, les GM et les joueurs également. Nous pouvons faire ce que l’on veut, si un jour un basketteur est contacté par le BCM, il va regarder les effectifs depuis trois ans, appeler ses copains. Aujourd’hui, pour avoir un maximum de chance de récupérer les meilleurs joueurs, il faut aider les joueurs dans l’organisation générale et particulière. Les joueurs avec ou sans enfants, les accompagner sur les maisons : bien les traiter. Je trouve que c’est le cas à Gravelines. »

Nous n’avons pas évoqué votre dernière recrue dans le secteur intérieur, il s’agit de Vince Edwards
« C’est un jeune joueur qui va découvrir l’Europe. Il n’a joué qu’aux États-Unis, en G-League principalement, un tout petit peu en NBA. C’est un joueur qui sort de l’Université de Purdue, comme JaJuan Johnson. Nous cherchions un joueur avec une bonne qualité de passe pour un poste 4 couplée à un bon pourcentage à 3-points. Nous avons donc trouvé Vince, dans nos tarifs. D’ailleurs, son père (Bill Edwards) a été une star en France avec Villeurbanne (de 2000 à 2001). Il suit les traces de son père même si je ne pense pas que ce fut un élément déterminant pour lui, c’est un petit clin d’oeil. »

Vos joueurs arrivent de toutes les destinations en Europe, comment faites-vous ?
« Comme chaque saison, le recrutement ne commence pas dès le mois de juin. Notre travail est au quotidien. Nous marquons des noms sur des feuilles. Nous réalisons des fiches, sur les championnats également. Espagne, Italie, Allemagne, VTB (Russie), la BCL… Nous regardons des rencontres toute l’année. Quand arrive le recrutement, nous avons déjà les fiches prêtes, avec des joueurs qui sont déjà dans nos salaires. Derrière, nous allons chercher les agents respectifs puis on tente de les signer. Le scouting, pour la saison prochaine, va démarrer dès les matches amicaux. Les joueurs que nous ne connaissons pas, nous allons les découvrir. Je regarde du basket toute la saison. Mon travail de directeur sportif consiste principalement à recruter, trouver des joueurs. Le scouting, les prises de contacts au téléphone, c’est 80 % de mon travail. Derrière, le staff technique (JD Jackson, Sébastien Devos) regarde aussi, cherche, donne des idées. C’est un travail communautaire. »

(c) Jacques Cormarèche

Comment se passent les phases de recrutement avec Romuald Coustre et J.D. Jackson ?
« Nous avons la chance d’avoir un open space à Gravelines avec Romuald. Je trouve cela très intelligent puisque nous en avons besoin l’un et l’autre pour faciliter l’organisation du club. Nous n’avons pas besoin de s’appeler, de faire trente mètres, nous sommes à 2,50 mètres. Avec JD (Jackson), je viens à l’entraînement tous les jours. Quand arrivent les phases de recrutement, on s’appelle au moins 4 à 5 fois par jour. »

Est-ce que ces périodes d’intersaison sont-elles plus difficiles qu’avant ?
« Le marché du recrutement est dur. Chaque saison, il se durcit. On voit en face de nous des championnats qui nous pénalisent comme le Japon, la Chine et même l’Australie maintenant. En France, quelque chose n’est pas adapté au sport de haut niveau : c’est l’imposition. Les joueurs payent leur impôt comme tout le monde en France mais beaucoup de pays sont net d’impôt. Les clubs ont des arrangements avec les États afin d’exonérer les championnats ou ce sont les clubs qui payent directement à la source. Avec une imposition à quasiment 45 %, on ne peut pas. Cela engendre une pénalité pour la France en matière de recrutement. On le remarque d’ailleurs sur les clubs, à part Monaco et l’ASVEL qui sont totalement hors course. Mais pour les autres, je trouve que les gros joueurs européens, on ne peut plus les avoirs. Le scouting est encore plus important. »

Quelle sera votre budget et votre masse salariale pour cette saison ?
« Je ne connais pas le budget, je me concentre sur la masse salariale pour construire l’équipe. Nous serons aux alentours d’1,250 millions d’euros net. »

« Ce sera la fête, un 14 juillet visuel à chaque match »

