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Le Mans inside – Interview du président Christophe Le Bouille : « Le club a vocation de jouer la Coupe d’Europe tous les ans » (2/2)

Il est l’un des personnages-clé du basket français car président d’un club, Le Mans Sarthe Basket, qui est une forteresse de la Betclic Elite. Christophe Le Bouille nous parle du MSB, de ses finances, de son équipe, de sa salle, de la concurrence, de la télévision, du passage à 16 clubs, et aussi de

Il est l’un des personnages-clé du basket français car président d’un club, Le Mans Sarthe Basket, qui est une forteresse de la Betclic Elite. Christophe Le Bouille nous parle du MSB, de ses finances, de son équipe, de sa salle, de la concurrence, de la télévision, du passage à 16 clubs, et aussi de lui.

L’interview est en deux parties. La première est ICI.

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Comment voyez-vous la montée en puissance de l’ASVEL et Monaco, et aussi de Strabourg, de Bourg, l’arrivée des investisseurs américains à Paris et Pau ?

Villeurbanne, Monaco et Boulogne, je les mets dans une autre dimension. Je mets Boulogne avant Paris. On connaît le modèle économique de l’ASVEL avec Tony Parker, c’est dans une grande agglomération, il y a le rapprochement avec l’OL, ils ont maintenant l’invitation permanente en Euroleague, pour moi, ils sont lancés pour pas mal d’années et ils vont continuer à grandir, et à dominer à terme le championnat. Monaco, c’est autre chose. Ils existent aujourd’hui par la simple volonté de leur propriétaire (NDLR : l’Ukrainien Sergey Dyadechko), qui est richissime et qui remet de l’argent, et tant mieux pour eux. Si Monaco demain n’est plus en Euroleague, je ne sais pas s’il va maintenir des budgets à 14 ou 15 millions. Boulogne, c’est encore un autre modèle économique qui tient beaucoup à la personnalité d’un élu politique (NDLR : le maire de Boulogne, Pierre-Christophe Baguet), qui est fan. On sait que le basket sur Paris c’est compliqué. Ces trois clubs doivent être au-dessus. Pour combien de temps ? Villeurbanne pour très longtemps. Les deux autres, je ne sais pas. Je m’interroge sur la pérennité du modèle économique. Paris, j’attends de voir. Des clubs comme Pau, Bourg-en-Bresse sont nos vrais concurrents aujourd’hui, et c’est par rapport à eux que j’essaie de me situer. Notre objectif est d’être derrière dans le troupeau de chasse, avec Pau, Bourg, Limoges, Strasbourg, Dijon. Je n’ai malheureusement pas l’intention d’annoncer demain que le budget va passer de 6 à 8 millions. Ça ne serait pas raisonnable de faire des effets d’annonce de ce genre ici. L’idée, c’est de solidifier la structure, de gratter un peu plus chaque année des ressources nouvelles, que l’on va considérer comme acquises après. Nos partenaires maillots sont les même depuis vingt ans, et depuis on a continué à augmenter gentiment le budget. Il y a plein de boîtes qui ne sont pas encore partenaires du MSB et qui peuvent nous rejoindre. On ne manque pas d’ambitions sportives et on le prouve depuis des années.

Comment le club a-t-il traversé financièrement la pandémie, les saisons avortées ?

On se porte bien. Le club était très solide avant, sur ses fonds propres, en trésorerie, en fidélité des partenaires, des collectivités et des supporters. L’Etat nous a considérablement aidé durant la période Covid, il a beaucoup soutenu le sport professionnel. Les collectivités ici ont une véritable politique sportive, que ce soit la ville, le département et la région. A aucun moment, ils ont remis en cause les aides apportées. Ils ont aussi vu que l’on a essayé de mettre en place des choses pendant les situations de huis clos. On ne s’est pas contenté d’encaisser les subventions sans rien faire en face. Rappelons qu’elles sont les actionnaires majoritaires du club et il ne s’agissait pas d’envoyer des mauvais signaux. On n’a pas un partenaire privé qui met 500 000 euros. On en a beaucoup et Le Gaulois, Loué, Veolia, Opti Finances sont là depuis vingt ans. Les partenaires majeurs qui nous ont rejoint sont là depuis longtemps et ils ont monté progressivement leur partenariat. J’essaye de nous appuyer sur des entreprises attachées au territoire, ça créé de la fidélisation. Quand on a été en difficulté et que l’on n’a pas pu fournir les prestations à tous les matches, quasiment aucun de ces gens-là a demandé des remboursements ou des avoirs. Il y a en a eu sur la quantité car deux exercices ont été impactés, des boîtes ont souffert, et j’entends qu’elles demandent des remboursements ou surtout des avoirs pour la saison future. C’est normal. On a mis des choses supplémentaires en face pour compenser. Très peu d’abonnés ont demandé un remboursement alors qu’ils ont sorti 500 euros pour l’abonnement à l’année avec de l’argent perso. Parmi nos abonnés, on a vraiment des fidèles de chez fidèles.

