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A la découverte du patrimoine du basket français (1)

Gérard Bosc a été entraîneur de première division (Caen et Reims) et en équipe de France de jeune, président (Reims), fondateur de l’UGENEB -l’union des entraîneurs-, Directeur Technique National, secrétaire-général de la Ligue Nationale de Basket, il a écrit plusieurs ouvrages sur la technique mais

Gérard Bosc a été entraîneur de première division (Caen et Reims) et en équipe de France de jeune, président (Reims), fondateur de l’UGENEB -l’union des entraîneurs-, Directeur Technique National, secrétaire-général de la Ligue Nationale de Basket, il a écrit plusieurs ouvrages sur la technique mais c’est en tant qu’historien qu’il laissera une trace indélébile dans l’Histoire du basket parce qu’il lui a permis de sortir des ténèbres.

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A partir de 1984, s’apercevant que personne ne s’intéressait vraiment à la mémoire de son sport, il a œuvré pour récupérer et mettre en valeur des objets appartenant depuis 1893 au patrimoine du basket français.

Arrivé à la FFBB à l’occasion de ses 75 ans, Daniel Champsaur est devenu le responsable du service Archives & Patrimoine et en quelque sorte l’héritier de Gérard Bosc. Il retrace dans cette interview le travail de son aîné et nous apporte son éclairage autorisé sur le Musée du Basket, les objets précieux qui y sont répertoriés, le gymnase de la Rue de Trévise qui est la plus ancienne au Monde, la Commission Patrimoine de la FFBB, l’Académie du Basket, avec des conseils de lecture et de visite.

L’interview est en trois parties. Voici la première.

L’Espace Muséal au siège de la FFBB à Paris (photo: Bellenger/FFBB)

Qui a créé le Musée du Basket ?

Il a été fondé au milieu des années 80 par Gérard Bosc et René Lozach. Ils partaient du constat que les fédérations sportives en France à l’époque s’intéressaient peu à leur passé et ils ont décidé pour le basket-ball de prendre les choses en mains. Ils ont réussi à constituer autour d’eux une équipe de bénévoles assez rapidement et dont certains sont toujours là. Grâce notamment au rayonnement de Gérard dans le monde du basket, ils ont réussi tout de suite à accumuler des collections importantes et remarquables. C’était une association indépendante de la fédération avec très peu de moyens. Le deuxième point décisif c’est qu’ils ont réussi à se constituer une petite mise de départ grâce à la vente d’une carte téléphonique à partir d’une gravure de Tofollon. Elle avait été montré à la mi-temps d’un match sur le service public par Yvan Mainini (NDLR : l’ancien président de la FFBB qui fut un temps consultant sur Antenne 2) et elle s’est très bien vendue, plusieurs milliers d’exemplaires. C’était en plein boom des cartes téléphoniques. Cela leur a donné un petit budget et comme les choses ont été bien gérées, ils ont réussi à se maintenir d’année en année en ayant d’autres sources de revenus notamment le soutien des comités et des ligues plus celui de la fédération et de la ligue professionnelle qui sont entrées dans le jeu progressivement. Grâce à ça, ils ont commencé à acquérir des objets notamment à Drouot où il y a des ventes spécialisées en objets sportifs qui se développent de plus en plus. Et puis quelques opportunités remarquables, la plus remarquable étant l’achat de la bannière de l’Union Chrétienne des Jeunes Gens de1894, qui est l’un des plus anciens objets au monde. A ma connaissance, le plus ancien ça serait le tapuscrit des règles originales qui est de la main même de James Naismith (NDLR : le pasteur canadien créateur du basket-ball).

Ce sont-ils fixés des objectifs au départ, « il nous faut des livres, des ballons, des maillots, des médailles, des timbres, des feuilles de marque » où ces objets sont-ils arrivés naturellement ?

