On ne pouvait rêver mieux comme finale. Comme à Pékin lorsqu’on avait eu une opposition entre les Etats-Unis et l’Espagne.
Sauf que cette fois-ci, l’Espagne a le rôle des Etats-Unis, et que la France est l’outsider qui rêve de renverser Pau Gasol et les siens de leur piédestal.
Les deux équipes les plus fortes sur le papier ont su concrétiser les espoirs qu’on avait placés en eux. Maintenant, on demande juste un feu d’artifice en guise de bouquet final.
Un rookie contre un ogre
Complètement « rookie » à ce niveau de compétition, la France sera l’outsider face à l’Espagne qui cumule les finales de grand championnat depuis maintenant 10 ans (3 sur 5 dans les championnats d’Europe ; et une de chaque pour les mondes et les JO).
Rappelons également que les deux équipes se sont rencontrées à deux reprises récemment : la première en préparation avec une première fessée le 9 aout dernier à Almeria (77-53) ; et la dernière en date en phases de groupes de l’Euro avec une seconde rouste (96-69). Mais ces deux résultats un peu honteux ne doivent pas occulter que l’équipe de France était : 1) encore en phases de préparation, et 2) sans Parker, Noah et Gélabale, soit trois titulaires en force.
En somme, la confrontation de demain sera tout à fait différente à la fois car les Bleus sont désormais sans pression après avoir rempli leur objectif des Jeux, mais également, et surtout, car ils sont sur une dynamique d’enfer. Analyse des forces en présence.
Les grandes lignes
« Croquer » dans le match
C’est souvent un des problèmes des Bleus. David Cozette l’avait justement mentionné : la France démarre souvent mal ces matchs quand elle porte le costume de favori. En l’occurrence, contre l’Espagne tenante du titre, elle ne l’est pas. Gageons que Parker & Co seront d’emblée pied au plancher dans l’attitude défensive comme dans le mouvement offensif.
Rester au contact pour les faire douter
On en avait déjà parlé pour le match de poule. L’Espagne n’aime pas être bousculée. La pousser dans ces retranchements équivaut à la faire douter. Et comme l’histoire de la Russie en 2007 en atteste, tout devient ensuite possible. Ne pas se prendre d’écart durant le match signifierait que la balance puisse miraculeusement (au vu de l’histoire récente des Bleus) pencher enfin en notre faveur.
Alterner zone et individuelle en défense
Sans vouloir remplacer Vincent Collet qui réalise une compétition de haute volée (avec ses assistants Nelhomme de Poitiers et Jacky Commères du Centre fédéral), il semblerait être intéressant de faire le choix tactique de brouiller les cartes en défense. Habitués qu’ils sont à dominer dans la peinture avec l’hydre à trois têtes, Pau Gasol – Marc Gasol – Serge Ibaka, l’option de faire zone quand la pression intérieure est forte ; et de reprendre en individuelle stricte quand les intérieurs ont été muselés, pourrait être une solution pour ralentir le jeu ibère. Car, ne nous leurrons pas, les Espagnols vont scorer. Il ne faudra pas se décourager mais au contraire faire preuve d’une persévérance sans faille pour venir à bout de la Roja.
Les détails qui feront la différence
Limiter Juan-Carlos Navarro
Complètement stratosphérique depuis deux matchs (61 points en tout dont 13 puis 19 dans les 3e quart-temps), Jean-Charles de Navarre sera un sacré client pour la défense française. Capable de séries hallucinantes, il faudra impérativement le mettre sous l’éteignoir. Son influence s’étend au-delà de ses shoots aux courbes arc-en-ciel ; il est le leader émotionnel de l’équipe. Une possibilité (parmi d’autres évidemment) serait peut-être de relancer Andrew Albicy à ses basques car Batum et Kahudi, et Gélabale (d’autant plus s’il n’est pas complètement remis) semblent trop grands pour défendre sur ce nain génialissime.
Tenir Ibaka
Relativement transparent durant le tournoi (7 points, 5 rebonds, et 1 contre de moyenne), l’ailier du Thunder s’est réveillé dans la demi-finale contre la Macédoine (11 points, 4 rebonds et 1 contre). Difficile d’exister derrière la fratrie Gasol qui prend environ 1/3 des shoots de l’équipe (21 sur 64 au total). Mais face à la France au jeu très NBA, nul doute qu’Ibaka essaiera de continuer à retrouver son rythme. Attention en particulier à sa capacité à shooter au poste haut.
