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JO 3×3 : L’équipe de France féminine en quête d’une médaille historique

Pour la première fois, le 3×3 est olympique, avec une compétition regroupée du 24 au 28 juillet. Et l’équipe de France féminine a une belle chance de médaille.

Pour la première fois, le 3×3 est olympique, avec une compétition regroupée du 24 au 28 juillet. Et l’équipe de France féminine a une belle chance de médaille.

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Les trois équipes de France qualifiées pour les Jeux Olympiques (5×5 hommes et femmes, 3×3 femmes) vont être regroupées à Oshino, un village de moins de 10 000 habitants situé au pied du Mont-Fuji, à 120 km de Tokyo. Un moment de solidarité unique entre les deux « basket » des deux sexes. D’ailleurs, comme le précise le directeur des équipes de France, Jacky Commères, les trois équipes vont partiellement partager la même logistique. « Les accréditations staff se font au prorata du nombre d’athlètes de la discipline, donc il n’y aura que trois personnes accréditées pour le 3×3 pour la préparation terminale et aux Jeux Olympiques, les deux coaches (NDLR : Richard Billant et Karim Souchu) et une personne du staff médical. Cela veut dire qu’il y aura une forme de mutualisation et des liens directs avec les autres membres du staff qui seront restés en France. Un suivi quotidien de santé doit être fait à -14 jours, des tests PCR avant le vol, des applications liées à la géolocalisation et au suivi de santé à télécharger. »

Photo: Au TQO de Graz… (FIBA)

Ana-Maria Filip plutôt que Soana Lucet

Au ranking du 3×3 féminin, la France est toujours première, et sur le plan individuel, elle place ses quatre sélectionnées pour les JO (dans l’ordre, Laétitia Guapo, Migna Toure, Marie-Eve Paget et Ana-Maria Filip) dans le top 5 mondial ! Seulement, à cause d’un réglement biscornu et inique, les Bleues ont dû passer par un Tournoi de Qualification Olympique, à Graz, pour décrocher un billet pour Tokyo. Elles y ont gagné tous leurs matches sauf face aux Etats-Unis, qui ont frappé du poing sur la table en rassemblant quatre joueuses de WNBA et en les faisant bosser en amont sur le sujet.

Trois des quatre guerrières de Graz ont été légitimement reconduites pour Tokyo, Ana-Marie Filip prenant la place de la Calédonienne de Roche Vendée Sonia Lucet. Ou plutôt, elle a retrouvé un siège qu’elle occupait avant de se blesser en début de saison. Richard Billant confie que ce choix a été le plus délicat à faire de sa carrière car une sélection aux Jeux est le Graal pour un athlète. « Mes premières pensées vont vers Soana Lucet. Elle nous a rejoint en novembre dernier pour pallier l’absence d’Ana-Maria Filip et elle a fait un excellent TQO, qui a contribué à la qualification de notre équipe pour les Jeux. Ce n’est pas facile quand on a participé à une qualification de ne pas aller au bout de l’aventure. » Le sélectionneur explique le timing qui a nécessité ce changement dans l’équipage. « En février, Ana-Maria Filip n’avait pas encore mis les pieds sur le terrain et c’était compliqué de la repositionner sur un TQO. Il fallait qu’elle recouvre totalement ses capacités. On lui a dit notamment qu’on lui laisserait le temps de récupérer, de se remettre au niveau, ce qu’elle a fait parfaitement, et c’est pourquoi après le TQO, on l’a revue. On a fait un tournoi en Croatie, à Split, où celles qui étaient au TQO n’ont pas participé. On a pris d’autres joueuses dont elle, on l’a testée à nouveau et c’était convaincant. On a fait ensuite un stage où l’on a mis tout le monde en opposition, et on a pris notre décision en notre âme et conscience, en considérant qu’elle était revenue dans l’état physique où elle était avant. A partir de là, on a pu faire un choix. »

