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JO – Berlin’36 : Le régisseur, l’inventeur et le dictateur

Le basket est apparu aux Jeux Olympiques à Berlin. Mis en scène par William Jones, sous l’œil de James Naismith et dans l’ombre d’Adolf Hitler. Ceci est le premier chapitre d’une rétrospective sur les évènements, équipes et joueurs qui ont marqué l’Histoire des JO.

Le basket est apparu aux Jeux Olympiques à Berlin. Mis en scène par William Jones, sous l’œil de James Naismith et dans l’ombre d’Adolf Hitler.

Ceci est le premier chapitre d’une rétrospective sur les évènements, équipes et joueurs qui ont marqué l’Histoire des JO.

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30 juillet 1936. Paris, gare du Nord. Tohu-bohu joyeux sur le quai numéro 1. Un train spécial a été mis à la disposition des sélectionnés olympiques français en partance pour Berlin. Les parents et amis, venus les encourager une dernière fois, se sont mêlés aux athlètes, officiels, entraîneurs et autres soigneurs. On reconnait Roland Etienne de l’US Métro, Etienne Onimus du CA Mulhouse, Henri Hell du SA Montrouge. Au signal du départ, à 10h15 pétantes, chaque délégation pousse son cri olympique. Le train arrive vers minuit dans la capitale allemande, soit avec une cinquantaine de minutes de retard suite à un problème mécanique. L’ambassadeur accueille la délégation. Une fanfare joue La Marseillaise sur le quai.

Pourquoi le Comité International Olympique a-t-il fait le choix de Berlin ? En fait, cinq ans plus tôt, le CIO a voulu marquer le retour de l’Allemagne dans la communauté mondiale après la défaite de la Première Guerre mondiale. Sauf qu’en 1933, Adolf Hitler, chef du parti National-Socialiste, est devenu chancelier et a transformé la fragile démocratie en dictature sanguinaire. Les Nazis ont fait la chasse aux opposants, mis en pratique une politique raciale qui a amené à l’exclusion d’un demi-million de juifs, ouvert les premiers camps de concentration. Pourtant, personne n’a vraiment voulu boycotter les Jeux. Les Nazis sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation et font croire que les loups se sont métamorphosés en agneaux. Ils multiplient les gages de « bonne volonté », sont aux petits soins pour les dignitaires du CIO, qui se voient tous offrir une chaîne en or.

L’organisation est allemande, c’est à dire que tout est prévu, tout est respecté à la virgule, avec un luxe de détails pour contenter les plus exigeants. C’est une grande première : 3 361 relayeurs portent la flammes olympiques d’Olympie jusqu’à la capitale du Reich. Les torches ont été fabriquées par le trop célèbre marchand de canons Friedrich Krupp. Quatre millions et demi de tickets ont vendus, essentiellement à des spectateurs allemands, mais aussi au marché noir à quelques touristes. Trois mille taxis circulent habituellement à Berlin et deux mille conducteurs supplémentaires ont été réquisitionnés pour aider à la circulation des visiteurs. On a demandé aux propriétaires de chiens de ne pas crotter les trottoirs. Pour la première fois, la télévision assure, en circuit fermé, la retransmission des épreuves. Les rues de Berlin sont noyées sous les oriflammes nazis. Les organisateurs ont invité le Grec Spiridon Louis, vainqueur du marathon des Jeux d’Athènes quarante plus tôt. Il sert la main d’Adolf Hitler, qui sourit dans sa moustache.

Photo: Renato William Jones, à l’extrême gauche, en repérage à Berlin.
Photo: Le village olympique.

Comme en vacances…

Le village olympique est implanté à une trentaine de kilomètres du centre-ville. De l’avis de tous, c’est une extraordinaire réussite. Envoyé spécial du Figaro, André Reichel obtient les laissez-passer nécessaires pour pénétrer dans le sanctuaire et y emmène ses lecteurs pour un reportage qui a valeur de document historique. « On éprouve tout de suite l’impression d’être en vacances, » assure-t-il. Il décrit les maisonnettes basses aux tuiles rouges, la forêt de pins, les pelouses, l’étang avec cygnes et pélicans, les chants des oiseaux. La délégation française est répartie dans neuf pavillons. Les basketteurs sont hébergés au « Wetzlar », du nom de la ville qui l’a construit. Chaque chambre dispose du chauffage central, du téléphone et d’une salle de bain. « On peut notamment mélanger à son goût l’eau chaude et l’eau froide, » note-t-il, stupéfait. Le village olympique est pourvu d’une bibliothèque, de salons de coiffure, d’un cinéma et même d’un théâtre-music-hall. « Chaque nation possède sa salle à manger et chaque salle à manger sa cuisine spéciale. Chaque fourneau a son chef et ses aides. Les convives se plaignent de l’abondance des mets. » On sert du Saint-Emilion aux Français à chaque repas.

