C’est ce vendredi à 19h30 que la Pro A a repris ses droits. Nancy a disposé du promu dijonnais (76-70) avec un duo Akingbala – Batum de haute voltige.
Dernier épisode de notre analyse des forces en présence dans le championnat de Pro A, après les favoris, les outsiders et le ventre mou. Aujourd’hui, on s’intéresse à la zone rouge.
Elan Béarnais Pau Orthez
C’était le dilemme (et le défaut du format choisi – mais il en faut bien un), et c’est Pau qui a trinqué. A vrai dire, l’Elan Béarnais ne fait pas figure de relégable dans ce championnat. Leur présaison autant que leur effectif (et sa stabilité par rapport à l’exercice précédent) font de l’équipe de Didier Dobbels un possible électron libre de la Pro A. Mais comme le dit le coach lui-même, il ne faut pas « mettre trop de pression sur nos jeunes. »
Car, si l’effectif est solide avec le quatuor Gipson – Mendy – Rimac – Maravic qui jouait ensemble l’an passé, et que l’ajout du NBAer Mustapha Shakur embellit évidemment le tout, le banc sera quant à lui quasiment exclusivement composé de jeunes joueurs. Les cousins Lesca, le jeune Morency, les intérieurs Var et Diarra sont ou complètement néophytes ou encore dans leur période d’adaptation. Et d’eux dépendra la suite des événements pour Pau.
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Cela dit, si l’on se concentre sur les bons points, le scoring ne devrait pas être un problème avec Shakur, Gipson et Antoine Mendy, véritable candidat au titre de MVP français. L’inquiétude vient davantage du secteur intérieur où seul Maravic représente une garantie. Diarra devra faire oublier le rugueux Georgi Joseph parti à Orléans tandis qu’Elonu devra confirmer ses belles prédispositions en tant que joker médical l’an dernier.
Sans griller d’étapes, l’Elan Béarnais postule à retrouver de la grandeur (ils joueront en coupe d’Europe cette année) mais le GM Didier Gadou et coach Dobbels en ont vu d’autres. Prenons les matchs les uns après les autres.
JSF Nanterre
Le champion de Pro B l’an passé arrive dans l’élite pour s’y installer. Deuxième club francilien, la JSF Nanterre devra jouer des coudes pour imposer son image. Mais avec la Donnadieu Connection, le club ne veut pas faire dans la folie des grandeurs mais plutôt dans la continuité d’une longue histoire.
La première chose était de conserver une ossature conséquente. Ce fut fait à l’exception de Nate Carter (le MVP de Pro B). Russell Robinson évincé avant même la fin de la préparation, c’est Alex Gordon que l’on avait vu à Roanne l’an dernier, qui s’occupera de la mène. Doublé par Akono voire Corrosine, le poste devrait porter satisfaction si Gordon retrouve son shoot et si Akono parvient à passer le cap de la Pro A.
Au poste 2, on reprend les mêmes et on recommence. Pascal Donnadieu a renouvelé sa confiance à Mykal Riley avec derrière lui le duo Corrosine et Pons pour terminer le travail. Sur le poste 3, même constat, c’est Will Daniels qui reviendra aux affaires avec ses cannes incroyables.
La véritable surprise vient du recrutement tardif de Stephen Brun, fraichement champion avec Nancy et encore plus fraîchement débarqué d’Alicante où il faisait le nombre en attendant un contrat ACB. Le shooteur aux longues chaussettes aura un rôle de leader à assumer, une nouveauté pour lui.
Dans la peinture, Ryvon Coville essaiera de faire oublier son passage cauchemardesque en Sarthe alors que Passave-Ducteil viendra apporter sa force brute en seconde lame.
Nanterre est solide mais la capacité des joueurs qui ont dominé la Pro B à assurer le même type de performance à l’échelon supérieur reste encore à prouver. Eléments de réponse ce samedi contre Le Mans.
STB Le Havre
Eternel relégable mais jamais relégué (entre la 12ème et la 14ème place ces trois dernières saisons), le Saint Thomas Basket du Havre va encore cette année devoir cravacher dur pour rester dans l’élite (11 saisons d’affilée). Les données du problème sont les suivantes : la balance arrivées – départs est largement déficitaire (4 contre 9) et la place est donc toute faite pour promouvoir la jeunesse.
Bon centre de formation, le STB devra compter sur les Pitard, Boivin, Camara et Paschal pour procurer des rotations solides après le cinq majeur qui paraît quant à lui relativement solide. Et dans ce cinq, on retrouvera un autre jeune aux dents longues. Il s’agit de Christophe Léonard.
Le transfuge de Cholet n’a pas réussi à percer sous la coupe de Kunter et vient chercher au Havre un temps de jeu plus important pour confirmer l’étendue de son talent offensif. On ne demande qu’à voir !
Pour le reste des titulaires, c’est du Made in USA mais qui a bourlingué. D’abord à la mène, ce sera Nic Wise, l’ancien de Bonn, qui se chargera de faire tourner la boutique. John Cox sera encore à l’arrière pour l’essentiel des minutes mais il devra retrouver de l’adresse tout comme Nicholas Pope sera en quête d’un nouveau capital confiance après son échec à Gravelines.
La paire intérieure est également intelligemment construite avec le phénomène physique Jenkins et la finesse et le shoot de Boddicker. Respectivement en provenance du Portugal et de Turquie, les deux costauds ont du bagage et devront tirer tout ce petit monde vers le haut.
Jean-Manuel De Sousa se lance dans sa 3ème saison en tant que coach du Havre, et jamais deux sans trois, il devra encore faire des miracles avec son effectif pour engranger le plus de victoires possibles avant la trêve. [Défait sèchement à Coubertin, 88-72, le STB commence mal].
Hyères Toulon Var Basket
C’est le scénario catastrophe par excellence. Mis en panique financière, obligé de laisser partir ses joueurs sous contrat (Zianvéni, Gordon, dont certains veulent les poursuivre en justice : Dobbins et Gordon), le HTV a bien failli ne pas voir le début de cette saison de Pro A.
Finalement habilité à se lancer, l’équipe d’Alain Weisz dispose simplement de 5 joueurs professionnels, le reste de l’effectif étant constitué d’espoirs. Opposés pour leur premier match à Pau, Hyères-Toulon s’est fait corriger à domicile 75-89 malgré un revival de Paccelis Morlende qui finit avec 23 points et 7 passes.
Seuls 8 joueurs ont posé le pied sur le parquet, et le cinq majeur cumule un total renversant de 174 minutes sur 200 possibles. Mouhammad Faye a par exemple joué l’intégralité du match. La saison s’annonce longue, très longue du côté varois.
Mais ne voyons pas tout en noir non plus. Avec un Morlende qui reprend vie, un Shaun Fein shooteur qui connaît la France comme sa poche, un Mouhammad Faye qui sort d’un AfroBasket qu’il a dominé au niveau du scoring, un Krupalija qui veut retrouver une forme physique constante et un Louis Labeyrie qui confirme tous les espoirs placés en lui (2,09 tout de même), et ajoutons-le, un Rick Hughes sur qui le temps n’a pas d’emprise (même s’il était forfait pour un lumbago ce vendredi), et bien, Alain Weisz pourra tout de même trouver quelques motifs d’espoir.
Mais une saison de Pro A est un véritable chemin de croix, et le moindre pépin d’un joueur mettra en péril toute la demeure varoise. Le HTV évolue sur une très fine couche de glace, et le pire ne sera jamais loin d’arriver. Courage !