Où en êtes-vous des affluences ?

Un peu en-dessous d’avant la crise. 4 200 de moyenne, au lieu de 4 500-4 700. Notamment parce que le démarrage avec les deux premiers matches a été dur. Les gens avaient de l’appréhension. On a fait deux matches en trois jours dont l’un le mardi. On a fait 3 100 personnes pour Nanterre, ce qui pour nous est une cata. Si j’enlève ces deux matches-là, on tourne à 4 450 de moyenne. Lors de la saison 2019-20, qui s’est arrêtée en mars, on avait fait 14 matches sur 17, on était à 4 905 de moyenne. L’année d’avant 4 707. Et je ne parle pas de l’année du titre !

Photo : Le public d’Antarès lors de la finale de 2018.
« Ce que l’on a fait en 2018 ou ce que Chalon a fait en 2017, je ne vois pas une autre équipe le faire maintenant »

Est-ce un sérieux manque à gagner de ne pas vous êtes qualifié pour la saison régulière de Basketball Champions League ?

On pensait l’avoir gagné sur le terrain l’année dernière, mais 7e, ça n’a pas suffi. Cela faisait longtemps que ça n’avait pas suffi. Il y a un manque à gagner financier, mais qui n’est pas énorme. On a des partenaires qui sont demandeurs de prestation en semaine et qui auraient été capables d’augmenter les budgets, car on ne fait pas les mêmes soirées en semaine que le week-end. Il y a aussi des charges en face, et l’aspect financier n’est pas le plus important. C’est en terme d’image, car je considère que le club est structuré et à vocation de jouer la Coupe d’Europe tous les ans, même si c’est compliqué et ça risque d’être encore plus difficile à l’avenir, mais on est staffé, structuré pour, on a l’habitude. Après, c’est paradoxal car on n’a jamais fait de résultats en Coupe d’Europe. Je sais qu’on nous accuse de privilégier le championnat, ce n’est absolument pas vrai, et je suis là depuis longtemps. Là, on avait réussi à convaincre des joueurs de rester chez nous parce qu’il y avait cette coupe d’Europe, et le fait de ne pas passer le tour préliminaire aurait pu causer des problèmes. Ce n’est manifestement pas le cas. Tu sais qu’avec le Coupe d’Europe et la même enveloppe, tu vas attirer des joueurs un peu plus forts.

Et pourtant l’année où vous êtes champions, en 2018, vous n’avez pas fait de coupe d’Europe ?

Cette année-là, tout nous a réussi. Dès que l’on faisait quelque chose, c’était formidable ! Il y avait Youssoupha Fall qui sortait du centre de formation et qui prend sa mesure, Justin Cobbs, qui depuis ça va bien pour lui, Romeo Travis que l’on connaissait dans un certain rôle, DJ Stephens n’était pas très connu, on a eu Chris Lofton, qui est revenu avec nous sur une pige à cause de la blessure de Pape (Amagou). Cette équipe-là avait peut-être besoin de ne jouer qu’une fois par semaine, de bien préparer ses matches. Mais ce que l’on a fait en 2018 ou ce que Chalon a fait en 2017, je ne vois pas une autre équipe le faire maintenant. Je ne vois pas comment le titre pourrait échapper à l’un des trois gros. Il y a maintenant trop d’écart entre les masses salariales des uns et des autres, alors qu’à l’époque, si toi tu avais très, très bien travaillé, et eux pas complètement bien, et que tu avais en plus de la réussite, tu pouvais aller choper le titre.

On se retrouve aujourd’hui dans la situation de l’Espagne, de la VTB League, de la Grèce, d’Israël, de la Turquie où se sont toujours les mêmes qui sont champions nationaux ?

Du foot en Angleterre… Il y a trop d’écarts. Sur le budget prévisionnel de 2018, celui qui permet de constituer l’équipe, on devait être à 5,2-5,4M€ et l’ASVEL a peut-être 6,5-7M€. L’écart n’était pas suffisant s’il y avait des erreurs de recrutement. Aujourd’hui, ça ne va plus être possible car, si même on optimise complètement nos ressources, en allant chercher la bonne pioche là où il faut, Villeurbanne, même s’ils font une erreur ou deux sur le recrutement, comme Monaco et Boulogne, il y a tellement de marge que ça va être dur de les battre sur une série.