Le 1er août, Hitler ouvre les Jeux au stade olympique. Les fanfares sont dirigées par le célèbre compositeur Richard Strauss. Les 4 066 athlètes, dont 328 femmes, défilent, équipe par équipe par ordre alphabétique. Un nouveau rituel reproduit jusqu’à nos jours. Les Français sont en veste bleu marine, pantalon blanc et coiffés d’un béret. Quand le chancelier du Reich a terminé son discours olympique, le canon tonne et on lâche 20 000 pigeons qui s’enfuient dans le ciel. C’est grandiose, forcément impressionnant.

Photo: A New York, les Universal Pictures battent les McPherson Globe Refiners lors des sélections pour les JO de Berlin afin de représenter les Etats-Unis.

James Naismith reçoit une médaille d’or

Les Etats-Unis ont mis sur pied la deuxième délégation en nombre, avec 312 membres. On ne dénombre que 18 Noirs dont deux femmes et aucun basketteur. Ils proviennent tous d’universités blanches, et les journalistes noirs estiment que cela prouve la pauvreté des équipements et de la formation des universités réservées aux Noirs. Les « Afro-Américains » vont apporter aux Etats-Unis un quart de leurs 56 médailles, un excellent rapport ! C’est un Noir américain qui sera le héros de ces Jeux de Berlin, au grand dam d’Hitler, persuadé de la supériorité intellectuelle et physique de la « race » aryenne. Jesse Owens, qui a au moins un quart de siècle d’avance sur son temps, gagne quatre médailles d’or, le 100m, le 200m, le 4x100m et la longueur.

Une belle femme brune de trente-six ans filme tous les exploits des Dieux du stade. Leni Riefenstahl est la protégée du Führer, qui l’a soutenu financièrement. Elle utilise les prises de vue en ballon, les caméras automatiques attachées à des cerfs-volants et une caméra spéciale pour filmer sous l’eau pendant les épreuves de natation. Deux ans plus tard sort Olympia, le film des « 11ème Jeux Olympiques de Berlin 1936 ». Elle y exalte le sport, la virilité aryenne. C’est un film avant-gardiste, beau et froid, incontestablement un instrument de propagande nazie.

Des volutes de fumée s’échappent du cigare de Renato William Jones. Le secrétaire-général de la Fédération Internationale de Basket-Ball peut être satisfait de son œuvre. Né à Rome d’origine britannique, polyglotte, Mister Jones a le goût du voyage, de la découverte et le sens de l’autorité. Il a été touché très jeune par le virus du basket et il a poursuivi ses études jusqu’à la YMCA de Springfield Massachusetts, là où James Naismith à fait naître ce jeu à la fin du siècle précédent. Jones a dû lutter férocement pour que le basket-ball s’émancipe du handball qui l’avait placé sous sa coupe, pour amener à la création de la fédération internationale en juin 1932 à Genève, et pour que le basket soit reconnu comme sport olympique. Dans l’esprit de Jones, la participation aux Jeux Olympiques est « le moment couronnant la carrière d’un athlète pour lequel aucun sacrifice n’est trop grand, et gravir le podium des vainqueurs pour recevoir les médailles olympiques est presque une expérience mystique qui ne sera jamais oubliée ». C’est le 19 octobre 1935 que le comité d’organisation berlinois a approuvé l’intégration du basket-ball dans son programme.

Les représentants de la fédération internationale sont allés inspecter les terrains en plein air du Reichspotfeld. Jones, jeune, souriant, cheveux gominés, tiré à quatre épingles, pose pour une photo avec les organisateurs allemands, y compris un officier et un membre des sinistres Sturm Abteilung qui porte le voyant brassard nazi. Le terrain de basket est au milieu des pins, ceinturé d’un mur, derrière les panneaux, qui prend forme d’un muret dans sa partie latérale afin de laisser une visibilité aux quelques rangées de spectateurs. Les panneaux sont en bois, le sol en terre battue. C’est rudimentaire. Dans le profil des Arènes de Lutèce qui, à Paris, sont le lieu de prédilection des principaux matches du basket français.

