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Espagne: Gran Canaria au bord du gouffre

Après une saison exceptionnelle en 2017-18, le club qui a choisit d’aller se frotter à l’Euroleague sans en avoir les moyens est en train de le payer très cher sur tous les tableaux. Un avertissement pour les clubs français ambitieux ?

Après une saison exceptionnelle en 2017-18, le club qui a choisit d’aller se frotter à l’Euroleague sans en avoir les moyens est en train de le payer très cher sur tous les tableaux. Un avertissement pour les clubs français ambitieux ?

En 2017-18, Gran Canaria a brillé. Quatrième du championnat espagnol, demi-finale contre Madrid au cours des playoffs de ACB. Au final, le club a gagné sa qualification sur le terrain pour l’Euroleague et a accepté l’invitation. Sauf que le budget ne suit pas, la longueur d’effectif non plus et après 14 matches (2v-6d en Lega Endesa, 1v-5d en Euroleague), le premier bilan de la saison est particulièrement préoccupant. Ce week-end, la défaite à domicile dans le derby des Îles contre Tenerife (77-91), la sixième toutes compétitions confondues, est venu mettre du sel sur les plaies d’une équipe et d’un club en difficulté comme jamais ces dernières années.

« Le week-end en ACB, nous payons nos efforts de la semaine », explique le coach Salva Maldonaldo qui s’est fait copieusement siffler et qui fait référence à l’Euroleague. « Nos rivaux arrivent en pleine forme et nous n’arrivons pas à gagner en dépit de nos efforts. On touche nos limites. Et ce vendredi, nous allons jouer contre le Maccabi puis recommencer la ronde de cinq matches en neuf jours. Le club est alerté sur le fait qu’on doit renforcer notre effectif. Le public peut me siffler mais j’ai la force de continuer. »

Pas assez solide pour l’Euroleague ?

Après six saisons de suite de playoffs en ligue espagnole et une belle consolidation de son statut, il est terrible de voir que la première participation de l’histoire de Gran Canaria à la compétition reine d’Europe pourrait provoquer une véritable cassure dans son développement. La marche entre des clubs normaux et les dix pensionnaires titulaires de licence pour 10 ans en Euroleague, dont l’économie et le financement marchent sur la tête, est trop haute. Et l’allongement du calendrier de l’Euroleague avec toujours plus de matches rend ce pari encore plus hasardeux, comme le rappelait Martial Bellon, président de la SIG en mai.

« Aujourd’hui, je considère qu’avec notre budget actuel, jouer l’Euroleague est une hérésie », avant de rajouter en septembre. « Nous restons ambitieux de jouer cette nouvelle Euroleague qui va passer de 16 à 18 mais nous ne voulons pas y aller pour tuer le club. Bamberg a failli être tué par cette compétition sur le plan économique et a été en partie tué sur le plan sportif la saison dernière puisqu’ils ont terminé 8 ou 9e de leur championnat. » Bamberg a désormais choisi, comme Strasbourg, de se développer lentement mais sûrement à travers la BCL.

Est-ce que c’est ce dont parlait le président Bellon est en train de se passer pour Gran Canaria ? Est-ce que l’Asvel a bien réfléchit à son ambition de vouloir se frotter à cette compétition, dans de telles conditions de non-fair play économique ?

« C’est dangereux pour les clubs français », prévenait Alain Béral en le 3 octobre dans une interview pour Basket Europe. « J’en connais aucun qui soit prêt à assumer ce type de challenge », confirme Alain Béral. « Enchaîner des pertes de match plus des pertes d’argent, je pense qu’à un moment ça va être très lourd pour le public et pour le club. »

Photo: Albert Oliver (Euroleague)

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