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Edito - Equipe de France : Fabien Causeur ou Nicolas Lang cet été ?

C’est évidemment Vincent Collet qui tranchera cette question, mais derrière ce débat anodin se cache des enjeux plus larges du basket européen.

L’engouement autour de l’équipe de France pour la Coupe du Monde FIBA 2023 et pour les Jeux Olympiques de 2024 est actuellement très fort. De Joel Embiid à Boris Dallo en passant par Fabien Causeur et Rodrigue Beaubois, pas une semaine ne se passe sans qu’un joueur qui n’est pas directement dans le giron des Bleus n’envoie pas des signaux en direction du sélectionneur. Entre les prises de position nette des leaders qui ont publiquement annoncé leur envie de venir, Rudy Gobert, Evan Fournier, Nicolas Batum et aussi Victor Wembanyama. La France est ambitieuse et l’occasion de décrocher une médaille mondiale est forte pour les deux prochains étés.

Mais il n’y aura pas de la place pour tout le monde. Et au terme de la sixième fenêtre qualificative, en conférence de presse à Trélazé, après la victoire 70-63 contre la Lituanie, Vincent Collet est revenu sur l’état d’esprit qui va l’animer au moment difficile d’opérer la sélection.

« Notre équipe en 2022 n’a pas affiché suffisamment de cohésion. On est allé en finale de l’Euro mais ce n’était pas satisfaisant, la façon dont on a progressé dans la compétition. Surtout qu’avant, on avait eu deux campagnes, en particulier celle des Jeux à Tokyo où on avait été très performants dans cette cohésion et cette optique d’optimisation de tout le monde. Là, c’était beaucoup moins bien. Donc, c’est débord ça qui mène ma réflexion et celle de mon staff. Reconstruire une équipe qui aura besoin de grands talents mais ne pas être obsédé par les avoirs tous. Avoir ceux qui vont nous permettre, complétés par d’autres, d’avoir une vraie équipe. On veut se servir de cette leçon, apprendre et s’en servir. »

A ses côtés sur le podium se trouvait à ce moment-là Nicolas Lang, qui venait de marquer 13 points à 100% aux tirs (3/3 à 3-points) en 18 minutes, avec plusieurs tirs décisifs dans une fin de partie très serrée. Une performance qui n’a laissé personne indifférent.

Sur le papier, l’arrière-shooteur de Limoges ne fait pas partie des meilleurs joueurs français disponibles pour la sélection. Par exemple, Rodrigue Beaubois ou Fabien Causeur, lui sont intrinsèquement supérieurs sur le même poste. Et pourtant, dans l’esprit du sélectionneur, la messe n’est pas dite. Pourquoi ?

Premier point. La nature a horreur du vide. ECA, l’instance qui gère l’Euroleague, refuse de libérer le calendrier pour que la majorité des joueurs puisse rejoindre leur sélection. Et d’autres viennent faire leurs preuves en Bleu. Ils marquent des points, sur le terrain, dans la compréhension de ce que souhaite le sélectionneur, mais aussi en dehors et dans l’état d’esprit si important à la réussite d’une sélection. C’est comme ça qu’entre 2017 et 2019, Paul Lacombe, Andrew Albicy ou encore Mathias Lessort ont obtenu leur place à la Coupe du Monde 2019. Même parcours pour Terry Tarpey en 2021-22. Sylvain Francisco ou Nicolas Lang seront-ils les prochains ? Victor Wembanyama est un cas évidemment à part mais il explique qu’avoir joué ses quatre matches lors des fenêtres facilite sa future intégration aux Bleus.

« Déjà en novembre, j’avais pris beaucoup beaucoup de plaisir dans la vie d’équipe au quotidien et ce sont des choses qui se perdent je trouve de génération en génération », explique ainsi Nicolas Lang lors de cette conférence de presse. « Et quand tu passes des semaines comme ça, tu l’apprécies. Paul Lacombe par exemple, personne n’en parle mais il est essentiel dans cette vie de groupe. Tout le monde prend du plaisir, tout le monde s’encourage. Mais je ne suis pas un bisounours, ce n’est pas comme ça tout le temps, ce n’est pas comme ça en club. Parfois, il y a des contrats à aller chercher, des places à gagner. Là, même si parfois des gars se disent qu’il y a une place à aller chercher pour cet été ou l’été d’après, à aucun moment, cette chape de plomb n’est au-dessus du groupe. C’est juste beaucoup de fraîcheur. »

Quelques jours plus tard, interrogé au micro de Skweek, Fabien Causeur disait ceci.

« Je n’ai jamais fermé la porte à l’équipe de France. L’année dernière, j’ai refusé d’y aller parce que j’étais vraiment crevé. Je ne vais pas mentir, j’ai eu une saison très compliquée où j’avais joué énormément mais je n’ai jamais fermé la porte. Je sais qu’il y a une concurrence énorme. Je suis toujours là. »

La cadence infernale que suit actuellement les équipes engagées en Euroleague – une compétition qui a doublé le nombre de ses matches en 10 ans pour le champion – pénalise à double titre les joueurs qui y participent. Un, ils ne sont pas disponibles pour faire leurs preuves pendant les fenêtres. Deux, ils sont « crevés » l’été au moment de rejoindre la sélection. Comment expliquer sinon les parcours faméliques en Bleu de Beaubois, Causeur ou encore Adrien Moerman et Joffrey Lauvergne ? A moins de posséder un statut semblable à celui de Nando De Colo, cadre indiscutable au même titre que les joueurs majeurs en NBA, les joueurs de la C1 sacrifient leur carrière en équipe nationale.

Mais revenons à Nicolas Lang. « Nicolas est un joueur qui fera partie de nos réflexions », reconnait Vincent Collet, toujours au cours de la même conférence de presse. « En général, on emmène 7 extérieurs. Est-ce que tu peux emmener un spécialiste ? Certainement. A ce sujet-là, il en fait partie. Mais il faut réfléchir à toutes les implications. Là on a vu que ce n’est pas facile de le mettre en position à ce niveau-là parce que le niveau défensif est très dur. Avec cette équipe, dès qu’il a un mètre d’avance, il a la balle. Est-ce que l’été dernier, cela aurait été le cas ? Je ne crois pas. Donc toutes ces choses-là font partie des réflexions qu’on va mener. »

Le sélectionneur a du pain sur la planche. Mais un réservoir de joueurs opérationnels désormais incroyables. Un problème de riche donc.

Photo : Nicolas Lang (FIBA)

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