Les raisons de ce choix ? Il faut avoir un élément en tête : avec son 1,95m, Ana-Maria Filip est une big woman et son envergure est dissuasive, alors que Soana Lucet est listée à seulement 1,85m. L’expérience de la première, ex-internationale de 5×5, qui a joué pour quelques-uns des plus grands clubs français, et qui est impliquée depuis un certain temps déjà dans le 3×3, a forcément pesé dans la balance. « Sur et en dehors du terrain, Soana est une personne formidable. Elle n’a pas démérité, elle était dans son registre. On va jouer contre des adversaires qui possèdent des joueuses de très grande taille. On sait que les Etats-Unis ont (Stefanie) Dolson, les Chinoises et les Russes ont des grandes, et ce sont des équipes qui peuvent être potentiellement des adversaires directs dans la compétition à la médaille, et sachant que potentiellement on peut faire 10 matches en 5 jours, nous avons préféré grandir l’équipe pour apporter défensivement et aussi offensivement un point de fixation, pour mettre des paniers près du cercle, des rebonds. On pouvait jouer avec une grande ou small ball, on a hésité, les deux systèmes peuvent fonctionner, mais dans le système spécifique des JO, nous avons préféré prendre cette option. Il y a aussi le fait que Ana est la leader du groupe. Elle était capitaine. Soana a été déçue mais très digne et elle participera au prochain rassemblement. On lui a laissé le choix car c’est compliqué pour une joueuse qui n’a pas été retenue et elle aurait très bien pu nous dire « stop, j’arrête ! » Elle a tenu à être présente et c’est tout à son honneur. »

A Oshino, la délégation française du 3×3 comprend également Caroline Hériaud et Marie Mané, qui font fonction de remplaçantes, afin de permettre aux titulaires de mieux se préparer et de pallier une éventuelle blessure. A une époque, Caroline Hériaud s’était retrouvée numéro 1 au ranking mondial, preuve du niveau global très élevé des Bleues. Alors Richard Billant a-t-il hésité à lui offrir une place pour les Jeux ? « En toute honnêteté, non, car il fallait stabiliser le groupe qui avait participé au TQO. Il n’y a pas une différence fondamentale entre Caroline Hériaud et Marie-Eve Paget, ce sont deux styles différents », commente-t-il.

Les quatre Françaises enchaînent deux saisons eu une puisque ce sont au départ des joueuses de 5×5, et qu’elles ont toutes les quatre participées au Final Four de la Ligue Féminine, placé juste avant le TQO. Richard Billant dit avoir conscience qu’il faut faire attention à la gestion des corps et des esprits. « Une fois que le TQO a été terminé, on leur a laissé trois semaines de vacances. C’est pour cela que l’on a fait un tournoi très intéressant à Split avec notre deuxième équipe. On était tout à fait conscient que, notamment Marie-Eve Paget et Migna Touré, qui avaient fait la finale la veille étaient arrivées le lendemain. On avait déjà ajusté nos entraînements pour elles. Je pense qu’avec le break, elles se sont ressourcées. Je les ai trouvées très en forme à Poitiers. On a gagné le WS (NDLR : Women’s Serie, tournoi féminin FIBA) notamment avec une finale magnifique. Et puis après les JO, elles auront du temps de récupération. Au niveau du 3×3, on devrait reprendre fin août, début septembre, si tout va bien, pour préparer la Coupe d’Europe. Je sais qu’elles reprendront aussi avec leur club. On est très attentifs à ça, on veut préserver la santé des joueuses. »

Photo: Laétitia Guapo (FIBA)
Photo: Stefanie Dolson (FIBA)

Les Etats-Unis en pole position

Le format du Tournoi Olympique de 3×3 est original. Les 8 équipes qualifiées vont toutes s’affronter. Les 2 premières seront directement qualifiées pour les demi-finales, les 2 dernières seront éliminées et les autres joueront des quarts-de-finale. Un profane a du mal à situer la valeur de chaque équipe, mais un œil averti comme celui de Karim Souchu en sait évidemment beaucoup plus.

« On a eu la chance de voir évoluer ou de jouer contre pas mal d’équipes qui seront au tournoi olympique. On commence le 24 contre les USA. Suivi de l’Italie, qui s’est qualifiée au tournoi universel. Le dimanche 25, on joue le Japon chez lui, une équipe qui travaille ensemble depuis très longtemps, la seule petite inconnue c’est la Chine que nous n’avons pas vu évoluer ces dernières années, elle a fait une préparation un peu cachée. Lundi, la Mongolie, on l’a joué en Women’s Serie sur Poitiers, la Russie qui sera présente sous la bannière olympique, que l’on connait très bien, on était en stage avec elle sur Poitiers, et la Roumanie le 27 que l’on a vu à Poitiers. On a quand même des références pour scouter ces équipes et être prêts pour le Jour J. »

Ce qui n’a pas été clair -euphémisme-, c’est la façon dont le plateau a été constitué. « Il y a une donnée très importante au 3×3, c’est le ranking, » rappelle Karim Souchu. « Des pays se sont qualifiés via ce ranking. Auparavant, il concernait les 100 meilleurs joueurs et joueuses de chaque pays et tout cela additionné a fait que des pays comme la Mongolie et la Roumanie ont pu se qualifier. Alors que nous, malgré nos très bons résultats de nos équipes nationales, nous n’avons pas pu nous qualifier directement d’où notre participation au TQO. D’un point de vue universalité, c’est vrai qu’avoir la Mongolie, la Roumanie sur les Jeux Olympiques, c’est important aux yeux du grand public et de la FIBA, mais ça donne aussi un niveau qui est assez disparate. »