Retrouver le Boris de l’Italie
Le trio Parker – Batum – Noah nous a littéralement portés vers la finale, les deux premiers par leurs gros shoots en fin de match ou le dernier par son incroyable énergie communicative et son sens du placement et du jeu (complètement sous-estimées) dans certaines phases défensives cruciales. Contre l’Espagne, il est fondamental que l’attaque des Bleus soit plus polyvalente. Un retour de Gélabale serait excellent ; mais d’ores et déjà, une grosse performance de Boris Diaw, aussi saignant qu’on avait pu le voir contre l’Italie, serait un plus incroyable. Il nous faut retrouver des situations de pick & roll entre Tony Parker et Boris. Ou tout simplement offrir plus de positions postes bas pour la créativité de Diaw à la finition.
Relancer Kévin Séraphin
Cela est un choix délicat à opérer en fin de tournoi car le pivot des Wizards n’a pas joué du tout des deux dernières rencontres. Mais lors du match du second tour, il avait été – et de très loin – le meilleur Bleu (18 points en 19 minutes à 8/11). Son physique golgothesque ne plaît visiblement pas aux Gasol. Ce serait un risque mais une finale ne se gagne pas en restant mesuré. Alors why not…
La clé du match
Ne rien regretter. Après leur formidable et historique parcours, la France doit lâcher les chevaux, croquer dans le match, pour écrire une nouvelle page de cette fantastique histoire écrite en terres lituaniennes.
STATS
Espagne | France | |
Attaque | 83.9 | 79.1 |
%2PTS | 52.3% (23.4/44.7) | 51.6% (24.3/47.1) |
%3PTS | 33.2% (6.4/19.3) | 37.9% (4.7/12.4) |
%LF | 79.9% (17.9/22.4) | 81.6% (16.4/20.1) |
R Off | 12.0 | 9.6 |
R déf | 26.7 | 24.6 |
Rbds | 38.7 | 34.2 |
Pds | 19.5 | 12.3 |
Bps | 11.4 | 12.8 |
Int | 8.1 | 7.8 |
Ct | 3.2 | 2.4 |
Fautes | 19.8 | 21.0 |
HISTORIQUE DEPUIS 20 ANS
29/06/1991 | ROME | Championnat d’Europe | ESPAGNE b FRANCE 101-83 |
02/07/1993 | MUNICH | Championnat d’Europe | ESPAGNE b FRANCE 95-83 |
19/07/1994 | CORDOUE | Amical | FRANCE b ESPAGNE 70-68 |
23/06/1995 | ATHENES | Championnat d’Europe | FRANCE b ESPAGNE 86-75 |
01/07/1995 | ATHENES | Championnat d’Europe | ESPAGNE b FRANCE 75-74 |
15/07/1998 | SEVILLE | Amical | ESPAGNE b FRANCE 73-63 |
20/07/1998 | ANTIBES | Amical | FRANCE b ESPAGNE 83-78 |
02/06/1999 | TORELLAVEGA | Amical | ESPAGNE b FRANCE 91-81 |
26/06/1999 | PAU | Championnat d’Europe | FRANCE b. ESPAGNE 74-57 |
02/07/1999 | PARIS | Championnat d’Europe | ESPAGNE b. FRANCE 70-63 |
20/08/2000 | PAU | Amical | FRANCE b ESPAGNE 82-58 |
08/09/2000 | PERTH | Amical | ESPAGNE b FRANCE 82-67 |
19/08/2001 | ALGESIRAS | Amical | ESPAGNE b FRANCE 98-91 |
27/08/2005 | ALICANTE | Amical | ESPAGNE b FRANCE 95-84 |
28/08/2005 | ALICANTE | Amical | ESPAGNE b FRANCE 94-88 |
25/09/2005 | BELGRADE | Championnat d’Europe | FRANCE b ESPAGNE 98-68 |
29/08/2007 | ALICANTE | Amical | ESPAGNE b FRANCE 87-72 |
17/09/2009 | KATOWICE | Championnat d’Europe | ESPAGNE b FRANCE 86-66 |
28/08/2010 | IZMIR | Championnat du Monde | FRANCE b ESPAGNE 72-66 |
09/08/2011 | ALMERIA | Amical | ESPAGNE b FRANCE 77-53 |
11/09/2011 | VILNIUS | Championnat d’Europe | ESPAGNE b FRANCE 96-69 |
Espagne 14 victoires ; France 7 victoires
TELEVISION
En direct à 20h00 sur France 4 (TNT) et Canal+ Sport (câble, satellite et ADSL).
Photo : JF Mollière / FFBB