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Christophe Le Bouille (Le Mans): « On va encore progresser, se développer »

Le Mans Sarthe Basket livre sa quatrième finale de Jeep Elite/Pro A en douze ans. Jusqu’à présent, les Manceaux en ont gagné une, en 2006. Un trophée qui s’ajoute aux trois du SC Moderne (1978, 79, 82). Son président nous parle de l’engouement spectaculaire du public pour son équipe cette saison et

Le Mans Sarthe Basket livre sa quatrième finale de Jeep Elite/Pro A en douze ans. Jusqu’à présent, les Manceaux en ont gagné une, en 2006. Un trophée qui s’ajoute aux trois du SC Moderne (1978, 79, 82). Son président nous parle de l’engouement spectaculaire du public pour son équipe cette saison et aussi de la place de son club dans le basket professionnel français.

Voici la deuxième partie de l’interview. Retrouvez la première ici.

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Pourquoi avez-vous choisi de faire la Champions League la saison prochaine plutôt que l’Eurocup ?

On en a parlé en interne avec tout le monde, le directeur sportif, le directeur administratif, le directeur commercial et le directeur marketing. Chacun a exposé le pour et le contre parce que pour les deux compétitions, il y a des arguments, des avantages et des inconvénients. Je pense sincèrement que sportivement ces deux compétitions se valent. Simplement le dernier carré Eurocup me paraît plus fort que le dernier carré BCL. En revanche, si on regarde les 16 ou les 8 derniers, je suis sûr que l’Eurocup n’est pas plus forte que la BCL. Je sais bien que dans l’esprit de certains joueurs, de certains agents, de certains journalistes, l’Eurocup est toujours la numéro 2 derrière la BCL. Je ne partage pas cet avis. Je l’ai dit, on ne va pas se mentir, le MSB n’a pas vocation à jouer l’Euroleague. On n’est pas formaté pour ça. Ce n’est pas un manque d’ambition, c’est juste de la lucidité. Donc à quoi bon aujourd’hui pencher pour l’Eurocup cette année sans forcément s’inscrire dans la durée avec eux puisque de toute façon, ils n’ont pas l’intention de nous emmener en Euroleague à terme ? A quoi bon pencher vers eux alors qu’ils ne respectent pas le calendrier international et qu’un jour je mets une journée sur les fenêtres, un coup je l’enlève et un coup je la remets ? Il y a quand même un souci par rapport à ça. Ce n’est pas la question d’être pour ou contre les fenêtres internationales, c’est comme ça, il faut faire avec. ECA n’a pas l’intention de les respecter comme elle ne respecte pas la trêve à Noël pour faire reposer les joueurs. Ça me pose un vrai problème. On est très content de l’organisation de la BCL, ça s’est très bien passé la première année. Les retours que j’ai eu cette année sont également bons. Economiquement, ça se tient. Les deux compétitions ont pour nous le même impact. Il n’y a pas d’écart significatif dans un sens ou dans un autre car l’Eurocup a dû s’aligner un peu sur ce que propose la BCL. Ça ne pouvait pas être un choix économique. Sur le plan sportif, tu balançais entre le fait de se dire qu’on allait peut-être intéresser plus de joueurs si l’on faisait l’Eurocup puisque dans leur esprit c’est peut-être encore la numéro 2, peut-être que l’on peut les avoir un peu moins cher, mais de l’autre côté, attention, les internationaux ont des trêves internationales. Comment je vais faire avec la logistique des calendriers avec la ligue où c’est compliqué ? Donc pour moi, l’Eurocup c’était un choix à très court terme, j’ai donc choisi, validé l’option BCL.

Au niveau de la ligue avez-vous pris une décision quant à la compétition à laquelle il faut de préférence participer (NDLR : Christophe Le Bouille est par ailleurs vice-président de la LNB) ?

Non, les clubs sont libres. Le président Béral l’a clairement dit. Chacun va pouvoir choisir en fonction de ses performances. J’entendais que l’Eurocup a contacté pas mal de clubs. Ils nous font aussi la cour, « venez ! venez ! venez ! » « Mais pourquoi nous plus que les autres ? » « Venez, vous, c’est sûr ! » « Vous tenez ce discours à combien de clubs ? » J’ai tout de même le sentiment qu’il y a des choses qui sont faites surtout pour embêter le concurrent et pas dans une optique politique. Chaque club va décider. Béral et Siutat (NDLR : président de la FFBB) ne m’ont mis aucune pression, ils ne sont pas intervenus. D’ailleurs, ils savent tous les deux que j’ai vraiment hésité. Bien sûr que j’avais en tête le fait que « la BCL, c’est la FIBA, c’est légaliste », etc, mais j’avais réservé ma réponse. La Ligue m’a relancé plusieurs fois pour la connaître. On était vraiment en réflexion et pour moi il n’y avait rien d’évident. J’ai pris une décision, je suis président, je suis là pour ça, mais après avoir pesé le pour et le contre pour les deux compétitions.

