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L’Euroleague, un miroir aux alouettes pour les clubs français?

Les compétitions européennes pour la saison 2018-19 sont lancées. L’ASVEL, qui a parfaitement négocié ses trois premières journées de Jeep Elite, se fait une fois de plus les dents en Eurocup avant, probablement d’intégrer l’Euroleague. Mais la reine des compétitions européennes n’est-elle pas un te

Les compétitions européennes pour la saison 2018-19 sont lancées. L’ASVEL, qui a parfaitement négocié ses trois premières journées de Jeep Elite, se fait une fois de plus les dents en Eurocup avant, probablement d’intégrer l’Euroleague. Mais la reine des compétitions européennes n’est-elle pas un terrain miné pour les clubs français qui sont économiquement à la traîne des armadas continentales mais qui ont le mérite et l’obligation d’être vertueux. Eléments de réponse avec Alain Béral, président de la Ligue Nationale de Basket.

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Il n’y a pas encore d’équipe française en Euroleague, il n’y en a plus en FIBA Europe Cup. Les sept clubs français engagés en coupes d’Europe se partagent entre la Basketball Champions League (Dijon, Le Mans, Nanterre et Strasbourg) placée sous le patronage de la FIBA et l’Eurocup (Limoges, Monaco et Villeurbanne) gérée par ECA. Les deux épreuves se disputent l’appellation officieuse de C2 pour prendre un repère du foot. Si la Champions League prend en compte les classements nationaux pour garnir son plateau et a donc la bénédiction de la Ligue Nationale de Basket, l’Eurocup a recours aux invitations, la LNB laissant faire par impuissance. Ce qui brouille les pistes, c’est que l’AS Monaco, deux fois qualifiée au Final Four de la BCL et finaliste de la Jeep Elite, a rejoint l’Eurocup cette saison, tandis que le champion de France manceau estime qu’une participation à la Champions League est plus légitime. Tout ceci se fait sur le dos du fan qui en a attrapé le vertige d’autant que l’une des épreuves est diffusée par Canal+ Sport et l’autre par RMC Sport.

Deuxième volet du dossier : L’Euroleague. Lors de la saison 2015-16, les clubs français interrompaient leur programme après un parcours bien dans la tradition des dernières années (3 victoires pour 7 défaites pour Limoges et Strasbourg). L’Euroleague passait alors à la vitesse supérieure avec la constitution d’une saison régulière pour 16 équipes triées sur le volet dont 11 ont l’assurance de dix ans de présence : Anadolu Efes Istanbul, CSKA Moscou, EA7 Emporio Armani Milan, FC Barcelone Lassa, Fenerbahçe Istanbul, Laboral Kutxa Vitoria Gasteiz, Maccabi FOX Tel Aviv, Olympiacos Le Pirée, Panathinaikos Athènes, Real Madrid et Zalgiris Kaunas. SFR Sport devenu RMC Sport récupérait un peu plus tard les droits télévisuels de l’épreuve mais donc sans un club français pour servir de booster.

Alain Béral, président de la LNB, veut être clair sur le sujet :

« On n’a jamais dit qu’on était contre. On souhaite même qu’il y ait deux clubs en Euroleague et que l’on fera ce qu’il faut pour qu’ils puissent y jouer normalement. Ce que l’on critiquait fortement c’est que les champions n’aient pas accès à l’Euroleague et que c’était uniquement sur invitation. On a compris que le public estime que participer à l’Euroleague est une bonne chose pour le basket français. »

Ce n’est donc pas la compétition de club numéro 1 qui gêne l’instance mais l’autre gérée par ECA de Jordi Bertomeu.

« Le problème c’est l’Eurocup où les tendances commencent à être les mêmes, c’est-à-dire que c’est aussi plutôt sur invitation. Ça ne nous va pas du tout. On avait couvé avec bienveillance la création de la BCL parce qu’elle n’a pas ce genre de structures et qu’elle donne accès aux champions des pays. Je trouve ça beaucoup plus sain. Oui pour l’Euroleague et non pour avoir une deuxième ligue que sur invitation. »

Seulement, Jordi Bertomeu et son équipe n’en font qu’à leur tête et c’est bien sur dossier -ou si vous préférez, à la tête du client- que sont invités les clubs à participer à l’Eurocup. Une deuxième source de conflit était à craindre : que le calendrier de l’Eurocup chevauche les plages réservées aux équipes nationales durant la saison.