Plutôt que de définir tel ou tel objet, il y avait davantage un cadre qui s’est précisé avec le temps : tout le basket français et rien que le basket français. Cela peut donc être des objets à l’étranger qui concernent le basket français comme par exemple tous les ouvrages et les films techniques que l’on est en train d’inventorier en vue d’une numérisation, en partenariat avec l’INSEP, que les entraîneurs français comme Gérard sont allés chercher aux Etats-Unis sont dans les collections du musée. Ça a permis aux entraîneurs de se former. Pour administrer correctement ces collections, il faut se poser des limites car sinon on perd le fil.

On parle de Musée du basket mais au départ, ces objets étaient simplement entreposés à Bondy ?

C’est le paradoxe du Musée. Ce n’était pas une volonté mais un état de fait. C’était une association au départ sans moyen et sans local qui a pu en trouver un, grâce au service des sports de la mairie de Bondy, dans lequel plusieurs membres du Musée étaient impliquées, mais celui-ci ne permettait absolument pas l’accueil du public. Au moins, ça a permis de stocker les collections alors que maintenant on est passé au stade de conservation avec le rapatriement de l’ensemble des collections au siège de la fédération, dans le cadre du rapprochement entre la FFBB et le Musée et la création d’un Fonds de dotation du Musée du Basket, afin de mieux encore conserver ces collections et mieux les mettre en valeur et les montrer.

Gérard Bosc (photo: Bellenger FFBB)

Bien les conserver, ça veut dire par exemple à la bonne température ?

C’est ça. Ça veut dire les inventorier correctement, les décrire, les conditionner. Le Musée a fait un travail remarquable ces 5, 10 dernières années avec l’acquisition de matériel de conservation spécialisé. Ce sont des boîtes assez chères en carton neutre alors que le papier est généralement acide et à long terme ça a tendance à dégrader le contenu. Pareil pour tout ce qui est pochettes photos, etc. Trois personnes ont assuré le transfert jusqu’ici dont Jean-Marc Laisné qui est spécialisé dans la vente d’objets historiques sportifs et qui fait partie du Comité Directeur du Musée. Il  est habitué à gérer des déménagements d’objets précieux à caractère patrimoniale. A Bondy, il y avait une centaine de mètres carrés alors qu’ici on en a une quarantaine, aussi il a fallu prévoir avec précision la disposition des locaux et l’agencement des rayonnages mobiles pour que tout rentre presque à l’objet près !

Tout est trié, répertorié ?

Il y a un petit peu d’arriéré, ce qui est dans mon bureau. Prenons en exemple une personne décédée qui avait une collection incroyable sur l’ASPO Tours et qui en accord avec ses descendants a décidé d’en faire don au Musée du Basket. Une évaluation a été faite pour voir ce qui est intéressant ou pas. Il y a des choses que l’on ne prendra pas car on les a déjà et la place est mesurée. Une fois que l’on aura identifié ce que l’on garde on va faire un inventaire et faire signer une convention de don aux descendants. Quand on achète un objet à Drouot, on a une facture, un certificat de vente, et ce qui nous est donné, il faut aussi que l’on en conserve la trace pour prouver que ce sont nos objets et aussi savoir d’où ils viennent. Les objets viennent ensuite dans mon bureau et petit à petit ils rentrent dans le catalogue du Musée, conditionnés et rangés avec une côte au -3.

Il y a eu un gros arrivage de documents au départ ou au contraire ça s’est densifié au fur et à mesure des années ?

Je suis arrivé dans une phase où c’était plutôt régulier et ça a tendance à s’accroître. Maintenant que le Musée est connu, les gens commencent à avoir le réflexe de nous appeler notamment quand quelqu’un décède et avait beaucoup de choses sur le basket. Cela a été le cas par exemple pour Jacques Marchand (NDLR : journaliste à L’Equipe, notamment Rédacteur en Chef de l’Equipe Basket Magazine), qui a un fantastique fond sur le sport. Tout ce qui a trait au basket c’est nous qui l’avons gardé plus d’autres choses sur la presse sportive. Pour ce travail de classement de plusieurs mois, on prendra peut-être un stagiaire en archives.