A quel échelon est positionnée l’équipe de France dans la hiérarchie mondiale ? La tentation est de la placer à la 2e place derrière les Etats-Unis qui l’ont battue au TQO (21-17) avec une équipe constituée de Stefanie Dolson, Kelsey Plump, Katie Lou Samuelson, et Allisha Grey. « Sur la configuration actuelle, on reste sur deux titres de champion d’Europe, » répond Karim Souchu, qui ajoute : « Mais c’était avant la pandémie, et c’est un peu dangereux de rester sur les résultats que l’on a pu faire. Certes, on a perdu contre les Etats-Unis, mais on a montré au TQO que l’on peut performer avec pas beaucoup de temps de préparation. Oui, elles sont favorites car elles ont des joueuses très fortes, très référencées, mais j’ai totalement confiance dans nos joueuses qui sont maintenant des spécialistes de 3×3. La compétition va être difficile. La Chine doit être considérée, elles sont championnes du monde en titre. Sur les deux dernières années, la Roumanie a progressé de façon impressionnante. On ne peut prendre aucune équipe à la légère ». « On ne fera pas de complexe Etats-Unis. Au TQO, à une minute de la fin, on était à -1. On a revu le match, on a fait beaucoup d’erreurs, on a été très maladroits. C’est une équipe très bonne, qui va progresser comme nous, mais que l’on peut battre. Si on ne les bat pas au premier match, on les battra derrière pour la médaille ! », déclare Richard Billant en souriant.

Photo: Marie-Eve Paget (FIBA)

Un boom du 3×3 à prévoir

Tout le monde est unanime pour dire qu’il y aura un avant et un après JO pour le 3×3. Sur le plan national, grâce aux diffusions sur France Télévisions et Eurosport, l’équipe de France féminine va bénéficier d’une exposition unique, sachant que pour l’instant le 3×3 n’intéresse qu’une population d’avertis. « Il y a un public qui peut peut-être découvrir cette discipline, qui ne soit pas nécessairement basket, » estime Richard Billant. « On espère aussi que les fins spécialistes basket apprécieront cette discipline. On espère que ça va convaincre beaucoup de gens de participer ensuite aux différents tournois que la fédération veut mettre en place. C’est une très belle discipline et je suis convaincu que ça va fonctionner car le format est très bon, c’est spectaculaire. »

« La fédération s’investit totalement pur développer la pratique du 3×3 », clame haut et fort le Directeur Technique, Alain Contensoux . « On a le championnat d’Europe au Trocadéro en septembre. Et on a toujours dans l’idée de créer un circuit professionnel 3×3 dès que possible afin de permettre à des joueurs et des joueuses de se spécialiser dans ce domaine, évidemment dans l’optique de Paris 2024. Notre objectif est de montrer à tous et notamment ceux qui pratiquent le basket sur les playgrounds -ll y a 2,5 millions de pratiquants en France- puissent voir qu’il y a une pratique sportive qui s’approche de cette pratique playground, et qu’ils peuvent participer à des tournois. Notre objectif est d’organiser 10 000 tournois sur l’ensemble du territoire dans les années à venir. L’impact des Jeux est évident. »

Ana-Maria Filip, 1,95m, 32 ans, Lattes-Montpellier, numéro 5 mondiale

Elle a joué dans les meilleurs clubs français dont Bourges, et a eu une expérience à l’étranger, à Polkowice, en Pologne. 6,7 points et 2,7 rebonds avec Lattes-Montpellier la saison écoulée. 39 sélections en équipe de France 5×5 avec une participation au championnat du monde 2014, et une médaille d’argent à l’EuroBasket 2015. Elle a pris le nom de sa mère, Camelia Filip, une ancienne internationale roumaine de basket, après celui de son père, Cata-Chitiga. Née à Bucarest, naturalisée française à 14 ans.

Laétitia Guapo, 1,82m, 25 ans, Bourges, numéro 1 mondiale

Après Roanne, Reims, Nice et Charnay, elle vient de connaître sa première saison en Euroleague avec Bourges (9,3 points et 10 d’évaluation en Ligue Féminine). Une superbe athlète avec un extraordinaire cardio, elle court le 10 000 mètres en 35 minutes. Prof d’EPS en disponibilité comme Marie-Eve Paget et Migna Touré. La « guêpe » est devenue de par sa 1ère place mondiale l’image de marque du 3×3. Lire l’interview ICI.

