Le trophée de Rookie of the Year de la NBA décerné à l'ailier du Orlando Magic, Paolo Banchero (2,08 m, 20 ans) paraît être un frein au fait qu'il rejoigne l'équipe nationale italienne.
En Italie, on raconte que le tournant s'est peut-être situé le 21 novembre 2020. Paolo Banchero avait alors 18 ans et était encore au lycée. Le coach Meo Sacchetti voulait faire appel à lui pour une fenêtre pour l'EuroBasket, à Tallinn, Estonie. Seulement, le jeune homme attrapa le Covid et sa famille, par précaution, décida de ne pas le laisser partir. Partie remise pensait-on.
Sauf que depuis Paolo Banchero est devenue une superstar, à Duke, puis en NBA, et le maillot de la Squadra Azzurra risque d'être trop étroit pour lui. Banchero, né à Seattle, est avant tout Américain. Ses origines italiennes remontent à son... arrière-arrière-grand-père ! Et même si son patronyme fleure bon la Péninsule, il n'a jamais mis les pieds dans le pays d'une partie de ses ancêtres. La fédération italienne a aidé sa famille à obtenir un passeport contre une promesse de jouer un jour pour l'équipe nationale.
"S'il n'y avait pas eu le Covid, Banchero aurait depuis longtemps porté le maillot bleu. Il rêvait d'aider l'Italie à se qualifier pour les JO de Tokyo 2020, puis de décrocher une place pour l'équipe au Japon et là-bas de contribuer à la conquête d'une médaille, pas avant d'être en Italie pour la première fois de sa vie après avoir découvert la gastronomie, rencontré de lointains parents en Ligurie et fait un tour en gondole à Venise. Sauf que la pandémie a tout changé, même les plans d'un garçon convaincu de dire oui à l'Italie..." écrit La Gazzetta dello Sport.
Et le deuxième contre-temps, c'est la montée en puissance du joueur qui devrait être sollicité par Team USA. C'est ce que raconte le quotidien sportif italien :
"Tout au long de la saison, alors que Banchero hésitait entre une déclaration pro-italienne et une autre qui laissait entendre le contraire, les représentants de la fédération italienne et ceux de Banchero ont mené une négociation également constituée d'accords marketing. Paolo, pour l'Italie, serait une star, le point de référence d'un mouvement, mais pour lui, l'Italie resterait toujours une équipe nationale pour laquelle il jouerait au basket FIBA, c'est comme s'il s'agissait d'une équipe de club, pas pour la fierté de représenter un pays dans lequel il n'est pas encore allé, dont il se sent le soutien continu grâce aux réseaux sociaux (et pas seulement, étant donné que son maillot est entré cette saison dans le top 10 des maillots NBA les plus vendus en Italie) mais qu'il n'a pas encore vu. Pour cela, il y aurait l'équipe américaine, qui le surveille depuis l'année à Duke, l'université où Grant Hill, actuel directeur général de l'équipe nationale des stars and stripes, a grandi."
En attendant le moment proche de prendre une décision - son cas est similaire à celui de Joël Embid vis à vis de l'équipe de France-, les experts en Italie ne sont pas très optimistes. Voici notamment l'avis de l'ancien coach américain Dan Peterson, 87 ans, qui a fait une longue carrière en Serie A :
"Je suis fan de Paolo. Si on m'avait demandé de voter pour le trophée, il y aurait eu 99 votes pour lui, pas 98. Maintenant la question qui se pose toujours quand on parle de Banchero : va-t-il choisir de jouer pour l'Italie ou pas ? J'ai toujours été sceptique sur ce fait. Alors, franchement, ce trophée, pour moi, l'éloigne du maillot bleu. Gianni Petrucci, président de la Fip, et Gianmarco Pozzecco, sélectionneur de l'équipe nationale, ont raison de le courtiser ! J'adore l'idée de "voir grand" : même si le projet n'aboutit pas, j'approuve à 100 % l'idée d'essayer. Ce ne serait pas la première fois qu'une de mes prédictions explose en vol...", veut tout de même croire le Doyen des coaches.