Il y avait une deadline pour l’Eurocup ?

On avait reçu des documents d’inscription sans rien avoir demandé et ils nous pressaient pour qu’on les renvoie. C’est logique, il y a des réunions qui vont devoir se mettre en place, des groupes à déterminer, un tirage au sort comme la BCL va le faire. C’est là qu’il fallait se décider mais je n’avais pas de deadline précise.

Faire la Champions League avec les bonus donnés par l’organisateur et aussi par la LNB et avoir battu des records d’affluence, c’est l’assurance d’avoir en 2018-19 un budget supérieur à celui de cette saison ?

Oui, le budget sera à la hausse. On avait cette année un budget prévisionnel qui était forcément inférieur à celui des années précédentes puisque pour la première fois depuis longtemps, on ne faisait pas de coupe d’Europe. La coupe d’Europe, au-delà des bonus qui peuvent être attribués par la Ligue et la BCL génère des recettes en termes de partenariat et de recettes de match. Même s’il y a des charges et la preuve c’est que cette année, notre masse salariale était quasiment la même que celle de l’année d’avant alors que le budget était inférieur. Oui, l’année prochaine, ça va repartir à la hausse. Mais je m’entends, les recettes de la LNB, ce n’est pas au titre de la participation à la coupe d’Europe mais au regard de nos performances cette année.

Ce ne sont plus des bonus liés à la participation aux coupes d’Europe ?

La Ligue ne va plus donner de bonus aux équipes participantes aux coupes d’Europe. Ça a été décidé par le Comité Directeur. La Ligue se concentre sur ses performances domestiques et donne des bonus à ses clubs en fonction de leurs résultats en Jeep Elite. Il y a un fixe et quelques variables en fonction des retransmissions TV, une prime à la notoriété on va dire. Et après, il y a des bonus en fonction du parcours en playoffs, quarts-de-finaliste, demi-finaliste, finaliste, vainqueur.

Cette saison, Chalon, champion de France, avait un budget supérieur, ce qui ne l’a pas empêché d’être dépouillé de ses trois meilleurs joueurs, John Roberson, Cameron Clark et Moustapha Fall et la conséquence a été un parcours pour le moins laborieux. Peut-on craindre pareil phénomène pour le MSB ?

Forcément. Tous les clubs français sont exposés à ça. Déjà, je ne suis pas encore champion, loin de là ! (Sourire) Bien sûr que l’on a des joueurs atypiques mais je ne suis pas sûr que notre équipe repose de la même manière que Chalon sur trois forts joueurs. J’ai l’impression que c’est un peu plus diffus chez moi. Bien sûr, j’ai des joueurs marquants. Justin Cobbs fait une grosse saison, il fait notamment des playoffs de feu. Youssoupha Fall a fait une saison extraordinaire, il est un peu plus en difficulté en playoffs sauf le dernier match (NDLR : le Match 5 contre Strasbourg). Les gens pensent à DJ (Stephens). Il est extraordinaire de par ses qualités athlétiques mais ce n’est pas un joueur qui a par exemple l’impact de Cameron Clark l’année dernière sur un plan statistique. Je ne pense pas que ce soit exactement la même problématique mais si on est champion -et même si on ne l’est pas- on sera sans doute plus sous les radars des autres clubs qu’avant et ils vont sans doute avoir plus de propositions. On verra ce qui va se passer avec nous. Ces gens-là ont-ils envie de partir ou de prolonger avec nous ? On verra. Je ne suis pas le seul concerné. Les meilleurs joueurs qui évoluent chaque année en Jeep Elite sont susceptibles de partir en Turquie, en Russie, en Espagne et je ne parle pas évidemment de la NBA. Ces trois destinations-là payent beaucoup pour plein de raisons. Peut-être que l’on ne développe pas suffisamment nos ressources. Il faut aussi se poser la question entre le coût d’un joueur entre la France et l’Allemagne.

« Tout le monde parle de la fusion des caisses de retraite. A part Monaco, les clubs de basket vont être super impactés »

Allez-vous être pénalisé par l’impôt à la source ?