Vous devez être satisfait sur les deux dernières saisons du rapport qualité-prix de votre équipe ?

Oui. Déjà le regret de l’année dernière, c’est qu’il n’y a pas eu de partage avec le public car l’équipe était vraiment spectaculaire et compétitive. Au final, on ne termine que septième. Je crois sincèrement que l’on a été l’équipe la plus impactée par les cas de Covid, sans parler des blessures en fin de saison. On a joué alors sans Ovie Soko, qui était l’un des possibles MVP du championnat, on a fait beaucoup jouer Hugo Meniandi. Je pense que cette équipe de l’année dernière était d’un très bon rapport qualité prix. Je crois que c’est aussi le cas de celle de cette année. On n’est pas dans le top 4 des masses salariales, même si ça se tient entre le 4-5e et le 12e. On a une équipe compétitive, agréable à regarder. J’ai un staff qui travaille bien avec Vincent Loriot comme directeur sportif. Ils connaissent leur boulot, ils sont sur la même ligne et c’est important pour faire une équipe. Au-delà des moyens financiers mis à disposition, dans le profil des joueurs recherchés, les états d’esprit, les qualités intrinsèques premières les plus importantes, ils se retrouvent beaucoup donc ça facilite le travail et le recrutement.

Photo : Williams Narace (FIBA)
« Il faut donc que nous aussi, tous, on fasse plus sur nos moyens de production. Ce n’est pas ça qui va empêcher les gens de venir à la salle… »

Quel impact a pour le MSB, ses fans, ses sponsors, les retransmissions sur LNBTV, Sport en France, France 3 Pays-de-Loire, et maintenant beIN Sports ?

On a eu le match à Orléans qui a été diffusé sur France 3. Je crois savoir qu’ils sont très contents. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je n’en sais pas plus. Même si je ne sais pas combien de fois le MSB sera diffusé, même si c’est beIN et pas L’Equipe TV, c’est très bien accueilli par nos partenaires. Quand on est fan de sport, on est abonné à ces réseaux, à RMC, Canal, beIN. LNBTV, c’est très bien, ça plaît beaucoup aux fans de basket, ça n’oblige plus forcément à venir à la salle. Je ne suis plus obligé de me déplacer si je juge que ma présence n’est pas indispensable. Il y a déjà un directeur sportif, l’état d’esprit du groupe est bon, et de toute façon, ce n’est pas ma façon de faire de gueuler dans le vestiaire si ça ne va pas. Je faisais les déplacements car je voulais me rendre compte de comment ça se passait. Là, je regarde globalement les matches sur LNBTV. Tous les fans peuvent suivre leurs équipes à domicile et à l’extérieur. C’est une véritable avancée. Après, on peut discuter de la qualité de production qui est forcément limitée parce que c’est le système Keemotion avec deux caméras fixes. L’idéal, ça serait qu’il y ait un peu plus de caméras et que la production soit de meilleure qualité. Il faut que l’on continue tous d’investir. Au MSB, pendant le huis-clos, on a fait des productions améliorées qui coûtent un peu d’argent au club, mais ce n’est pas délirant car tout a évolué. L’arrivée de beIN va permettre de dire que l’on va avoir une affiche qui va être bien produite, bien présentée, bien habillée, ça va valoriser notre sport et ça va dans le bon sens. Il faut donc que nous aussi, tous, on fasse plus sur nos moyens de production. Ce n’est pas ça qui va empêcher les gens de venir à la salle car ça n’a rien de comparable de le voir sur un écran que dans la salle surtout que l’on a une ambiance de feu cette année ! C’est comme lorsque les gens avaient peur quand Canal a commencé à diffuser le foot qu’il n’y ait plus de monde dans les stades. Ce n’est pas vrai. Je pense qu’en janvier, on va remettre en route nos productions améliorées autonomes où l’on respecte le cahier des charges de la ligue, mais en mettant plus en avant nos partenaires. Les partenaires sont demandeurs. Honnêtement, Sport en France, personne n’en parle. Je dis ça brutalement. Mais LNBTV et beIN, plein de partenaires m’en parlent.

La saison prochaine, il y aura quatre descentes. Allons-nous revoir un état de fébrilité au sein des clubs qui peuvent se sentir menacés ? Vous sentez-vous concerné ?

Personne n’est à l’abri sinon Villeurbanne, Monaco et Boulogne aujourd’hui. J’en veux pour preuve Chalon/Saône l’année dernière. Ils ont été champions de France un an avant nous, en 2017. C’est un club avec une salle, un public, de ce que je sais, des partenaires fidèles. Ça veut dire avec des moyens de réagir quand ça ne va pas. Et malgré tout, ils sont descendus. Donc le MSB sera concerné aussi.