La Hongrie et l’Espagne, en pleine guerre civile, ayant déclaré forfait, vingt et une équipes sont engagées. Un minimum de matches préliminaires est prévu avant les huitièmes de finale. Pour se remettre éventuellement d’un premier échec, on a prévu un système dit de « repêchage ». Il a été décidé que chaque équipe peut inscrire 14 joueurs, mais qu’elle n’aura la possibilité d’en présenter que 7 par rencontre. Chaque délégation doit amener avec elle un arbitre qui est tenu, ainsi que les officiels de la table de marque, de suivre un cours, à partir du 25 juillet à Berlin sous la direction de la fédération internationale. Le comité d’organisation a l’obligation de fournir 25 ballons Spalding (déjà !) avec une enveloppe de cuir ondulée, sans lanière et sans couture. Entre deux rencontres que doit disputer une équipe, une pause d’au moins 20 heures est obligatoire. Sur demande du représentant italien, un certain Graziani, il est accepté qu’un entraînement secret (sic !) soit possible pour chaque équipe. C’est à Berlin qu’est introduit la ligne médiane et la limite de temps de dix secondes pour amener le ballon dans la zone de l’adversaire.

On imagine mal, en ce troisième millénaire, avec le téléphone et Internet, combien il fut complexe d’avertir toutes les équipes de ces modalités. Ainsi, ce n’est qu’en arrivant à Berlin que les Américains, qui vivaient sur le plan du basket dans un monde clos, sont mis au parfum du nombre de joueurs limité qu’ils peuvent inscrire sur la feuille de marque. Les chroniqueurs de l’époque soulignent que le ballon de la finale, de fabrication allemande, fut rendu lourd et savonneux par la pluie. Sans doute que les Spalding n’étaient pas disponibles !

Le premier tournoi olympique de basket reçoit un hôte prestigieux : James Naismith, l’inventeur du jeu. Il est âgé de 75 ans et son voyage a été payé au moyen d’une souscription de l’association nationale des entraîneurs américains. Naismith fait deux apparitions. Le 7 août, à 16 heures, il effectue l’entre-deux fictif du premier match, France-Estonie. Le jour de la cérémonie de clôture, William Jones s’aperçoit qu’il y a une médaille olympique en rab et il lui met prestement autour du cou, alors qu’une jeune fille allemande lui pose sur la tête une couronne de chêne. Le père du basket-ball jette son vieux chapeau et s’exclame : « maintenant que je possède la couronne olympique, je ne porterai plus jamais de chapeau. » Interrogé par Robert Perrier, envoyé spécial de L’Auto, sur la qualité du tournoi, James Naismith répond : « Magnifique, mais je vais vous faire une confidence qui va vivement vous intéresser, vous Français : c’est le basket latin qui se rapproche le plus de ce que j’avais prévu. »

Sauf que les Français n’ont pas brillé, loin de là. Ils ont perdu leurs deux matches, face à l’Estonie (34-29) et la Chine (45-38). Dans son rapport final, le manager Teddy Kriegk écrit notamment : « Nos adversaires ont le souci beaucoup plus de shooter à coup sûr que de tenter leur chance sans arrêt… » On imagine que les Français n’ont pas lésiné sur les munitions.

https://www.youtube.com/watch?v=bHNoSI9hjsU&ab_channel=HeritageAuctions

Une finale sous la pluie

Les Américains, eux, ont fait le voyage sur le porte-avion S.S. Manhattan. « On tournait sur le pont pour faire des passes et on a perdu quelques ballons, » racontera Franck Lubin. Le coach Jim Needles répartira ses joueurs en deux groupes, le premier composé de six membres des Globe Oilers et du seul universitaire sélectionné, l’autre des sept représentants des Universal Pictures, dont Frank Lubin, formé à UCLA. Et les Américains durent faire pression pour que la FIBA n’interdise pas les joueurs de plus de 1,90 m !

C’est devant deux milliers de spectateurs courageux, sous la pluie, la bourrasque même en deuxième mi-temps, que les Américains, qui avaient aligné le groupe des Globe Oilers remportèrent la finale, 19-8. Joe Fortenberry, 2,03m, inscrivit autant de points que toute l’équipe du Canada réunie.