Bien sûr. J’entends bien que tout le monde doit payer son impôt. Après, on sait que des joueurs au bout d’un an -je ne dis pas que c’est bien, au contraire- partaient peut-être… En tout cas, ils n’avaient pas la retenue sur leur fiche de paye -je parle des étrangers. Quand il va falloir leur retirer 20 ou 25% chaque mois avant de faire les réguls alors qu’ils ne seront peut-être plus en France six mois après quand tu vas faire ces réguls, ce n’est pas facile à expliquer à nos amis agents et joueurs étrangers. On sait qu’il y a d’autres pays où il n’y a pas ça. Tout le monde parle de la fusion des caisses de retraite. A part Monaco, les clubs de basket vont être super impactés. On sait combien coûte en France un joueur que l’on paye 100 000 et combien il coûte en Allemagne. Je veux bien que l’on soit des incapables mais il y a des données ce n’est pas nous qui les maîtrisons. Et je parle de l’Allemagne, pas de la Russie ou de la Turquie. Je parle de l’Allemagne qui est un pays frère, qui a à peu près le même développement économique, la même population. Parfois ils font mieux que nous, parfois c’est nous qui faisons mieux qu’eux. Mais là, il y a un écart qui est énorme et qui va encore s’accentuer au mois de janvier. Je pense surtout avec la fusion des caisses de retraite. Peut-être que le grand public ne va pas comprendre qu’au basket, ils n’arrivent pas à développer leur truc. Pour des joueurs majeurs étrangers, qui veulent récolter les fruits de leur bonne saison, qui ont une carrière courte, quand tu as la possibilité de gagner 30 ou 40 000 dollars de plus en Allemagne qu’en France, ils ont beau te trouver sympa, que tu t’occupes bien d’eux, que ton organisation est bonne, que ton système social est bon, que la qualité de vie en France est formidable, ils ont beau apprécier ton coach, à un moment donné, il y a une réalité qui te rattrape. Il ne faut pas se laisser abattre et chercher des solutions mais ces solutions c’est souvent de retenter des coups, d’aller chercher des joueurs. On a du mal à garder ces très forts joueurs à chaque fois. Il n’y a pas pour l’instant de clubs français qui disputent l’Euroleague et c’est un problème aussi. A part Strasbourg et Villeurbanne, qui ont des masses salariales supérieures et Monaco, qui n’a pas le même système que nous, je ne pense pas que Nanterre, Chalon, Le Mans, Limoges, Gravelines, Pau, pour parler des principales masses salariales, conservent d’une année sur l’autre leurs meilleurs joueurs étrangers.

Sans parler d’une équipe à Paris, pensez-vous que sur les cinq prochaines années, l’écart va s’agrandir entre d’un côté Strasbourg, Villeurbanne et Monaco, et les suivants dont Le Mans ?

C’est possible car ils ont des modèles économiques à peu près uniques en France. Je ne parle pas de Monaco. Villeurbanne, c’est porté par Tony Parker dans une agglomération importante et aussi l’institution ASVEL. On connait tous l’aura de Tony. Avec Gaétan (NDLR : Muller, le Directeur Général), ils vont réussir à performer. Ça prendra peut-être du temps mais ils vont continuer à monter. Strasbourg, c’est un autre modèle, un très beau projet porté par Martial (Bellon) avec l’appui des collectivités locales et quelques entreprises dont les sièges nationaux ou régionaux sont à Strasbourg et on parle d’une capitale européenne. Ça a du sens. Chalon-sur-Saône, Le Mans, on n’est malheureusement pas des capitales régionales. Vous disiez tout à l’heure que Le Bouille aurait pu faire plus d’argent en augmentant le prix des billets pour les playoffs, forcément on aurait fait plus d’argent… Au niveau des partenaires, mon souci restera toujours d’attirer des entreprises nationales au Mans. Mais pourquoi des entreprises nationales dont le siège n’est pas ici viendraient communiquer avec le MSB alors que l’exposition TV que l’on a ne peut pas le justifier -je ne parle pas du contrat?  On va dire certainement que je suis pessimiste et que je ne booste pas assez. Peut-être. Mais je pense que Limoges a la même problématique. Ils auront du mal à faire plus que ce qu’ils font aujourd’hui. Ils ont une ferveur populaire formidable, ils vont peut-être un peu augmenter le budget. Chalon c’est forcément limité. Nous, on va faire un peu mieux parce que la Ligue travaille dans ce sens pour donner plus de ressources aux clubs. On va encore progresser, se développer. Déjà le jour où j’aurai toutes les entreprises locales qui ont leur siège ici comme partenaires du MSB, pour l’instant ce n’est pas encore le cas. Donc, oui, l’écart risque d’augmenter encore un petit peu mais tant mieux s’il y a deux ou trois clubs qui poussent vraiment vers le haut, qui disputent l’Euroleague. Je suis convaincu que ça rejaillira sur tout le monde. Mais j’ai l’impression que l’on dit ça un petit peu chaque année, or chaque année il y a une densité incroyable. L’an dernier, c’est Chalon qui est champion. Cette année ça sera ou ça ne sera pas Le Mans mais on était la huitième masse salariale du championnat !