Marie-Eve Paget, 1,71m, 26 ans, Basket Landes, numéro 3 mondiale

A quelques jours d’intervalle, cette meneuse de jeu est devenue championne de France avec Basket Landes et s’est qualifiée pour le TQO. Elle a obtenu ses meilleurs chiffres en carrière cette saison avec 7,7 points et 3,3 rebonds. Elle a commencé en pro dans le club de sa région, Challes -elle est née à Annecy- avant d’émigrer à Nice, Angers puis Charleville. Appelez-la MEP. Lire l’interview ICI.

Mamignan Touré, 1,83m, 26 ans, Lattes-Montpellier, numéro 2 mondiale

Son diminutif est Migna. Elle régale les highlights de 3×3, mais c’est aussi une joueuse d’impact en 5×5. 9,1 points cette saison sur 21 matches avec Lattes-Montpellier. Elle l’avait débuté à Braine, en Belgique. En argent au Mondial U19 et en or à l’Euro U20, en 5×5. Elle est passée notamment par Lyon et Basket Landes. Elle a été découverte par les sélectionneurs de l’équipe de France à l’Open de France à Clermont où elle faisait équipe avec sa sœur. 3e marqueuse du TQO avec 46 points en 6 matches. Lire l’interview ICI.

LE CALENDRIER DES BLEUES

24 juillet, 11h20 heure française, 18h20 heure locale : France – Etats-Unis
24 juillet, 14h50 heure française, 21h50 heure locale : France – Italie
25 juillet, 11h20 heure française, 18h20 heure locale : France – Japon
25 juillet, 14h heure française, 21h heure locale : France – Chine
26 juillet, 10h30 heure française, 17h30 heure locale : France – Mongolie
26 juillet, 14h50 heure française, 21h50 heure locale : France – Comité olympique russe
27 juillet, 10h00 heure française, 17h00 heure locale : France – Roumanie

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Les trois équipes de France qualifiées pour les Jeux Olympiques (5×5 hommes et femmes, 3×3 femmes) vont être regroupées à Oshino, un village de moins de 10 000 habitants situé au pied du Mont-Fuji, à 120 km de Tokyo. Un moment de solidarité unique entre les deux « basket » des deux sexes. D’ailleurs, comme le précise le directeur des équipes de France, Jacky Commères, les trois équipes vont partiellement partager la même logistique. « Les accréditations staff se font au prorata du nombre d’athlètes de la discipline, donc il n’y aura que trois personnes accréditées pour le 3×3 pour la préparation terminale et aux Jeux Olympiques, les deux coaches (NDLR : Richard Billant et Karim Souchu) et une personne du staff médical. Cela veut dire qu’il y aura une forme de mutualisation et des liens directs avec les autres membres du staff qui seront restés en France. Un suivi quotidien de santé doit être fait à -14 jours, des tests PCR avant le vol, des applications liées à la géolocalisation et au suivi de santé à télécharger. »

Photo: Au TQO de Graz… (FIBA)

Ana-Maria Filip plutôt que Soana Lucet

Au ranking du 3×3 féminin, la France est toujours première, et sur le plan individuel, elle place ses quatre sélectionnées pour les JO (dans l’ordre, Laétitia Guapo, Migna Toure, Marie-Eve Paget et Ana-Maria Filip) dans le top 5 mondial ! Seulement, à cause d’un réglement biscornu et inique, les Bleues ont dû passer par un Tournoi de Qualification Olympique, à Graz, pour décrocher un billet pour Tokyo. Elles y ont gagné tous leurs matches sauf face aux Etats-Unis, qui ont frappé du poing sur la table en rassemblant quatre joueuses de WNBA et en les faisant bosser en amont sur le sujet.

Trois des quatre guerrières de Graz ont été légitimement reconduites pour Tokyo, Ana-Marie Filip prenant la place de la Calédonienne de Roche Vendée Sonia Lucet. Ou plutôt, elle a retrouvé un siège qu’elle occupait avant de se blesser en début de saison. Richard Billant confie que ce choix a été le plus délicat à faire de sa carrière car une sélection aux Jeux est le Graal pour un athlète. « Mes premières pensées vont vers Soana Lucet. Elle nous a rejoint en novembre dernier pour pallier l’absence d’Ana-Maria Filip et elle a fait un excellent TQO, qui a contribué à la qualification de notre équipe pour les Jeux. Ce n’est pas facile

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Photo d’ouverture: Migna Touré (FIBA)

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