Beaucoup se perdent. Gérard Bosc raconte l’histoire du CAUFA de Reims et de son maillot à damier dont les derniers exemplaires avaient été transformés en chiffons par la femme du président du club ?

Je ne connais pas en détail chaque objet mais la bannière dont on a parlé c’est arrivé au début des années quatre-vingt-dix lorsque tous les agrès, les objets qui étaient Rue de Trévise étaient dispersés et Gérard était à l’affût. Il a pu acheter cette bannière plutôt que de la voir disparaître. Elle serait surement introuvable à l’heure qu’il est. Il s’était fait aider par une marque à l’époque pour trouver le financement.

Quelle est la proportion des objets achetés vis-à-vis de ceux qui ont été donnés ?

Grâce aux liens avec le monde du basket et la fédération, sur une saison, 80 à 90% de ce que je reçois provient des dons et l’essentiel de la fédération. Maintenant que le Musée et la Fédération travaillent main dans la main, le système permet automatiquement d’alimenter les collections du Musée. On sait que pour chaque saison on aura un échantillon représentatif. Par exemple, l’intendant des équipes de France veille à mettre de côté des maillots ou une paire de chaussures ou des ballons de telle ou telle compétition pour que l’on en garde une trace.

L’arrivage aujourd’hui est composé d’objets contemporains ou plutôt anciens ?

Il y a encore des dons d’objets plus anciens. En début de semaine, Patrick Cham (NDLR : international des années 80) qui est passé à la Fédération m’a amené une bouteille non ouverte des Jeux de Los Angeles de 1984 que l’on avait donné à tous les athlètes. Il n’est pas directement basket mais c’est un très bel objet pour raconter les histoires. On a aussi une boîte de céréales Wheaties de 1988 ou 89 avec Michael Jordan dessus. Ce sont des objets insolites qui interpellent les gens et ça permet ensuite de parler du fond.

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A partir de 1984, s’apercevant que personne ne s’intéressait vraiment à la mémoire de son sport, il a œuvré pour récupérer et mettre en valeur des objets appartenant depuis 1893 au patrimoine du basket français.

Arrivé à la FFBB à l’occasion de ses 75 ans, Daniel Champsaur est devenu le responsable du service Archives & Patrimoine et en quelque sorte l’héritier de Gérard Bosc. Il retrace dans cette interview le travail de son aîné et nous apporte son éclairage autorisé sur le Musée du Basket, les objets précieux qui y sont répertoriés, le gymnase de la Rue de Trévise qui est la plus ancienne au Monde, la Commission Patrimoine de la FFBB, l’Académie du Basket, avec des conseils de lecture et de visite.

L’interview est en trois parties. Voici la première.

Qui a créé le Musée du Basket ?

Il a été fondé au milieu des années 80 par Gérard Bosc et René Lozach. Ils partaient du constat que les fédérations sportives en France à l’époque s’intéressaient peu à leur passé et ils ont décidé pour le basket-ball de prendre les choses en mains. Ils ont réussi à constituer autour d’eux une équipe de bénévoles assez rapidement et dont certains sont toujours là. Grâce notamment au rayonnement de Gérard dans le monde du basket, ils ont réussi tout de suite à accumuler des collections importantes et remarquables. C’était une association indépendante de la fédération avec très peu de moyens. Le deuxième point décisif c’est qu’ils ont réussi à se constituer une petite mise de départ grâce à la vente d’une carte téléphonique à partir d’une gravure de Tofollon. Elle avait été montré à la mi-temps d’un match sur le service public par Yvan Mainini (NDLR : l’ancien président de la FFBB qui fut un temps consultant sur Antenne 2) et elle s’est très bien vendue, plusieurs milliers d’exemplaires. C’était en plein boom des cartes téléphoniques.

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A suivre demain

Photo d’ouverture: L’Espace Muséal avec des maillots de différents clubs (Hervé Bellenger/FFBB)

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