Les écarts sont encore trop faibles entre les deux ou trois budgets principaux mais que le jour où il y aura des clubs à 12 ou 15M€, ils seront inabordables ?

Oui, même si on monte un peu, on aura du mal à aller chercher ces trophées-là. Ils les confisqueront. J’attends de voir ce qui va se passer. J’entends des choses en Turquie sur des clubs dont le modèle économique est plutôt fragile et certains sont en danger. Est-ce que c’est bien pour le championnat français s’il y a autant d’écarts entre deux ou trois locomotives et les autres ? Un écart oui, pour leur permettre d’être performants en coupes d’Europe mais s’il y en a trop, est-ce que ça sera pertinent pour tout le monde ? Je ne sais pas.

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Pourquoi avez-vous choisi de faire la Champions League la saison prochaine plutôt que l’Eurocup ?

On en a parlé en interne avec tout le monde, le directeur sportif, le directeur administratif, le directeur commercial et le directeur marketing. Chacun a exposé le pour et le contre parce que pour les deux compétitions, il y a des arguments, des avantages et des inconvénients. Je pense sincèrement que sportivement ces deux compétitions se valent. Simplement le dernier carré Eurocup me paraît plus fort que le dernier carré BCL. En revanche, si on regarde les 16 ou les 8 derniers, je suis sûr que l’Eurocup n’est pas plus forte que la BCL. Je sais bien que dans l’esprit de certains joueurs, de certains agents, de certains journalistes, l’Eurocup est toujours la numéro 2 derrière la BCL. Je ne partage pas cet avis. Je l’ai dit, on ne va pas se mentir, le MSB n’a pas vocation à jouer l’Euroleague. On n’est pas formaté pour ça. Ce n’est pas un manque d’ambition, c’est juste de la lucidité. Donc à quoi bon aujourd’hui pencher pour l’Eurocup cette année sans forcément s’inscrire dans la durée avec eux puisque de toute façon, ils n’ont pas l’intention de nous emmener en Euroleague à terme ? A quoi bon pencher vers eux alors qu’ils ne respectent pas le calendrier international et qu’un jour je mets une journée sur les fenêtres, un coup je l’enlève et un coup je la remets ? Il y a quand même un souci par rapport à ça. Ce n’est pas la question d’être pour ou contre les fenêtres internationales, c’est comme ça, il faut faire avec. ECA n’a pas l’intention de les respecter comme elle ne respecte pas la trêve à Noël pour faire reposer les joueurs. Ça me pose un vrai problème. On est très content de l’organisation de la BCL, ça s’est très bien passé la première année. Les retours que j’ai eu cette année sont également bons. Economiquement, ça se tient. Les deux compétitions ont pour nous le même impact. Il n’y a pas d’écart significatif dans un sens ou dans un autre car l’Eurocup a dû s’aligner un peu sur ce que propose la BCL. Ça ne pouvait pas être un choix économique. Sur le plan sportif, tu balançais entre le fait de se dire qu’on allait peut-être intéresser plus de joueurs si l’on faisait l’Eurocup puisque dans leur esprit c’est peut-être encore la numéro 2, peut-être que l’on peut les avoir un peu moins cher, mais de l’autre côté, attention, les internationaux ont des trêves internationales. Comment je vais faire avec la logistique des calendriers avec la ligue où c’est compliqué ? Donc pour moi, l’Eurocup c’était un choix à très court terme, j’ai donc choisi, validé l’option BCL.

Au niveau de la ligue avez-vous pris une décision quant à la compétition à laquelle il faut de préférence participer (NDLR : Christophe Le Bouille est par ailleurs vice-président de la LNB) ?

Non, les clubs sont libres. Le président Béral l’a clairement dit. Chacun va pouvoir choisir en fonction de ses performances. J’entendais que l’Eurocup a contacté pas mal de clubs. Ils nous font aussi la cour, « venez ! venez ! venez ! » « Mais pourquoi nous plus que les autres ? » « Venez, vous, c’est sûr ! » « Vous tenez ce discours à combien de clubs ? » J’ai tout de même le sentiment qu’il y a des choses qui sont faites surtout pour embêter le concurrent et pas dans une optique politique.

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Photos: DJ Stephens (MSB), Chris Lofton (LNB)

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