« Pour l’instant, ils respectent les fenêtres. Sur ce plan-là, il n’y a pas de conflit. Si l’Eurocup décide de ne pas respecter les fenêtres, ça sera le problème des clubs qui s’y engagent. Ils devront libérer leurs joueurs pour l’équipe de France. Sinon, ils seront sanctionnés, ils se feront virer de la ligue ou de la fédération. On ne passera pas là-dessus. On n’acceptera pas qu’un club nous dise, non je ne libèrerai pas mes joueurs pour l’équipe de France. Notre priorité c’est le basket professionnel et la protection de l’équipe de France. On ne peut pas vivre sans alors que Bertomeu, il s’en fout complètement de l’équipe de France. Ce n’est pas son problème. On a dit à nos clubs, si vous voulez allez en Eurocup, allez-y, on ne vous en empêchera pas. La preuve… Mais s’il y a un conflit de calendrier, vous le gérez. On sait qu’il n’y aura pas de conflit avec la BCL car elle respecte les fenêtres, la ligue, le All-Star Game. »

A voir donc ce qui se passera demain si le dit Jordi Bertomeu impose une nouvelle épreuve de force pour sa C2 cette fois.

La volonté d’avoir un ou deux clubs en Euroleague

La nouveauté, c’est que pour la saison 2019-20, LDLC ASVEL Lyon-Villeurbanne devrait rejoindre l’Euroleague. De 16 le nombre d’équipes doit passer à 18. Une augmentation qui inquiète Alain Béral :

« Je ne sais pas si l’ASVEL sera en Euroleague. Peut-être. Si elle y ait, j’ai compris que c’était pour deux ans. Qu’il n’y aura qu’une seule poule de 18. C’est Bertomeu qui l’a dit. C’est critiquable aussi dans le sens que Bertomeu nous a toujours dit qu’une bonne ligue doit avoir 14 clubs et maximum 16. Et il fait 18. C’est peut-être aussi parce que le bon format sur le plan économique c’est 16-18 et pas 14. L’Euroleague ne peut vivre que si elle a des revenus plus importants qu’aujourd’hui. Je pense qu’aujourd’hui le format n’est pas bon. Il faut qu’ils trouvent beaucoup plus de recettes et la seule façon d’en avoir ce sont des sponsors et aussi des droits de télévision plus importants. Donc il y a le risque de tuer les ligues nationales en récupérant leurs droits TV, c’est-à-dire ceux de l’Allemagne, de la France et de l’Espagne. L’autre solution, c’est de vendre des droits TV à l’étranger (NDLR/ Asie du Sud Est et Amérique du Sud). Pour cela il faut des villes marques. On a très bien compris depuis toujours pourquoi Bertomeu parle de Paris, de Lyon et Strasbourg. Ce sont des marques, Paris notamment, qui sont vendables au niveau mondial dans n’importe quel pays intéressé au basket. Ce sont des choses vertueuses que l’on peut comprendre. »
« Nous voulons avoir absolument des clubs en Euroleague car c’est la meilleure compétition européenne. Point, » reprend Alain Béral. « Parce que ça nous permettra de faire de la rétention de joueurs qui vont revenir chez nous pour jouer dans les clubs français d’Euroleague. Pour l’image de marque du basket français, c’est très important. Et pour l’image de l’Euroleague aussi à cause du nombre d’habitants en France, des droits TV. Par contre je veux absolument que les clubs les plus performants de la ligue hors Euroleague puissent accéder à une coupe d’Europe, que ça puisse être dans leur projet. Il faut que l’on ait maximum sept clubs en coupe d’Europe. Après s’il y a des tireurs francs ou des passagers clandestins, ils se démerderont. »

Le président de la LNB ne paraît pas inquiet quant à la compatibilité entre le calendrier d’une Euroleague à 18 clubs avec une Jeep Elite qui doit être réduite dans deux ans à 16.

« On sait que ça sera compatible avec l’Euroleague car il n’y aura pas de trêve. Ils joueront le 2 janvier, etc. S’il n’y a que deux clubs, ce n’est pas très grave. On se débrouillera pour caler des matches à droite et à gauche pour pouvoir assumer l’Euroleague. Mais c’est tout. On n’assumera pas la même chose pour un deuxième championnat car le plus important pour nous, c’est la ligue française. »

L’ASVEL en Euroleague : un nain

En définitive, l’incompatibilité peut davantage se situer au niveau de l’économie. Les chiffres qui sont tombés récemment à propos des dérapages vertigineux des clubs d’Euroleague (200 millions pour l’ensemble des clubs, près de 30 millions pour le seul Real Madrid, champion d’Europe, 8,5 millions pour Fenerbahçe, trois fois finaliste d’affilée) font froid dans le dos à qui veut une bonne gestion saine et équilibrée.

Villeurbanne aspire à entrer en Euroleague avec un budget voisin de 10M€. D’après des chiffres disponibles pour la saison 2016-17, cela situerait le club français en queue de peloton, sachant que les clubs du top 8 sont à plus de 15M€. On ne parle évidemment pas du CSKA Moscou et de son budget de 42,6M€ sachant que d’après Sportando celui du rival moscovite, le Khimki est monté à 23M€. Et encore, il faut prendre les budgets avec des pincettes. Les masses salariales sont plus révélatrices. Ainsi, d’après Basket Le Mag, si le Zalgiris Kaunas avait la saison dernière un budget de 8,5M€, sa masse salariale était de 5,5M€ contre 2,6M€ à celle de l’ASVEL. La distorsion entre les charges sociales est également spectaculaire comme l’avait montré une étude de l’Expansion, la masse salariale de l’ASVEL convertie aux règles sociales en Turquie passerait à 6,1 millions d’euros.