En consultant la presse de l’époque, on se rend compte que ce premier tournoi olympique de basket s’est disputé dans la plus grande discrétion. Beaucoup de confrères se contentèrent de relater les épreuves d’athlétisme la première semaine, et de natation la deuxième. Il faut savoir que la finale de handball, gagnée sous la pluie par l’Allemagne sur l’Autriche fut suivie au stade olympique par soixante mille spectateurs. Le hand, il est vrai, est un sport d’origine allemande.

Certains journalistes se sont montrés critiques. On pense à Jacques Godet, qui titra dans L’Auto, « Les Jeux défigurés ». Pourtant, une majorité n’a pas semblé vraiment choquée par ce qu’elle a vu et entendu. Juste circonspecte. « Le programme allemand publié il y a deux ans a été réalisé point par point » lit-on ainsi sans Le Temps. « La propagande germanique a réussi une œuvre dont on ne jugera que plus tard le procès. La race allemande s’est montrée forte, parce que fortifiée. Prenons exemple. Cette œuvre de propagande a été remarquablement menée. Elle a visé loin, elle a voulu qu’on n’oublie pas dans l’avenir les Jeux de Berlin »

Trois ans plus tard, la Seconde Guerre mondiale était déclarée. Elle fera 60 millions de morts. ★

Roland Etienne : « C’est mon meilleur souvenir sportif «


Considéré comme le meilleur basketteur français de la première moitié du XXe siècle, Rolland Etienne (1,80 m, 1912-2003), nous avait accordé en 2000 une interview où il évoquait notamment sa participation aux Jeux Olympiques de Berlin. En voici quelques extraits.

Aviez-vous eu peur d’aller à Berlin, dans cette Allemagne nazie ou étiez-vous heureux d’aller aux Jeux Olympiques ?

On était heureux d’être sélectionnés. C’est mon meilleur souvenir sportif. Ils avaient installé au village olympique la réplique du stade d’athlétisme pour permettre aux athlètes de s’entraîner. On a eu ainsi la possibilité de tous les voir. Jesse Owens était mon chouchou. Nous n’avons fait que deux matches en huit-dix jours là-bas, donc j’ai eu la possibilité d’aller le voir pour la plupart de ses épreuves au stade olympique. C’était formidable. A l’époque, le 100 m se courait en force, lui c’était la souplesse. C’était un type sympa, normal, et s’il n’y avait pas eu la barrière de la langue, on aurait pu lui parler sans problème. Il n’était pas sollicité de toutes parts comme les grandes stars aujourd’hui.

Il y avait paraît-il un grand confort au village ?

Oui. Dans notre pavillon, il y a avait juste des tireurs asiatiques et les basketteurs français. Ils ne nous avaient pas prévenus et un jour, je vois dans le couloir un type avec un revolver à la main. Vous imaginez ma surprise. Quand on se levait le matin, on laissait le lit sens dessus dessous, on revenait une heure après, il était fait.

Avez-vous le souvenir de James Naismith, l’inventeur du basket-ball, donnant le coup d’envoi de France-Estonie ?

Oui. On savait c’était le créateur du basket mais on n’a pas été présentés à lui. Il a jeté la balle en l’air, c’est tout. Et puis l’arbitre a donné le vrai coup d’envoi comme on fait toujours. On a perdu le match de deux-trois points (29-34). Nos dirigeants n’étaient pas contents et ils n’ont conservé que trois joueurs dont moi-même pour le second match, que l’on a perdu contre les Chinois (38-45). Les quelques arbitres qui étaient là ont pu prendre des leçons car en France, à l’époque, on ne pouvait pas jouer comme les Américains. Nos règles, en fait, avaient été édictées pour les gosses. Si on se retrouvait à deux contre un en défense, pof, il y avait une faute. Il ne fallait pas que la balle touche l’avant-bras. On a découvert le « pivot », la possibilité de bloquer la balle sur le ventre, sur les biceps. Nous, on n’avait pas le droit. On shootait toujours en course, parfois en bras roulé. Après les Jeux Olympiques, on s’est mis à shooter de pied ferme. En s’entraînant car on n’était pas à l’aise ! Je n’ai jamais joué contre les Américains. A l’époque, il fallait prendre le bateau, ça prenait du temps. Mes déplacements les plus lointains, ce sont Riga et Kaunas, en train, pour les championnats d’Europe.