Est-ce que ça va entraîner une sorte de fièvre ?

Je pense que oui car dès que ça ne va pas aller, le premier argument, on va mettre ça sur la table. C’est ce qui a été voté, décidé, mais il peut se passer plein de choses.

Le règlement peut changer ?

Tout le monde sait que je suis un partisan du passage à 16 pour des raisons objectives, j’assume, mais ces raisons-là n’auront peut-être plus lieu d’être. Pour moi, le passage à 16 répond à deux problématiques, 1- le nombre de JFL haut niveau compétitifs, et pas juste pour jouer les utilités en bout de banc ou pour remplir les quotas, 2- le calendrier car ça ne rentre plus dans les cases parce qu’il y a les coupes d’Europe et les fenêtres internationales. Si demain ces raisons objectives évoluent, et qu’il y a moins de clubs engagés en coupes d’Europe, et éventuellement un changement de format des compétitions européennes, ça change les donnes. On parle de l’arrêt de l’Eurocup et d’une fusion avec la BCL…

Ça pourrait donner envie aux clubs français de re-participer à la FIBA Europe Cup ?

Peut-être. Parce que, à un moment donné, on décale le niveau. Mais si les fenêtres internationales bougent un peu et que la FIBA revient sur certaines choses… Je ne sais pas si ça va arriver, mais si ça évolue, il ne faut pas être stupide et il faudra peut-être se reposer la question parce qu’il y a aussi des arguments pour rester à 18. C’est comme lorsque l’on vote le projet stratégique de la ligue, mais que le Covid nous tombe dessus, on ne va pas passer en force. Mais pour revenir à la question, est-ce que le MSB se sentira concerné si l’on passe à 16, oui, car même si on est plutôt stable depuis des années, même si on pense limiter ça de par notre organisation, on n’est pas à l’abri de se tromper, d’avoir de la malchance, d’être dans une spirale. C’est l’exemple de Chalon, qui m’a vraiment marqué. Nancy, aussi, qui a été dominant tout en haut et qui très vite est tombé, même si eux avaient peut-être un problème de structures internes.

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Comment voyez-vous la montée en puissance de l’ASVEL et Monaco, et aussi de Strabourg, de Bourg, l’arrivée des investisseurs américains à Paris et Pau ?

Villeurbanne, Monaco et Boulogne, je les mets dans une autre dimension. Je mets Boulogne avant Paris. On connaît le modèle économique de l’ASVEL avec Tony Parker, c’est dans une grande agglomération, il y a le rapprochement avec l’OL, ils ont maintenant l’invitation permanente en Euroleague, pour moi, ils sont lancés pour pas mal d’années et ils vont continuer à grandir, et à dominer à terme le championnat. Monaco, c’est autre chose. Ils existent aujourd’hui par la simple volonté de leur propriétaire (NDLR : l’Ukrainien Sergey Dyadechko), qui est richissime et qui remet de l’argent, et tant mieux pour eux. Si Monaco demain n’est plus en Euroleague, je ne sais pas s’il va maintenir des budgets à 14 ou 15 millions. Boulogne, c’est encore un autre modèle économique qui tient beaucoup à la personnalité d’un élu politique (NDLR : le maire de Boulogne, Pierre-Christophe Baguet), qui est fan. On sait que le basket sur Paris c’est compliqué. Ces trois clubs doivent être au-dessus. Pour combien de temps ? Villeurbanne pour très longtemps. Les deux autres, je ne sais pas. Je m’interroge sur la pérennité du modèle économique. Paris, j’attends de voir. Des clubs comme Pau, Bourg-en-Bresse sont nos vrais concurrents aujourd’hui, et c’est par rapport à eux que j’essaie de me situer. Notre objectif est d’être derrière dans le troupeau de chasse, avec Pau, Bourg, Limoges, Strasbourg, Dijon. Je n’ai malheureusement pas l’intention d’annoncer demain que le budget va passer de 6 à 8 millions. Ça ne serait pas raisonnable de faire des effets d’annonce de ce genre ici. L’idée, c’est de solidifier la structure, de gratter un peu plus chaque année des ressources nouvelles, que l’on va considérer comme acquises après. Nos partenaires maillots sont les même depuis vingt ans, et depuis on a continué à augmenter gentiment le budget. Il y a plein de boîtes qui ne sont pas encore partenaires du MSB et qui peuvent nous rejoindre. On ne manque pas d’ambitions sportives et on le prouve depuis des années.

Comment le club a-t-il traversé financièrement la pandémie, les saisons avortées ?

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Photo d’ouverture : MSB

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