Autre comparaison qui interroge : la moyenne de spectateurs en Euroleague pour 15 matches à domicile était la saison dernière de 8 393 alors que la capacité de l’Astroballe n’est que de 5 560 places. Il faut bien se rendre compte que l’Euroleague que les clubs français ont quittée il y a deux saisons n’est plus la même aujourd’hui.

A terme, avec une aréna, ADLC ASVEL peut viser une quinzaine de millions… soit le budget recettes du Real mais pas ses dépenses ! Et qu’est-ce que cela représentera si les clubs européens continuent de progresser ou… poursuivent leur fuite en avant, c’est selon. L’Euroleague dont la compétitivité sportive est à louer n’est-elle pas économiquement un miroir aux alouettes ?

« Complètement. Notre discours est de dire que ça ne pourra pas durer. Deux clubs tucs sont déjà passés à travers, ils ne démarrent pas la saison. Bamberg qui a dit, ça suffit, je ne veux plus de ce pain-là, je rejoins la BCL, je suis certain d’être qualifié si je termine dans les cinq premiers, et je ne dépense plus des millions pour des déplacements privés en avion car on fait par semaine deux matches d’Euroleague plus un match dans le championnat allemand. »

Tony Parker et le staff de dirigeants du club villeurbannais vont se retrouver face à une équation pas évidente du tout à résoudre. Avec un budget de 10 millions, l’ADLC ASVEL risque fort de ne pas pouvoir bâtir une équipe compétitive en Euroleague, d’enchaîner les revers, d’être reléguée en queue de classement, de plomber le moral des troupes qui pourraient devenir moins performantes dans le championnat national, et encore plus de lasser spectateurs et sponsors. Un club français peut-il attirer du monde comme en NBA même si son équipe est au fond du trou ? En France où la « culture Euroleague » est faible, cela reste à démontrer. A l’inverse, faire du déficit pour améliorer les résultats mettrait Villeurbanne en porte à faux avec les règles draconiennes de la DNCG qui n’existent pas dans les autres pays d’Europe.

« Oui c’est dangereux pour les clubs français. J’en connais aucun qui soit prêt à assumer ce type de challenge », confirme Alain Béral. « Au niveau sportif, il peut se passer des trucs. On n’est pas à l’abri de gagner des matches. Nanterre l’a prouvé par le passé contre Barcelone. Mais un championnat aller-retour ce n’est pas pareil. Enchaîner des pertes de match plus des pertes d’argent, je pense qu’à un moment ça va être très lourd pour le public et pour le club. Et quand au bout de la saison, ils vont venir à la ligue en disant « on a 5 ou 6 millions de déficit », on leur dira, « Nationale 3, direct. »

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Il n’y a pas encore d’équipe française en Euroleague, il n’y en a plus en FIBA Europe Cup. Les sept clubs français engagés en coupes d’Europe se partagent entre la Basketball Champions League (Dijon, Le Mans, Nanterre et Strasbourg) placée sous le patronage de la FIBA et l’Eurocup (Limoges, Monaco et Villeurbanne) gérée par ECA. Les deux épreuves se disputent l’appellation officieuse de C2 pour prendre un repère du foot. Si la Champions League prend en compte les classements nationaux pour garnir son plateau et a donc la bénédiction de la Ligue Nationale de Basket, l’Eurocup a recours aux invitations, la LNB laissant faire par impuissance. Ce qui brouille les pistes, c’est que l’AS Monaco, deux fois qualifiée au Final Four de la BCL et finaliste de la Jeep Elite, a rejoint l’Eurocup cette saison, tandis que le champion de France manceau estime qu’une participation à la Champions League est plus légitime. Tout ceci se fait sur le dos du fan qui en a attrapé le tournis d’autant que l’une des épreuves est diffusée par Canal+ Sport et l’autre par RMC Sport.

Deuxième volet du dossier : L’Euroleague. Lors de la saison 2015-16, les clubs français interrompaient leur programme après un parcours bien dans la tradition des dernières années (3 victoires pour 7 défaites pour Limoges et Strasbourg). L’Euroleague passait alors à la vitesse supérieure avec la constitution d’une saison régulière pour 16 équipes triées sur le volet dont 11 ont l’assurance de dix ans de présence :

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Photos: ASVEL 2018-19 (Eurocupbasketball), Real Madrid champion d’Europe (Real), Zalgiris Arena (Zalgiris), Mantas Kalnietis (ASVEL).

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