Vous avez joué sous la pluie à Berlin ?

Non, il faisait beau et le terrain en cendrée était ferme. C’était plus dur qu’à Roland-Garros.

Avez-vous ramené des souvenirs des Jeux ?

Un briquet, un cendrier avec les anneaux olympiques. Je les ai perdus. Il n’y avait rien de particulier à acheter chez eux. Mes maillots, je les ai donnés à Bosc (NDLR: Gérard Bosc est le fondateur du Musée du Basket). J’ai le film de Leni Riefenstahl. Nous sommes passés dans les « actualités » comme on disait, mais aucun match n’a jamais été filmé.

Vous n’avez donc aucun mauvais souvenir des Jeux de Berlin, de l’ordre nazi ?

Il y a avait bien sûr des défilés, ces drapeaux avec la croix gammée partout, mais je ne m’intéressais pas à la politique… Le hasard a fait que la tribune qui était impartie à la délégation française était contiguë à celle de Hitler. Je me retrouvais donc à trois-quatre mètres au-dessus de lui et il était à quinze mètres de moi. Presque tous les jours. Ca nous est même arrivé d’aller sur le balcon quand il était vide. Ca nous faisait rigoler d’ailleurs. C’était petit, sans recoin. Je me rappelle d’un copain qui était avec moi, qui m’a dit : « t’as vu, il n’y a même pas la place pour mettre une bombe ! » ★

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30 juillet 1936. Paris, gare du Nord. Tohu-bohu joyeux sur le quai numéro 1. Un train spécial a été mis à la disposition des sélectionnés olympiques français en partance pour Berlin. Les parents et amis, venus les encourager une dernière fois, se sont mêlés aux athlètes, officiels, entraîneurs et autres soigneurs. On reconnait Rolland Etienne de l’US Métro, Etienne Onimus du CA Mulhouse, Henri Hell du SA Montrouge. Au signal du départ, à 10h15 pétantes, chaque délégation pousse son cri olympique. Le train arrive vers minuit dans la capitale allemande, soit avec une cinquantaine de minutes de retard suite à un problème mécanique. L’ambassadeur accueille la délégation. Une fanfare joue La Marseillaise sur le quai.

Pourquoi le Comité International Olympique a-t-il fait le choix de Berlin ? En fait, cinq ans plus tôt, le CIO a voulu marquer le retour de l’Allemagne dans la communauté mondiale après la défaite de la Première Guerre mondiale. Sauf qu’en 1933, Adolf Hitler, chef du parti National-Socialiste, est devenu chancelier et a transformé la fragile démocratie en dictature sanguinaire. Les Nazis ont fait la chasse aux opposants, mis en pratique une politique raciale qui a amené à l’exclusion d’un demi-million de juifs, ouvert les premiers camps de concentration. Pourtant, personne n’a vraiment voulu boycotter les Jeux. Les Nazis sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation et font croire que les loups se sont métamorphosés en agneaux. Ils multiplient les gages de « bonne volonté », sont aux petits soins pour les dignitaires du CIO, qui se voient tous offrir une chaîne en or.

L’organisation est allemande, c’est à dire que tout est prévu, tout est respecté à la virgule, avec un luxe de détails pour contenter les plus exigeants. C’est une grande première : 3 361 relayeurs portent la flammes olympiques d’Olympie jusqu’à la capitale du Reich. Les torches ont été fabriquées par le trop célèbre marchand de canons Friedrich Krupp. Quatre millions et demi de tickets ont vendus, essentiellement à des spectateurs allemands, mais aussi au marché noir à quelques touristes. Trois mille taxis circulent habituellement à Berlin et deux mille conducteurs supplémentaires ont été réquisitionnés pour aider à la circulation des visiteurs. On a demandé aux propriétaires de chiens de ne pas crotter les trottoirs. Pour la première fois, la télévision assure, en circuit fermé, la retransmission des épreuves. Les rues de Berlin sont noyés sous les oriflammes nazis. Les organisateurs ont invité le Grec Spiridon Louis, vainqueur du marathon des Jeux d’Athènes quarante plus tôt. Il sert la main d’Adolf Hitler, qui sourit dans sa moustache.

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Photos: CIO

Article paru dans Maxi-Basket en 2004.

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