On voit que les jeunes à travers Fabien Damase en équipe première, d’autres comme Maxime Sconard, Jared Ambrose et Zati Loubaki (international U18) qui s’immiscent vers l’effectif pro, votre centre de formation marche à plein régime…
« Fabien a fait pour moi une très belle fin de saison. Il a montré à tout le monde que c’était un jeune qui avait du talent. Physiquement, il est revenu quasiment à son meilleur niveau puisqu’il n’a pas joué pendant un an. Je sais que cet été, il a fait le Camp Octagon pendant 1 mois et demi. Je l’ai vu il y a quelques jours, il était affuté comme une lame. C’est un joueur ambitieux donc c’est une personne sur qui nous allons compter, bien sûr. À côté, ces autres jeunes font partie du BCM Élite. C’est un programme mis en place pour 4-5 joueurs maximum. Ils auront les installations de l’équipe pro mais aussi la préparation physique avec un préparateur individuel (Nicolas Perez), de la vidéo. Ils sont vraiment dans le même programme que les professionnels. On est très content d’avoir cette pépinière-là. Il y a vraiment du talent, nous avons oublié aussi le petit Domon (Roman, 2,03 m, 16 ans) qui pointe son nez. Et d’autres. Ils font déjà partie de l’avenir du BCM. »

Une équipe première qui évolue dans le bon sens, des jeunes qui poussent bien et des travaux à Sportica qui avancent, la BCM est dans la bonne direction, selon vous ?
« Les travaux sont lancés, oui. Les coachs vont bientôt changer de bureau. Nous sommes déjà tournés vers une nouvelle ère avec cette salle qui va nous aider énormément. Celle actuelle commence à être assez vétuste, vieille. La jauge va augmenter mais pas de manière significative (1 500 places). Ce qui va être spectaculaire, ce sera la modernité. Le réceptif, les VIP, ce sera une salle digitale avec des écrans géants, tout ce qui se fait en 2023. »

Une nouvelle salle qui traduit une hausse de chiffre d’affaires non négligeable…
« Oui, mais ce ne sera pas la plus grande démarcation avec l’ancienne salle. Vous avez raison de souligner que 1 500 places est forcément un plus mais l’atout majeur sera en terme de confort pour les VIP, partenaires, nos supporters et abonnés. Ce sera la fête, un 14 juillet visuel à chaque match. »

(c) Thomas Savoja

Vous gagnez en partenaires et abonnement, un engouement est-il plus fort que d’habitude après la saison passée ?
« L’année dernière, les gens ont vécu une saison très correcte. Aujourd’hui, nous ne sommes pas en régression par rapport à nos abonnés et nos partenaires bien au contraire. Je ne connais pas les chiffres mais je sais qu’il y a une hausse des deux côtés. On sent qu’autour de nous, c’est vrai, nous l’avons remarqué l’an dernier, la salle était pleine quasiment à chaque match avec plus de 1 200 VIP à chaque match. C’est un signal qui montre que le club est en bonne santé. »

Jouer les Metropolitans d’entrée, ce sera un bon test pour vous dans votre quête pour les Playoffs ?
« Les tests, j’espère que nous allons les faire pendant notre préparation (rires) et que les matches officiels ne le seront pas. Nous avons trois tournois, celui de Blois (1-2 septembre), Bourges (9-10 septembre) et Gravelines (16-17 septembre). Ces compétitions vont être très relevées et nous serviront de test. »

Les cinq premières journées seront d’ailleurs très relevées (Boulogne-Levallois, Roanne, Dijon, Monaco, ASVEL)…
« Elles seront dures et compliquées, comme le championnat. La Fédération a poussé sans prendre d’avis pour passer à 16 (NDLR : à partir de la saison 2024-2025). Je trouve que cela ne va pas dans le bon sens du basket français. Je trouve que nous avons besoin d’un championnat à 18. Nous avons montré que nous pouvions jouer 2-3 matches par semaine pendant la crise du Covid, il n’y a pas eu de problèmes. Libérer des dates, pour du 3×3, des fenêtres internationales ou pour l’Euroleague, je pense que tout le monde peut cohabiter. Pénaliser deux équipes de la Betclic Élite, c’est un non sens total. »

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La saison passée, on a vu une équipe à deux visages, comment l’expliquez-vous ?
« Si nous reprenons l’historique de l’année dernière, nous sommes huitièmes à la fin de la phase aller. Lors du premier match retour, nous recevons Limoges, on perd Marcquise Reed. Ce ne devait être qu’une simple entorse mais il y a eu des complications, il a eu de l’algodystrophie (NDLR : douleur continue d’une région du corps, à l’extrémité d’un membre le plus souvent). Nous l’avons perdu jusqu’à la fin de saison et quinze jours après, nous avons aussi perdu Brandon Taylor. Nous possédions l’une des meilleures tractions arrières de France. Il y a eu beaucoup de choses positives mais nous avons contracté deux grosses blessures, ce qui nous a pénalisé. Nous n’avons jamais pu reprendre le rythme de croisière qui était le nôtre pendant les matches aller. »

Quelle était donc la priorité de ce mercato ?
« La priorité était de garder le staff technique quasiment au complet. Ce qui a été fait, mis à part notre préparateur physique qui est reparti en Italie. Pour le reste…

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Photo : Olivier Bourgain (BCM)

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